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Traqués d’Adrian McKinty

Editeur : Mazarine

Traducteur : Pierre Reignier

Je connais et j’adore Adrian McKinty, surtout avec sa série de Sean Duffy. La curiosité m’a guidé dans un genre totalement différent, le thriller, avec ce roman orphelin, qui nous présente une traque sur une île australienne.

Tom Baxter profite d’une conférence en Australie pour y emmener sa famille, Heather sa femme et Olivia et Owen ses enfants. En tant qu’expert en chirurgie orthopédique, il doit faire une présentation le lundi et dispose du week-end pour visiter le pays. La mort accidentelle de sa précédente femme, atteinte de sclérose en plaque, va leur permettre de se changer les idées.

En visitant les environs, ils arrivent dans un petit port. Owen et Olivia insistent pour voir des koalas et des kangourous alors que Tom aimerait bien préparer son discours. Un homme conduisant un bac leur propose de se rendre sur une île toute proche où les enfants pourront admirer des animaux. Heather insiste pour y aller et un couple de hollandais se décide à se joindre à eux.

A bord de leur Porsche, ils débarquent sur Dutch Island, et le pilote de la barge leur conseille une petite forêt proche et leur conseille de ne pas quitter la route et surtout de ne pas déranger les autochtones. Dans un virage, Tom ne voit pas un vélo débouler de sa droite et l’écrase, tuant sur le coup la jeune cycliste. N’écoutant que leur frayeur d’être confrontés à des cinglés, ils décident de fuir. Mais les autochtones les rattrapent bientôt.

Et c’est parti pour une course poursuite qui va durer pendant 360 pages. Et c’est un sacré pari de tenir le lecteur en haleine aussi longtemps. On retrouve un thème proche du film Délivrance de John Boorman ou bien du roman Piège nuptial de Douglas Kennedy qui nous conseille fortement de se méfier des autochtones, et surtout ne pas les froisser et encore moins tuer un membre de leur famille.

De la psychologie de la famille Baxter à la description du clan de cinglés qui habite sur l’île, tout est bien fait pour nous faire passer un bon moment, et de tourner les pages sans se poser de questions. Bien peu de gens parmi les « visiteurs » vont en réchapper et Adrian McKinty va éviter les scènes sanglantes, se contentant de décrire ce que voit la famille. Bon point en ce qui me concerne.

L’auteur va placer en personnage central Heather, pièce rapportée chez les Baxter, en faire une battante issue de parents militaires et donc apte à soutenir les enfants dans ces épreuves. Car ce roman regorge de rebondissements et laisse bien peu de temps morts ce qui s’avère bien agréable. Je resterai juste plus réservé sur la fin, fortement capillotractée mais qui ne gâche pas l’impression d’ensemble, celle d’avoir passé du bon temps avec un bon roman de divertissement.

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And the winner is …

Pour fêter les 12 ans du blog, je vous proposais de gagner non pas un roman, mais une trilogie complète, trois romans narrant la vie de Sean Duffy en Irlande du Nord au début des années 80, écrite par Adrian McKinty :

Une terre si froide :

1981, Irlande du Nord. Bobby Sands vient de mourir. Le pays est sous haute tension, Belfast à feu et à sang. A Carrickfergus, deux homosexuels sont tués, main gauche arrachée. La piste d’un serial killer semble évidente. Mais le sergent Sean Duffy sait que les apparences sont souvent trompeuses, lui qui incarne un paradoxe en Ulster : il est flic et catholique. McKinty réussit le pari de faire vivre la violence de la guerre civile en même temps qu’il nous entraîne au cœur d’une enquête palpitante, maniée avec l’humour noir si cher aux Irlandais.

Dans la rue j’entends les sirènes :

Quelque part, dans l’hémisphère Sud, la guerre des Malouines commence. En Ulster, en ce début des années 1980, il est toujours aussi difficile d’être flic et catholique. Mais rien qui puisse troubler Sean Duffy, habitué à vérifier tous les matins si sa voiture n’a pas été piégée. Quand on lui demande de trouver à qui appartient un torse abandonné dans une valise sous le hangar d’une usine désaffectée, c’est un simple tatouage qui permet à l’inspecteur de suivre le fil rouge qui lie ordinairement un corps à son meurtrier. Des rues sous haute tension de Belfast à la lande irlandaise, où un capitaine de l’armée britannique a été abattu dans sa ferme, Duffy ne laisse aucune piste au hasard et ne se départ jamais de son sens de l’humour, même dans les moments de plus grand doute.

Ne me cherche pas demain :

Carrickfergus, près de Belfast, septembre 1983, en plein conflit nord-irlandais. L’inspecteur Sean Duffy, l’un des rares catholiques au sein du RUC, la police royale d’Ulster, est radié sur la base de fausses accusations. Au même moment, Dermot McCann, un habile poseur de bombes et ancien camarade de classe de Duffy, s’évade de prison et devient la cible principale des services de renseignement britanniques. Le MI5 extirpe Duffy de sa retraite alcoolisée afin que ce dernier les aide à traquer McCann. Mais pour obtenir des informations sur la cachette du fugitif, l’ex-inspecteur doit d’abord résoudre un meurtre en chambre close. Sa quête va finalement le conduire à Brighton où se trame une tentative d’assassinat sur le Premier Ministre Britannique, Margaret Thatcher.

La question était : Dans quel quartier travaille l’inspecteur Sean Duffy ? 

La réponse est : Carrickfergus

Le nom de gagnant est : Ludivine.

Félicitations !

Je n’ai plus qu’à ajouter : Merci à tous, à bientôt et plus que jamais, n’oubliez pas le principal : protégez-vous, protégez les autres et lisez !

Ne me cherche pas demain d’Adrian McKinty

Editeur : Actes Sud

Traducteur : Laure Manceau

Après Une terre si froide et Dans la rue j’entends les sirènes, cela faisait sept ans que nous attendions la troisième enquête de Sean Duffy ; et ceci d’autant plus que chaque tome de cette série nous laisse en suspens quant au devenir de notre inspecteur.

Fin 1983. Cela fait plusieurs mois que Sean Duffy a été rétrogradé au poste de simple policier de patrouille. Ce jour-là, il rentre au poste avec ses hommes, en prenant soin de ne pas se faire tirer dessus par les membres de l’IRA. Après cette journée éprouvante, une de plus, Duffy finit au pub avec son groupe avant de raccompagner chez eux ceux qui ont trop bu et qui sont incapables de conduire, dont McGivvin dont la femme vent de partir avec les trois enfants.

Lors du trajet, leur voiture heurte un obstacle mais continue sa route. Alors que Sean Duffy ne conduisait pas, sa hiérarchie le désigne comme coupable d’avoir heurté un piéton et le renvoie de la police. Même McFaul qui était au volant, ne s’insurge pas contre cette injustice. Commencent alors pour lui des jours passés entre télévision et bière jusqu’à ce que le MI5 ne débarque et lui propose de retrouver Dermot McCann, un chef artificier de l’IRA qui vient de s’évader de prison, en échange de son immunité.

Duffy se lance donc sur les traces d’un homme qu’il a connu au lycée, bien qu’ils ne fussent pas en bons termes. La dernière fois qu’ils se sont côtoyés, c’était après le Bloody Sunday, quand Duffy a demandé à McCann de rejoindre l’IRA ; proposition qui lui a été refusée sous prétexte que Duffy obtenait de bons résultats scolaires et que l’IRA avait besoin de futures têtes. Duffy va donc visiter la famille puis les amis sans grand résultat, jusqu’à ce qu’on lui propose de résoudre un mystère de chambre close en échange d’informations capitales concernant McCann.

Après les deux fantastiques premières enquêtes de Sean Duffy, on pouvait se demander comment Adrian McKinty allait pouvoir rebondir et nous intéresser avec un travail de patrouilleur. Dès les premières pages, le stress nous prend à la gorge, dans une simple scène où la patrouille de Duffy rentre au poste, une scène tellement visuelle où la menace de se faire tirer dessus suffit à insuffler la tension.

Après le renvoi de Duffy, l’auteur choisit donc une pirouette pour retrouver Dermot McCann, en faisant intervenir le MI5. Cela va à la fois lancer l’intrigue principale, avec le risque associé d’un potentiel attentat à la bombe, mais aussi introduire le deuxième fil directeur du livre, une enquête plus classique de mystère en chambre close. Une nouvelle fois, on se laisse emmener dans cette histoire qui parait improvisée comme l’est la vie …

On retrouve tout le contexte des années 1983 / 1984, la menace perpétuelle des attaques de l’IRA, la grève des miniers en Angleterre qui débute, la poigne de fer de Margaret Thatcher qui ne cède rien, et les Irlandais toujours divisés en deux clans, sans que l’on sache qui fait partie de l’IRA et qui n’en est pas. Si l’enquête policière s’avère des plus classiques, le dernier tiers du roman fait monter le stress comme seuls les grands auteurs savent le faire.

On en apprend aussi un peu plus sur Sean Duffy, sur sa jeunesse et sur sa personnalité. Auparavant, on avait l’impression d’avoir à faire avec un inspecteur doué et obnubilé par la justice. On s’aperçoit qu’il a voulu s’insurger après le Bloody Sunday et demandé à rejoindre l’IRA. Cela laisse augurer de nombreuses possibilités pour la suite. Et on en regretterait presque la toute fin, presque trop romanesque, dans la chambre d’hôpital.

Enfin, Adrian McKinty garde cette plume acérée, descriptive mais sans un mot de trop, et ces formidables dialogues aux réparties cinglantes, à l’humour noir omniprésent teinté d’un cynisme typiquement irlandais. On a toujours droit aussi à une bande-son sans faute (d’ailleurs, les Smiths apparaissent pour mon plus grand plaisir). Toutes ces qualités font de cette série un passage obligé pour tout amateur de polar. D’autant plus qu’il en reste deux à traduire … A suivre ? Il en reste deux à traduire …

Et n’oubliez pas qu’il vous reste quelques jours pour jouer et tenter de gagner la trilogie complète !

12 ans et toutes ses dents (Concours)

Eh oui, Black Novel fête ses 12 années d’existence en ce 1er mai. Si vous êtes surpris, sachez que je le suis plus que vous ! Je le dis chaque année, quand je me suis lancé dans cette aventure, car c’en est une, je n’aurais jamais imaginé durer aussi longtemps. Aujourd’hui, avec plus de 1500 billets, je n’en reviens toujours pas.

Et que vous soyez fidèle ou simple visiteur passager, je vous remercie de lire mes avis, mes élucubrations, et surtout n’hésitez pas à me laisser vos avis, qu’ils aillent dans mon sens ou pas. Je respecte tous les avis, puisque je considère qu’une lecture c’est une rencontre entre un livre et son lecteur. Et dans les rencontres, certaines sont réussies, d’autres pas.

Sachez que l’envie de partager mes avis, mes lectures est toujours aussi grande. Et je tiens à vous remercier, vous lecteur de passage, et vous abonné et lecteur fidèle. Merci pour votre assiduité, pour vos commentaires, pour vos encouragements. Merci aussi aux auteurs avant tout, qui nous offrent tant d’émotions. Merci aux éditeurs qui me font confiance, aux attachés de presse qui pensent à moi. Merci aussi aux amis qui me guident dans mes choix.

Enfin, j’envoie un gros bisou à mon frère du sud, la Petite Souris. Je n’oublie pas mes amis Yvan, Vincent, et Jean le Belge. J’adresse un grand merci à tous les collègues blogueurs qui m’aident dans mes choix de lecture. Je fais aussi un clin d’œil à l’association 813 qui défend la littérature policière sous toutes ses formes et que je vous conseille de rejoindre.

Comme je le disais, animer un blog, c’est avant tout une question de plaisir. Outre le combat entre Bob Morane et l’Ombre Jaune, et la saga de la Compagnie des Glaces, et les enquêtes de Harry Bosch, continuer la découverte de Jean Meckert, je ne vais pas me lancer dans de nouveaux challenges cette année. Je vais juste, comme vous l’avez remarqué, me concentrer sur les éditions Gallmeister, qui vont occuper les rubriques Oldies mais aussi découvrir les romans italiens qu’ils éditent à partir de cette année. Et on en reparle très bientôt.

A vous de travailler maintenant ! Un anniversaire, ce n’est pas un anniversaire s’il n’y a pas de cadeau. Cette année, ce ne sera pas un mais trois romans à gagner, la première trilogie Sean Duffy de Adrian McKinty, trois polars indispensables. De quoi se plonger dans l’histoire de l’Irlande du Nord à travers un inspecteur catholique dans les années 80. Je vous propose donc Une terre si froide, Dans la rue j’entends les sirènes et Ne me cherche pas demain.

Une terre si froide :

1981, Irlande du Nord. Bobby Sands vient de mourir. Le pays est sous haute tension, Belfast à feu et à sang. A Carrickfergus, deux homosexuels sont tués, main gauche arrachée. La piste d’un serial killer semble évidente. Mais le sergent Sean Duffy sait que les apparences sont souvent trompeuses, lui qui incarne un paradoxe en Ulster : il est flic et catholique. McKinty réussit le pari de faire vivre la violence de la guerre civile en même temps qu’il nous entraîne au cœur d’une enquête palpitante, maniée avec l’humour noir si cher aux Irlandais.

Retrouvez mon avis ici

Dans la rue j’entends les sirènes :

Quelque part, dans l’hémisphère Sud, la guerre des Malouines commence. En Ulster, en ce début des années 1980, il est toujours aussi difficile d’être flic et catholique. Mais rien qui puisse troubler Sean Duffy, habitué à vérifier tous les matins si sa voiture n’a pas été piégée. Quand on lui demande de trouver à qui appartient un torse abandonné dans une valise sous le hangar d’une usine désaffectée, c’est un simple tatouage qui permet à l’inspecteur de suivre le fil rouge qui lie ordinairement un corps à son meurtrier. Des rues sous haute tension de Belfast à la lande irlandaise, où un capitaine de l’armée britannique a été abattu dans sa ferme, Duffy ne laisse aucune piste au hasard et ne se départ jamais de son sens de l’humour, même dans les moments de plus grand doute.

Retrouvez mon avis ici

Ne me cherche pas demain :

Carrickfergus, près de Belfast, septembre 1983, en plein conflit nord-irlandais. L’inspecteur Sean Duffy, l’un des rares catholiques au sein du RUC, la police royale d’Ulster, est radié sur la base de fausses accusations. Au même moment, Dermot McCann, un habile poseur de bombes et ancien camarade de classe de Duffy, s’évade de prison et devient la cible principale des services de renseignement britanniques. Le MI5 extirpe Duffy de sa retraite alcoolisée afin que ce dernier les aide à traquer McCann. Mais pour obtenir des informations sur la cachette du fugitif, l’ex-inspecteur doit d’abord résoudre un meurtre en chambre close. Sa quête va finalement le conduire à Brighton où se trame une tentative d’assassinat sur le Premier Ministre Britannique, Margaret Thatcher.

Mon avis arrive très bientôt !

Le principe est simple : vous répondez à une question en envoyant un mail à concoursblacknovel@gmail.com. Le ou la gagnante sera contacté (e) par mail pour que j’obtienne son adresse postale. La date limite de réponse est le 12 mai 2021 à minuit. Le 14 mai, un billet donnera le nom du gagnant (ou son pseudo). Le tirage au sort sera réalisé par mes enfants. Le roman est acheté par moi-même. L’envoi sera assuré par mes soins en fonction de l’assiduité de La Poste.

La question est la suivante : Dans quel quartier travaille l’inspecteur Sean Duffy ?  

J’espère que vous prendrez du plaisir à lire, que mes chroniques vous seront utiles pour vos choix de lecture, que vous n’hésiterez pas à me donner vos avis dans les commentaires. Je vous souhaite une nouvelle année pleine de lectures enrichissantes. Car moi, je continue …

Je n’ai plus qu’à ajouter : Merci à tous, à bientôt et plus que jamais, n’oubliez pas le principal : lisez !

Dans la rue, j’entends les sirènes d’Adrian McKinty

Editeur : Stock (Grand Format) ; Livre de Poche (Format poche)

Traducteur : Eric Moreau

Attention, coup de cœur !

Pour moi, il s’agit d’une relecture puisque je l’avais lu peu après sa sortie. Malheureusement, mon ordinateur avait planté et j’avais perdu un certain nombre de billets dont celui concernant la deuxième enquête de Sean Duffy. La sortie de sa troisième enquête m’a donné envie de revenir à Belfast en 1982 pour le chroniquer à nouveau. A l’époque, j’avais décidé de lui donner un coup de cœur. J’ai été tout autant emballé par cette deuxième lecture, y retrouvant tout l’allant d’il y a 7 ans … déjà ! Depuis, le roman est sorti en format poche, donc c’est une raison supplémentaire de se laisser tenter.

Adrian McKinty semble vouloir écrire son histoire de son pays, vu à travers un personnage de flic, un peu comme le fait James Ellroy avec les Etats-Unis. Et si je le cite, c’est que j’y trouve un parallèle dans la façon de mener son intrigue, où l’air de rien, on part d’une affaire étrange, on retrouve d’autres enquêtes en parallèle et tout se rejoint avec logique à la fin. Adrian McKinty applique les codes du polar, et il excelle dans ce domaine, en ajoutant un personnage d’enquêteur typiquement irlandais, Sean Duffy.

L’inspecteur Sean Duffy et le sergent McCrabban sont appelés suite à la découverte de traces de sang dans une usine désaffectée de Carrickfergus. En suivant les traces, Duffy et McCrabban se dirigent vers les bennes à ordures. Après un tirage au sort à pile ou face, Duffy est désigné pour fouiller dans les immondices, et trouve un corps congelé dans une valise de voyage. Les mains, les pieds et la tête sont absents, rendant l’identification difficile.

L’autopsie, réalisée par la médecin légiste Laura Cathcart, la compagne de Duffy, révèle que l’homme a été empoisonné avec l’abrine, un poison extrêmement rare issu du pois rouge. Laura en profite pour annoncer à Duffy qu’elle va accepter une proposition de professeur en Ecosse, ce qui lui permet de quitter l’Irlande du Nord, ce pays miné par une guerre civile toujours plus violente de jour en jour. Sur le dos de la victime, on peut y lire un tatouage « Nul sacrifice n’est trop gran », auquel il manque le d, qui peut éventuellement leur donner une piste à suivre.

Quelques jours plus tard, deux avancées vont faire rebondir cette affaire. Le tatouage est typique de soldats américains, ce qui est étonnant : on n’imagine pas des touristes venir ici vu la situation du pays. Lors de l’analyse de la valise, un collègue de Duffy y trouve un carton sur lequel est inscrit le nom du propriétaire de la valise, Martin McAlpine. Duffy est étonné d’apprendre que McAlpine est mort dans son jardin, abattu vraisemblablement par l’IRA. Duffy et McCrabban vont donc rendre visite à la veuve de McAlpine et commencer à dérouler la pelote de laine.

Si l’intrigue respecte les codes du polar, et place ce roman aux cotés des plus grands du domaine, elle se singularise par son contexte et sa façon de le présenter. Dans Une terre si froide, Adrian McKinty nous parlait de la situation de l’Irlande du Nord après le décès de Bobby Sands suite à sa grève de la faim. Dans ce roman, en 1982, nous voyons l’impact de la guerre des Malouines. Avec ce conflit, la Grande Bretagne va envoyer ses troupes et donc déserter les zones d’émeutes irlandaises. Les policiers vont donc remplacer l’armée, sous le feu et les jets de pavés, d’autant plus qu’en face, ils sont armés par la Lybie avec des armes de guerre.

Adrian McKinty s’appuie sur son personnage de Sean Duffy, seul policier catholique dans un pays protestant, dénigré par ses collègues malgré de belles résolutions d’enquêtes qui lui ont permis d’obtenir une médaille. On le retrouve plongé en plein cœur d’un pays ravagé, parmi des immeubles détruits par les bombes, assourdi par les tirs à chaque coin de rue, et malgré cela, cherchant à tout prix la solution de l’énigme à laquelle il a affaire. Quelle n’est pas notre surprise quand les Etats-Unis s’invitent dans cette danse macabre !

La grande force de ce roman se situe à la fois dans la présence de Sean Duffy, mais aussi à la peinture du contexte et à de multiples petits détails permettant de nous plonger dans ce monde d’apocalypse. Par exemple, Sean Duffy vérifie avant de prendre sa voiture qu’elle n’est pas piégée par un interrupteur au mercure. Et puis, il y a ce ton, cet humour grinçant, cynique, dans les dialogues, qui font beaucoup rire et qui permettent d’expliquer comment les habitants peuvent supporter cette situation, tout en ne sachant pas s’ils seront encore vivants le lendemain. Et puis il y a la Bande Son. Qui peut se targuer de citer dans un même roman Joy Division et Nick Drake ? Exemplaire !

Coup de cœur, je vous dis !

Une terre si froide de Adrian McKinty (Stock-La cosmopolite)

Voici une belle découverte que je dois à l’insistance d’un lecteur assidu du blog, Norbert, confirmé dans mes choix par Claude, Jean Marc ou bien Yan. Bref, voilà beaucoup de raisons pour se pencher sur le cas Adrian McKinty.

1981, quartier de Carrickfergus, près de Belfast. Bobby Sands vient de mourir après une soixantaine de jours de grève de la fin. Le pays est au bord de l’explosion, la guerre civile est sur le point de se déclencher. Sean Duffy débarque au RUC, la police d’Irlande du Nord. Et il n’est pas facile de se faire accepter quand on est le seul catholique au milieu de collègues protestants chargés de gérer les attentats imputés aux catholiques.

On retrouve le corps d’un homme assassiné dans une voiture, la main sectionnée. A ses pieds, on retrouve une main. Vraisemblablement, le corps a été abandonné là pour qu’il soit retrouvé. Le médecin légiste indique rapidement que la main retrouvée n’appartient pas au corps, donc il faut s’attendre à l’apparition d’un autre corps. Ce qui arrive évidemment quelques jours plus tard, quand on découvre le meurtre d’un homosexuel notoire.

Quand l’assassin prend contact avec les media, revendiquant ses crimes homophobes, Sean Duffy, aidé par deux policiers se retrouve avec une enquête qui ne passionne pas les foules mais qui pourrait bien faire beaucoup de bruit. D’autant plus que ses relations avec la médecin légiste vont compliquer ses affaires …

Voilà un polar impeccable, et j’aurais tendance à dire, comme savent si bien les faire les auteurs irlandais. Et d’ailleurs, je commence par rendre hommage à la traductrice Florence Vuarnesson qui a si bien su rendre le style direct et l’humour omniprésent, froid et cynique à souhait, qui semble être une marque de fabrique typique des auteurs de ce pays. Alors que le contexte est foncièrement dramatique, les dialogues sont toujours là pour nous arracher un sourire, un éclat de rire, ce qui montre bien la prise de recul des personnages.

Car le contexte est effectivement difficile, et c’est la grande qualité de ce roman. La guerre civile éclate, suite à la mort de Bobby Sands, et les attentats aussi bien que les agressions envers les forces de police pleuvent. Adrian McKinty ne s’attarde pas lourdement sur cela, mais parsème tout au long de son roman de petites remarques, des descriptions qui rendent le climat à la fois oppressant et bigrement réaliste. Il n’y a qu’à se rendre compte qu’à chaque fois qu’un flic prend une voiture de service, sa hantise est, quand il tourne la clé s’il n’y a pas un mécanisme caché qui va déclencher une bombe. Ou bien, ces agressions ou ces jets de pierre quand la police débarque dans un quartier catholique. Ou encore, ces extraits d’informations radiophoniques parlant d’incidents violents et mortels.

Au-delà de ça, l’enquête est extrêmement rigoureuse, comme savent si bien le faire nos amis britanniques, avec plusieurs pistes, et forcément un contexte politique important mais je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l’intrigue. C’est aussi et surtout l’occasion de faire la connaissance avec un nouveau personnage que l’on aura plaisir à retrouver, puisque Une terre si froide est le premier tome d’une trilogie. Et après avoir refermé ce roman, réellement prenant, on ne peut qu’être ravi de savoir à l’avance que l’on retrouvera Sean Duffy.