De Pierre Lemaître, j’ai lu avec effroi Robe de marié et avec intérêt Cadres noirs qui sont des romans aux intrigues finement ciselées avec des profils psychologiques fouillés. Voici donc le dernier en date : Alex.
Alex est une jeune femme comme les autres qui, cet après midi là fait les magasins. C’est une jeune femme sexy et élégante qui aime jouer avec son physique. D’ailleurs, elle se rend chez un vendeur de perruque et en achète une. En sortant, elle repère un homme, qu’elle croit avoir vu dans le métro. Puis, alors qu’elle mange dans un restaurant, elle devient sure qu’il la suit. Alors qu’elle rentre chez elle à pied, l’homme la tabasse, et la kidnappe à l’aide d’une camionnette blanche.
Le commandant Camille Verhoeven est chargé de l’enquête. Son chef, Le Guen, ne lui donne pas le choix, car Morel est en colloque à Lyon. Depuis la perte de sa femme enceinte à la suite d’un kidnapping, Camille ne veut pas s’occuper de ce genre d’affaire. Il accepte malgré tout d’assurer l’intérim pendant deux jours, jusqu’au retour de Morel. L’affaire s’avère particulièrement difficile car les témoins n’ont rien vu, et personne ne fait état de la disparition d’une jeune femme. Camille avance dans le noir.
Le ravisseur demande à Alex de se dénuder, avant de l’enfermer dans une cage où elle ne peut se tenir ni debout, ni assise. Le supplice est infernal et finit par l’épuiser physiquement. Il se contente de répéter qu’il veut la voir crever. De temps à autre, le ravisseur vient prendre des photos de Alex. A cela, il va ajouter des rats, qui vont jouer au « chat et à la souris ». Alex se rend compte qu’elle va avoir de grandes difficultés à rester en vie.
Je vous rassure, le roman n’est pas du tout, mais alors pas du tout ce que vous croyez. En lisant la quatrième de couverture et connaissant Pierre Lemaitre, j’avais peur qu’il nous fasse un roman proche des Morsures de l’ombre de Karine Giebel, parce que cela aurait été une redite et que Pierre Lemaitre aurait été capable de nous concocter des scènes pénibles et ignobles. Que nenni ! Si le roman commence comme je l’ai résumé plus haut, la suite devient beaucoup plus machiavélique et tordue.
Alors passons tout de suite sur les trente premières pages qui à mon avis détonnent par rapport au reste du roman. J’ai trouvé le style tellement balourd, maladroit, les petites phrases mal trouvées, que j’ai l’impression que l’auteur a eu du mal a commencer son histoire, parce que Camille est un personnage déjà rencontré dans Travail soigné et qu’il n’a peut être pas voulu en dire trop pour ne pas perdre de clients lecteurs. Je me pose la question. Toujours est-il que je n’ai pas aimé le début … et c’est tout.
Après, une fois lancé dans l’intrigue, les chapitres (de 5 ou 6 pages maximum) s’avalent à une vitesse affolante, et on se fait manipuler dans une histoire où seul Pierre Lemaitre sait où il veut nous emmener. Le fait d’alterner les chapitres, un pour Alex et un pour Camille, en centrant les descriptions sur le point de vue des 2 personnes ne nous aide pas à sortir la tête du guidon, mais nous plonge volontairement dans cette histoire. La méthode est connue mais bigrement efficace, et ça marche.
Les deux autres parties sont très différentes : Si la première est centrée sur la captivité de Alex, la deuxième est une course poursuite et la troisième un interrogatoire. Je ne peux pas en dire plus, si ce n’est que Pierre Lemaître s’avère à l’aise dans ces trois exercices. Et avec le scénario qu’il nous a concocté, quand on tourne la dernière page, on se dit qu’encore une fois, on s’est bien fait manipulé. Décidément, Pierre Lemaître est un auteur doué pour créer des histoires au suspense bien maîtrisé.