Editeur : Jacqueline Chambon (Grand Format) ; 10/18 (Format poche)
Afin de fêter leurs 60 années d’existence, les chroniques Oldies de cette année seront consacrées aux 10/18.
Je vous propose un roman acheté il y a bien longtemps, et que j’avais mis de côté, surtout pour son sujet. L’adjectif qui me vient en tête après l’avoir lu est déstabilisant.
L’auteur :
Alan Warner est un écrivain écossais né à Oban (Écosse) en 1964.
Il grandit dans le village écossais de Connel, et commence à écrire dès l’adolescence. Il est l’auteur de cinq romans : le très acclamé Morvern Callar (1995), trophée du Prix Somerset-Maugham, These Demented Lands (1997), trophée de l’Encore Award, The Sopranos (1998), gagnant du Saltire Awards, The Man Who Walks (2002), une comédie sombre et surréaliste, et The Worms Can Carry Me to Heaven (2006). La plupart de ses romans se déroulent dans un même endroit, nommé « le Port », présentant des similitudes avec son village natal d’Oban. Morvern Callar a récemment été adapté à la télévision et Alan Warner a reçu en 2003 le prix du Meilleur Jeune Écrivain Britannique.
Il est également connu pour être un grand admirateur du groupe de Krautrock Can. Il a d’ailleurs dédié deux de ses romans à deux membres du groupe (Morvern Callar à Holger Czukay et The Man Who Walks à Michael Karoli). Alan Warner habite actuellement à Dublin et à Xàvia.
Quatrième de couverture :
MorvernCallar, 21 ans, employée sous-payée au supermarché du coin. Signe distinctif : un genou phosphorescent et un goût certain pour le Southern Comfort Limonade. Quand elle découvre que son amant s’est tranché la gorge, vu qu’il peut plus râler, elle allume une Silk Cut et décide de le garder pour elle. Pas chien, il lui laisse en héritage une carte bancaire et un roman à publier. Casquée de son Walkman, Morvern va improviser une nouvelle vie… L’Ecossais Alan Warner compose ici une voix féminine d’une rare authenticité, un personnage déroutant et attachant, un premier roman d’une force saisissante !
Mon avis :
Sex, drugs and rock’n’roll.
Narratrice et personnage principal de ce premier roman d’Alan Warner, Morvern Callar va nous détailler, avec son langage parlé, sa vie de caissière dans une superette, perdue dans un port d’Ecosse. Le temps y est maussade, la vie emplie de routines, et le peu d’argent qu’elle gagne lui sert à faire la fête dans des rave-parties avec ses copines et à laisser passer le temps.
Ce matin-là, elle se réveille et découvre que son compagnon s’est donné la mort, en se tranchant la gorge et les poignets, ce qui prouve sa volonté d’en finir. Contre toute attente, Morvern ne va rien changer à sa vie, et même envisager de garder le corps pour elle. Car cela représente la seule chose matérielle qui lui appartient, le reste n’étant que du vent éphémère. Alors elle va monter le corps dans le grenier. En guise de testament, il lui laisse un mot, sa carte de crédit avec presque 7000 livres et une disquette comportant le livre qu’il a écrit. Il lui demande de l’imprimer et de l’envoyer chez les éditeurs qu’il a choisis, ce qu’elle va faire en remplaçant le nom de l’auteur par le sien.
Etrange portrait d’une jeunesse qui n’attend rien de la vie, si ce n’est de rester jeune le plus longtemps possible pour faire la fête et ne pas penser au lendemain. A défaut d’être attachante, le portrait de Movern Callar n’en est pas moins éloquent d’une personne sans avenir et qui l’a compris, qui l’a même intégré comme règle de vie. Bien que l’intrigue se déroule dans les années 90, le courant punk a fait bien des petits.
Affublée de son walkman et de son casque, fumant des Silk Cut l’une après l’autre, Morvern Callar passe son temps en musique, pour elle-même, sans accorder la moindre importance ni à sa famille (elle a été adoptée), ni à ses amis sauf quand ils font la fête avec elle. Hautement egocentrique, orientée vers son nombril, en forme de vide intersidéral, ce roman débouche sur une fin qui nous montre qu’elle pourrait peut-être grandir. A défaut de trouver ce roman passionnant, je l’ai trouvé intéressant.