Editeur : Editions du Masque
L’Hallali est le troisième tome des enquêtes d’Yvonne Chen après Le Gibier et La Capture, et est affublé d’un sous-titre : « A jouer double, on perd de vue sa cible ». Evidemment, si vous n’avez pas lu les deux premiers tomes, vous pouvez passer les trois prochains paragraphes qui vont spolier un peu les deux intrigues précédentes.
Depuis qu’Yvonne Chen a perdu son équipier Paul Starski, assassiné par un groupe de tueurs nommés Les Furies, elle voue sa vie à les pourchasser pour se venger. Elle a raté l’occasion dans une aventure en Bretagne et a depuis été radiée de la police. Elle patiente devant sa télévision qu’une nouvelle occasion se présente. Quand Alecto, le stratège des Furies la contacte, elle va accepter cette nouvelle mission sous forme d’infiltration.
Alecto conçoit ses missions comme des danses. Celle-ci se déroulera dans le château de Lieselshertz dans les Vosges, où l’on y concocte le Vin des Glaces, un nectar valant des fortunes. L’objectif de la mission sera d’obliger les barons Ulbricht et Herman Mayer à vendre le château pour combler les dettes d’Herman, jet-setter dépensier. Mais cela devra se dérouler sans aucune effusion de sang.
Alecto convoite les talents d’Yvonne et la convie à les rejoindre, lui, Megara et Tisiphone, mais elle ne connaitra pas le scénario et devra improviser. Tisiphone est déjà sur place, Megara et Yvonne joueront le rôle de négociants de vins. En mettant la pression sur Ulbricht, ils devront lui arracher l’achat du château pour une bouchée de pain … ou une gorgée de vin. Mais rien ne va se passer comme on pourrait le croire.
Une nouvelle fois, Nicolas Lebel va nous surprendre, et le mot est faible, dans cette intrigue retorse au possible, où il est question de double jeu, d’agent double, triple voire quadruple. Si la première partie du roman se déroule de façon plutôt classique, on se retrouve totalement retourné quand Nicolas Lebel nous sort une carte de son jeu que l’on n’attendait pas !
Je ne vais pas faire la liste des qualités de Nicolas Lebel : elle serait trop longue. Le roman est remarquablement bien écrit, les dialogues superbes et le scénario retors au possible. On finit par ne plus savoir qui est la proie, qui est le chasseur et surtout si tout ce petit monde maitrise son scénario entre les Furies et la Police. Une nouvelle fois, on ressent tout le plaisir que l’auteur prend à construire ses intrigues et à nous les partager.
Enfin, il est à noter que si le précédent roman était construit comme une partie d’échecs, celui-ci suit la trame d’un tournoi médiéval, de la présentation des participants au combat jusqu’à sa conclusion. On prend un plaisir fou à essayer de deviner la fin mais cela devient tellement impossible tant l’esprit de Monsieur Nicolas Lebel est tordu. Je note juste un petit regret, c’est d’avoir perdu en humour ce qu’on a gagné en construction de scénario.