Editeur : Livre de Poche & Editions du Masque
Traducteur : L.Servicien
Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.
Cette lecture va me permettre de combler des lacunes et de faire un retour aux sources du roman policier avec une auteure mise en valeur par la Reine du Policier, Agatha Christie.
L’auteure :
Dorothy Leigh Sayers (Oxford, Oxfordshire, 13 juin 1893 – Witham, Essex, 17 décembre 1957) est une femme de lettres et une romancière britannique, également poète, dramaturge, essayiste et traductrice. Elle est aujourd’hui principalement connue pour son travail d’écrivain et notamment pour ses romans policiers, ayant pour héros l’aristocrate dilettante Lord Peter Wimsey, écrits pendant l’entre-deux-guerres.
Fille unique du pasteur de Witham, Henry Sayers, qui est chef de chœur de la Cathédrale Christ Church d’Oxford, elle « grandit dans l’amour des livres et la culture classique » au petit village de Bluntisham dans le Huntingdonshire où son père est nommé recteur. Elle « fait preuve dès son jeune âge d’un intérêt prononcé pour les langues, apprenant le latin à sept ans et s’initiant au français auprès de sa gouvernante ». Elle entre en 1912 au Somerville College de l’université d’Oxford. Après de brillantes études, « elle devient en 1915 (et avec mention) l’une des premières femmes diplômées d’Oxford ». Elle obtient également, « en 1920, un Master of Arts en littérature médiévale ».
Issue « de la bourgeoisie de province anglaise que va ruiner la Guerre de 14 », elle se destine à l’enseignement et est brièvement professeur de littérature, mais elle se rend compte qu’elle ne supporte pas ce métier. Elle séjourne en France comme professeur-assistante d’anglais, mais cela ne l’enchante pas. Son meilleur souvenir de la France est d’y avoir lu tous les romans d’Arsène Lupin et d’avoir fréquenté, à l’École des Roches, en Normandie, le séduisant EricWhelpton, dont elle s’inspire pour créer Lord Peter Wimsey, le héros de ses futurs romans policiers.
De retour en Angleterre, elle trouve, à partir de 1921, « un travail de rédactrice, assez bien payé, dans une agence de publicité de Londres, la Benson’sAdvertising Agency ». « Elle va rester dix ans chez Benson » et cette expérience lui sert plus tard à évoquer le milieu des salles de rédaction publicitaire dans Lord Peter et l’Autre. Elle crée notamment des publicités pour la bière Guinness et la moutarde Colman (sans rapport avec le Colonel Moutarde du jeu Cluedo, plus tardif). Après s’être intéressée un temps aux mouvements socialistes qui façonnent la société anglaise de l’entre-deux-guerres, elle publie en 1923 son premier roman policier, Lord Peter et l’Inconnu, qui met en scène l’aristocratique détective Lord Peter Wimsey, flanqué de son fidèle serviteur Bunter, dans une intrigue où Dorothy Sayers « se moque allègrement des sacro-saintes conventions du genre ». Si ses romans s’intègrent dans le cadre du traditionnel roman d’énigme, elle apporte au genre un ton humoristique, quelques traits acérés contre la société bien-pensante de l’époque, et affuble son héros d’une vie sentimentale faisant totalement défaut aux Sherlock Holmes, Dr Thorndyke, Hercule Poirot et autres célèbres limiers de la littérature policière britannique de l’époque. En effet, Lord Peter s’éprend follement de la belle Harriet Vane, qu’il sauve de la pendaison dans Poison violent, épouse dans Noces de crime, et dont il a un enfant dans Le policeman a des visions, une nouvelle de la fin de cycle.
Outre le personnage de Lord Peter, Dorothy Sayers consacre, à partir de 1933, une brève série de nouvelles au personnage de Montague Egg, démarcheur spécialisé en vins et spiritueux et « un nouvel enquêteur assez drôle », qui se trouve mêlé à des énigmes policières (il découvre souvent un cadavre) qu’il parvient non sans mal à dénouer.
La vie privée de Dorothy Sayers est moins idyllique que celle de ses personnages de roman. Sa vie sentimentale est tumultueuse et décevante. Une « liaison avec un mécanicien en automobiles dont elle aura un enfant en 1924 », se solde par une séparation et la responsabilité d’élever seule son fils, un choix qu’elle assume au mépris des convenances du temps, dont, heureusement, ses succès littéraires lui permettent de s’affranchir. En 1928, elle épouse le capitaine Mac Fleming, un grand buveur et un paresseux notoire. Cette union difficile, sinon ratée, laisse toutefois Dorothy Sayers libre de ses mouvements pour produire, à un rythme soutenu, les aventures de Lord Peter qui lui apportent gloire et fortune.
Dorothy Sayers abandonne Lord Peter en 1940 pour se consacrer à sa passion, la littérature médiévale. Elle fournit notamment des traductions de La Divine Comédie de Dante et de La Chanson de Roland. De ses romans policiers, on retient, outre les titres déjà cité, Lord Peter et le Mort du 18 juin et Le Cœur et la Raison. Pour Romain Brian, « Cependant, qu’on le veuille ou non – et que Sayers elle-même l’ait voulu ou non – Lord Peter Wimsey demeure un acteur majeur sur la scène policière de la première moitié du XXe siècle ».
De 1949 à sa mort, elle préside le Detection Club.
Après avoir toute la journée fait ses emplettes pour Noël, elle meurt d’une crise cardiaque dans sa résidence de Witham le 17 décembre 1957.
(Source : Wikipedia)
Quatrième de couverture :
Désagréable surprise pour Mr Thipps : il vient de découvrir un inconnu dans sa baignoire, à peine vêtu d’un lorgnon et on ne peut plus mort…
Pour la police, aucun doute : Thipps se moque des autorités et est l’auteur de ce crime à peine déguisé. Qu’on l’arrête sur le champ !
Mais le corps dans la baignoire suscite plus d’une interrogation, et la disparition parallèle d’un riche financier éveille l’intérêt de Lord Peter Wimsey…
Mon avis :
Outre le fait de découvrir une nouvelle auteure, j’adore revenir vers des vieux romans policiers et celui-ci a été publié en 1923 ; il est donc centenaire ! Il a ensuite été traduit en français en 1939 pour une publication chez La Librairie des Champs Elysées, dans la collection Le Masque et repris en format poche au Livre de Poche en 1967. C’est la version que j’ai lue. Une nouvelle traduction existe depuis 1995 aux Intégrales du Masque et en format Poche.
A cette époque, Lord Peter Wimsley arrive après Sherlock Holmes et Hercule Poirot. S’il possède les mêmes caractéristiques de déduction, il se démarque par son esprit immature. D’origine bourgeoise, il mène des enquêtes pour se distraire tout en gardant sa passion pour les livres anciens. Accompagné de son majordome Bunter, il résout des problèmes en collaboration avec l’inspecteur Parker.
Quand Lord Peter doit se rendre à une vente aux enchères pour une version rarissime d’un livre, sa mère lui demande de l’aide pour un ami. M.Thipps s’est en effet réveillé en découvrant un cadavre nu dans sa baignoire, habillé seulement d’un monocle. L’inspecteur Parker doit de son côté résoudre une affaire concernant la disparition de M.Levy, un banquier influent de la City. Parker et Lord Peter se proposent d’échanger leurs mystères.
Comme je l’ai dit, ce roman est remarquablement bien écrit (et traduit) et le ton est léger, humoristique et décalé. Personne ne se prend au sérieux malgré la gravité des affaires. Les pièces de puzzle sont bien disséminées et il faudra toute la jugeote et le talent de Lord Peter pour résoudre ces mystères. Il est aussi à noter que le dernier chapitre va lever le voile sur les derniers doutes, en étant raconté par le meurtrier lui-même. Ce roman est donc une belle découverte originale.