Archives du mot-clé Cynisme

Ceci n’est pas une chanson d’amour d’Alessandro Robecchi

Editeur : Editions de l’Aube

Traducteurs : Paolo Bellomo & Agathe Lauriot Dit Prévost

Suite au billet de Jean-Marc Lahérrère, j’avais acquis ce roman et l’ai mis de côté. Maintenant que les trois tomes sont sortis, nous commençons donc une semaine complète dédiée à Alessandro Robecchi et son personnage récurrent Carlo Monterossi.

A voir les célébrités (que l’on appelle « stars ») squatter les émissions de télévision et étaler leurs problèmes de cœur, Carlo Monterossi a l’idée de transposer le concept auprès des gens du public et créé l’émission « Crazy Love ». Grâce à des scenarii concoctés aux petits oignons, l’émission rencontre un succès immédiat dès lors qu’il s’agit de regarder les malheurs de la ménagère, aidé en cela par la présentatrice vedette que tout le monde s’arrache Flora de Pisis.

Sauf que Carlo Monterossi ressent de la lassitude et veut arrêter de produire son émission pour « l’Usine à merde ». Quand un homme frappe à sa porte en voulant lui coller une balle entre les deux yeux, Carlo va faire appel à des deux amis Nadia et Oscar pour résoudre ce mystère plus tôt que la police ne serait capable de le faire.

Un homme riche monsieur Finzi fait appel à deux tueurs à gages pour résoudre un petit problème. Afin de pouvoir réaliser son centre commercial, il fait appel à un intermédiaire pour déloger des gitans du terrain. Mais l’affaire tourne mal, avec tirs de coups de feu et lancers de cocktail Molotov. Le bilan est lourd, deux morts côté gitans dont un enfant, et des policiers blessés. Il veut donc se débarrasser de l’intermédiaire incompétent.

En parallèle, les gitans ne peuvent pas laisser impuni cet acte meurtrier envers les leurs. N’ayant aucune confiance envers la police, et ils ont raison, ils vont mandater Hego et Clinton pour retrouver les assassins et les faire disparaitre de la surface de la Terre, ce qui ne serait pas une lourde perte.

Si vous ne le savez pas, je nourris une véritable aversion envers la télévision. Je ne peux donc que louer Alessandro Robecchi quand il l’évoque sous le terme « Usine à merde ». Et je m’attendais à détester Carlo Monterossi avant même de tourner la première page. Par son métier, scénariste et producteur d’émission de bas-étage (c’est mon opinion), Carlo pourrait ressembler à un chasseur de primes sans âme, courant après le profit en créant des émissions voyeuristes sans limites pourvu que cela lui ramène du fric.

Sauf que Carlo Monterossi, après avoir rencontré un succès incommensurable, songe à changer d’orientation devant son « bébé » qui devient de plus en plus obscène. Vous l’aurez compris, loin d’être un personnage exempt de tout reproche, nous avons affaire à quelqu’un en quête de rédemption, d’autant plus qu’on va vouloir attenter à sa vie. En comparaison, ses acolytes Nadia et Oscar sont plus effacés … mais attendons la suite de la série.

Par contre, les deux autres groupes permettent de profiter pleinement de l’humour de l’auteur, très cynique et bien noir comme je l’aime. Autant Carlo nous montre un humour noir et désabusé sur le Système, autant les tueurs à gages nous offrent des répliques d’une drôlerie irrésistible. Même certaines scènes prêtent à rire surtout dans la dernière émission de Crazy Love, flirtant avec du burlesque.

Enfin, Alessandro Robecchi a construit une intrigue retorse à souhait. Au-delà de faire avancer trois groupes indépendants n’ayant aucun lien, il va bâtir son édifice petit à petit et faire se rencontrer tout le monde, d’une façon totalement naturelle. On ne peut qu’être ébahi par cette maitrise mais aussi par le rythme global, même si on peut regretter quelques passages inutilement bavards et la présence d’un groupe néonazi qui aurait mérité à lui seul une enquête supplémentaire.

En conclusion, j’ai envie de dire : « Chouette, un nouveau personnage récurrent à suivre. » Mais il faut aussi souligner la remarquable acuité du monde de la télévision, la description de groupes néonazis, le ton personnel parsemé d’humour caustique et des personnages attachants. Ceci n’est pas une chanson d’amour, qui rappelle un titre de Public Image Limited, est une très bonne entrée en matière dans les affaires de Carlo Monterossi.

Publicité

Un coup dans les urnes de Julien Hervieux

Editeur : Alibi

Le précédent roman, Sur les quais, nous présentait Sam et Malik et leur façon de monter leur trafic de drogue de façon moderne, comme une vraie entreprise. Un coup dans les urnes poursuit donc l’histoire …

Sam Ramiro, ancien directeur marketing, a vite compris qu’il pouvait appliquer les règles du marketing au trafic de drogue. Avec son comparse Malik Rojas, il a monté un commerce de cocaïne Haut-de-Gamme à destination de la jet set parisienne, qu’ils ont nommée Cut It Yourself. A Sam le montage financier, à Malik la logistique. Pour couvrir cette activité, Malik dirige en parallèle la revente de shit dans la cité des Deux-Chênes.

Pour faire bonne mesure et s’acheter une tranquillité, ils ont passé un accord avec le capitaine Blanchard en lui servant un plateau des saisies et parfois de petits dealers … enfin, ceux qui commencent à être dangereux pour Malik. Officiellement, Sam gère sa société de marketing et Malik une galerie d’art où il vend des graffitis, ce qui fait vivre la cité et permet de blanchir les quantités colossales d’argent sale générées par la cocaïne.

Les élections municipales approchant, Madelon, sombre directeur de cabinet au ministère de l’intérieur, prend contact avec Sam. Il a mis des équipes pour mettre à jour le trafic des deux comparses et leur demande de l’aider à se faire élire maire à la place de Mme Grégeois grâce aux voix des habitants de la cité des Deux-Chênes. Les deux amis se retrouvent face à un chantage qui n’en porte pas le nom.

Moi qui n’ait pas lu Sur les quais, je n’ai ressenti aucune gêne dans ma lecture. Je dirais même que c’est intelligemment écrit pour présenter la situation sans en avoir l’air. En un chapitre, on a tout compris grâce à une scène intelligemment construite et des dialogues bigrement intelligents. Tout ceci nous permet de plonger directement, dès le deuxième chapitre, dans le cœur de l’intrigue.

Le sujet du roman se situe au niveau de la politique locale, des luttes intestines pour obtenir les clés d’une municipalité. Mais, rassurez-vous, tout cela est construit et mené comme un polar, avec juste ce qu’il faut de rebondissements et de solutions imaginatives, aidés en cela par un parfait équilibre entre la narration et les dialogues. Cela en devient juste savoureux, on se délecte des aventures de nos deux comparses et des solutions qu’ils trouvent pour s’en sortir.

Le livre est à la a fois rythmé par les étapes menant aux élections, premier et second tour, et par des chapitres venant en alternance et nous présentant les pensées de Sam ou Malik, ce qui permet de voir leur amusement devant ce qu’il faut bien appeler un gigantesque bordel orchestré pour en faire bénéficier quelques uns. La morale de l’histoire devient dès lors très simple : dès que vous obtenez le pouvoir, vous avez tous les droits … mais quelle lutte acharnée il faut mener au préalable !

Accompagné de quelques anecdotes, ou de précisions sur le règlement des lois régissant les municipalités, l’auteur en profite en grossissant le trait (parfois) pour laisser Sam et Malik s’en amuser et se moquer de ce qu’on appelle « la démocratie ». Alors, si je ne peux que conseiller ce roman qui m’a beaucoup amusé (parce que je suis un cynique de base), je ne suis pas sûr (du tout) qu’il donne envie à ses lecteurs d’aller voter. Et finalement, cela me donne furieusement envie d’aller lire les autres écrits de Julien Hervieux ! Excellent !

J’ai tué Kennedy de Manuel Vázquez Montalbán

Editeur : Christian Bourgois (Grand Format) ; Points (Poche)

Traducteur : Denise Laroutis

En cette année 2020, nous allons fêter les 50 années d’existence de la collection, et les 40 ans de Points Policier. Après Fredric Brown, voici le premier roman dans lequel apparaît le plus que célèbre Pepe Carvalho. C’est un roman pas comme les autres.

L’auteur :

Manuel Vázquez Montalbán (né à Barcelone le 14 juin 1939 et mort à Bangkok, Thaïlande le 18 octobre 2003) est un romancier, essayiste, poète et journaliste espagnol catalan, surtout connu pour ses romans policiers ayant pour héros Pepe Carvalho. Personne inclassable, il se définissait lui-même comme un « journaliste, romancier, poète, essayiste, anthologiste, préfacier, humoriste, critique et gastronome », ou plus simplement comme « un communiste hédoniste et sentimental ». Il obtient en 1995 le Prix national des Lettres espagnoles.

Issu d’un milieu modeste, Manuel Vázquez Montalbán est le fils unique d’une modiste et d’un militant du PSUC, qu’il ne connut pas avant l’âge de cinq ans, quand son père sortit de prison. Il fit des études de philosophie et de lettres à l’université autonome de Barcelone, et fut diplômé de l’école de journalisme de Barcelone. C’est d’ailleurs à l’université qu’il rencontre son épouse, l’historienne Anna Sallés Bonastre, qui lui donne en 1966 son fils unique, Daniel Vázquez Sallés, lui aussi devenu écrivain et journaliste.

Il s’engage politiquement dans les mouvements de gauche catalans, milite au PSUC et devient même membre du Comité central. Ces activités le mènent dans les prisons franquistes. En 1962, un conseil de guerre le condamne à trois ans de prison pour ses activités dans la résistance anti-franquiste. C’est dans la prison de Lérida qu’il écrit son premier essai, Informe sobre la información.

Après être sorti de prison, il commence sa carrière de journaliste dans la revue Triunfo, et collabore à plusieurs publications, telles que Siglo XX, Tele/Xprés, Por Favor. Par la suite, il écrit également dans des journaux réputés tels qu’El País, Interviú (es) ou Avui, dans lesquels il signe des articles jusqu’à sa mort.

En 1967, il publie son premier recueil de poésie, Une éducation sentimentale, suivi en 1969 de Movimientos sin éxito. La même année parait son roman Au souvenir de Dardé. Mais c’est en 1972 qu’il crée le célèbre personnage du détective Pepe Carvalho.

Montalbán a créé une des séries de roman noir les plus prolifiques de la littérature espagnole. Le personnage principal en est Pepe Carvalho, un détective privé catalan et gastronome. Il est assisté, professionnellement et culinairement, par Biscuter, rencontré dans les prisons de Lérida. Ces romans furent un moyen pour l’auteur de donner une chronique sociopolitique, historique et culturelle des quarante dernières années de l’Espagne et du monde contemporain.

On peut souligner ainsi dans Meurtre au Comité Central, de 1981, Montalbán raconte l’assassinat d’un dirigeant communiste, en pleine crise de l’Eurocommunisme du PCE. En 1993, il évoque les fastes de la Barcelone olympique dans Sabotage olympique.Il fait également part dans ces romans de ses passions, comme la gastronomie, en particulier les spaghetti.

Manuel Vázquez Montalbán reçoit plusieurs prix : le Premi Creu de Sant Jordi en 1985, le Prix national de Narration pour Galindez en 1991, le prix Europa en 1992 et le Prix national des Lettres espagnoles en reconnaissance de toute son œuvre en 1995.

Il meurt le 18 octobre 2003 d’une crise cardiaque à l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok.

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

Pepe Carvalho entre en scène : détective privé nihiliste, gourmet, grand lecteur et brûleur de livres, il a pour mission de camper un tueur super entraîné, à la fois garde du corps et assassin du président américain, pour le compte de la CIA et du lobby du pétrole. Une première enquête hallucinatoire qui sape le mythe Kennedy dans une joyeuse sarabande de marionnettes, d’ellipses et de délires.

 » Un texte drôle, effronté, d’une belle force d’invention.  »

Dernières nouvelles d’Alsace

Mon avis :

Edité en 1972 mais traduit en France seulement en 1994, ce roman est le premier dans lequel apparaît le personnage de Pepe Carvalho. N’en ayant lu aucun, c’est donc une totale découverte mais ce n’est probablement pas celui par lequel il faut commencer. En effet, Pepe Carvalho apparaît (ou pas) comme l’assassin de Kennedy, et l’histoire est racontée par le garde du corps le plus proche du président et de sa famille.

En réalité, il n’y a pas d’enquête, juste un meurtre qui survient vers la fin du roman (il est dans le titre), et entre temps beaucoup de férocité envers la famille que tout le monde adule, regrette, vénère. C’est surtout un roman en forme de véritable charge contre les Etats-Unis, ce royaume du paraître, du rôle de gendarme du monde alors qu’ils ne cherchent à servir que leurs propres intérêts.

Sur la base de photos, l’auteur a imaginé ce que pourrait être la vie des Kennedy, les montrant plus attirés par leur image, les détaillant dans toute leur futilité. Et Manuel Vázquez Montalbán n’y va pas de main morte, mêlant des scènes d’une drôlerie féroce, d’un ridicule irrésistible, au milieu de scènes délirantes, comme si tout le monde était sous l’emprise d’une substance illicite.

Pepe Carvalho n’apparaît ici que comme une ombre, une personnalité inquiétante et menaçante. Tout le roman est écrit comme le journal du Garde du corps du couple présidentiel et à ce titre, il nous décrit des choses renversantes, scandaleuses. Jackie par exemple est plus impliquée par l’architecture d’un palais, JFK étant montré comme un superficiel pantin qui déteste ses enfants. Et tout ce ramdam est justifié au nom de l’anticommunisme primaire !

Je ne suis pas sûr que ce soit le bon roman à lire pour aborder l’œuvre de Manuel Vázquez Montalbán. Et personnellement, je vais y revenir avec une autre enquête. Car si je me suis beaucoup amusé avec celui-ci, je pense qu’il y a tant d’autres aspects à découvrir avec cet auteur. A suivre donc …

Cool killer de Sébastien Dourver

Editeur : Editions de la Martinière

Normalement, je n’aurais pas parlé de ce roman, s’il n’y avait des thèmes qui m’ont interpellé. C’est un premier roman, et l’auteur, qui travaille dans les média, a montré toute sa passion dans ce sujet.

Alexandre Rose rentre chez lui, retrouver sa femme et ses enfants qu’il n’aime pas. Quand un adepte de la trottinette arrive en face de lui, il fait un petit pas de coté et lui assène un coup d’épaule. Le passager perd l’équilibre et tombe sur la voie chaussée, au moment où un camion arrive et l’écrase. Alexandre jette un coup d’œil, vérifie qu’on ne l’a pas vu et rentre chez lui, comme si de rien n’était.

Sur les chaines d’information continue, Infononstop tient le haut du pavé. Une journaliste stagiaire l’appelle au téléphone pour avoir son témoignage. Elle a surement eu son numéro grâce à la police. L’accident a été filmé par des touristes et la vidéo a été vue par des millions de personnes. Immédiatement, il vérifie qu’on ne le voit pas sur la vidéo et se rassure. D’ailleurs, il aimerait bien en savoir plus sur cette journaliste, Clothilde Collard.

Alexandre Rose est un génie de l’informatique, et travaille dans une entreprise qui propose aux internautes des liens ou vidéo en les adaptant à leurs goûts et leurs besoins, à l’aide de l’algorithme génial qu’il a créé. Il décide de démissionner et de créer un forum où les gens peuvent se lâcher en écrivant des scènes de meurtres envers les gens qu’ils n’aiment pas. Il appelle son entreprise Cool Killer. Quand des meurtres reproduisent ce que les internautes, son succès est immédiat. Mais son objectif est d’aller bien au-delà.

Ce roman est le genre de roman où on est clairement dérangé, mis à mal dans notre confort. D’un style méchant et hargneux, il pousse le vice jusqu’à nous mettre dans la peau de complices de ses inactions. Entendons nous, Alexandre Rose ne va pas se salir les mains et faire agir les autres en les manipulant. Et cela devient une manipulation qui va bien au-delà de ce que l’on peut imaginer.

Clairement, ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains, et flirte souvent avec la ligne jaune. Entre apologie de la violence et dénonciation de l’utilisation d’Internet, voulue ou non, l’auteur va dérouler son intrigue en flinguant Internet mais aussi les politiques et les médias. Et son explication est, je dois l’avouer, convaincante ; c’est bien ce qui est inquiétant dans ce roman.

Aujourd’hui un site qui est capable de récupérer toutes vos données, vos photos, vos vidéos, peut vous proposer l’objet idéal que vous cherchez. Laissez aller votre imagination … le voisin qui vous fait chier, vous les mettriez bien dans une fosse emplie de crocodiles. Ce roman montre et démontre toute l’inhumanité du monde quand on lui donne l’occasion de se lâcher et d’effacer toutes les limites.

C’est un roman extrêmement dérangeant, qui rappelle Fight Club de Chuck Palaniuk par son coté anarchiste. Le monde est en pleine décadence et il faut mettre un gros coup de balai. Celui qui va s’y atteler s’appelle Alexandre Rose et ce roman sulfureux fait froid dans le dos, ne se posant aucune limite dans l’horreur sans pour autant avoir une scène gore. Il laisse juste notre imagination imaginer l’inimaginable. Je ne peux pas dire que j’ai aimé, mais je l’ai lu très vite, il m’a fait réagir et je ne risque pas de l’oublier. Car j’en ai retiré beaucoup de questions dérangeantes. Avis aux amateurs …

Vermines de Romain R.Martin

Editeur : Flamant noir

Avouez qu’avec un titre pareil, un auteur inconnu et une couverture qui fait froid dans le dos (bon, je vous l’accorde, le chien nous tourne le dos !), vous n’auriez jamais eu l’idée de lire ce roman. Bien que j’adore les textes choisis par Nathalie, l’éditrice à la tête des éditions du Flamant Noir, j’étais comme vous, cher lecteur de passage. Il y a bien eu d’excellents avis sur les blogs mais cela ne fut pas suffisant. Et puis, Richard, le Concierge Masqué a sélectionné ce roman dans le Grand Prix de la Découverte, prix qui récompense un premier roman. Là, je ne pouvais faire autrement que me lancer dans la découverte d’un nouveau talent original. Donc, direction mon marchand de journaux / libraire et Hop ! Aussi dit, aussitôt fait ! Livre acheté, livre lu. Comment vous dire en trois mots ce que j’en pense ? Ah oui, ça y est, j’ai trouvé : NOM DE DIEU !

Dans un petit village de la Creuse, à Bourganeuf, Arnaud a ouvert une boutique de taxidermiste. Entre ceux qui veulent conserver un souvenir de leur animal de compagnie, ceux qui veulent empailler leur trophée de chasse et ceux qui cherchent une décoration de mauvais goût pour leur salon, il a beaucoup de travail, et se fait aider par Pascalin, un jeune homme au cerveau lent (et pas un cerf-volant).

Quelques jours auparavant, Arnaud a recueilli chez lui un chien, un labrador, qu’il a appelé Einmal (Une fois, en Allemand). Quand il se réveille ce matin-là, c’est pour apprendre que son animal s’est retrouvé écrasé par une armoire normande, qui s’est effondrée. Ce n’est pas tant le fait qu’il perde un compagnon, mais plutôt l’étrangeté du fait qui lui laisse à penser que quelque chose commence à dérailler dans sa vie.

Maltraitant Pascalin, par de petites remarques assassines, Arnaud profite de sa présence à tous points de vue. La boutique appartient en fait à Pascalin et il lui fait faire toutes les tâches ménagères sans jamais un mot réconfortant. Alors qu’Arnaud s’essaie aux cigarettes de Pascalin, aux douces odeurs de drogue douce, il se réveille en s’apercevant que l’armoire et Einmal ont disparu. Les faits étranges ne font que commencer à apparaitre. Mais quelle est donc la machination dont il est victime ?

Dans ce premier roman, Romain R.Martin construit son personnage en se laissant guider par ses actes et les événements qui vont lui tomber dessus. Indéniablement, il a choisi de le rendre désagréable, et on le déteste quand il maltraite Pascalin, on le déteste quand il dénigre ses contemporains, on le déteste quand il est odieux. Mais il est indéniable que l’on se prend à éprouver une sorte de compassion devant toutes les mésaventures qui lui arrivent. Car on a beau ne pas aimer quelqu’un, le lecteur que nous sommes reste humain. Et devant un malheur, nous ne pouvons rester insensibles.

Certes ce sont de petits malheurs mais ils vont prendre de plus en plus d’importance, devenir de plus en plus noirs et dangereux (Notez que je fais un effort pour en dire le moins possible sur l’intrigue !). Jusqu’au dénouement final qui va prendre tout le monde à revers et qui fait que ce roman est vraiment à part, original dans son sujet et son traitement.

Romain R.Martin choisit un style cynique jusqu’au bout des ongles, méchant même, en rajoutant toujours un peu plus. Et même malgré cela, malgré son coté hautain envers les autres, on s’inquiète, on s’interroge. C’est remarquablement bien fait et pour un premier roman, c’est un sacré tour de force. Si l’on ajoute qu’en chaque tête de chapitre, l’auteur nous offre des citations des plus grands auteurs littéraires, cela devient du divertissement haut de gamme. A quand le prochain ?

Ne ratez pas les avis de l’Oncle Paul, Jean le Belge et Marie-Nel

Froid comme la mort d’Antonio Manzini

Editeur : Denoel – Sueurs froides

Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza

Voici la deuxième enquête de Rocco Schiavone, vice-préfet à Aoste après l’excellent Piste Noire. Pour résumer mon avis, dans ce deuxième roman, on prend les mêmes recettes que le premier et on enfonce le clou. Je vous offre le tout début du roman qui donne le ton et montre l’humour cynique que j’adore :

« C’était le mois de mars, où les journées offrent des instants de soleil et la promesse du printemps à venir. Des rayons encore tièdes, souvent fugaces, qui colorent le monde et ouvrent à l’espoir.

Mais pas à Aoste. »

Irina, originaire de Biélorussie, vit de ménages qu’elle fait chez les gens soit âgés, soit fortunés. Elle est amoureuse d’Ahmed, originaire d’Egypte, et espère bien qu’il l’épousera. Ahmed a un fils, Helmi, de 18 ans, qu’elle accepte volontiers. Arrivée chez les Baudo, la porte de l’appartement est ouverte. Inquiète, elle entre et voit le désordre qui y règne. Elle comprend qu’il vient d’y avoir un vol. Puis, elle imagine que les voleurs sont peut-être encore là ! Alors, elle ferme la porte d’entrée à clé et se jette dans la rue en hurlant comme une damnée … Jusqu’à ce qu’elle rencontre un adjudant de l’armée en retraite qui promène son chien aveugle.

Rocco Schiavone a un gros problème : la femme avec qui il passe quelques nuits, Nora, va bientôt fêter son anniversaire. Il doit donc trouver un cadeau qui ne l’engage pas trop, mais qui lui fera plaisir. Quand ils reçoivent l’appel téléphonique, Rocco et son adjoint Italo foncent Via Brocherel. L’appartement est en effet en grand désordre. Un téléphone portable est en miettes dans la cuisine. La porte de la chambre est fermée mais pas à clé, et plongée dans la pénombre. Rocco actionne l’interrupteur quand les plombs sautent : il y a eu un court-circuit. Quand Italo propose d’ouvrir les volets, ils découvrent Ester Baudo pendue. Si on peut penser à un suicide, Rocco se demande comment une personne peut, après son suicide, fermer les volets et éteindre la lumière. Assurément, Rocco a devant lui un emmerdement puissance 10.

Il suffti de lire le premier paragraphe pour être conquis par le personnage de Rocco Schiavone, ce vice-préfet (équivalent de commissaire chez nous), doué d’une déduction et d’une intuition hors norme et qui traite ses contemporains comme des moins que rien. Cela donne des remarques méchantes, des situations drôles et des dialogues parfois décalés parfois cyniques. Le roman comporte une intrigue construite avec toutes les qualités que j’avais aimé dans le premier : un meurtre, une énigme difficile à résoudre, des indices semés au long des 250 pages du livre et une résolution toute en logique.

A cela, on ajoute ce formidable personnage à la fois méchant et attachant. On en apprend un peu plus sur son passé, ou du moins sur la raison pour laquelle il a été muté à Aoste, au milieu des montagnes, les pieds enfoncés dans la neige qu’il déteste. On a aussi droit à un personnage dont on creuse un peu plus la psychologie, sa soif de justice et la tentation de la vengeance à tout prix, ainsi que la loyauté envers ses amis. Bref, cela peut sembler classique, mais quand c’est aussi bien fait et bien écrit, cela donne du pur plaisir. Je tiens aussi à signaler l’excellent travail de la traductrice qui arrive à rendre aussi bien tout l’humour des situations et du personnage. Bravo !

Travailler tue ! de Yvan Robin (Editions Lajouanie)

Ce roman est l’occasion d’épingler un nouvel auteur sur Black Novel. Et même si ce n’est pas un premier roman, c’est une découverte en ce qui me concerne. Travailler tue ! est le deuxième roman de l’auteur, sur le thème du Burn-out, avec un titre qui claque. A découvrir, à déguster, pour rire jaune.

Dans une ville imaginaire nommée Neuville. Nous sommes dans un chantier de Travaux Publics. Les hommes s’affairent pour avancer dans la construction d’un gigantesque portique. Ils posent les armatures en acier, quand l’un d’eux tombe et s’embroche. Le filon d’acier le transperce de part en part. Le chef de chantier appelle immédiatement au téléphone son responsable. Quelques minutes plus tard, un homme débarque, et sans sortir un mot, déplace le corps, met des embouts de protection sur les tiges d’acier et demande au chef de chantier de signer un mot stipulant que les règles de sécurité étaient respectées. S’il signe, alors l’homme appellera les secours.

Hubert Garden est cet homme. Il est chargé de faire respecter les règles de sécurité. A chaque fois qu’il fait un audit, il rappelle aux ouvriers qu’il faut porter les équipements de protection. Pour eux. Pour l’entreprise aussi qui risque de payer des charges supplémentaires en cas d’accident. Mais la direction décide de fixer un objectif intenable, un chiffre extrêmement faible en termes d’accidents. Hubert ne peut tenir ce chiffre et décide de faire l’inverse : provoquer des accidents.

Ce roman est un pur roman noir, ou du moins devrais-je dire un pur roman cynique. Car malgré son ton sérieux, malgré son sujet difficile voire brulant, on ne l’apprécie qu’en le lisant au second degré. C’est comme cela que l’on découvre à la fois une situation qui pourrait se révéler réelle, mais aussi l’hypocrisie entre des objectifs de rentabilité et la sécurité des ouvriers qui n’est finalement rien d’autre qu’un indicateur et un facteur de marge financière.

Et donc nous allons assister à un véritable burn-out, où le personnage principal va pêter un câble (trait d’humour involontaire, quoique …) et entrer dans une démarche de destruction dirigée à la fois contre son entreprise, le système et enfin, lui-même. Nous assistons donc à une véritable descente aux enfers, où Hubert fait preuve de créativité dans les messages qu’il passe, bénéficiant d’une position où il peut leur faire faire n’importe quoi ou bien en faisant tout bonnement du sabotage.

En parallèle, nous avons la femme d’Hubert, qui est aide soignante dans un service de gériatrie. Elle aussi, à son niveau, se rebelle contre sa fonction et finit par s’enfermer dans la lecture de magazines inutiles, ou dans la contemplation de séries télévisées montrant des gens vivant une vie idéale. On se retrouve alors avec une galerie de personnages qui nous montrent une société avant tout gérée par l’image que l’on renvoie, qui doit être lisse et politiquement correcte.

Avec son ton sérieux, ce roman remarquablement bien écrit, serait un pur joyau qui rappelle le film Chute libre (cité en quatrième de couverture) sans son coté raciste. Il y a juste certains passages que j’ai trouvés un peu bavard et qui m’ont détourné du véritable sujet du roman. En tout état de cause, je vous conseille très fortement ce roman, décidément pas comme les autres, et qui mérite autant de succès que les Visages écrasés de Marin Ledun.

Ne ratez pas l’avis de Jean le Belge

La palette de l’ange de Catherine Bessonart (Editions de l’aube)

Après Et si demain Notre-Dame, son premier roman, j’étais curieux de lire son deuxième opus tant j’avais aimé son personnage principal Chrétien Bompard pour son cynisme et sa façon de détailler les travers de notre société. Ce roman est plus sérieux mais se distingue par la façon de mener son intrigue.

Un homme est retrouvé dans un sex-shop en plein Pigalle, assassiné de deux poignards dont les manches sont en verre ciselé et de couleur différente.

Chrétien Bompard trouve dans une forêt proche d’Orléans le corps d’un jeune homme qui s’est pendu. Alors que le corps est encore chaud, il cherche à le sauver mais échoue. Il n’entend pas qu’on vient derrière lui et reçoit un coup sur la tête.

Le commissaire va enquêter sur le mort de Pigalle, et obtient des indices qui le mènent vers un géant de plus de deux mètres. Or, une empreinte de pied dans la forêt est d’une taille de 50.

Et si ces deux affaires étaient liées … Quand d’autres meurtres sont perpétrés, l’énigme devient plus complexe et remonte dans un passé pas si lointain.

Là où le premier roman faisait la part belle aux personnages, plus décalés et déjantés les uns que les autres, où il nous permettait de faire la connaissance d’un commissaire bourru et irascible, parce qu’il avait décidé d’arrêter de fumer, où il nous assénait des réflexions bien senties sur les travers de notre société de consommation et les mauvaises petites habitudes des uns et des autres, ce deuxième opus nous fournit peu ou prou la même chose … mais différemment.

Le personnage Chrétien Bompard, qui nous gratifiait de remarques droles, cyniques et acerbes se retrouve en personnage tout le temps de mauvaise humeur. Je trouve qu’on y a perdu un peu au change. Mais on y a gagné du coté du style et de la construction de l’intrigue. Car le style s’est affermi, se faisant plus précis, plus efficace et l’intrigue est un véritable puzzle où l’auteure nous emmène exactement là où elle le veut.

Catherine Bessonart manipule le lecteur en ne nous montrant que le point de vue de Bompard, et en faisant avancer l’enquête par des séances de « brainstorming » qui concentre notre attention sur les idées données par les personnages et non pas sur la globalité de l’intrigue. Et ça marche très bien, on ne se rend compte de rien, on sourit, on rit lors de ces séances, et après coup, on se dit que c’est très bien fait, que les dialogues sont très réalistes et que l’on a passé un très bon moment en compagnie de Bompard, Machnel et Grenelle.

Voilà donc un nouveau personnage récurrent qu’il va falloir suivre, tant l’auteure tient toutes ses promesses, tant cette intrigue tordue nous amène à un dénouement ignoble dont on n’aurait pas eu la moindre petite idée en entamant le roman. Chapeau, Madame Bessonart, vous m’avez bien mené en bateau !

Oldies : Un petit boulot de Iain Levison (Liana Levi – Piccolo)

Iain Levison, c’est un auteur que je n’ai jamais lu, alors que j’ai tous ses livres chez moi. La réédition de Un petit boulot pour fêter le numéro 100 de la collection de poche Piccolo de Liana Levi est une bonne occasion de commencer à découvrir l’œuvre de cet écrivain. Ce roman est sorti aux Etats Unis en 2002 sous le titre Since the layoffs (littéralement Depuis les licenciements), et en France en 2003. C’est un roman toujours d’actualité, d’une modernité incroyable. Un grand merci à Amélie et mon dealer de livres Coco.

L’auteur :

Après avoir vécu avec sa mère célibataire dans un taudis d’Aberdeen, il part vivre aux Etats-Unis en 1971. Il poursuit sa scolarité à Philadelphie, où il évolue dans les quartiers huppés de la ville. Il retourne en Angleterre pour effectuer son service militaire, mais supporte très difficilement son affectation en Afrique de Sud. De retour à Philadelphie (après 10 mois de chômage à Glasgow), il monte sans succès une société de cinéma, puis devient travailleur itinérant. Pendant 10 ans, il enchaine ainsi des dizaines de petits boulots. Cette longue expérience lui inspire un récit autobiographique. (Source Dictionnaire des littératures policières)

Quatrième de couverture :

Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l’unique usine. Un héros qui perd non seulement son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie. Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n’importe quel «petit boulot», y compris celui qu’un bookmaker mafieux, lui propose… Un portrait au vitriol de l’Amérique des laissés-pour-compte.

Mon avis :

Ce roman est écrit à la première personne du singulier, au présent. On y suit Jake Skowran qui habite dans une petite ville des Etats Unis, ravagée par le chômage depuis que la seule usine du coin vient de fermer ses portes pour délocaliser le travail au Mexique. Jake essaie de survivre en vivant du peu que lui versent les assurances chômage. Depuis, il a été obligé de vendre sa voiture, s’est séparé de sa copine, et a arrêté son abonnement au câble. Petit à petit son appartement se vide, et il lui reste tout juste assez d’argent pour payer son loyer. Alors parfois il parie sur les matches de football.

Son pote de toujours Tommy lui propose un poste de caissier de nuit dans la station service Gas’n’Go, payé 6 dollars de l’heure, de quoi s’acheter à manger. Puis Ken Gardocki, le dealer de drogue et bookmaker lui propose un marché. Si Jake tue la femme de Ken, il sera payé 5000 dollars. Jake accepte et s’aperçoit même qu’il aime ça. Il va devenir le tueur attitré de Ken.

De ce roman, je retiendrai la rage de Jake et l’intrigue décalée, à la limite de l’humour cynique. Car ce personnage est bigrement marquant, et on suit ses pensées à propos de tout et de rien, mais avec une lucidité moderne et actuelle. Alors si l’intrigue et les différents meurtres qu’il doit réaliser est la trame du roman, elle devient vite secondaires devant certaines scènes dont qui sont frappantes. Je vous citerai par exemple celle d’un salarié de sa banque qui lui dit qu’il est au courant qu’il est sans travail mais qui veut savoir quand il va rembourser son découvert.

La morale de ce roman force à réfléchir, tant elle est comiquement amorale. L’auteur dénonce la course aux profits des entreprises, rendant la société amorale, rendant les gens toujours plus individualistes. Le personnage principal est en rage, et comme la société est amorale, il ne se pose pas de questions et justifie ses actes par sa survie dans une société inhumaine. Avec ce roman, Iain Levison fait une entrée fracassante dans le monde du roman noir, et au travers d’une intrigue amusante, se pose en porte parole des laissez pour compte, des oubliés du Rêve Américain. Ce roman est une lecture importante, d’une actualité confondante.

Le poil de la bête de Heinrich Steinfest (Carnets Nord)

J’avais raté ses deux premières parutions en France, à savoir Requins d’eau douce et le onzième pion, malgré le bien que j’en ai lu ici ou là, sur l’humour loufoque et déjanté qui fusent au travers des pages. Voici donc mon rendez vous avec cet auteur autrichien à l’univers si particulier.

Anna Gemini est une belle blonde discrète, mère célibataire, devenue tueuse à gages pour assurer une vie un peu plus confortable à son fils Carl, adolescent handicapé dont elle ne se sépare jamais. Anna s’impose deux principes en guise de morale : elle part toujours en mission avec son fils, et ses victimes doivent s’acquitter elles-mêmes du prix de leur élimination.

Au cours d’une rencontre pour le moins étrange et amusante, elle fait la connaissance d’un employé de bureau, fonctionnaire dans un service qui n’a plus de travail. A moitié agent secret, à moitié truand à la petite semaine, Kurt Smolek, autrichien de son état va lui servir d’intermédiaire et lui trouver les contrats à remplir. La seule mission qu’Anna va accomplir sans Smolek est l’assassinat d’un diplomate norvégien pour le compte de sa femme.

Il s’appelle Markus Cheng et il est détective privé. Il incarne le flegme viennois avec un physique de Chinois, et ne se sépare jamais de son chien Oreillard incontinent. Cheng a perdu sa femme et un bras au cours d’une enquête précédente. Il va se retrouver à enquêter sur le meurtre de ce diplomate autrichien.

Tous ces personnages vont se rencontrer, chercher, courir, deviser sur la vie, leur vie et ce qui les entoure. Dire que ce roman est particulier est un euphémisme. Car si on peut penser à un roman policier, il s’agit plutôt d’un roman qui n’appartient à aucun genre mais qui en créé un à lui tout seul : celui de roman philosophique policier humoristique cynique bizarroïde intelligent.

A la façon d’un Samuel Beckett, qui dans En attendant Godot nous décrit deux personnages qui attendent un événement (l’arrivée de Dieu) qui n’interviendra jamais, Heinrich Steinfest prend trois ou quatre personnages principaux et les fait aller d’un endroit à l’autre, courant à la recherche d’un secret qu’ils ne trouveront jamais (la recette de l’eau de Cologne) pour mieux regarder par le bout de la lorgnette le monde actuel et en profiter pour deviser sur l’homme dans le monde et son inutilité, cela avec un cynisme de fort bon aloi.

Je vous livre d’ailleurs la citation écrite en quatrième de couverture pour vous faire une idée : « C’est triste à dire mais en Autriche, il faut toujours que les nazis se montrent pour qu’il se passe un peu quelque chose. »

Je me rappelle en terminale que nous avions lu en classe Le château de Franz Kafka. J’avais adoré ce roman, et j’avais été le seul dans la classe à trouver cela un formidable roman d’humour absurde. C’est exactement le cas pour ce roman : J’y ai trouvé du Desprosges pour le coté absurde, du Pierre Dac pour l’humour de certains dialogues, du John Irving dans les scènes à plusieurs personnages. Mais j’ai surtout pensé à Franz kafka pour la similitude du sujet et sa façon froide et désintéressée d’analyser la société et ses contemporains. Je dois vous prévenir que la lecture n’est pas aisée, qu’il faut parfois s’accrocher mais le résultat est à la hauteur : c’est de la grande littérature gentiment loufoque.