Editeur : Métailié (Grand Format) ; Points (Format poche)
Traducteur : EricBoury
Il me reste peu de romans mettant en scène le commissaire Erlendur Sveinsson à lire. Les éditions Métailié ont décidé de traduire les deux premiers romans, à savoir Les fils de la poussière et Les roses de la nuit. Les fils de la poussière a été publié en 1997 et est donc le premier roman où apparait notre commissaire préféré. Pour autant, Erlendur a déjà derrière lui une bonne dizaine d’années derrière lui dans ce roman.
Palmi, jeune libraire, rend visite à son demi-frère Daniel, qui est interné dans un asile psychiatrique depuis des années pour schizophrénie aigüe. Daniel semble anormalement agité, à tel point que les surveillants évacuent la salle commune. Daniel reconnait son frère, lui parle des autres élèves de sa classe d’école et l’informe que c’est en ce moment que la Terre est la plus proche du Soleil. Puis il se suicide en se jetant par la fenêtre du sixième étage dans une chute fatale.
Lors de la même nuit, Halldor, un ancien professeur tout juste à la retraite, est assis au milieu de son salon, la tête basse. Il est ligoté sur une chaise, et les effluves d’essence dont on l’a aspergé agressent son odorat. Pour autant, il ne songe pas à se défendre, et accepte son destin, comme une sorte de châtiment. Une main craque une allumette et la jette sur une rigole inflammable. Rapidement, la petite maison prend feu et le criminel jette son bidon d’essence dans le jardin environnant.
La mort de Daniel plonge Palmi dans un abime de questions. Il va tout d’abord questionner les infirmiers, savoir pourquoi il était si agité. Puis, Palmi apprend qu’un vieil homme rendait visite à son frère. Quand il apprend que c’était Halldor, les deux morts simultanées l’intriguent. De leur côté, Erlendur Sveinsson et Sigurdur Oli sont persuadés que le criminel a agi comme une personne ne craignant pas d’être identifié.
Pour les fans d’Erlendur, et ils sont nombreux, ce roman apparaitra avant tout comme une curiosité, puisqu’on voit comment l’auteur a voulu construire son personnage. A ce titre, cette intrigue peut comprendre, tant la psychologie d’Erlendur va s’épaissir, se construire, se complexifier au fur et à mesure de ses enquêtes. A ce titre, ce roman n’est pas le meilleur de la série mais il est intéressant.
Erlendur apparait comme un ancien du commissariat, plus en colère ouverte que bourru. Il n’est pas rare de le voir pousser un coup de gueule alors que dans ses futures enquêtes, on le sent plus taiseux, et psychologiquement plus intelligent et fin. En duo avec Sigurdur Oli, on le voit aussi en conflit ouvert comme une guerre de générations. Et on sent Erlendur moins touché par la disparition de son frère, ce qui formera l’une des trames à venir.
Ce roman ressemble beaucoup à un exercice appliqué où Arnaldur Indridason respecte les codes du roman policier, mené sur deux fronts en parallèle. Les pistes se multiplient, les potentiels coupables aussi et des chapitres sont insérés mettant en scène les vrais potentiels coupables.
Pour autant, il est intéressant quand il parle du système éducatif islandais, où on triait les élèves en fonction de leur niveau, où on fournissait aux élèves en classe des pilules mystérieuses, où la violence apparait dans une société auparavant bien calme et sereine dès les années de collège et même les mauvais traitements exercés dans les asiles psychiatriques. Par cet aspect-là, Arnaldur Indridason est conforme à son rôle, celui d’être un témoin de l’évolution de sa société.