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Aimez-vous les uns les autres ! de James Holin

Editeur : Editions du Caïman

James Holin nous a habitués à des romans humoristiques cyniques, avant de nous proposer Pleine balle l’année dernière qui penchait plutôt vers une course poursuite haletante. Il nous revient dans le registre de la comédie, et quelle comédie !

On ne peut pas dire que cela ressemble à un réveil idéal quand des flics fous furieux défoncent votre porte d’entrée à coups de bélier, le matin à 6 heures. Et pourtant, Nolan Dardanus, jeune homme de Bobigny, doit en faire l’expérience. Chimio, le chef de la BAC, demande après Fabrice, le frère de Nolan, pour une suspicion de trafic de drogue. Au grand dam de sa mère, Fabrice a découché, et Nolan refuse de dire où Fabrice cache ses produits.

Avant de partir au lycée, sa mère lui signale qu’il a reçu une lettre envoyée par un notaire : il s’agit d’une convocation pour un héritage. Sa mère lui apprend alors qu’il est le fils naturel de Marcel Bezouard, le propriétaire des verreries du même nom. La crémation est prévue à 10h30, suivie de la réunion familiale dans le bureau du notaire, à 12h30 à Laon. Nolan n’y a jamais mis les pieds et n’a pas l’intention d’y aller.

Sur le chemin du Lycée, Nolan se fait intercepter par Nacer, le caïd du quartier. Il détient Fabrice et le renverra en petits morceaux s’il ne trouve pas 10 000 euros, la somme que Fabrice lui doit. Nolan n’a pas d’autre choix que d’aller à Laon. Il rentre donc chez lui, ouvre la cachette secrète de son frère et prend les sachets de poudre et le liquide. En se dépêchant, il arrivera à temps pour le train de Laon.

A la gare du Nord, il tombe sur une patrouille de trois flics, pour un contrôle de faciès, pardon, de papiers. Heureusement, une jeune fille qui le défend contre de futures peut-être potentielles violences policières. Ils arrivent à s’en sortir et montent tous les deux dans le train. Elle se présente, Soizic Bézouard, journaliste.

A Laon, Nolan fait la connaissance des enfants du défunt : Arnaud liquidateur judiciaire qui dépense plus vite que son ombre dans son SUV, François dit Glinoc le curé directeur du séminaire Notre-Dame de la Recouvrance, Florine maître de conférences à l’université de Picardie, divorcée d’un chirurgien passionné de silicone et enfin la Michto la veuve qui veut spolier ses enfants pour son propre compte. Le notaire annonce que les héritiers devront se mettre d’accord pour le partage sinon l’intégralité reviendra à l’un d’eux dont le nom reste secret.

On ne peut pas franchement parler d’un roman policier, ni d’un polar. On n’y trouvera pas un seul meurtre, pas de goutte de sang ni de serial killer, juste un mort et une lutte entre les héritiers. Le ton est donné dès les premières pages, on se retrouve en plein dans une comédie, qui va à un rythme d’enfer et nous fait vivre une journée de folie avec de nombreux soubresauts et des dialogues tous plus drôles les uns que les autres.

La force de James Holin réside dans cette capacité de poser son contexte et de nous faire vivre cinq personnages, tous attirés par l’odeur de l’argent, qui n’ont aucun chagrin envers la perte de leur père. A travers les situations, on découvre ainsi le ton cynique, acerbe, envers les truands officialisés par l’état, les membres de l’église prêts à tout pour rénover le plafond de leur église, les femmes obsédées par leur physique, les extrémistes féministes, les prêtes à tout pour récupérer le fric, et le pauvre Nolan au milieu de ces tornades.

Je me rappelle Demain j’arrête de Gilles Legradinier, cette excellente comédie qui partait d’un personnage et nous emmenait dans sa folie hilarante à un rythme d’enfer. Aimez-vous les uns les autres n’a rien à envier à ce genre comique, par le talent que montre James Holin pour faire vivre ces six personnages et surtout par sa science des dialogues auxquels on ne peut pas résister. D’ailleurs, je verrais bien ce roman adapté en film, tant tout s’enchaine à la perfection pour nous faire rire du début à la fin. Excellentissime.

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Escalier B, Paris 12 de Pierre Lunère

Editeur : Harper & Collins

En été, certains cherchent de la lecture facile, de quoi se divertir sans se prendre la tête. Ce roman m’est arrivé entre les mains presque par hasard et je l’ai lu au bon moment, c’est-à-dire que je cherchais un livre drôle. Bonne pioche !

Pierre est concierge dans un immeuble du douzième arrondissement de Paris, près du boulevard Soult, qui comporte 2 bâtiments (entendez deux escaliers). Il est affublé d’un Pékinois albinos et vit en colocation avec Danny. En ce dimanche, une personne fait des allers-retours dans l’escalier en jogging et en faisant du bruit. Evidemment, tous les habitants viennent se plaindre auprès de Pierre, d’autant plus qu’après les montées et descentes  d’escaliers s’ajoute un bruit incessant.

Quand il sonne, il se retrouve face à la nouvelle locataire de l’immeuble, Marion-Lara. Il se propose de l’aider à monter ses meubles avant de découvrir qu’elle est lieutenant de police. Comme elle le trouve sympathique, elle lui propose de l’accompagner à un mariage. Mais pendant la fête qui suit la cérémonie, au petit matin, une petite fille a disparu : elle se nomme Myrtille, une nièce de Marion-Lara.

Or Pierre a un don pour arrondir ses fins de mois : il est voyant et tireur de cartes. Il est donc fin observateur, fin psychologue et il entend une petite voix qui lui susurre parfois des mots qui peuvent aider. Il accepte d’aider Marion-Lara et de regarder les photos du mariage, car le couple avait installé un photomaton derrière le château. En regardant les photos de poche, Pierre arrive à donner quelques pistes à Marion-Lara.

Et ce n’est que le début des aventures de nos deux comparses tant ils vont avoir à résoudre un grand nombre de mystères, de la présence de prostituées dans l’immeuble à la disparition de l’une d’elle, d’un envoûtement chinois à la prolifération de tuyaux de plomb, d’un mystérieux suicide à des enlèvements.

Ce roman est foisonnant d’intrigues, aidé en cela par des personnages hauts en couleurs. Entre les femmes qui entourent Pierre, de sa colocataire et l’actrice qui fait tout pour décrocher un rôle, entre les emmerdeurs (Madame Dijoub qui fait signer des pétitions à tout va) à ceux qui veulent faire déguerpir les étrangers, on s’amuse beaucoup.

Et puis, l’écriture, si elle n’est pas extraordinaire, est fluide et drôle. Le ton est virevoltant, pas cynique ou méchant pour un poil, juste distrayant et léger comme il faut. La quatrième de couverture fait un rapprochement avec la saga Malaussène de Daniel Pennac. J’y rajouterai Gilles Legardinier, période Demain j’arrête. Bref, comme je vous l’ai dit plus haut, il ne faut pas chercher dans ce roman un livre inoubliable mais juste une lecture distrayante qui remplit son rôle parfaitement.