Nous sommes déjà à la fin novembre, et il va falloir songer aux fêtes de Noël et aux cadeaux à acheter pour remplir la hotte de Père du même nom. Parmi les chroniquées publiées ce mois-ci, vous y trouverez beaucoup d’idées de polars qui démontrent une nouvelle fois la diversité que l’on peut trouver dans ce genre littéraire.
Commençons le tour d’horizon avec les polars anciens car cela fait toujours plaisir à un fan de littérature policière de trouver au pied du sapin des romans connus voire « cultes ». C’est le cas de Le bikini de diamants de Charles Williams (Gallmeister), publié une première fois dans la Série Noire de Gallimard et qui est édité dans une nouvelle traduction. Voilà un fantastique polar qui nous est raconté par un gamin, une histoire de truands dans l’Amérique profonde qui est hilarant par le décalage entre ce que comprend le garçon et les mensonges que racontent les adultes.
Il faut aussi savoir que les éditions French Pulp rééditent La compagnie des glaces 3-4 de GJ Arnaud (French Pulp), l’une des plus grandes sagas de science fiction jamais écrites. Dans ce deuxième volume qui regroupe les tomes 3 & 4, l’auteur développe l’aspect politique de la saga, en réécrivant une partie de l’histoire du vingtième siècle. C’en est tout simplement impressionnant.
Enfin, pour ceux qui recherchent des thrillers incluant du fantastique, rien de tel que de se pencher sur les enquêtes de Charlie Parker, le personnage récurrent créé par John Connolly. Avec La colère des anges de John Connolly (Pocket), sa douzième enquête, une mystérieuse liste de personnes va engendrer une bataille meurtrière. Avec ce roman, on tient là l’un des meilleurs épisodes de cette série.
Le polar peut aussi se décliner en western. Une assemblée de chacals de S. Craig Zahler (Gallmeister) en est la démonstration, version sans concession. Avec des personnages durs au mal, avec un décor désertique, le mariage prétexte à la réunion des truands va s’avérer un carnage impressionnant par le style imagé et cinématographique de l’auteur.
De violence, il en est question aussi dans Les corps brisés d’Elsa Marpeau (Gallimard Série Noire), même si elle est plus psychologique. Ce roman noir, qui nous présente une championne de rallye qui, après un accident en course, se retrouve handicapée, place le lecteur dans une position inconfortable qui dans un premier temps plonge dans la paranoïa avant de sombrer dans l’horreur. Voilà un roman très impressionnant.
De psychologie, il en sera question aussi dans Ne me quitte pas de Mary Torjussen (Bragelonne), puisque l’auteure nous présente une femme qui connait une grande réussite professionnelle et dont la disparition de l’homme de sa vie remet tout en cause, jusque dans ses moindres certitudes. Paranoïa encore, mystères et stress sont au programme pour ce premier roman prenant à la fin bien trouvée et renversante.
Avec Mort à Florence de Marco Vichi (Editions Philippe Rey), nous avons droit à un roman plus riche au niveau des thèmes abordés, de la solitude à la frustration, des conséquences de la guerre à la nostalgie du fascisme italien. C’est aussi un roman qui, grâce à la métaphore de l’inondation de Florence en 1966, nous montre la saleté de cette ville aux extérieurs si enchanteurs.
Peut-être recherchez-vous des polars français ? Rien de tel qu’un auteur qui part d’une situation simple pour y apporter ce léger décalage qui en fait un excellent roman. Les gens comme Monsieur Faux de Philippe Setbon (Editions du Caïman) est une nouvelle fois la démonstration que chaque publication de cet auteur est à ne pas manquer.
C’est le cas aussi de Enfants de la Meute de Jérémy Bouquin (Rouergue), qui nous propose un duel à distance à partir de l’enlèvement d’un enfant. Avec son style à découper au couteau, Jérémy Bouquin, auteur que je défends ardemment, dévoile son talent dans une intrigue coup de poing.
Deux nouveaux auteurs font aussi leur apparition dans Black Novel : La chance du perdant de Christophe Guillaumot (Liana Levi) avec un roman policier dans le cadre de la Brigade des Jeux, dont l’intrigue et le sujet sont originaux. Et La reine noire de Pascal Martin (Jigal), roman malicieux, qui nous présente une ville qui souffre de la fermeture de son usine principale et où la situation va dégénérer avec l’arrivée de deux personnages mystérieux.
Le titre du chouchou du mois revient donc à Gueule de fer de Pierre Hanot (Manufacture de livres), qui nous offre la biographie d’un boxeur français champion du monde dans la période de la première guerre mondiale. Ce roman m’a beaucoup touché, ébranlé, aussi bien par son sujet que par son personnage. C’est aussi un style minimaliste qui dit tant de choses avec si peu de mots, et par conséquent un excellent moment de littérature.
Je vous donne donc rendez-vous le mois prochain pour un bilan annuel. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !