Editeur : Zinedi
J’ai la chance de trouver, au gré de mes lectures, des lectures différentes. Il faut bien le dire, le travail que nécessite un blog comporte des avantages, dont celui de lire des auteurs peu connus et de grand talent. Gilles Vidal fait partie de ceux-là, capable de nous emmener ailleurs, de nous inventer des intrigues surprenantes et utilisant toujours la bonne formule. En début d’année, j’avais beaucoup apprécié son recueil de nouvelles, De but en noir. Avec Loin du réconfort, je crois avoir lu son meilleur roman.
Franck roule, sur une route déserte, avec son autoradio qui déverse des notes de musique, comme une sorte d’accompagnement, de motivation.
Parcourir cette route, au bout de laquelle il veut trouver une délivrance, c’est aussi l’occasion de revenir sur des faits qui ont marqué sa vie.
Car si la route est droite, sa vie est semée de virages qu’il n’a pas forcément su prendre ou bien négocier.
En premier lieu, il pense à Ivina, sa compagne, et à leur rencontre dans un rayon de supermarché. Rencontre brutale, rapide. Il n’y eut qu’une phrase échangée, qu’elle a chuchotée : « Pour toi, c’est où tu veux, quand tu veux. »
Coup du hasard, coup de foudre, cette rencontre devient un coup de soleil dans la vie terne de cet auteur de romans que personne ne lit.
Quelques kilomètres plus loin, il se rappelle son enfance, la mort de sa mère, quelques passages au collège.
Ivina est morte. Tuée par un déséquilibré. La police le convoque, le croit coupable. Mais elle est bien obligée de le relâcher faute de preuves.
Franck roule, sur une route déserte, à la poursuite du tueur de sa femme.
Il vous faut absolument lire ce roman.
En tant que narrateur, Franck va nous parler de sa vie, des quelques passages dont il se rappelle. Probablement pas les plus importants mais ceux qui lui viennent à l’esprit. Ils n’ont pas forcément de liens entre eux, mais participent à la construction du personnage et surtout à l’émotion engendrée par ce texte.
Parfois, au gré d’une rencontre, Franck va revenir dans le présent, décrire un personnage ou juste un lieu, une sensation, une couleur, une odeur. Et dans ces moment-là, Gilles Vidal prend des atours de poète moderne.
Ce sont donc des chapitres, sous forme de paragraphes, numérotés de 1 à 65 qui vont composer ce roman, et dont la forme est aussi originale que le fond est terriblement prenant et sonne vrai. A ma lecture, j’ai ressenti tellement d’émotions que je me suis souvent demandé s’il s’agissait d’une autobiographie.
Avec peu de phrases, peu de mots, l’auteur brosse à la fois une histoire, un personnage, un pays et surtout une vraie réflexion sur la mémoire, le remords, le destin et la vengeance. Et la fin, comme tout le reste du livre, vous prendra aux tripes, par sa simplicité et par le fait qu’elle ne ressemble à aucune autre. Cette fin laissera d’ailleurs comme un gout amer en bouche, comme une démonstration que Franck aura décidément tout raté dans sa vie. Mais le roman, lui, est une formidable réussite ! Un roman que je garderai longtemps près de moi.