Archives pour la catégorie Chouchou 2022

Bilan 2022 et Bonne Année à tous

Voici une nouvelle année qui se termine, la quatorzième pour Black Novel, et il est temps de jeter un œil sur les lectures qui m’auront touché, enthousiasmé et enchanté.

Avant de commencer cette rétrospective, le titre du chouchou du mois de décembre 2022 revient à Où reposent nos ombres de Sébastien Vidal (Le Mot et le Reste).

2022 aura été l’année de la saga littéraire Blackwater. Pour l’avoir lue, je vous la conseille pour la considérer comme une excellente saga populaire. Si l’on ajoute une touche de fantastique, le génie de l’auteur Michael McDowell et les couvertures magnifiques, on ne peut résister à ce formidable coup marketing signé par les editions Monsieur Toussaint Louverture.

A part cela, 2022 m’aura permis une nouvelle fois de trouver des romans forts et, en regardant la liste de mes coups de cœur, je suis heureux d’avoir eu entre les mains tant d’émotions concentrées en si peu de pages. Ces derniers sont donc au nombre de sept, et vous pourrez trouver mon avis en cliquant sur le titre.

Je vous ai donc fait une sélection en trois parties, et sachez bien que j’ai dû enlever certains excellents romans de cette liste et que cela me fend le cœur. Il me reste tout de même un gros regret, celui de ne pas avoir pris le temps de lire des Bandes Dessinées cette année.

Mes coups de cœur 2022

Le blues des phalènes de Valentine Imhof (Editions du Rouergue)

La cour des mirages de Benjamin Dierstein (Les Arènes – Equinox)

Le soldat désaccordé de Gilles Marchand (Aux Forges de Vulcain)

Une année dédiée à 10/18

En 2022, nous avons fêté l’anniversaire des éditions 10/18, une belle occasion de lire / relire quelques chefs d’œuvres de la littérature, qui font partie de mes coups de cœur :

L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde

Last exit to Brooklyn de Hubert Selby Jr

Demande à la poussière de John Fante

Un privé à Babylone de Richard Brautigan

Les romans de 2022 à ne pas oublier :

Les 10 romans que je n’oublierai pas et qui ont raté le Coup de cœur d’un cheveu :

Les silences d’Ogliano d’Elena Piacentini (Actes Sud), le plus tragique

Nos vies en flammes de David Joy (Sonatine), le plus dénonciateur

Tokyo revisitée de David Peace (Rivages), le plus japonais

La main de Dieu de Valerio Varesi (Agullo), l’habitué du Top10

Tant qu’il y a de l’amour de Sandrine Cohen (Editions du Caïman), le plus craquant

Black’s creek de Sam Millar (Le Beau Jardin), le plus fort

Lady Chevy de John Woods (Albin Michel), le plus frondeur

La femme du deuxième étage de Jurica Pavicic (Agullo), le plus subtil

L’un des nôtres de Larry Watson (Gallmeister), le plus stylisé

La vengeance des perroquets de Pia Petersen (Les Arènes – Equinox), le plus intelligent (Mon avis sera publié en 2023)

Pour l’année 2023, la rubrique Oldies sera consacrée aux éditions Livre de Poche qui vont fêter leurs 70 années d’existence ; on ne parlera donc pas que Polars dans cette rubrique. Mais étant donné la taille de leur catalogue, je balaierai des romans anciens et des nouveautés, des Policiers mais aussi de la Littérature et surtout des auteurs que j’affectionne particulièrement (Philip Kerr, Nicolas Lebel, Jacques Saussey, Jussi Adler Olsen …).

Je continuerai bien entendu le combat entre Bob Morane et l’Ombre Jaune (Les yeux de l’Ombre Jaune et les Guerriers de l’Ombre Jaune), ainsi que la Compagnie des Glaces (L’intégrale tome 6) et les enquêtes de Harry Bosch. Enfin, je vais poursuivre la découverte des romans de Jean Meckert (L’homme au marteau) publié par les éditions Joëlle Losfeld.

Au programme, si j’y arrive, je ferai en février une semaine consacrée à Alessandro Robecchi avec Ceci n’est pas une chanson d’amour, De rage et de Vent et le Tueur au caillou, tout cela aux Editions de l’Aube.

Il ne me reste qu’à vous souhaiter à tous une bonne année 2023, pleine de lectures enrichissantes et plus que jamais, avec la concentration dans la distribution des livres, résistez et allez voir chez les petits éditeurs et vos libraires de proximité.

Enfin, bien entendu, protégez-vous, protégez les autres et n’oubliez pas le principal, lisez !

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Le chouchou du mois de novembre 2022

Pour ce mois de novembre, les billets publiés vont vous donner des idées de lecture mais aussi des idées de cadeau de Noël, puisque j’aurais abordé beaucoup de genres différents, de la littérature blanche au thriller. Faites votre marché !

Je tiens à vous faire remarquer que l’ordre d’apparition est par genre puis par ordre alphabétique de nom d’auteur. Je vous souhaite de bonnes lectures.

Commençons par un premier roman, dans le genre Polar noir avec Le fric ou l’éternité de Paul Chazen (Jigal). Le narrateur nous décrit sa vie de tueur à gages, profession qu’il a adopté par hasard, par manque de débouchés ou d’envie. Si le roman est court, il impressionne par sa maitrise et par ce qu’il sous-entend de notre société.

Cela ne doit pas vous surprendre, j’adore les comédies et je vous en propose deux ce mois-ci. Aimez-vous les uns les autres de James Holin (Editions du Caïman) propose une négociation autour d’un héritage dans une famille qui représente une bonne partie des strates sociales actuelles. Les situations hilarantes, les nombreux rebondissements et les dialogues savoureux font de ce roman un pur plaisir de lecture.

La dernière aventure en date de Requiem, Sur des Breizh ardentes de Stanislas Petrosky (Eaux troubles) nous emmène dans un EHPAD et Stanislas Petrosky utilise tout son talent pour déployer une intrigue hilarante (et de mauvais goût pour les âmes sensibles), ce qui nous (me) garantit un éclat de rire par page.

Je n’avais pas trouvé le temps de le chroniquer quand il est sorti en grand format, et je profite de sa sortie en format poche pour parler de L’âme du fusil d’Elsa Marpeau (Gallimard Folio), un Polar rural très immersif, au rythme lent mais avec une fin remarquablement bien trouvée. C’est une nouvelle réussite à mettre au crédit de cette auteure.

Le « Oldies » de ce mois se trouvera au rayon Littérature. La douleur de Manfred de Robert McLiam Wilson (10/18) aura réussi à me choquer par son sujet, mais aussi et surtout par cette façon de présenter ce vieillard aux portes de la fin de sa vie, que l’on va plaindre dans un premier temps avec d’éprouver une féroce haine contre ce salaud. Très fort.

Après son premier roman policier original et plein d’humour, l’auteur nous propose un Polar social avec Je crois que j’ai tué ma femme de Frasse Mikardsson (Editions de l’Aube). Partant d’une affaire criminelle réelle où un homme a tué sa femme, il aborde les sujets actuels de meurtres familiaux et de l’égalité des sexes, dans un roman engagé tout en insistant sur la difficulté de régler ces problèmes sociétaux.

Comme à son habitude, Muriel Mourgue nous offre avec La loi des vents tournants de Muriel Mourgue (Encre Rouge éditions) un roman policier classique, positionné dans un futur proche. Il s’agira ici de découvrir l’assassin de la femme du premier ministre et on n’y trouvera aucune effusion de sang, juste un scénario mené de façon fluide avec un personnage récurrent que l’on a plaisir à retrouver, Angie Werther.

Si les thrillers ne sont pas ma tasse de thé, je dois dire que deux d’entre eux m’ont emballé. L’illusion du mal de Pierluigi Pulixi (Gallmeister), la deuxième enquête de Mara et Eva, respecte les codes du genre, impose un rythme haletant et pose la question des moyens insuffisants de la justice et le risque que le peuple veuille se faire juge. L’aigle noir de Jacques Saussey (Fleuve Noir) nous envoie à la réunion dans une aventure prenante et détaille les différents trafics, de la part d’un auteur dont on ne parle pas assez.

Avec le dernier Sycomore, j’avais découvert un auteur et un personnage auprès duquel on prend un grand plaisir à suivre ses enquêtes. C’est ton nom de Laurent Rivière (Toucan) confirme tout le bien que j’en pensais ; une nouvelle fois, j’ai aimé les balades dans le Morvan, cette histoire d’orphelins placés pour contrer l’exode dans les années 80 et les atermoiements du personnage principal Franck Bostik à prendre contact avec son fils, âgé de 12 ans, dont il n’avait pas connaissance.

Avec du retard cette année, je vous ai concocté quelques Nouvelles de chez Ska. Vous aurez l’occasion de découvrir des auteurs tels que Régine Paquet, Alain Emery, Claude Picq, Aline Tosca, Sébastien Gehan, Jean-Hugues Oppel, Pierrisnard et Gaëtan Brixtel.

Le titre du Chouchou du mois revient donc à L’or vert du Sangha de Pierre Pouchairet (Alibi), parce que ce roman qui mélange roman policier et politique, écrit comme un thriller nous permet de découvrir l’Afrique, même si le pays du roman se veut fictif. Autant par les personnages, les situations, les rebondissements et la vision d’une Afrique pillée, esclave moderne, ce roman me parait indispensable et le meilleur de l’auteur prolifique qu’est Pierre Pouchairet à ce jour.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures et de cadeaux. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour le bilan de fin d’année. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !

Le chouchou du mois d’octobre 2022

Après un mois de septembre plus qu’enthousiasmant, nous voici à la fin d’un mois d’octobre du même tonneau. Et je ne peux m’empêcher de commencer par un coup de cœur, le meilleur roman que j’ai lu cette année parmi les 110 livres que j’ai à mon compteur.

Le soldat désaccordé de Gilles Marchand (Aux Forges de Vulcain) est en effet un roman incroyable, à tel point que je l’ai lu deux fois tant j’y ai pris du plaisir. Cette histoire d’amour dans un contexte d’après première guerre mondiale se révèle remarquable par la simplicité du style, par la magie qui découle de ces phrases parfaites, et nous transporte dans un autre monde. Outre le fait que ce soit un coup de cœur pour moi, ce roman représente pour moi toute la force d’évocation dont est capable la littérature. Epoustouflant.

Je suis lassé par la guerre entre la littérature dite blanche et la soi-disant noire. En refaisant la liste de mes billets, la moitié d’entre eux sont classés dans les rayons dits « fréquentables » alors qu’ils pourraient très bien intervertir leur position. Ainsi dans les rayons « blancs », vous trouverez :

L’Homme peuplé de Franck Bouysse (Albin Michel) donne l’impression que l’auteur écrit toujours la même histoire avec les mêmes personnages dans un même décor. Il n’empêche qu’en abordant le thème de l’inspiration d’un auteur, il faut bien avouer qu’il est aujourd’hui le seul poète contemporain à savoir nous emmener dans son monde et nous époustoufler par sa vision du monde.

On était des loups de Sandrine Collette (Jean-Claude Lattès) nous transporte dans un pays non nommé, dans une nature hostile, où un père doit voyager avec son jeune fils, qu’il voit comme un poids inutile. Revenant à plus de simplicité, prenant la voix du narrateur, ce roman de Sandrine Collette confirme son talent dans ce roman dur et prenant.

Dalva de Jim Harrisson (10/18) : mon oldies du mois consiste à lire un classique de la littérature américaine, une biographie d’une jeune amérindienne et de sa famille qui permet à l’auteur de visiter l’histoire des Etats-Unis. Un classique !

Les corps solides de Joseph Incardona (Finitude) nous épate encore avec cette mère élevant son fils adolescent qui va participer à un jeu télévisé débile. Joseph Incardona profite de l’occasion donnée par son histoire pour aborder les magouilles politiques et établit un constat navrant sur le petit écran. Une grande réussite.

Au rayon « noir », commençons par du pur divertissement avec La maison de la pieuvre de Serge Brussolo (H&O éditions). Outre qu’il est un auteur prolifique, Serge Brussolo est aussi un formidable conteur qui nous concocte de belles intrigues qui nous réservent plein de surprises. Dans ce roman, on ne peut pas prévoir ce qui va se passer et c’est tant mieux !

Le tailleur gris d’Andrea Camilleri (Points), roman orphelin du créateur du commissaire Montabalno, nous parle toute en finesse et subtilité d’un retraité en proie à la jalousie envers sa femme plus jeune que lui. Du pur plaisir !

Une vérité changeante de Gianrico Carofiglio (Slatkine & Cie) est sorti après L’été froid alors qu’il s’agit du premier tome de cette nouvelle série mettant en valeur le maréchal Pietro Fenoglio. Nous avons donc droit à une enquête simple, qui nous présente les différents intervenants futurs, où l’on ne peut que louer l’efficacité de l’auteur.

L’inspecteur Dalil à Beyrouth de Soufiane Chakkouche (Jigal), la deuxième enquête de Dalil confirme tout le bien que je pense de cet auteur, capable de conserver un recul en toute situation et de parsemer son intrigue de pointes d’humour bienvenues.

Le rouge et le vert de Jean-Bernard Pouy (Gallimard Folio) peut se compter parmi ces romans étranges mais remarquables. Ici, le narrateur doit lui-même chercher l’objet de son enquête et Jean-Bernard Pouy en profite pour égratigner la société et ses travers.

Le coup tordu de Bill Pronzini (Gallimard Série noire) est la première enquête du détective sans nom, Nameless. Si celle-ci est classique, j’ai été surpris et séduit par la grande qualité littéraire de ce roman.

Le titre du chouchou du mois revient donc à La femme du deuxième étage de Jurica Pavicic (Agullo). Après le formidable L’eau rouge, Jurica Pavicic nous présente de formidables portraits de femmes, une galerie de différentes générations, et un témoignage de l’évolution de la Croatie. Le roman se clôt sur une scène magnifique et laisse un goût amer, même si on ne ressent aucune sympathie envers le personnage principal.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de septembre 2022

Entre mes lectures estivales dont les billets sont publiés ce mois-ci et la chance dans mes choix, j’ai eu l’occasion de publier trois billets par semaine, donc carton plein de mon coté. Par contre le revers de la médaille, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à choisir mon chouchou tant toutes ces lectures auront été marquantes.

Honneur au coup de cœur Black Novel, avec Demande à la poussière de John Fante (10/18), la biographie romancée sous le nom d’Arturo Bandini, qui nous montre le chemin de croix d’un jeune homme à Los Angles pour devenir un Artiste. Ce roman est juste un monument de la littérature américaine, injustement méconnu qui aura inspiré bon nombre d’auteurs et dont l’influence s’étend encore aujourd’hui.

Le reste des billets se partage entre la littérature française et la littérature américaine, à une exception près (deux en fait) : La face nord du cœur de Dolores Redondo (Gallimard Folio), thriller espagnol, fait suite à la trilogie de la vallée de Baztan. Avec ce prequel, on en apprend beaucoup sur Amaia Salazar ainsi que sur l’agent du FBI Dupree. Original dans sa construction, il nous plonge en plein ouragan Katrina dans des scènes hallucinantes où flotte un air de fantastique dans le bayou.

La sixième enquête d’Harry Bosch, L’envol des anges de Michael Connelly (Points), confirme le statut de cet auteur parmi les meilleurs dans la sphère du polar. Connelly nous parle de sa ville et situe son intrigue pendant les émeutes après l’affaire Rodney King. Cet opus est à classer dans les meilleures enquêtes de Bosch tant la pression ressentie à la lecture est intense et le final surprenant

Après Betty, j’attendais beaucoup de ce roman. L’été où tout a fondu de Tiffany McDaniel (Gallmeister) nous transporte dans une petite ville où le procureur, fils du narrateur, demande au Diable de se présenter à lui. Un enfant noir arrive et d’étranges drames apparaissent. Sur cette intrigue entre chronique familiale et fantastique, Tiffany McDaniel nous emporte grâce à son style poétique dans une vaste reflexion sur le Bien et le Mal.

Toujours aux Etats-Unis, Lady Chevy de John Woods (Albin Michel) est probablement le premier roman le plus impressionnant et le plus provoquant que j’aurais lu en 2022. John Woods a mis ses tripes dans cette histoire d’une adolescente obèse immergée dans un environnement rural qui s’est créée un mur pour se prémunir des moqueries des autres. Il en profite pour brosser une image de l’opposition ville / campagne tant d’un point de vue éducatif que politique. Et il termine son roman avec une fin juste formidable. A ne pas rater.

Du coté des français, commençons par Tant qu’il y a de l’amour de Sandrine Cohen (Editions du Caïman). Auréolée du Grand Prix de la Littérature Policière, elle nous offre un roman émotionnellement fort sur une famille pas comme les autres et proposent une vision du monde par les yeux des enfants. Sandrine Cohen conserve son style dans cette histoire attachante qui nous invite à raisonner différemment.

Darwyne de Colin Niel (Editions du Rouergue) permet à l’auteur de revenir en Guyane pour nous présenter deux personnages, Darwyne, jeune garçon vivant dans un bidonville malaimé par sa mère et Mathurine, assistante sociale qui reçoit un message d’alerte et est perturbée par son désir de devenir mère et ses échecs de fécondation in-vitro. L’immersion dans ce monde de désoeuvrement et de désamour maternel sont au centre de ce roman fortement émotionnel.

L’affaire de l’île Barbe de Stanislas Petroski (Afitt), en tant que premier tome d’une série, nous plonge à la fin du XIXème siècle et nous présente le professeur Lacassagne, l’un des fondateurs de la médecine légale moderne, et son apprenti Ange-Emmanuel Huin, apache au passé douteux. Les personnages sont formidablement croqués dans une intrigue inspirée d’un cas réel et on n’a qu’une envie, lire la prochaine enquête. Le livre est complété par une postface nous présentant le contexte de cette époque, de quoi se divertir intelligemment.

Le tableau du peintre juif de Benoit Severac (Manufacture de livres) aussi va nous en apprendre beaucoup sur les réseaux de résistance pour faire passer les soldats ou les juifs en Espagne. C’est aussi et surtout un portrait bluffant d’un homme qui veut faire reconnaitre son grand-père en tant que Juste des Nations et qui s’obstine tout en sachant qu’il a tort de sacrifier sa vie de famille. Impressionnant.

Comme je l’ai dit en introduction, tous les romans chroniqués auraient pu obtenir le titre de chouchou du mois, tant j’ai eu de la chance dans mes choix de lecture. Malgré cela, le titre revient à Black’s creek de Sam Millar (Le beau jardin), parce que je n’attendais pas Sam Millar sur le terrain d’un adolescent confronté au monde des adultes, parce que cette histoire est narrée de façon impeccable avec une fin surprenante, parce que les dialogues sont géniaux et parce que ce roman est publié par une petite maison d’édition et qu’il mérite d’être mis en avant.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou de l’été 2022

Allez, finies les vacances ! Il va falloir retourner au boulot. Avant que les nouveautés ne débarquent, même si quelques-unes sont déjà sorties, voici un petit récapitulatif des avis publiés cet été qui devrait vous permettre de trouver votre bonheur. Comme les autres années, j’ai classé les titres par ordre alphabétique de leur auteur et trouvé un court descriptif pour qualifier chacun d’eux. A vous de choisir :

Carlos de Jérémy Bouquin (Cairn) : une visite des bas-fonds de Pau, explicite

L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito (Gallmeister) : De l’importance de l’éducation, un roman qui me parle

L’affaire Myosotis de Luc Chartrand (Seuil) : Thriller dans la bande de Gaza

Un monde merveilleux de Paul Colize (HC éditions) : L’Homme sait-il faire autre chose que détruire ? Très bon

Tapas nocturne de Marc Fernandez (LdP) : Prequel de la trilogie Diego Martin, pour les fans

Alliance Palladium de Stéphane Furlan (Cairn) : un polar prometteur

Rattrape le ! De Jake Hinkson (Gallmeister) : Un roman noir impeccable sur l’hypocrisie de la religion

Jesus’ son de Denis Johnson (10/18) : Recueil de nouvelles halluciné

Le jour des fous de Stéphane Keller (Toucan) : Dénonciation de l’industrie pharmaceutique dans un monde futuriste, prenant

Un voisin trop discret de Iain Levison (Liana Levi) : Levison à son niveau, excellent

Blackwater – La maison / La guerre / La fortune / Pluie de Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture) : Suite et fin de cette saga familiale fantastique et populaire

Traqués d’Adrian McKinty (Mazarine) : une famille chassée par des cinglés, divertissant

Venture de Philippe Paternolli (Editions du Caïman) : Dernier tome des enquêtes de Vincent Erno, très bon

La mécanique du pire de Marco Pianelli (Jigal) : un polar impeccable

Last exit to Brooklyn de John Selby Jr (10/18) : un monument de la littérature. COUP DE COEUR !

Skaer de Philippe Setbon (Editions du Caïman) : un scénario implacable

Usual victims de Gilles Vincent (Au Diable Vauvert) : Un polar vicieux

Le titre du chouchou de l’été 2021 revient donc à L’eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito (Gallmeister)  parce que c’est un roman qui me parle, parce que je me suis retrouvé dans cette jeune femme qui subit la pression de sa famille pauvre pour réussir, parce que la plume de l’auteure est juste magique, poétique.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous souhaite un bon courage pour la reprise et vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de juin 2022

Le mois de juin se termine, et j’ai envie de dire : Déjà ? L’impression que le temps file à la vitesse d’une formule 1, qu’il faut penser aux vacances, ce qu’on va faire et ce qu’on va lire !

Eh bien, justement, je vous propose un récapitulatif des billets sortis ce mois-ci afin de vous aider dans vos choix de romans qui vous accompagneront soit sur la plage, soit à la campagne, soit chez vous allongé sur votre canapé.

J’en profite pour vous signaler que Black Novel est passé sur un rythme estival, avec (seulement) deux billets par semaine pour que je me repose un peu. Je vous souhaite de bonnes vacances, reposantes et instructives.

Commençons par le Oldies du mois qui est aussi un coup de cœur pour moi. L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde (10/18) est un roman différent, sorte d’uchronie, de voyage dans le monde des livres. Imaginez que vous puissiez pénétrer les pages de votre roman favori et vivre avec vos personnages préférés, voire changer ou altérer l’intrigue. D’un humour loufoque totalement anglais, ce roman vous emporte ailleurs et fait preuve d’une imagination débordante.

Pour ceux qui aiment les sagas au long cours, j’ai continué La compagnie des glaces de GJ.Arnaud Intégrale tome 5 (Fleuve Noir) avec quatre romans (les épisodes 17 à 20) qui clôturent le premier cycle de cette saga de Science-Fiction incroyable. Pour revenir à quelque chose de plus actuel, Blackwater – La crue & La digue de Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture) sont les deux premiers tomes d’une fresque jamais publiée en France, mélange de saga familiale et de fantastique, du roman populaire comme on les aime.

Pour ceux qui aiment les romans français, Et dire qu’il y a encore des cons qui croient que la Terre est ronde de Maurice Gouiran (Jigal) est le dernier roman en date de cet auteur prolifique. Derrière ce titre comique et sa couverture géniale, il renferme un roman policier emballant et nous instruit sur les complôtistes avec un Clovis Narigou en pleine forme. On classera Chez paradis de Sébastien Gendron (Gallimard) dans la catégorie Roman Noir, et propose une belle galerie de pourris dans un décor de station-service isolée qui va déboucher sur un final de western en guise de feu d’artifice.

L’un des meilleurs conteurs contemporains s’appelle Don Winslow, et il a toujours dit que le polar tirait ses sources d’inspiration des tragédiens grecs et de William Shakespeare. Dans La cité en flammes de Don Winslow (Harper & Collins), il oppose deux clans de mafieux à la suite de l’apparition d’une femme superbe qui va faire office d’étincelle dans un entrepôt d’explosifs. Ce roman est juste impossible à lâcher.

Je voulais tester un roman de cet auteur dont on parle tant. C’est donc fait avec Orphelin X de Gregg Hurwitz (H&O). On se situe plutôt dans le domaine du roman d’action pure et l’auteur arrive, avec beaucoup de clins d’œil, à nous tenir en haleine en faisant référence à beaucoup d’auteurs du genre, qu’ils soient issus du cinéma ou de la littérature. A suivre …

Le titre du chouchou du mois revient donc à Les gens des collines de Chris Offutt (Gallmeister), auteur rare mais toujours passionnant. Son intrigue est un régal, un exemple de simplicité mais aussi d’efficacité dans son déroulement. Quant au style, chaque phrase nous parait d’une évidence remarquable. Du grand art, un roman à ne pas rater.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures estivales. Je vous donne rendez-vous fin aout pour un titre tant envié de chouchou de l’été. En attendant, je vous souhaite à nouveau de bonnes vacances et surtout, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de mai 2022

Après avoir fêté comme il se doit le treizième anniversaire du blog, on se remet en piste pour une quatorzième année avec une nouvelle élection de chouchou mensuel. Et celui-ci s’est avéré bien difficile à choisir !

Ce mois-ci, j’ai décidé de mettre à l’honneur ma fille qui m’a offert un billet sur une des premiers romans du Maître de l’Horreur. Dans Marche ou crève de Stephen King (Livre de Poche), on se retrouve plutôt dans une dystopie, qui avec le recul, s’avère étonnamment visionnaire. Clara nous partage sa passion pour ce livre avec son avis dithyrambique.

Restons dans les Oldies, avec Trafic de reliques d’Ellis Peters (10/18), la première enquête de Frère Cadfaël. Cette série nous projette au Moyen Âge et j’ai été surpris par le plaisir que j’ai eu, surtout pour quelqu’un comme moi qui n’est pas fan des romans historiques.

Parmi les romans actuels, je suis parti à la découverte de nouveaux auteurs et toutes se sont avérées d’excellentes surprises. Kids’show de Gaëtan Brixtel (Horsain) est le premier roman de cet auteur que je connaissais au travers de ses nouvelles éditées chez Ska. Il passe donc d’un style sensible à une expression toute en cynisme et en rage pour nous parler de harcèlement scolaire à l’école primaire. Emballant, parfois méchant, il nous place aussi devant nos responsabilités.

J’ai lu Lieutenant Versiga de Raphaël Malkin (Marchialy) grâce au billet Coup de Cœur de BMR-MAM. Effectivement, entre roman policier et document, l’auteur nous présente un personnage de flic, avec ses qualités et ses défauts, ses erreurs et son obstination à résoudre ses affaires. Tout tient à la faculté de l’auteur à nous faire vivre ce personnage a priori commun qui en devient passionnant.

Autre excellente surprise, celle d’Angela, femme obèse et renfermée, confrontée malgré elle à une situation de kidnapping qui ne la concerne pas, dans L’autre femme de Mercedes Rosende (Quidam éditeur). La perfection de la description psychologique et le scénario bigrement malin, le ton humoristique sont les atouts de ce roman uruguayen de la part d’une auteure à suivre. Cela tombe bien, il s’agit du premier tome d’une trilogie.

Parmi les auteurs que j’adore, La capture de Nicolas Lebel (Editions du Masque) fait suite à son précédent roman et l’on retrouve Yvonne Chen à la poursuite des Furies dans un scénario construit comme une partie d’échecs et au déroulement remarquable. A lire la fin, il semblerait qu’il y ait une suite à venir et c’est tant mieux.

Le Botaniste de Jean-Luc Bizien (fayard) penche plutôt du coté des thrillers. Tous les codes sont parfaitement respectés, les chapitres courts, les personnages bien campés, la tension croissante et la fluidité du style. L’atout supplémentaire de ce roman réside dans son sujet, qui nous alerte sur l’importance des forêts primaires et l’absolue nécessite de les protéger. En plus de nous passionner, ce roman nous instruit.

Enfin, si vous êtes un fidèle de ce blog, vous connaissez ma passion pour deux personnages de flics italiens. Dans la dernière enquête du sous-préfet Rocco Schiavone, Ombres et poussières d’Antonio Manzini (Denoël), il est embringué dans une affaire complexe et tortueuse et toujours, en parallèle, à la chasse du meurtrier de la fille d’un de ses amis. L’auteur nous fait vivre une spirale vers l’enfer depuis quelques romans et la fin est immensément triste, ce qui prouve notre attachement à Rocco.

Le dernier roman mettant en scène le commissaire Soneri, La main de Dieu de Valerio Varesi (Agullo) est à nouveau une grande réussite. L’auteur continue à analyser notre société et nous parle d’aspects plus profonds, presque philosophiques, toujours dans un style si riche et imprégnant. Je le dis, je le répète, lire Valerio Varesi rend plus intelligent. Je pourrais décerner tous les titres de chouchou à ses romans mais j’ai choisi de mettre à l’honneur une de mes découvertes.

Le titre du chouchou du mois revient donc à L’autre femme de Mercedes Rosende (Quidam éditeur), parce que j’ai tant hâte de retrouver Angela dans sa future aventure. J’espère que ces avis vous auront été utiles. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois d’avril 2022

Allez ! je vous propose de terminer la douzième année d’existence de Black Novel avant de partir pour de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes littéraires, et ce dès le 1er mai. Pour ce cent quarante quatrième mois, j’ai innové en consacrant une semaine entière (soit trois billets en ce qui me concerne) à un auteur.

Pour cette première session, c’est Maurice Attia qui est passé sous le scalpel avec sa deuxième trilogie consacrée à Paco Martinez, ancien flic devenu journaliste judiciaire et cinématographique. La blanche Caraïbe de Maurice Attia (Jigal) nous emmène en Guadeloupe en 1976, en pleine éruption de la Soufrière, où Paco débarque pour aider son ami et se retrouve dans un panier de crabes. Le rouge et le brun de Maurice Attia (Jigal) regroupe trois enquêtes dont l’une se passe en Italie lors de l’enlèvement d’Aldo Moro, alors qu’Irène, la femme de Paco, découvre un journal écrit par son père qui évoque un passage méconnu de notre histoire en 1899. Enfin, Couleurs de la vengeance de Maurice Attia (Jigal) alterne entre une tuerie dans un bar vers Marseille et l’invasion de l’Afghanistan par les Russes. Cette trilogie permet de faire œuvre de m »moire sur quelques événements de notre histoire contemporaine en adoptant une forme polyphonique jouissive.

J’aurais préféré ne pas écrire tout de suite la chronique Oldies de ce mois. Hélas, suite à la mort de Liliane Korb, j’ai voulu rendre hommage aux livres qu’elle a écrit avec sa sœur en commençant par le premier tome des enquêtes de Victor Legris. Mystère rue des Saints Pères de Claude Izner (10/18) nous plonge dans le Paris de l’Exposition Universelle de 1889 et nous apprend beaucoup de choses. Une belle introduction à cette série.

Arsène Lupin contre Herlock Sholmes de Maurice Leblanc (Archipoche) est le deuxième roman de la série et propose un duel entre le célèbre détective anglais (accompagné de son imbécile Wilson) et notre gentleman cambrioleur. Le style est vif, le ton humoristique et la lecture plaisante pour ce match nul entre ces deux personnages. A suivre …

Avec plus de sérieux, Château de cartes de Miguel Szymanski (Agullo) nous emmène dans le monde de la Haute Finance au Portugal. Premier d’une série à venir, l’auteur nous montre les dérives des banques, la corruption des politiques et les petits arrangements pour sauver de sombres truands. Bien que le domaine soit technique, l’auteur fait un effort pour nous rendre tout cela explicite et nous livre un Thriller prenant.

Parmi les auteurs que j’adore, La jeune femme et l’ogre de John Connolly (Presses de la cité) est le dernier tome des enquêtes de Charlie Parker et c’est un excellent cru. John Connolly multiplie les personnages, les pistes et les duels à distance, dans une ambiance fantastique et angoissante qui ravira les habitués et permettra de faire découvrir et enchanter les novices.

Qui voit son sang d’Elisa Vix (Editions du Rouergue) est le dernier roman noir de cette auteure qui a l’art de créer des intrigues différentes dans un style direct et expressif. Ici, Elisa Vix compose une intrigue de recherche classique et oppose l’enfermement intérieur des personnages à l’air du grand large aux abords de l’île d’Ouessant. Une fois commencé, ce livre ne peut être lâché : A ne pas rater.

Dernier recueil de nouvelles publié à la Déviation, Jusqu’ici tout va mal de Pascal Dessaint (La Déviation) est un petit bijou avec ses 17 cartes postales. De la nature et des hommes. De l’Amour et de la solitude. Vivre ensemble et respecter la nature sont les messages forts de ce recueil de nouvelles parfait.

Le titre de chouchou du mois revient donc à Tokyo revisitée de David Peace (Rivages), dernier tome de la trilogie que ce gigantesque auteur britannique a consacrée à la capitale japonaise de l’après-guerre. Même s’il prend pour trame une affaire criminelle irrésolue, il nous montre, nous assène la guerre froide à distance entre les USA et l’URSS en mettant les personnages au premier plan, en nous offrant des scènes hallucinées hallucinantes avec son style haché, rythmé comme aucun autre.

Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou, et dès le 1er mai pour fêter le 13ème anniversaire du blog. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de mars 2022

Après avoir subi des mois et des mois de grisaille, le soleil fait enfin son retour. Forcément, cela a un impact sur le moral et par voie de conséquence, sur l’envie de lire encore et toujours des romans. A cette boulimie livresque vient s’ajouter les vacances scolaires du mois de février qui expliquent le grand nombre d’avis publiés ce mois-ci, à tel point que je me suis permis de choisir les romans dont je voulais parler, et que cela m’a permis de lire plus de polars anciens. Faites votre marché :

Le Oldies du mois s’appelle Morvern Callar d’Alan Warner (10/18) et nous présente une jeune fille qui préfère faire la fête plutôt que de vivre sa vie. Outre son esprit égoïste, l’auteur nous offre une virée Sex, Drugs and Rock’n’roll qui peut représenter une œuvre culte pour certains … mais pas pour moi.

Adieu Poulet de Raf Vallet (Gallimard – Série Noire) fait partie des deux romans réédités en fin d’année dernière. En lisant ce polar, on s’aperçoit que si le style fleure bon les années 70, l’intrigue n’a pas vieilli et nous rappelle le film avec Lino Ventura et Patrick Dewaere. Je vous conseille de le (re) découvrir.

La cinquième enquête de Harry Bosch, Le cadavre dans la Rolls de Michael Connelly (Points) démontre tout le talent de l’auteur pour à la fois élargir le cercle autour de l’inspecteur mais aussi de construire une intrigue costauds et surprenante jusqu’à la dernière ligne.

Le premier tome des enquêtes du détective éponyme, Sois zen et tue-le de Ciceron Angledroit (Palémon) se présente comme un livre humoristique. Pari difficile à relever, que de faire rire le lecteur, mais pari réussi tant on se marre et on apprécie les digressions et les jeux de mots.

Parmi les nouveautés, je commence par Les disparus des Argonnes de Julie Peyr (Equateurs) qui m’a enchanté, moins par son sujet (la disparition inexpliquée des appelés de Mourmelon) que la façon dont il est traité. Cette auteure a un vrai talent pour doser son intrigue et nous montrer le désarroi des familles devant le désintérêt des autorités pour ce mystère. Excellent !

Because the night de Gilles Vidal (La Déviation) est le dernier roman de cet auteur que j’affectionne pour son originalité. Il nous propose l’itinéraire d’un homme dans un monde dévasté à la recherche de son passé, des autres et de soi-même. Ce roman qui m’a paru parfois hermétique comporte des pages d’une beauté foudroyante.

Ce sera le seul premier roman de ce mois et il se présente comme un roman totalement personnel. Histoire universelle des Hommes-Chats de Josu Arteaga (Nouveau Monde) nous raconte par la voix du narrateur l’histoire d’un village basque espagnol, retiré du reste du monde, avec ses secrets, ses règles, ses lois et ses horreurs. Dans le dernier chapitre, l’auteur le compare au monde actuel et rien que pour ça, ce roman vaut le détour.

Jeannette et le crocodile de Séverine Chevalier (Manufacture de livres) raconte l’histoire d’une petite fille qui rêve de voir un crocodile récupéré par un zoo. Mais d’année en année, sa mère va trahir cette promesse. De la trahison des adultes à l’apprentissage d’une adolescente, Séverine Chevalier nous présente une histoire tout en douceur et en tendresse au milieu d’un monde toujours plus dur et sans pitié.

A sang et à mort de Sandrine Durochat (Jigal) ressemble plus à une course folle dans le monde d’aujourd’hui en abordant les thèmes chers au polar, la drogue, les trafics, la police corrompue. Construit avec de nombreux personnages et de nombreuses scènes, l’auteure a choisi un style moderne, comme une série policière et nous livre un roman décoiffant, rapide, sec, bigrement addictif.

On ne présente plus Pouy, on le savoure. En attendant Dogo de Jean-Bernard Pouy (Gallimard – La Noire), son dernier opus, ne ressemble à rien de connu, donne son avis sur la société d’aujourd’hui, mâtiné de culture et d’humour, les deux atouts pour supporter le quotidien. Un excellent cru !

Le titre du chouchou du mois revient donc à Nos vies en flammes de David Joy (Sonatine), tant cet auteur à mi chemin entre la littérature blanche et la littérature noire, sait nous parler des campagnes américaines, la beauté des paysages et les travers de ses habitants. Dans ce roman, il dénonce l’industrie pharmaceutique qui créé les drogués de demain en fournissant des médicaments addictifs dès le plus jeune âge.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Le chouchou du mois de février 2022

Il semblerait que cette année 2022 soit une très bonne année pour tous les amateurs de polar.  Toutes les lectures que j’ai pu lire que ce soit en janvier ou en février sont  intéressantes ;  et si je ne me limitais pas, j’aurais déjà mis trois ou quatre coups de cœur parmi tous les titres chroniqués. C’est encore le cas pour ce mois de février où, quelques soient les titres évoqués, on y trouve de la passion, de l’émotion et une fantastique envie de lire, de découvrir.

Commençant par La cour des mirages de Benjamin Dierstein (Les Arènes – Equinox), un roman terrible qui va mélanger la politique, les magouilles financières et les réseaux pédophiles, un roman porté par deux personnages forts, fracassés, malmenés dans leur vie personnelle mais qui gardent en eux la fibre, la passion de leur métier et la volonté de justice. Avec son style haché, avec son rythme, avec ces images ignobles et ses personnages indescriptibles, ce roman clôt de grande façon la trilogie sur la chute du Sarkozysme. Evidemment, c’est un coup de cœur, évidemment vous devez lire ce livre, ces trois livres, même si certaines scènes le réservent à un public averti.

Dans la catégorie Oldies, Le diable de Glasgow de Gilles Bornais (10/18) nous introduit un nouveau personnage de détective, Joe Hackney, travaillant au Scotland Yard. Il doit résoudre une affaire bien loin de la ville et dès le départ le mystère semble insoluble. Mélangeant le fantastique et le polar pur et dur, Gilles Bornais utilise un style direct, très moderne, proche de Robin Cook, qui contraste avec la période du 19e siècle qu’il décrit. En tant que premier roman d’une série, il donne furieusement envie de se plonger dans la suite des enquêtes de Joe Hackney.

Entendez-vous dans les campagnes d’Ahmed Tiab (Editions de l’Aube) marque le retour d’Ahmed Tiab. Et pour ce roman, il place au devant de la scène Lofti Benattar que nous avons rencontré précédemment dans Pour donner la mort tapez 1. Lofti va quitter Marseille pour se retrouver dans le Morvan, quitter le soleil pour le brouillard. Il va être confronté à une affaire de disparition puis de meurtre.  Comme d’habitude avec Ahmed Tiab, il s’agit de montrer la société française et ce portrait des campagnes ressemble à s’y méprendre à ce qu’on trouve dans les villes que l’on nous montre dans les journaux télévisés, du racisme, des jeunes radicalisés et des gens qui en profitent. C’est à nouveau une grande réussite.

Béton rouge de Simone Buchholz (Atalante – Fusion) marque le retour de Chastity Riley, le personnage principal créé par cette auteure allemande au talent immense. Avec son style direct, elle a réussi à créer un personnage attachant et moderne. Même si on peut regretter une intrigue légère il n’en reste pas moins qu’on a l’impression d’avoir passé un bon moment avec une amie que l’on ne voudrait jamais quitter.

Le carré des indigents d’Hugues Pagan (Rivages – Thriller) : Au tout début de cette année Hugues Pagan a marqué son retour par un roman noir, situé dans les années 70, juste avant la mort de Georges Pompidou. Schneider, de retour de la guerre d’Algérie, revient dans sa ville natale pour une affaire de disparition d’une adolescente, ce qui va venir confirmer tout le mal qu’il pense de cette société ainsi que la couleur noire de sa vie. Hugues Pagan est un pur styliste il le montre encore ici de façon éclatante, flamboyante.

La forêt des silences de Serge Brussolo (H&O éditions) est un roman étrange comme son nom l’indique, un inédit publié directement au format poche, un polar qui va vous faire passer par toutes les émotions et qui balaye tous les genres. Commençant comme un roman angoissant, il continue comme un polar pour tourner petit à petit vers la politique. Ecrit simplement, il malmène ses trois personnages principaux qui vont être confrontés à une intrigue qui va constituer un très bon divertissement

Les cow-boys sont fatigués de Julien Gravelle (Seuil – cadre Noir) : Il est rare de lire un roman québécois et l’occasion est trop belle de plonger dans un polar qui comporte à la fois suffisamment de rebondissements, un personnage vieillissant qui dit ce qu’il pense et langage mâtiné de temps en temps d’expressions du cru ou d’anglicismes. On rentre rapidement dans l’histoire, le style est vif, rapide, et bigrement agréable. Une bien belle découverte

Ordure d’Eugene Marten (Quidam éditeur) : J’aurais pu donner le titre de Chouchou à ce roman tant il m’a impressionné. D’un format ultra-court il propose un personnage d’homme de ménage dans une grande société, isolé, vivant dans un sous-sol loué par sa mère. Puis un événement va bouleverser sa vie. Eugène Marten est un auteur minimaliste et ce qui est effrayant n’est pas ce qu’il écrit mais les vides qu’il laisse entre deux phrases. A la façon d’un Larry Fondation, il nous montre un personnage sans espoir, une ombre qu’on ne voit pas et qu’on ne veut pas voir. Voilà un roman qui a tout pour devenir culte.

Le titre de chouchou du mois revient donc à Les silences d’Ogliano d’Elena Piacentini (Actes Sud). Dans un paysage inventé de village du Sud, encastré entre les montagnes, Elena Piacentini atteint des sommets d’écriture, et recrée une tragédie digne des plus grands, autant par les personnages que par cette intrigue d’émancipation du jeune Libero.