Archives pour la catégorie Chouchou 2020

Le chouchou du mois de novembre 2020

Le mois de novembre avait mal commencé avec ce confinement à demi-confiné. La conséquence se voit dans mes choix de lecture, à savoir des lectures plus légères, humoristiques ou bien des romans courts.

Commençons par l’humour, car nous en avons bien besoin en ce moment. J’avais beaucoup aimé Du rififi à Bucarest, Arthur Weber est de retour dans Micmac à Bucarest de Sylvain Audet-Gainar (Editions Ex-Aequo). Alors qu’il était embringué dans des histoires compliquées suite à un héritage de son oncle en Roumanie, le voici accusé (à tort rassurez vous) de nombreux meurtres et futur papa de jumeaux. De quoi bouleverser ce jeune homme sensible. On louera le ton léger, décalé et les scènes inventives et drôles.

Tonton est de retour dans le passé. Dans Un truand peut en cacher un autre de Samuel Sutra (Flamand Noir), on le retrouve un certain 10 mai 1981 et il imagine un casse que lui seul peut monter. Le style devient flamboyant, volontairement désuet et littéraire comme l’époque le fut, et le rire est au rendez-vous plusieurs fois par page. Un Samuel Sutra au summum de sa forme.

Parmi les Romans courts, pourquoi ne pas en prendre 6 pour le prix d’un. Le prix de la vengeance de Don Winslow (Harper & Collins) nous propose 6 novellas toutes dans des genres différents et toutes sont d’un très haut niveau polardesque. Il est étonnant de trouver Don Winslow aussi à l’aise pour raconter des histoires courtes.

Noir côté cour de Jacques Bablon (Jigal) est le cinquième roman de cet auteur et on retrouve son style rapide et direct que l’on aime tant. Tout part de quelques habitants d’un immeuble parisien et Jacques Bablon les lâche dans la nature. Pour notre plus grand plaisir de lecteur de polar, bien sur !

Depuis que j’ai donné un coup de cœur à Nous avons les mains rouges, j’ai décidé de lire les romans de Jean Meckert parus dans la collection Arcanes. La marche au canon de Jean Meckert (Joëlle Losfeld) montre un soldat subissant la débâcle de 1940, de son engagement à la fuite. Augustin va passer par tous les sentiments pour clamer enfin son message antimilitariste. Un grand roman.

Amateurs de thrillers, vous vous pencherez forcément sur Face Mort de Stéphane Marchand (Fleuve Noir) qui flirte avec le roman d’anticipation. Avec sa trame de terrorisme chimique, l’auteur monte une intrigue tendue, nous faisant voyager de la Lybie jusqu’aux plus hautes sphères de l’état français. De la belle ouvrage.

L’ange rouge de François Médéline (Manufacture de livres) est à classer dans les thriller mais c’est un roman décidément pas comme les autres. La poursuite d’un serial killer mystique se fait à travers un commandant de police miné par son passé et l’auteur nous fait voyager entre rêve et cauchemar, entre réalité et fantasme.

Je ne sais pas pour vous, mais je pense qu’il est bon de savoir d’où l’on vient. C’est pour cela que j’aime bien des romans qui visitent le passé contemporain. Pimp de Iceberg Slim (Points) nous replonge dans les années 60, dans le monde de la prostitution, et nous conte dans cette biographie romancée la vie d’un souteneur. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ce roman très bien écrit et éclatant dans la vérité qu’il montre.

Les jardins d’hiver de Michel Moatti (HC éditions) va nous emmener dans l’Argentine de la dictature menée par la junte militaire. Mais Michel Moatti ne fait rien comme les autres. Il choisit de donner la parole à un jeune professeur français qui va croiser la route d’un auteur argentin qui va disparaitre. L’auteur y creuse de nombreux thèmes et se permet même de nous réserver une fin que je ne peux que qualifier de géniale.

Le titre de chouchou du mois revient donc à Ce lien entre nous de David Joy (Sonatine) pour toutes les qualités littéraires qui viennent soutenir une histoire terrible, lovée au creux d’un petit village des Appalaches. De la succession des scènes qui font monter la tension, jusqu’au style fantastique d’évocation, David Joy se place parmi les auteurs américains contemporains les plus intéressants pour décrire l’état de son pays.

Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un bilan annuel, et j’en profite pour vous souhaiter de bien terminer cette année terrible. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et lisez !

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Le chouchou du mois d’octobre 2020

Rares sont les mois où je suis pleinement satisfait de mes lectures. Ce mois d’octobre 2020 sera donc à marquer d’une pierre blanche tant, quelque soit le genre abordé, les émotions que j’aurais ressenti auront été fortes, très fortes. Dans ces cas-là, le choix du chouchou s’avère une torture pour moi ; pourquoi choisir celui-ci plutôt que celui-là ?

Heureusement, dans la liste des huit romans en lice, j’ai décerné un coup de cœur pour un roman qui, malgré ses 600 pages, m’a transporté dans le Hollywood des années 50, parmi les stars vieillissantes du grand écran et les jeunes qui rêvent d’un avenir parmi le paradis qu’elles imaginent et dont elles rêvent. Il s’agit bien entendu de Avant les diamants de Dominique Maisons (La Martinière) et je pourrais encore en parler pendant des heures tant le scénario et les thèmes abordés sont nombreux. Envoutant !

Dans ma rubrique Oldies, j’ai décidé de ressortir une vieillerie dans le but de mettre sous les projecteurs un auteur trop injustement oublié avec Paperboy de Pete Dexter (Points). En racontant une affaire judiciaire sur fond de racisme anti-noir, ce roman se veut surtout une défense du droit de parole et du travail des journalistes, raconté comme une affaire familiale. J’adore cet auteur !

Je ne suis pas un grand lecteur de nouvelles. Pourtant, quand elles sont si bien faite parce que simples (en apparence) et fouillant notre quotidien, cela en devient un régal. Un accident est si vite arrivé de Sophie Loubière (Pocket) va prendre des petits moments de l’existence pour créer toute une histoire en quatre pages seulement. Un sacré tour de force.

Du polar coréen, j’en connais surtout les films, pas du tout les romans. Une toute nouvelle maison d’édition prend le pari de nous faire découvrir des romans en provenance de ce pays si peu connu chez nous. Le jour du chien noir de Song Si-Woo (Matin Calme) est une charge contre les médicaments prescrits pour le traitement de la dépression et en cela, il est frappant. Il permet aussi de découvrir un pays, ses habitants et sa culture, cette pression constante faite sur ses travailleurs pour qu’ils réussissent car l’échec n’est pas imaginable. A découvrir d’urgence.

Comme j’ai adoré Candyland ! Je ne pouvais décemment pas passer au travers de Les lumières de l’aube de Jax Miller (Plon). Oh surprise ! ce n’est pas un roman mais ce que les Anglo-saxons appellent un True Crime, un compte-rendu de l’enquête de l’auteure à propos d’une affaire de disparition de deux adolescentes, qui a obsédé Jax Miller. Bien que ce ne soit pas mon genre de prédilection, j’ai été pris par la passion que l’auteur met dans son écriture, jusqu’à la folie.

Parmi les auteurs dont je ne rate auquel roman, et que je défends, il en est un qui a l’art de construire des intrigues simples de personnages qui cherchent à sortir de la fange. Ange de Philippe Hauret (Jigal), puisque c’est de lui dont je parle, malmène ses deux personnages en s’amusant à flinguer le monde des médias. On y ressent de la rage, de la hargne mais aussi de la compassion envers Ange et Elton que le destin n’épargne.

Lui aussi, je pourrais en écrire des tonnes, en termes de maitrise de l’intrigue policière. Larmes de fond de Pierre Pouchairet (Filatures) reprend deux personnages rencontrés dans ses précédents romans, rajoute une connexion avec un autre polar (Tuez les tous …) et donne une cohérence à son œuvre, qui décrit les magouilles de notre société au travers d’une intrigue menée sur un rythme palpitant.

Le Chouchou de ce mois revient donc à Nickel boys de Colson Whitehead (Albin Michel), une histoire juste hallucinante sur un jeune homme enfermé à tort dans une « maison de correction » parce qu’il est noir. Outre l’histoire, magnifique et dure, il y a la vérité d’une école qui n’a fermé ses portes qu’en 2011 et un style simple et naïf qui, pour moi, en fait un Candide moderne. C’est un roman utile, indispensable, obligatoire.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de septembre 2020

Comme tous les ans, en ce qui me concerne, je profite du mois de septembre pour vous partager mes lectures estivales. Ceci explique pourquoi j’aurais peu parlé des romans sortis lors de cette rentrée littéraire 2020. Je vous promets qu’il y en aura plus pendant le mois d’octobre.

Commençons par un coup de cœur avec Eureka Street de Robert McLiam Wilson (10/18), un roman qui nous immerge dans le Belfast des années 90, où la jeune génération ne se reconnait plus dans les combats de leurs ainés, et aspire à vivre enfin. Plein d’humour noir et d’autodérision, ce roman est extraordinaire.

Avec le Oldies de ce mois, j’aurais fait la connaissance de Ricardo Mendez dans Cinq femmes et demie de Francisco Gonzales Ledesma (Points). C’est un personnage singulier, et une enquête qui montre comment Barcelone se laisse appâter par les appels du fric. Nul doute que je vais revenir vers les enquêtes de Ricardo Mendez prochainement.

Au rayon Roman américain, notons L’arbre aux morts de Greg Iles (Actes Sud), la suite du formidable Brasier Noir. Celui-ci m’a paru un cran en dessous en creusant l’implication de la mafia dans le meurtre de John Fitzgerald Kennedy.

Par contre, la deuxième enquête de Harry Bosch, La glace noire de Michael Connelly (Points) est un très bon polar où on voit notre héros récurrent en prise avec le trafic de drogue en provenance du Mexique.

Enfin, Nuits Appalaches de Chris Offutt (Gallmeister) marque le retour de cet auteur rare, à la plume sèche et aux histoires si formidablement construites. Il nous montre comment un jeune vétéran de Corée a du mal à faire vivre sa famille, ce qui donne l’occasion à l’auteur de flinguer le rêve américain.

Au rayon Romans français, la moisson fut à la fois variée dans les genres chroniqués, et très bonne dans la valeur (à mon gout, bien sur). Commençons par L’étoile jaune de l’inspecteur Sadorski de Romain Slocombe (Points) qui fait partie de mes challenges personnels 2020. Ce deuxième tome des enquêtes de l’effroyable et ignoble inspecteur Sadorski est toujours aussi fascinant quant à la plongée dans la période d’occupation de Paris. Il est à noter une visite du Vélodrome d’hiver aussi horrible et inédite qu’intéressante.

En parlant de visite inédite, peu de polars ont placé leur intrigue à Tchernobyl. De bonnes raisons de mourir de Morgan Audic (Livre De Poche) allie une enquête formidablement bien faite à une description de cette partie du monde qu’on a oubliée. C’est un excellent roman à ne pas rater. Ce roman a reçu le trophée 2020 du roman francophone de l’association 813.

Polar toujours, avec Surface d’Olivier Norek (Pocket), qui est ma première incursion dans les romans de cet auteur. J’ai trouvé le premier tiers du roman fascinant, et la suite plus classique. J’ai trouvé cela dommage car j’aurais pu lui mettre un coup de cœur. C’est tout de même un très bon polar.

Si vous êtes plus thriller, Goliat de Mehdi Brunet (Taurnada) d’un jeune auteur édité par une petite maison d’édition a de quoi vous surprendre. La construction est complexe, les chapitres courts, et le rythme élevé. C’est une excellente surprise à propos de laquelle on regrette qu’il ne fasse que 250 pages. Ce qui est bon signe.

Au rayon Anticipation, il faut noter Les dames blanches de Pierre Bordage (L’Atalante), qui fait un clin d’œil à la série télévisée Le Prisonnier avec des sphères blanches qui enlèvent des enfants de trois ans. L’auteur développe dans ce roman choral cette idée pour aboutir à un hymne à l’humanisme et à la défense de la Terre. Excellent.

Il fallait que je parle de Sanction de Pierre Tré-Hardy (Souffles Littéraires), tant ce roman ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire à ce jour. Avec une imagination débordante, il donne l’impression de partir dans tous les sens, avant de se recentrer sur un message humaniste (lui-aussi) qui flirte avec la science fiction. Un Objet à Lire Non Identifié.

Quant à la Rentrée littéraire 2020, j’ai été très agréablement surpris par Terminal 4  d’Hervé Jourdain (Fleuve Noir). Ce fut ma première lecture de cet auteur et j’ai été surpris par la véracité qui ressort de ses descriptions ainsi que la célérité imprimée dans l’intrigue. Une excellente découverte.

Buveurs de vent de Franck Bouysse (Albin Michel) marque le changement de maison d’édition d’un des meilleurs auteurs français. Sa plume est toujours aussi poétique et subtile, le décor plongé au cœur de nos campagnes et la narration fait penser à un conte intemporel. Franck Bouysse continue son chemin en enchantant la littérature.

Le titre du chouchou du mois revient donc à Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin (Manufacture de livres), un premier roman court, à l’intrigue simple et à l’écriture magiquement évocatrice, qui parle d’une famille, de familles. Comment réussit-on l’éducation de ses enfants ? C’est à travers cette simplicité que l’auteur fait déferler un flot d’émotions envahissant et c’est un superbe roman.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans le choix de vos lectures. Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un prochain titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou de l’été 2020

Allez, finies les vacances ! Il va falloir retourner au boulot. Avant que les nouveautés ne débarquent, même si quelques unes sont déjà sorties, voici un petit récapitulatif des avis publiés cet été qui devrait vous permettre de trouver votre bonheur. Comme l’année dernière, j’ai classé les titres par ordre alphabétique de leur auteur et trouvé un adjectif pour qualifier chacun d’eux. A vous de choisir :

Regarder le Noir (Belfond) : Pépites noires à découvrir

Itinéraire d’un flic de Luis Alfredo (Ska) : L’intégrale d’un inspecteur au look mitterrandien

La compagnie des glaces 15-16 de GJ.Arnaud (French Pulp) : LA saga de SF

Indio de Cesare Battisti (Seuil) : Une autre vision de la découverte des Amériques

7 milliards de jurés de Frédéric Bertin-Didier (Lajouanie) : un brûlot intelligent

Holmes (1854/1891 ?) : Livre V – Le frère aîné de Luc Brunschwig et Cecil (Futuropolis) : Visuellement magnifique

Hit the road de Dobbs et Khaled et Josie de Rosa (Comix Buro) : Un hard-boiled violent

Le jour où Kennedy n’est pas mort de RJ.Ellory (Sonatine) : Uchronie kennedienne

Sauve-la de Sylvain Forge (Fayard) : un thriller à messages

La place du mort de Pascal Garnier (Points) : Une machination noire et implacable

Mauvaise graine de Nicolas Jaillet (Manufacture de livres) : les femmes enceintes sont les super-héroïnes de notre société

Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte de Thierry Jonquet (Points) : une vision cyniquement drôle de nos banlieues

L’affaire Silling de Stéphane Keller (Toucan) : Scandale à l’approche de l’élection de Mitterrand

La chronique de Clara : Dôme de Stephen King (Livre de poche) : Ma fille présente …

Marseille 73 de Dominique Manotti (Equinox) : Assassinats de maghrébins dans la cité phocéenne

Reflux de Franck Membribe (Horsain) : Refaire sa vie en oubliant son passé

Hier est un autre jour de Muriel Mourgue (Ex-Aequo éditions) : vision futuriste de notre société

Dans mon village, on mangeait des chats de Philippe Pelaez et Porcel (Grand Angle) : une vision des Institutions Spécialisées d’Education Surveillée

Terres brûlées d’Eric Todenne (Viviane Hamy) : Enquête policière avec de superbes personnages et une histoire forte

Le titre du chouchou de l’été 2019 revient donc à Trouver l’enfant de Rene Denfeld (Rivages Noir), pour son univers sombre, son personnage principal hors du commun, sa poésie, son ambiance de l’enfance et pour ce style et sa construction fantastiques

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous souhaite un bon courage pour la reprise et vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de juin 2020

Il va être temps de préparer vos vacances estivales et ce mois de juin aura été rempli de lectures toutes recommandables, grâce à un tri sélectif des plus sévères. En effet, j’aurais lu beaucoup de romans et publié uniquement les avis des romans que j’ai préférés. Comme d’habitude, il y en aura pour tous les goûts et les couleurs. J’en profite pour vous souhaiter de bonnes vacances puisque le rythme de parution de mes avis va diminuer à deux par semaine, les mercredis et dimanches. Il faut bien que je me repose aussi !

Commençons cette liste par le troisième coup de cœur de cette année, Nécropolis d’Herbert Lieberman (Points). Ce polar nous propose une étude de la société new-yorkaise à travers un personnage de légiste dont la situation est critique. Lui qui est doué pour trouver les clés des plus grandes énigmes via son métier, il est incapable de trouver sa fille qui a disparu. Un roman culte inoubliable.

Si vous ne voulez pas voyager trop lourd, rien de tel que les nouvelles de chez Ska, éditeur numérique. Comme d’habitude, je vous ai sélectionnées une douzaine de nouvelles parmi celles que j’ai lues, et ce sont toutes des petites perles noires. 

Restons dans le noir, avec la réédition de Le canard siffleur mexicain de James Crumley (Gallmeister), qui n’est certes pas le meilleur de l’auteur mais qui est tout de même un grand morceau d’action et de rigolade, car derrière cette enquête, il y a de vrais cinglés, des scènes d’action visuelles mémorables et des blagues noires, agrémentées d’illustrations en noir et blanc magnifiques. De quoi compléter votre culture du polar.

Deux balles de Gérard Lecas (Jigal) est un vrai bon polar qui m’a fait découvrir un auteur. Avec un début parfait qui nous présente un soldat engagé qui rentre au bercail, la suite peut se dérouler sur un ton sombre, nous donnant à voir des magouilles inhumaines, tout ça pour faire de fric.

Avec son minimalisme habituel, Aux vagabonds l’immensité de Pierre Hanot (Manufacture de livres) nous fait découvrir « La nuit des paras », nuit d’affrontements et de massacre dans la ville de Metz, un fait oublié de notre histoire contemporaine. Pierre Hanot poursuit son travail d’auteur historien dérangeant avec ce court roman choral de haute volée.

L’affaire Léon Sadorski de Romain Slocombe (Points) s’intéresse à l’occupation à Paris et place en personnage principal une pourriture que l’on n’est pas prêt d’oublier. Pire qu’un collabo, Léon Sadorski fait son boulot d’inspecteur de la police de Paris et arrête les juifs pour les confier à la Gestapo. A ne pas rater.

A minuit les chiens cessent d’aboyer de Michaël Moslonka (HBM) est le genre de polar dont on n’entend pas parler. Parce qu’il est édité par une petite maison d’édition. Parce qu’il n’est pas visible dans les grandes librairies. Pourtant, il mérite très largement qu’on en parle pour son personnage désespéré et fort d’un humour cynique de bon aloi.

Plus dispensable, Du sang sur la glace de Jo Nesbo (Gallimard) partait sur une bonne idée, mais se perd ensuite dans son intrigue, et peine à intéresser. A réserver aux fans de Jo Nesbo dont je suis.

Si vous voulez vous amuser, Crimes entremêlés de Emma Orczy (Apprentie éditeur) est fait pour vous. Ce roman est fait de plus d’une dizaine de nouvelles proposant chacune un mystère à éclaircir. La romancière qui est le personnage principal va se voir raconter la solution par un homme énigmatique qui noue et dénoue une ficelle. Mais avant de vous donner la solution, l’auteure fait une pause et nous propose de résoudre par nous-mêmes l’énigme.

Ce mois-ci j’ai décidé d’offrir deux palmes de chouchou du mois. La première revient à Or, encens et poussière de Valerio Varesi (Agullo) parce que tous ces romans sont d’une subtilité, d’une humanité et d’une poésie rares. Ici, un accident monstre sur une autoroute vont mettre le commissaire Soneri sur la piste d’une jeune immigrée et vont l’amener à se poser des questions sur sa vie privée et donc sur lui-même. Lisez tous les romans de Valerio Varesi en commençant par le premier et votre vie va changer en mieux.

La deuxième revient à La vallée de Bernard Minier (XO éditions), le dernier roman en date des enquêtes consacrées à Martin Servaz. J’ai été impressionné par la façon dont l’intrigue est menée, par la façon de faire monter la tension et de garder le lecteur sous stress jusqu’à la fin, par ces messages importants parce que Bernard Minier a des choses à dire, et il le dit bien. Ce roman fera, j’en suis sur, partie de vos lectures estivales.

J’espère que ces avis vous auront été utiles. Je vous donne rendez vous fin août pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez ! Et passez de bonnes vacances !

Le chouchou du mois de mai 2020

En avant pour une onzième année ! Après deux mois d’enfermement, nous avons enfin eu le droit de sortir et de retrouver nos librairies préférées. Forcément, les billets que j’ai publiés en ce mois de mai ont été un mélange de nouveautés datant d’avant le mois de mars et de romans plus anciens. Dans tous les cas, ce sont des lectures hautement recommandables.

Parmi, les nouveautés, je vous signale la dernière aventure de Stan Kurtz, Détour de Marc Falvo (Faute de frappe), qui démarre doucement avant de trouver son rythme, toujours avec autant d’entrain.

Dans le genre humoristique, mais plus déjanté, Fin de siècle de Sébastien Gendron (Gallimard) imagine un monde séparé entre ultra-riches et pauvres où débarquent des requins préhistoriques sans pitié. Et c’est l’occasion de fouiller l’inhumanité des humains.

Dans un autre genre, Tu entreras dans le silence de Maurice Gouiran (Jigal) nous emmène en 1916 avec l’envoi de jeunes soldats russes en échange d’armes. Cette période trouble donne l’occasion à cet auteur incomparable de nous offrir un de ses plus beaux romans historiques.

Riposte de David Albertyn (Harper & Collins) est un premier roman ambitieux, à la fois simple dans sa structure, impressionnant dans sa maitrise du temps qui passe (le roman se déroule sur 24 heures) et bluffant par son scénario et sa structure. Un nouveau nom d’auteur de polar à retenir.

Donbass de Benoit Vitkine (Les Arènes – Equinox) est lui aussi un premier roman. Il nous envoie en Ukraine, dans une guerre dont personne ne veut entendre parler et le réalisme et la description du contexte emportent l’adhésion. A ne pas rater.

Avec La tête dans le sable de Georges-Jean Arnaud (Fleuve Noir), j’aurais aussi rendu un hommage à un des auteurs français les plus prolifiques. Ce roman noir est une plongée dans le monde de l’entreprise et parle d’une machination sous fond de harcèlement. Excellent.

J’aurais aussi lu la Saison 4 de Double-Noir, la collection créée par Claude Mesplède avec des auteurs aussi diverses et variés que … On y trouve quelques belles pépites. J’attends avec impatience la saison 5 !

Je continue aussi à lire ou relire le duel entre Bob Morane et l’Ombre Jaune. Je me suis rappelé de Le retour de l’Ombre Jaune d’Henri Vernes (Marabout), une de mes lectures adolescentes et cela m’a donné une cure de jouvence, un retour en arrière vers mes années de lectures adolescentes. C’est un des grands moments de cette série.

Et j’ai commencé un nouveau cycle, celui mettant en scène Harry Bosch. Les égouts de Los Angeles de Michaël Connelly (Livre de Poche) est un parfait exemple d’un roman présentant un nouveau personnage tout en parlant des soldats dont la mission était de fouiller les tunnels au Vietnam.

Les effarés de Hervé Le Corre (Points), lu dans la cadre de ma rubrique Oldies, constitue ma lecture mensuelle pour fêter les 40 ans de la collection Policiers de Points. C’est une œuvre de jeunesse de cet auteur devenu incontournable dans le paysage littéraire français et un super polar, à découvrir.

Je suis allé à la découverte d’un personnage concurrent de Sherlock Holmes avec Arrowood de Mick Finlay (Harper & Collins). On se retrouve avec une enquête complexe pleine d’événements et de rebondissements. C’est une lecture distrayante et passionnante, pleine de vitalité et de rythme.

Le titre du chouchou du mois revient donc à Le dossier Anténora de LFJ Muracciole (Toucan), parce que c’est un roman totalement bluffant, plein de personnages, plein d’inventivité, qui nous fait revivre une période trouble, mai 1968, et toutes les luttes politiques de cette époque. L’immersion est telle que l’on se demande si ce qui est raconté est vrai ou pas. Ce roman remet au gout du jour le vrai roman populaire, et lui redonne des lettres de noblesse.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, et plus que jamais, n’oubliez pas le principal : protégez vous, protégez les autres et lisez !

Le chouchou du mois d’avril 2020

C’est dans un contexte bien particulier que je boucle ma 10ème année de Black Novel. Eh oui, dès vendredi, nous fêterons le 11ème anniversaire en fanfare ! J’ai évidemment évité de publier des avis concernant des romans que vous ne pouvez pas vous procurer, donc j’ai fait la part belle au Déstockage, et balayé tous les genres. Il ne vous reste plus qu’à choisir selon vos goûts et vos envies de découverte.

Parmi les nouveautés, De mort lente de Michaël Mention (Stéphane Marsan) est un roman rageur comme seul sait le faire notre Michaël national. Il aborde ici les perturbateurs endocriniens dont on nous gave, au détriment de notre santé. Clairement dénonciateur, c’est un roman important.

Du sang sur l’asphalte de Sara Gran (Editions du Masque)est la troisième enquête de claire DeWitt, la meilleure détective du monde. Toujours minée par ses obsessions, l’auteure nous convie à la résolution de trois énigmes dans un polar complexe qui n’est pas, pour moi, le meilleur de la série.

La cité des rêves de Wojciech Chmierlarz (Agullo), quant à elle, est la quatrième enquête du Kub et comme d’habitude, il construit une enquête policière costaude pour montrer une facette de la société polonaise. Cete série est en train de devnir un incontournable des romans policiers.

Pour les habitués de Black Novel, la rubrique Oldies rend hommage, cette année, à la collections Points et j’ai parlé de Blanc comme neige de George Pelecanos (Points), le premier roman de la série Strange et Quinn, un quasi-reportage sur Washington et sa société multiculturelle, avec en premier plan, le racisme Noir/Blanc.

J’aurais aussi continué ma découverte de La compagnie des glaces avec les tomes 13 et 14 (Station Fantôme et Les Hommes-Jonas) de GJ.Arnaud (French Pulp). Si ce sont des tomes moins visionnaires, ils nous font découvrir une nouvelle civilisation et nous narrent les retrouvailles entre Lien Rag et Jdrien son fils.

Chez moi, le printemps rime avec Nouvelles. De but en noir de Gilles Vidal (La Déviation) possède des formats plus courts mais a l’avantage de balayer tous les genres. L’auteur dévoile tout son art de la nouvelle dans ce recueil à ne pas manquer. Cinq polars du XXIème siècle (Capricci), lu dans le cadre de mon déstockage, est un recueil de cinq nouvelles écrites par cinq auteurs contemporains (Anne Bourrel, Sébastien Gendron, Frédéric Jaccaud, Hervé Commère, Sophie Loubière) et qui nous parlent avec noirceur et cynisme du monde d’aujourd’hui.

Déstockage, c’est le nom de la rubrique que j’ai inauguré en 2020. Le principe est de choisir au hasard (ou presque) un roman dans mes bibliothèques. Cela m’a permis de découvrir un classique du roman policier Le petit vieux des Batignoles d’Emile Gaboriau (Flammarion), agrémenté d’une langue d’un autre siècle avec une intrigue digne de Sherlock Holmes. Cela m’a permis aussi de me rappeler mes lectures adolescentes avec Doctor Sleep de Stephen King (Livre de Poche), la suite de Shining. Cela m’a permis enfin de me conforter dans le fait que Joseph Incardona est un auteur à part et très doué avec Chaleur de Joseph Incardona (Finitude), qui nous fait revivre le championnat du monde de sauna à travers des personnages formidables à la recherche d’un dernier défi, celui de leur vie.

Enfin, last but not least, La défaite des idoles de Benjamin Dierstein (Nouveau Monde) est un fantastique roman qui balaie les années 2011 à 2012, de l’assassinat de Kadhafi à l’élection de François Hollande. Avec un style rythmé, digne d’un James Ellroy, il nous montre les magouilles dans les services de police et les Services Secrets dans une histoire qui fuse à toute allure. C’est aussi probablement ma plus belle découverte et c’est pour cette raison que j’ai décidé de distinguer ce jeune auteur à l’ambition de géant en lui attribuant le titre (honorifique) de chouchou du mois.

J’espère que ces avis vous seront utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant et plus que jamais, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de mars 2020

Comme je l’ai dit dans un post sur Facebook :« vous n’avez plus d’excuses pour ne pas lire. » Comme j’étais en Italie en février (juste avant la crise Coronavirus), j’ai eu l’occasion de beaucoup lire. Donc j’ai publié beaucoup d’avis. Il ne vous reste plus qu’à choisir selon vos goûts et vos envies de découverte.

Honneur aux coups de cœur, puisqu’ils sont deux ce mois-ci à avoir illuminé mes lectures ; enfin, illuminé c’est beaucoup dire tant ils sont sombres, mais utiles voire même indispensables.

Nous avons les mains rouges de Jean Meckert (Joëlle Losfeld) est la réédition d’un auteur trop vite oublié, l’histoire d’un homme perdu dans un monde perdu, au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale. Il rencontre un groupe d’anciens maquisards dont l’objectif devient de faire la chasse aux faux résistants. Avec une plume magnifiquement expressive, c’est un hymne humaniste antimilitariste, qui devrait être un classique de la littérature française.

La fabrique de la terreur de Frédéric Paulin (Agullo) clôt la trilogie consacrée au terrorisme moderne. Frédéric Paulin termine cette histoire de façon extraordinaire, déployant tout le talent dont il est capable pour mettre au premier plan ses personnages dans une intrigue, notre intrigue géopolitique. Cette trilogie est indispensable pour qui veut comprendre notre vie et notre monde.

Beaucoup de romans noirs ont été chroniqués ce mois-ci, dont le premier roman de Tim Willocks : Bad city blues de Tim Willocks (Points), un roman ultra-violent autour de la recherche d’un butin, avec tous les ingrédients liés au polar.

Du côté des dealers, Santa Muerte de Gabino Iglesias (Sonatine) est aussi un premier roman qui met en scène un jeune homme lâche qui croit en une sainte, censée le protéger ; ce roman montre aussi le sort réservé aux immigrés aux Etats-Unis et le rend intéressant à lire.

Neva de Patrick K. Dewdney (Les contrebandiers) est le premier court roman de l’auteur, bâti sur une intrigue simple, écrit avec une plume empreinte de poésie noire et dramatique, entre loyauté et survie.

Enfin, Ce qui reste de candeur de Thierry Brun (Jigal) marque le retour de cet auteur sur le devant de la scène avec un homme qui fuit son ancien employeur, son environnement voire sa vie passée et qui va s’ouvrir un nouvel horizon quand il fait la connaissance de ses voisins. Un roman chaud sous haute tension à vous rendre paranoïaque. Ne ratez pas l’interview de Thierry Brun pour Radio Enghein ici, qui est excellente.

Au rayon Romans policiers, je vous ai proposé deux avis mitigés, l’un plus que l’autre. Victime 2117 de Jussi Adler Olsen (Albin Michel) me promettait un éclaircissement sur le passé d’Assad. Je l’ai eu mais ce n’est qu’une partie du roman, l’autre étant une course poursuite avec son pire ennemi. Et puis, il m’a manqué l’humour de ses premiers romans. Bref, je suis curieux d’avoir vos retours pour me contredire.

Ce que savait la nuit d’Analdur Indridason (Points) marque le début d’un nouveau cycle pour notre auteur islandais préféré, depuis qu’il a abandonné Erlendur. Si l’enquête est classique, presque trop, elle a le mérite de nous présenter Konrad et ses cicatrices ; et cela nous permet d’apprécier comme toujours la finesse psychologique d’Indridason.

J’imagine que par ces temps difficiles, vous avez besoin d’humour. J’ai ce qu’il vous faut et ce ne sont que des premiers romans tous frais. Si vous êtes adeptes de roman déjanté, hommage des comics et des BD, optez pour Meurtres à Pooklyn de Mod Dunn (Points), où vous suivrez une équipe nommée the T.O.P. composé de personnages délirants. Les deux autres, Du rififi à Bucarest de Sylvain Audet-Gainar (Ex-Aequo) et Les deux pieds dedans de François Legay (Lajouanie)ont en commun leur sujet (un homme doit comprendre dans quelle galère il est plongé et il doit résoudre un mystère sans même savoir ce qu’il cherche). Très divertissant, d’une écriture légère, le premier nous plonge dans la Roumanie contemporaine ; le deuxième nous place face à un détective privé obsédé sexuel, une tare familiale. Les deux sont de très bons divertissements.

Enfin, last but not least, Toute la violence des hommes de Paul Colize (HC éditions) est le dernier roman en date de cet auteur décidément pas comme les autres. Son roman, entre enquête et psychologie, montre toute son admiration pour l’art et l’importance qu’il faut y accorder. C’est aussi un roman où les personnages sont sur le devant de la scène, avec une directrice d’institut psychiatrique et un avocat, deux professions froides et sans sentiment, qui vont s’ouvrir au monde. Et puis, il y a ce parallèle avec le massacre de Vukovar pour ne pas oublier, pour montrer que l’homme peut être pire qu’un animal. C’est pour cette raison que j’ai décidé de distinguer cet auteur humaniste avant tout en lui attribuant le titre (honorifique) de chouchou du mois.

J’espère que ces avis vous seront utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant et plus que jamais, n’oubliez pas le principal, lisez !

 

 

Le chouchou du mois de février 2020

Le mois de février étant un mois court, il y aura forcément eu moins de billets, même si j’aurais lu beaucoup de romans. Malgré un temps maussade (j’ai lu sur Internet que les français considéraient le mois de février comme le plus triste de l’année), je vous ai proposé des romans qui ont tous un point commun : émotionnellement, ils sont tous très forts et nous présentent tous des thèmes forts. Sauf un …

Meilleurs vœux de la Jamaïque de Ian Fleming (Fleuve Noir 1982) est un recueil de nouvelles mettant en scène James Bond 007, qui m’a rappelé ma jeunesse. Une lecture divertissante, sans plus. Ce billet a été publié dans le cadre de la rubrique Déstockage.

J’ai tué Kennedy de Manuel Vazquez Montalban (Points) a été l’occasion de découvrir cet auteur que je n’avais jamais lu. C’est un roman sarcastique et qui donne dans l’anti-américanisme en présentant les Kennedy comme des gens superficiels. C’est parfois hilarant, souvent cynique et grinçant.

Noir comme le jour de Benjamin Myers (Seuil) est la suite directe de son précédent roman Dégradations, et reprend les 2 personnages principaux. Benjamin Myers est toujours aussi fort pour montrer son pays en déliquescence et il en profite pour charger les médias dans ce roman. Dommage que l’intrigue soit si peu rigoureuse.

Celle qui pleurait sous l’eau de Niko Tackian (Calmann Levy) marque aussi le retour de Tomar Kahn aux prises avec la nécessité de se disculper d’une accusation d’un inspecteur de l’IGPN. Du coup sa collègue et amante Rhonda doit résoudre seule une étrange affaire de suicide. Et Niko Tackian dénonce toutes ces affaires de personnes poussées au suicide qui passent au travers des statistiques.

Une ritournelle ne fait pas le printemps de Philippe Georget (Jigal) est aussi une suite de série, celle des saisons de Gilles Sebag. Avec cet exceptionnel roman policier, car ne présentant aucun défaut, Philippe Georget nous parle de la société franchement et de façon totalement lucide.

Tuer le fils de Benoit Séverac (Manufacture de livres) prend comme point de départ un suicide déguisé pour dévoiler et détailler les relations familiales entre un père et un fils et surtout les conséquences. Très fort émotionnellement et génialement construit, ce roman nous pose des questions importantes et nous marque de façon indélébile.

Après les romans policiers, passons au roman noir avec La certitude des pierres de Jérôme Bonnetto (Inculte) qui nous présente un duel entre un jeune berger et un groupe de chasseurs. Si l’histoire est classique, l’écriture atteint par moments des sommets rares.

Et toujours les forêts de Sandrine Collette (Jean-Claude Lattès) est le dernier roman en date de cette auteure dont je lis tous les romans depuis le début. A chaque fois, elle change de sujet, de cadre, mais elle y appose toujours sa patte, son style. Ce roman apocalyptique évite le sensationnel pour se concentrer sur l’humain et sur la survie. C’est un roman juste, psychologiquement juste, juste impressionnant.

Cinq cartes brûlées de Sophie Loubière (Fleuve Noir) m’aura permis de découvrir une auteure que je n’avais jamais lu jusqu’à présent. J’ai été impressionné par le talent de l’auteure, sa faculté à nous immerger dans la psychologie d’une personne, tout en déroulant une histoire terrible au scénario implacable. De l’importance des choix et de l’influence des autres sur ceux-ci.

Le titre de chouchou du mois de février revient à Tuer le fils de Benoit Séverac (Manufacture de livres) parce que ce roman a su me toucher et m’a obligé à me remettre en cause. D’une remarquable intelligence, tant dans sa construction que dans le déroulement de son histoire, avec ses personnages formidablement choisis et construits, je n’ai aucun doute que ce roman va vous prendre aux tripes.

J’espère que ces billets vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau bilan et un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de janvier 2020

Pour cette nouvelle année, et les fidèles l’auront remarqué, des nouveautés ont fait leur apparition sur Black Novel. Mais avant tout, je vous souhaite une année pleine de riches découvertes et de lectures réjouissantes.

En premier lieu, je me suis limité à deux billets par semaine ; non pas parce que je lis moins, ce serait plutôt le contraire. C’est lié au fait que j’ai moins de temps à consacrer à l’écriture de mes avis et aux relectures. Ensuite, comme je l’avais dit, une nouvelle rubrique appelée Déstockage a vu le jour avec un polar datant de 1972 : L’écorché vif de Pierre Latour (Fleuve Noir – Spécial Police). C’est un très bon polar avec un excellent scénario qui peut rivaliser avec des thrillers actuels, amis en 220 pages seulement !

Restons dans les romans anciens avec une petite pépite noire : La bête de miséricorde de Fredric Brown (Points). Auteur plus connu pour ses nouvelles ou ses romans de science-fiction, il a concocté un roman choral remarquable par son acuité psychologique et la parfaite analyse de la vie des protagonistes.

En ce début d’année, on aura fait la part belle aux premiers romans, avec de nouveaux auteurs prometteurs voire plus. Maître des eaux de Patrick Coudreau (Manufacture de livres) propose une intrigue simple, celle d’un retour au village natal d’un jeune homme, après un drame familial. Les habitants veulent s’en débarrasser mais ont peur de ses supposés pouvoirs. Entre croyance, surnaturel et bêtise humaine, ce roman au style épuré m’a procuré le même plaisir que quand j’ai découvert Franck Bouysse : Prometteur.

Si on reste dans le thème de la Nature, Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin (Rue de l’Echiquier) est un roman auréolé du Prix Edgar Allan Poe du meilleur premier roman 2019. Ecrit avec passion, montrant toute la beauté d’une nature sauvage, mystérieuse et dangereuse, servi par une plume détaillée et magnifique, ce roman est un fantastique plaidoyer contre les hommes qui ne méritent pas ce que la nature leur offre.

Passion, il en sera aussi question dans La prière du Maure d’Adlène Meddi (Jigal). Passion pour Alger la Blanche, qui devient Alger la noire suite à la disparition d’un jeune homme. Le monde devient fou, hors de contrôle, ultra-violent. L’auteur écrit avec son sang son amour pour cette ville formidable, aux prises d’hommes sanguinaires sans scrupules. C’est un roman puissant et rare.

En termes de romans courts (ou novellas), on peut compter sur les éditions In8 et leur collection Polaroïds. Je n’avais pas eu le temps de vous parler de ceux qui sont sortis fin 2019 ; c’est maintenant chose faite. Rose Royal de Nicolas Mathieu et Donneur de Mouloud Akkouche proposent tous les deux des personnages féminins, et deux histoires fortes mais deux thèmes différents et deux styles différents. Quoi qu’il en soit, quand vous voyez chez votre libraire Polaroïds, achetez les, les yeux fermés.

Toujours dans les romans courts, Portraits cannibales de Dominique Forma (Marest) n’est pas un recueil de nouvelles comme les autres. L’auteur est parti de photos de stars de cinéma pour imaginer un pan de leur vie. Un bel exercice de style.

A coté de toutes ces découvertes, je reste fidèle à des auteurs que je suis. Chien de guerre de Jérémy Bouquin (Editions du Caïman) est le dernier opus en date de cet auteur prolifique au style si direct et brutal que j’adore. Il nous montre ici le retour à la vraie vie d’un soldat qui a connu les guerres modernes, et le retour s’avère plus violent qu’un jour sur le front. C’est à nouveau une belle réussite.

Que tombe le silence de Christophe Guillaumot (Liana Levi) est déjà la troisième enquête du Kanak. J’apprécie particulièrement cet auteur pour la méticulosité qu’il met dans ses intrigues. Il y ajoute ici une forte dose d’émotions en nous décrivant la nouvelle façon de traiter la criminalité et le mal-être des policiers. Cela donne un roman aux accents de véracité à tel point que l’on ressent tous les événements de plein fouet.

Le titre du Chouchou du mois revient donc à Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin (Rue de l’Echiquier), parce que c’est un premier roman impressionnant et qu’il rend hommage à la Nature, que nous maltraitons tant. Agrémenté d’une intrigue noire, il nous dévoile un auteur à suivre de près, tant il a mis dans son roman sa passion, et qu’il nous la transmet de façon lumineuse.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !