Editeur : Monsieur Toussaint Louverture
Traductrices : Yoko Lacour et Hélène Charrier
Annoncé comme un événement éditorial, Blackwater arrive enfin chez nous après quarante années d’attente. L’auteur, Michael McDowell, voulait divertir son public, et lui offrir une intrigue en six tomes à raison d’un par mois. Chez nous, les sorties se font à un rythme d’un tome toutes les deux semaines. Et quand on voit les couvertures, sublimes, on se plonge avec délectation parmi les flots agités de la Blackwater.
Evidemment, il vaut mieux avoir lu les tomes précédents avant de se lire ce billet.
Tome 5 : La fortune
La deuxième guerre mondiale est terminée et la scierie des Caskey qui a bien profité du conflit, tourne à plein pot pour la reconstruction du pays. Le doyen James Caskey venant de mourir, l’héritage est partagé à parts égales entre Queenie sa belle-sœur, Grace sa fille et Danjo qui est resté en Allemagne. Billy Bronze, le mari de Frances, se sentant inutile propose à la famille de gérer leur fortune.
Frances, la fille d’Elinor, se retrouve enceinte et la taille de son ventre laisse à penser qu’elle attend des jumeaux, ce qui la rend inquiète. Seront-ils normaux ? Billy conseille à la famille d’investir dans des terres, et Elinor suggère d’acheter des marécages au nord de la Floride, qui, d’après elle, regorgent de pétrole. Quant à Sister, la sœur d’Oscar, elle reçoit une lettre de son mari Early Haskew lui annonçant son retour après la construction d’un pont. Mais Sister ne veut plus voir son mari, alors elle va faire appel à la magie d’Ivey, leur domestique noire.
Tome 6 : Pluie
Le premier tome débutait en 1919, celui-ci commence en 1958. Le clan Caskey a bien vieilli, Sister Haskew reste toujours alitée dans la crainte de voir revenir son mari. Queenie lui tient compagnie, lui racontant tous les commérages du village. Miriam mène d’une main de fer l’entreprise qui s’est diversifiée dans le pétrole, aidée par Billy Bronze qui s’oublie dans le travail depuis la mort de sa femme Frances.
La proximité de Billy et Miriam fait croire à Sister que ces deux-là vont se marier. Mais contre toute attente, Miriam décide de se fiancer avec Malcolm, le fils de Queenie revenu après ses années à bourlinguer. Le mariage va être le plus majestueux de la région, et Miriam qui songe à avoir un enfant, trouve l’idée de se venger de l’abandon de sa mère Elinor : héberger chez elle Lilah, la fille de Frances.
Mon avis :
On retrouve tous les ingrédients que l’on a aimés dans ces deux derniers tomes. La fortune va modifier les liens entre les différents membres, parce qu’avec Michael McDowell, même quand on espère un peu de calme dans le clan Caskey, il invente de nouvelles intrigues. Et les menaces vont pulluler autour des différents personnages et avoir des conséquences sur leur psychologie.
Quant au dernier tome de la série, nous assistons avec émotion au clap de fin, quittant à regret ce clan que nous avons suivi pendant 1500 pages. L’aspect fantastique est plus présent puisqu’il faut terminer le cycle et effectuer la boucle finale avec le commencement de cette saga. Ainsi, les deux derniers ancêtres Oscar et Elinor vont rencontrer leur destin, hantés par le passé et la ville se retrouver sous les flots.
Décidément, les éditions Monsieur Toussaint Louverture auront eu une riche idée de publier cette saga qui est un monument de littérature populaire, et pendant laquelle nous n’aurons pas eu l’occasion de nous ennuyer. Nous refermons le dernier tome avec un pincement au cœur, heureux d’avoir vécu cinquante années parmi le clan Caskey, heureux aussi d’avoir entre nos mains des romans aussi beaux, visuellement et littérairement.