Archives du mot-clé Dashiell Hammett

Moisson rouge de Dashiell Hammett (Série noire Gallimard)

Voilà un livre que j’avais mis sur ma liste avant même de lire un quelconque avis sur la toile ou dans les revues. Car sa réputation est telle que, pour un fan de roman noir, il est indispensable à lire.

Elihu Willsson a créé la petite ville minière de Personville. Lors des grèves des miniers, il a été obligé de faire appel à la pègre locale pour étouffer ces mouvements sociaux. Mais, en contrepartie, il doit maintenant laisser prospérer les truands dans sa ville. Il installe son fils Donald à la tête des journaux locaux, et celui-ci décide de mener une croisade contre ceux qui gangrène la ville. Donald fait appel à une agence de détectives privés de San Francisco, qui envoie notre narrateur. Quand il arrive en ville, Donald se fait tuer, et notre détective privé va commencer à nettoyer la ville de tous ses hors-la-loi.

Donc je me suis attaqué à un monument du roman noir. Cet ouvrage est à peu près l’équivalent de Victor Hugo pour la littérature française, ou Emile Zola pour le roman social du XIXème siècle. Car effectivement, il ne s’agit pas que d’une histoire de truands ou de policiers pourris. J’avais une image pessimiste des romans des années 20, par rapport à tout ce que j’ai lu. J’avais peur d’une vision de la société que j’aurais trouvé datée. C’est pour cela que j’ai mis autant de temps à lire ce livre. Et je peux vous dire que finalement je l’ai avalé.

Evidemment, tous les fans de roman noir l’auront déjà lu, auront admiré le travail des traducteurs. J’avais lu un article dans Le Nouvel Observateur qui montrait la différence entre la première traduction et la nouvelle. Il n’y a pas photo ! Ce travail a manifestement été fait avant tout dans le respect de l’œuvre originale. Et là, je salue bien bas. C’est un travail d’orfèvre.

Car, le style est une des qualités essentielles de ce roman. Quelle efficacité !  J’ai été épaté par la façon qu’a, par exemple, Dashiell Hammett de décrire les personnages. Tout tient en une phrase. Deux grand maximum. Et tout de suite, on visualise le type, ou le lieu. Les dialogues sont du même tonneau : courts, percutants, efficaces. Voici un exemple pris au hasard :

« Dick Foley était un Canadien au visage pointu et irascible, de la taille d’un adolescent. Il mettait des talons pour se grandir, parfumait ses mouchoirs et se montrait extrèmement économe en paroles. »

Vous connaissez beaucoup d’auteurs aussi efficaces ? Moi pas. Ou très peu.

L’intrigue bénéficie d’un rythme effarant : Quand on prend le bouquin, ça va tellement vite, qu’on a du mal à le lâcher. Ça va dans tous les sens, ça tire à tout va. Et l’auteur n’oublie pas la psychologie du personnage, puisque, après avoir décidé d’être le bras de la justice, le narrateur va petit à petit tomber du coté obscur de la force (clin d’œil humoristique à destination des quelques fans de science fiction guerre des étoilesque qui se seraient égarés sur ce blog).

Certes, certaines scènes ou attitudes ou expressions sont clairement estampillées années 20. Mais je souhaite de tout cœur que cet article vous ait donné l’envie de lire ce roman, qui pour nous, amateurs de romans noirs, est l’équivalent de la bible. Le plaisir de lecture est garanti, la découverte d’un univers garantie.

Publicité