Éditeur : Cairn
Voilà un roman qui va être l’occasion pour moi de découvrir un nouvel auteur et en même temps un nouveau cycle, celui d’un flic nommé Victor Bussy.
Séparé de sa femme Sophie, Victor Bussy souffre de ne plus voir ses filles. Alors qu’il doit les récupérer pour le week-end, il est convoqué pour une affaire criminelle bien particulière. En tant que capitaine nouvellement promu suite à l’arrestation des cagoulés, il doit se rendre à la Croix-Daurade pour découvrir le corps d’Aymeric Dedieu, fils unique de Nathalie et Jean-François Dedieu, de riches exploitants agricoles.
Sur place il se rend très vite compte qu’en fait de meurtre, il s’agit plutôt d’une exécution puisque le corps comporte trois balles dont la dernière dans la tête, ce qui ressemble fortement à une signature d’une mafia quelconque. Celui qui a découvert le cadavre se nomme Guilhem Cadillac, le fils du substitut du procureur et le meilleur ami de la victime.
Il est difficile d’envisager que le meilleur ami d’Aymeric ait planifié une fête avant de l’exécuter froidement. Il y a bien un mobile potentiel puisque les deux jeunes gens ont été mis en cause dans une affaire de viol il y a quelque temps, avant d’être innocentés devant les tribunaux malgré le suicide de la jeune fille Maëlys Jarric. Alors que tout le monde s’accorde à dire que le coupable se nomme Guilhem, de nombreux indices ne collent pas avec cette hypothèse.
Écrit à la première personne dans un style fluide et fort agréable, le roman est découpé en chapitres calibrés d’une dizaine de pages comportant en titre à la fois la date et l’heure, ce qui donne une impression de tension ressentie par les personnages mais aussi du rythme dans l’avancement de la lecture.
J’ai particulièrement apprécié le sujet qui, bien qu’il utilise le mythe du Darknet, met en valeur une association de malfaiteurs inconnue qui nous rappelle de grands moments de romans d’aventure, de Bob Morane avec l’Ombre jaune à James Bond avec Spectre. Ceci en fait donc un roman divertissant à propos duquel on remarquera quelques défauts.
Parmi ceux-ci, notons une propension à être bavard ce qui me fait dire qu’il y a la possibilité d’obtenir une meilleure efficacité dans le déroulement de histoire en resserrant un peu à la fois l’intrigue elle-même et les dialogues. J’en veux pour exemple les cent premières pages où l’auteur nous décrit l’interrogatoire de Guilhem au travers de huit chapitres. Ensuite il y a quelques incohérences qui m’ont gêné, en particulier le fait qu’en France il n’existe pas de programme de protection des témoins. De même, le fait que Damien, un spécialiste informatique de l’équipe de Victor, soit au courant du fonctionnement de l’Alliance Palladium alors qu’il vient tout juste d’entrer dans le système m’a semblé étrange, et pour le coup bien trop rapide. il eut été préférable d’alléger certaines parties bavardes et trouver quelques astuces scénaristiques afin de rendre tout cela un peu plus crédible.
En fait, à la fin de ma lecture, je me suis dit qu’il y avait la possibilité de faire deux romans distincts, l’un étant la suite de l’autre afin de créer un cycle sur la lutte contre l’Alliance Palladium, ce qui aurait été un bel hommage aux polars populaires. Voilà donc un polar sympathique divertissant qui a trouvé un sujet à suivre intéressant.