Editeur : Jigal
Dans ce deuxième tome de la trilogie parue aux éditions Jigal, Maurice Attia reprend son couple récurrent, Paco et Irène, et les sépare pour nous parler de l’Italie des années 70 et de la France à la toute fin de 20ème siècle.
Mars 1978. Paco Martinez est envoyé en Italie, à Rome, alors qu’Aldo Moro, le président du parti de la Démocratie Chrétienne vient d’être enlevé par les Brigades Rouges. Il voit ce reportage comme une possibilité d’échapper à la routine de vie sa vie de couple. Là-bas, ne parlant pas italien, il rencontre Léa Trotski, une journaliste italienne blonde ressemblant à Marina Vlady, qui va l’aider à interroger des personnalités politiques. Après avoir bu un coup ensemble dans un bar, Léa prend son scooter et se fait renverser par une voiture qui ne s’arrête pas. Elle semble ne rien ressentir et Paco et Léa finissent la nuit ensemble. Le lendemain, Paco apprend que Léa est dans le coma à l’hôpital.
Mars 1978. Irène, restée à Aix-en-Provence avec leur fille Bérénice, décide d’aller rendre visite à sa mère. Elle sait que les absences répétées de Paco signifient que l’adrénaline apportée par les enquêtes lui manque et que cela met en danger leur couple. Alors qu’elle cherche des jouets au grenier pour sa fille, elle trouve un journal, écrit vraisemblablement par son père et qui raconte la vie de leur famille et un épisode méconnu de l’histoire française, le siège de Grand Occident de France, une association antisémite. Ecrit sous la forme d’un roman, Irène a l’impression que ce journal raconte une page sombre de sa propre famille.
On retrouve dans ce roman tout le plaisir que l’on prend à lire la plume de Maurice Attia, cette faculté de nous emmener dans la passé, accompagnés que nous sommes par Paco et Irène. Ici, on va moins parler d’eux et de leur passé que d’événements politiques forts, la fragilité de leur couple servant de prétexte à les séparer.
La première partie va être consacrée à l’enlèvement d’Aldo Moro et nous expliquer le dilemme de l’Italie, prise entre le marteau (les communistes) et l’enclume (les fascistes) dans une ambiance de guerre froide. La deuxième partie est essentiellement un roman narratif qui va nous montrer la France de la fin du 19ème siècle, en pleine période dreyfusarde et le courant antisémite qui faisait fureur à cette époque. La troisième partie reviendra elle sur Paco qui, à l’occasion d’un reportage sur un jardin floral, va se trouver impliqué dans une mort suspecte.
Ce roman ressemble donc plus à trois novellas regroupées et reliées par un fil ténu, le couple de Paco et Irène, qu’un roman à part entière. Cela n’empêche en rien le plaisir de cotoyer ce couple fantastique et a la grande qualité de nous expliquer quelques faits historiques de façon parfaitement claire, des faits parfois oubliés, ou laissés à la marge, mais qui pourtant sont des pierres qui devraient nous servir à construire un avenir meilleur.
Le roman fait aussi souvent appel à des titres de film (de par la profession et la passion de Paco) et rappelle bien entendu Le Rouge et le Noir de Stendhal, un chef d’œuvre (mais il n’est pas utile de le rappeler)