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L’Hallali de Nicolas Lebel

Editeur : Editions du Masque

L’Hallali est le troisième tome des enquêtes d’Yvonne Chen après Le Gibier et La Capture, et est affublé d’un sous-titre : « A jouer double, on perd de vue sa cible ». Evidemment, si vous n’avez pas lu les deux premiers tomes, vous pouvez passer les trois prochains paragraphes qui vont spolier un peu les deux intrigues précédentes.

Depuis qu’Yvonne Chen a perdu son équipier Paul Starski, assassiné par un groupe de tueurs nommés Les Furies, elle voue sa vie à les pourchasser pour se venger. Elle a raté l’occasion dans une aventure en Bretagne et a depuis été radiée de la police. Elle patiente devant sa télévision qu’une nouvelle occasion se présente. Quand Alecto, le stratège des Furies la contacte, elle va accepter cette nouvelle mission sous forme d’infiltration.

Alecto conçoit ses missions comme des danses. Celle-ci se déroulera dans le château de Lieselshertz dans les Vosges, où l’on y concocte le Vin des Glaces, un nectar valant des fortunes. L’objectif de la mission sera d’obliger les barons Ulbricht et Herman Mayer à vendre le château pour combler les dettes d’Herman, jet-setter dépensier. Mais cela devra se dérouler sans aucune effusion de sang.

Alecto convoite les talents d’Yvonne et la convie à les rejoindre, lui, Megara et Tisiphone, mais elle ne connaitra pas le scénario et devra improviser. Tisiphone est déjà sur place, Megara et Yvonne joueront le rôle de négociants de vins. En mettant la pression sur Ulbricht, ils devront lui arracher l’achat du château pour une bouchée de pain … ou une gorgée de vin. Mais rien ne va se passer comme on pourrait le croire.

Une nouvelle fois, Nicolas Lebel va nous surprendre, et le mot est faible, dans cette intrigue retorse au possible, où il est question de double jeu, d’agent double, triple voire quadruple. Si la première partie du roman se déroule de façon plutôt classique, on se retrouve totalement retourné quand Nicolas Lebel nous sort une carte de son jeu que l’on n’attendait pas !

Je ne vais pas faire la liste des qualités de Nicolas Lebel : elle serait trop longue. Le roman est remarquablement bien écrit, les dialogues superbes et le scénario retors au possible. On finit par ne plus savoir qui est la proie, qui est le chasseur et surtout si tout ce petit monde maitrise son scénario entre les Furies et la Police. Une nouvelle fois, on ressent tout le plaisir que l’auteur prend à construire ses intrigues et à nous les partager.

Enfin, il est à noter que si le précédent roman était construit comme une partie d’échecs, celui-ci suit la trame d’un tournoi médiéval, de la présentation des participants au combat jusqu’à sa conclusion. On prend un plaisir fou à essayer de deviner la fin mais cela devient tellement impossible tant l’esprit de Monsieur Nicolas Lebel est tordu. Je note juste un petit regret, c’est d’avoir perdu en humour ce qu’on a gagné en construction de scénario.

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La capture de Nicolas Lebel

Editeur : Editions du Masque

Autant vous le dire d’emblée, si vous n’avez pas lu le précédent roman de Nicolas Lebel, Le gibier, vous avez tort, d’une part, parce que c’est un excellent polar, et vous allez vous sentir embarqués dans une aventure avec des personnages que vous ne connaissez pas. En effet, on retrouve ici Yvonne Chen, flic sans peur et sans pitié.

Samedi 9 octobre, 32 heures et 4 minutes avant le grand final. Sur l’île de Morguélen, le Père Andras Petrovacz propose à Maé l’Adagio d’Albinoni pour l’enterrement de l’oncle de la jeune femme. On enterre Jules Meunier, qui a été retrouvé noyé avec un fort taux d’alcool dans le sang. Il tenait un entrepôt de vieilleries, qu’il récupérait dans la mer ou sur la plage, quand les touristes oubliaient leurs affaires.

En face de l’église, deux hommes faisant partie de l’OCLCH, surveillent la procession. Le capitaine Raphaël Romero et le vieux major Christian Mortier, bientôt à la retraite, sont chargés de démontrer que le curé ne serait autre que le prêtre croate Andro Dragovic, criminel de guerre qu’ils doivent ramener au tribunal de La Haye. Mortier voudrait faire un coup d’éclat avant son départ, alors que Romero sera nommé à sa place.

Yvonne Chen attend avec impatience de passer le pont vers Morguélen. Toujours à la poursuite des Furies (Voir Le Gibier), elle s’est rendue compte que ce groupe de mercenaires assassins passaient des annonces sur un site en ligne réservé aux chasseurs, Grand-Gibier. Le capitaine Mazza, son seul collègue de la police qui l’aide, s’est rendu compte que le chef des Furies, un dénommé Alecto, se connectait toujours à heure fixe depuis la presqu’île de Morguélen. La chasse continue …

Je ne vais pas revenir sur mon conseil de l’introduction ; vous pouvez très bien lire ce roman indépendamment du précédent, mais il serait dommage de ne pas avoir l’explication psychologique de l’attitude d’Yvonne Chen. Car Nicolas Lebel a construit un sacré personnage féminin, jusqu’au boutiste, se moquant des règles, des méthodes, pourvu qu’elle arrive à ses fins.

Ce roman est construit comme une partie d’échecs et d’ailleurs, tout est clairement indiqué dans les têtes de chapitre. Nous retrouvons donc les pièces plus ou moins importante, les mouvements stratégiques, et surtout des jeux d’attaque / défense où on n’arrive pas à déterminer qui mène l’offensive et qui est la victime. Cela s’ajoute à un scénario construit aux petits oignons, remarquable à la fois dans son intrigue que dans sa construction. Clairement, Nicolas Lebel ne déçoit jamais, et démontre son vrai talent de conteur.

On retrouve dans ce roman la patte de l’auteur, cette faculté à écrire simplement tout en étant passionnant à chaque page. Malgré le fait que ce roman s’appuie sur plusieurs personnages, on n’est jamais perdu, et on se laisse mener par cette intrigue, sans jamais vouloir arrêter sa lecture. On y trouve même quelques quiproquos, quelques dialogues drolatiques, des moments franchement comiques (comment imaginer un Romero sensible au point de pleurer ?) et des clins d’œil à sa série consacrée à Mehrlicht quand le motard baraqué écoute sans cesse des chansons de Johnny Halliday.

Après avoir refermé ce roman, on se retrouve pleinement satisfait. On a eu notre dose de mystères, d’action, de rires et un final rythmé qui nous donne rendez-vous pour un prochain opus. En tous cas, la fin est suffisamment ouverte pour de prochaines aventures. Cette Capture est donc un très bon divertissement.

Le gibier de Nicolas Lebel

Editeur : Editions du Masque

Nicolas Lebel, le créateur du capitaine Daniel Mehrlicht, nous propose un nouveau couple de policiers dans son dernier roman en date. Adieu donc à notre enquêteur favori, sorte de mutation génétique entre Kermit le grenouille et Paul Préboist … ou bien juste Au revoir … Les deux personnages principaux se nomment donc Paul Starski et Yvonne Chen. Et leur entrée dans le monde du polar se fait sur des chapeaux de roues.

Yvonne Chen vient chercher Paul Starski car ils sont appelés en urgence pour une prise d’otages dans un appartement proche de là où il habite. Starski est sur les nerfs, sa femme est partie en vacances avec ses filles et son chien Albus aux urgences vétérinaires pour vraisemblablement une hémorragie interne. Comment leur annoncer la mort prochaine de leur compagnon de 15 ans ?

A leur arrivée, on leur annonce qu’un voisin a prévenu la police quand deux coups de feu se sont faits entendre. Ils montent au 3ème étage, essaient de discuter avec un homme qui dit qu’il en a marre, qu’il ne portera pas le chapeau. Deux coups de feu retentissent et Starski et Chen enfoncent la porte. Deux hommes sont étendus morts, l’un sur le lit, l’autre dans le salon, chacun avec une balle dans la tête. La chaine HIFI diffuse une musique de cors de chasse.

Le revolver trouvé est de marque sud-africaine. L’un des morts est un collègue de Marseille, Cavicci, d’après ses papiers d’identité. Le deuxième est inconnu. Quand l’Identité Judiciaire fouille l’appartement, ils ne trouvent pas d’autre impact de balles dans les murs. Or quatre coups de feu ont bien été tirés, un dans chaque tête et deux autres entendus par les voisins. De plus, la voix entendue derrière la porte n’avait pas d’accent, ni anglophone ni marseillais. Starski et Chen viennent de mettre les doigts dans un engrenage incroyable.

On retrouve avec ce roman policier le pur plaisir de lire une histoire parfaitement maîtrisée, de la création des personnages au déroulement, en passant par le parfait équilibre entre les dialogues et la narration. Ce roman représentait un sacré challenge, celui de nous faire accepter de nouveaux personnages alors que nous étions habitués au capitaine Mehrlicht et ses envolées humoristiques lyriques.

Nicolas Lebel choisit de nous plonger la tête dans le sac d’aspirateur dès le démarrage du roman, avec une prise d’otage. Les deux personnages se dirigeant vers le lieu de l’action, le trajet place d’emblée la psychologie de chacun : Paul Starski (avec un i) marié, stressé, l’apprendra plus tard par sa séparation avec sa femme, troublé par l’hémorragie de son chien fidèle, émotif à fleur de peau ; et Yvonne Chen, jeune lieutenante, très matérielle, froide, avec un esprit de déduction éminemment logique et clinique. Nous nous trouvons donc avec deux personnages psychologiquement opposés l’un de l’autre.

Dès le début de l’histoire, nous sommes confrontés à des mystères difficilement explicables. Tout lecteur de polar ne demande que cela : être impliqué dans la résolutions d’énigmes (vous aurez noté le pluriel). En termes de construction d’intrigue, ce démarrage est bien trouvé et permet de nous intéresser tout de suite à l’histoire. Les solutions (aux énigmes) sont vite trouvées aussi et coïncident avec l’arrivée de Chloé de Talense, chercheuse émérite en pharmacologie et amour de jeunesse de Starski.

A partir de ce moment, Nicolas Lebel nous montre un Starski déboussolé, en pertes de repères, débordé entre sa situation personnelle, sa situation professionnelle et les sentiments envers Chloé. Yvonne Chen, en bonne collègue, garde les pieds sur terre et devient dubitative, essayant de ramener un peu d’objectivité dans cette enquête. Car petit à petit, nos deux comparses vont se trouver malmenés dans une machination en lien avec un projet dont on ne parle que bien peu.

Le projet en question se nomme Projet Coast et a été développé en Afrique du Sud, pendant l’Apartheid. Le principe était de développer des moyens contraceptifs suffisamment sélectifs pour que la population noire ne se reproduise plus. En cherchant sur Internet, on apprend même que les coupables ont été amnistiés et qu’ils auraient travaillé sur des armes chimiques n’éradiquant que la population noire.

Vous l’aurez compris, Nicolas Lebel pour son changement de personnage, pour son changement de maison d’édition, nous a concocté un polar de haut vol, parfaitement maitrisé, nous apprenant des faits non punis. Il n’hésite pas à nous malmener, à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, avant de changer de cap. On croit avoir tout compris avant d’être démenti, et on a droit à une fin surprenante. Que demander de mieux, franchement ?

Du sang sur l’asphalte de Sara Gran

Editeur : Editions du Masque

Traducteur : Claire Breton

Après La ville des morts et La ville des brumes, voici donc le troisième tome des enquêtes de la meilleure enquêtrice de tous les temps, Claire DeWitt. Si vous me connaissez, vous savez que c’est avec une grande fébrilité que j’attendais ces aventures.

Oakland, 2011. Claire DeWitt se réveille dans une Ford Ka. Elle vient d’être victime d’un accident de la circulation. Enfin, accident si on veut. Elle revoit une grosse Lincoln lui foncer dessus volontairement. Cela ressemble plus à une tentative de meurtre. Mais on ne tue pas aussi facilement la meilleure détective du monde. Quand une policière s’approche, elle lui subtilise son arme, récupère le nom d’un témoin et arrive à prendre la poudre d’escampette. Qui donc veut lui faire la peau ? C’est l’affaire de l’Autoroute infinie.

Los Angeles, 1999. Claire DeWitt est détective et a rencontré la plus grande détective d’alors, Constance Darling. Adepte du grand Jacques Silette, qui a écrit le livre immortel Détection, sorte de recueil de citations philosophique à destination des détectives, elle a aidé Claire. Mais pour obtenir sa licence, Claire se rend compte qu’elle doit faire 5000 heures d’enquêtes et qu’il lui en manque 400. Adam Dubinsky accepte de lui confier une affaire d’accident de la route : le célèbre Merritt Underwood, artiste peintre, s’est tué dans un accident de la route et elle doit démontrer que c’est un meurtre. C’est l’affaire de la CBSIS.

Brooklyn, 1986. Claire DeWitt est une étudiante de 15 ans. Avec ses amies de toujours, Kelly et Tracy, elles rêvent de monter la plus célèbre agence de détectives. Alors qu’elles résolvent nombre d’affaires, Tracy disparait. Kelly et Claire n’ont pas été capables de la retrouver. Comme Jacques Silette qui n’a jamais été capable de retrouver sa petite fille. C’est l’indice du charnier.

Ceux qui ont déjà rencontré, littérairement parlant, Claire DeWitt vont comprendre ce que je dis. Les autres devraient se jeter sur le premier tome de cette série La ville des morts, puis enchaîner par le deuxième La ville des brumes. Car Claire DeWitt est un personnage attachant, speedé et complexe, aveuglée par cette volonté de devenir la meilleure détective du monde, sans écraser ses concurrents.

On reste ici dans la même veine, et l’intrigue va alterner trois lieux différents et trois enquêtes avec toujours la même volonté de placer au centre du roman ce personnage féminin hors-norme. Alors que j’avais été impressionné par La ville des brumes, par sa façon de montrer Claire au bord de l’autodestruction, on se retrouve ici face à un polar de détective plus classique, construit comme un jeu de piste linéaire.

Le style de Sara Gran est toujours aussi rapide, aussi vif et bien agréable à suivre. Et comme je suis déjà amoureux de ce personnage, j’y ai pris beaucoup de plaisir. Mais je ne peux que vous conseiller de lire les précédents, sinon vous allez être perdus, car l’intrigue est complexe. Enfin, j’ai trouvé que ce roman n’apporte pas grand-chose au personnage de Claire DeWitt. On a déjà lu son obsession pour Jacques Silette, son impuissance face à la disparition de sa meilleure amie. Cela donne donc un bon polar divertissant et j’attendrai le prochain pour être surpris et complètement emballé. Mais je suis toujours amoureux de Claire DeWitt.

Ne ratez pas l’avis de Yan

Le chouchou du mois de septembre 2019

Après des vacances ensoleillées et reposantes, je reviens remonté comme un coucou suisse pour attaquer cette rentrée littéraire 2019. Les avis que j’ai partagés durant ce mois de septembre est donc un mélange entre les lectures estivales et les nouveautés. Mais vous n’y trouverez que du bon, à mon avis bien entendu.

Hors norme, c’est ainsi que je qualifierai La baleine scandaleuse de John Trinian (Gallimard), où un événement va bouleverser le quotidien d’une station balnéaire. Une baleine s’échoue sur une plage et l’auteur va nous proposer une analyse de ceux qui vont passer alentour. C’est un roman remarquable de justesse, inclassable.

Hors norme aussi, Le gang des rêves de Luca di Fulvio (Pocket) l’est par sa taille (950 pages), son ambition et son souffle romanesque. Plaçant son intrigue aux Etats-Unis dans les années 20, l’auteur nous propose de suivre trois personnages principaux dans une illustration du rêve américain. C’est un roman populaire par excellence à ne pas rater.

Vaste comme la nuit d’Elena Piacentini (Fleuve Noir) sera le seul roman psychologique chroniqué ce mois-ci et quel roman ! jamais la plume d’Elena Piacentini n’aura été aussi fine, ciselée et précise pour fouiller la psychologie humaine. Ce roman qui plonge dans le passé du capitaine Sénéchal clôt de façon magistrale le diptyque consacré à cette officier de police.

J’aurais tendance à ranger No problemo d’Emmanuel Varle (Lajouanie) et Broyé de Cédric Cham (Jigal) dans les romans noirs. Pourtant, ce sont des romans psychologiques où les personnages principaux sont poussés dans leur retranchement. Pour autant, j’ai du mal à les classer dans les thrillers. Dans No problemo, un jeune voleur monte un casse dans une maison où il a passé son enfance. Dans Broyé, Cédric Cham montre comment élever un enfant comme une bête. Dans les deux cas, les sujets fouillent le passé et l’éducation et creuse les racines de ce que nous devenons. Dans les deux cas, ce sont des romans durs qui, derrière leur intrigue, ont des choses à dire.

Au rayon roman policier original, deux romans sortent leur épingle du jeu. Le coffre de Jacky Schwarzmann et Lucian-Dragos Bogdan (la Fosse aux ours) est un roman à quatre mains où chaque auteur écrit son chapitre mettant en place son personnage de flic. Outre qu’il est agréable et drôle à lire, ce roman est aussi un formidable hommage aux grands du polar français, puisqu’ils les font apparaître en tant que personnages secondaires. A découvrir et à savourer sans modération. La boussole d’Einstein de Gilles Vidal (Zinedi) commence par un meurtre d’une femme écrasée par une voiture avec acharnement et se poursuit par deux enquêtes en parallèle, celle du frère de la victime et celle de la capitaine de police. Une nouvelle fois, j’ai été conquis par la faculté d’écrire des scènes justes de la part de cet auteur décidément à part.

Avec L’artiste (Manufacture de livres), Antonin Varenne a décidé de reprendre son premier roman, Le fruit de vos entrailles et de le refaçonner en gommant ses maladresses d’antan. Situé en 2001, entre les attentats du World Trade Center et les émeutes de novembre, l’enquête est un hymne aux artistes avec de formidables personnages. C’est un roman à (re) découvrir de la part d’un des meilleurs auteurs de polars français.

On n’a pas l’occasion de lire des polars australiens tous les jours. On n’a pas l’occasion de voyager en Tasmanie tous les jours. L’arbre aux fées de Michael Radburn (Seuil) nous offre cette possibilité dans un roman de forme classique au décor extraordinaire et au personnage principal attachant. Ce roman qui inaugure une série à venir donne envie de poursuivre l’aventure donc c’est à découvrir.

Le titre du chouchou du mois revient donc à Les yeux fumés de Nathalie Sauvagnac (Editions du Masque) Pour sa peinture des cités et les personnages perdus au milieu des barres verticales, en recherche de repères et de racines. Ce roman montre très bien l’impossibilité du rêve au milieu d’une réalité étouffante, aidé en cela par un ton très juste.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain, pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Les yeux fumés de Nathalie Sauvagnac

Editeur : Editions du Masque

C’est Coco qui a attiré mon attention sur ce roman, à coté duquel je serai passé, parce que, a priori, en lisant la quatrième de couverture, c’est un sujet tellement casse-gueule que je n’aurais pas osé tenter cette lecture. Et j’aurais eu tort, car ce roman a vraiment une âme, un ton pour dire les choses, un coté attachant.

Dans une cité faite de verticalités, il n’y a pas de place pour l’espace du rêve, pour imaginer l’horizon, un autre horizon. C’est la réflexion que je me suis faite pendant ma lecture. Il y a deux façons de vivre là : accepter ou se rebeller, subir ou fuir.

Philippe est le personnage principal de ce roman. Il vit dans une cité, chez ses parents et n’a pas tout à fait 18 ans, l’âge où il peut envisager de s’en aller. Avec la mère qui tient le ménage avec poigne et le père effacé et taiseux, il y a Arnaud l’aîné qui travaille dans un garage et les petits jumeaux. Philippe qui sèche de plus en plus de cours a donc du mal à trouver sa place dans sa famille mais aussi dans la société.

Alors il passe le temps, ce maudit temps, son ennemi. Il traîne dans la cité, vole un sandwich et une bière à midi et attends le soir. Heureusement, il y a Bruno, son ami, son seul ami. Bruno a la tchatche comme on dit. Il raconte ses voyages, les paysages qu’il a vus, les femmes qu’il a rencontrées. Il a vécu une vie de fantasme pour quelqu’un qui doit se résigner à s’allonger devant les barres verticales. Bruno dit-il la vérité ou invente-t-il ses aventures ? Au fond pour Philippe, cela n’a pas d’importance. Mais deux événements vont profondément bouleverser sa vie inutile.

Roman social par excellence, Les yeux fumés est une vraie découverte et une sacrée surprise venant d’une auteure que je ne connaissais pas. A lire la quatrième de couverture ou même mon humble résumé, ce n’est pas forcément attirant. Et pourtant, c’est bien par la simplicité de l’écriture que ressort la force (j’allais dire la puissance) de l’émotion. Et c’est de cette simplicité que se dévoile un tableau éloquent.

L’auteure nous montre tout le problème d’un contexte social qui n’a jamais été aussi brûlant. Il y a ceux qui veulent s’en sortir, et qui deviendront au mieux comptable dans un garage miteux et il y a ceux qui baissent les bras devant un combat perdu d’avance. Et certaines phrases ne manquent pas de le montrer. On pourrait ranger Philippe dans la deuxième catégorie et ce serait réduire le roman à une bien maigre partie de ce qu’il est.

Car c’est aussi un formidable portrait psychologique d’une génération de jeunes qui se sentent perdus, sans repères, qui grâce (ou à cause) des médias sont conscients de plus en plus tôt de ce qu’est la société et qui, devant le mur qu’on leur promet, se sentent démunis et sans armes pour l’affronter. C’est un portrait de jeunes original au sens où Nathalie Sauvagnac ne nous montre pas un irresponsable (comme on le voit ou lit souvent) mais la naissance d’un marginal découragé.

Divisé en deux parties (avant et après ses 18 ans, avant et après la famille, avant et après Bruno, avant et après …), ce roman ne prend pas de gants avec son lecteur, au sens où il montre tout, avec les mots de Philippe. Il n’est pas violent, mais juste dans ses paroles, dans ses expressions, vrai dans ses émotions. Et c’est par cette justesse qu’il arrive à toucher en plein dans le mille, par cette volonté de ne pas porter de jugement et d’écrire (décrire) une histoire ancrée dans le quotidien des cités.

J’ai essayé de ne pas paraphraser l’excellent billet de Yan que voici

Avant que tout se brise de Megan Abbott

Editeur : Editions du Masque

Traduction : Jean Esch

Ce n’est un secret pour personne : je suis un fan de Megan Abbott. Depuis quelques romans, elle choisit de fouiller la psychologie des gens comme vous et moi, nous montrant le quotidien de ses personnages par petites touches. Ce nouveau roman s’intéresse à une famille dont la fille va devenir gymnaste et c’est l’occasion de regarder comment les parents et leur entourage va réagir face à des rebondissements. Une vraie réussite !

Dans la famille Knox, ils sont quatre. Eric le mari, Katie la mère, Devon la fille ainée et Drew le petit dernier. Quand elle était petite, Devon s’approcha trop près de la tondeuse à gazon, et elle eut quelques doigts de pied coupés. Ses parents furent choqués, marqués à vie par cet événements, et, à partir de ce jour, ils ont tout fait pour que Devon réussisse. Ayant un talent inné pour des figures et son équilibre, sa petite taille et sa musculature la dirigeait naturellement vers la gymnastique. Surtout, Devon faisait montre d’un esprit de fer, d’une volonté inébranlable.

Au club BelStars, Devon est devenue la star. Tout la regardait, l’adulait. Coach Teddy avait mis tous ses espoirs en elle. Rapidement, elle atteint le niveau 10 et il proposa d’entrainer leur fille pour qu’elle passe les qualification pour devenir Elite Junior, ce qui concerne 65 filles aux Etats Unis, les meilleures. Les entrainements étaient incessants, durs, et les parents de Devon avaient même installés des appareils d’entrainement dans leur sous-sol. Le jour des qualifications, Devon rata sa réception, la faute à ce maudit pied auquel il manquait deux orteils.

Loin de se laisser abattre, voulant le meilleur pour leur fille, et rongés par la culpabilité, Eric et Katie prirent les rênes du club de gymnastique et poussèrent le club à investir dans une fosse de réception : Puisque leur fille avait raté le concours Elite Junior, elle se préparerait pour celui d’Elite Sénior dans deux ans. C’est là qu’un beau jeune homme Ryan apparut, participant à la construction de la fosse. Alors que Devon travaillait d’arrache pied pendant les 18 mois suivants, Ryan fut découvert mort un soir, renversé par une voiture. Coupable d’un délit de fuite, le chauffard ne s’était pas arrêté. Ryan était le petit ami de Hailey, la nièce de Coach Teddy. Cette nouvelle bouleversa le petit monde qui gravite autour de BelStars.

Alors que je n’avais pas aimé son précédent roman, Fièvre, dans lequel je trouvais des répétitions et surtout beaucoup de sujets évoqués sans en creuser aucun, et abandonnant trop la psychologie des personnages à mon gout, je retrouve dans ce roman tout ce que j’aime dans la façon d’aborder une intrigue chez Megan Abbott. L’auteure prend quelques personnes comme vous et moi, et les regarde vivre, interagir avec leur environnement, en ajoutant quelques anecdotes liées à leur passé, ce qui permet de construire leur personnalité souvent trouble et à plusieurs facettes.

Et surtout, je retrouve cette subtilité dans les mots choisis, cette faculté de décrire une scène simplement, mais en rajoutant un ou deux mots ou adjectifs qui changent tout dans notre façon de percevoir le lieu et les pensées des protagonistes. Il faut être clair : le rythme est lent, et c’est un roman psychologique dans lequel on trouvera quelques événements en guise de rebondissement, mais le principal n’est pas là, car tout se situe dans les réactions des uns et des autres, leur amour ou leur haine de Devon (c’est selon), les petites cachoteries, les vacheries que les adolescentes s’envoient, les motivations des uns et des autres et leurs mensonges ou devrais-je dire les fausses vérités.

On va trouver dans ce roman toute une galerie de personnages, une bonne vingtaine, sans que l’on ne soit perdu, et ils vont créer le décor autour de la famille Knox. Car le sujet de ce roman, c’est bien la famille et le prix que les parents sont prêts à payer pour amener leurs enfants au succès, ou du moins à faire leur vie. Si Eric est rongé par culpabilité depuis que Devon s’est coupé 2 orteils, et s’il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour corriger son erreur, Katie va quant à elle voir en sa fille sa deuxième victoire, la première étant d’avoir épousé son mari. Pour elle rien n’est trop beau, tout doit être fait pour que la victoire de sa fille devienne la sienne. Katie est aussi aveuglée par sa famille, par sa fille et c’est elle, en personnage principale qui va découvrir les dessous de la communauté et perdre ses illusions. Devon, quant à elle, est une jeune adolescente qui, après avoir raté son concours, va se dévouer à son sport, avant de découvrir le regard des autres et les émois liés à son âge. Quant à Drew, le petit dernier, il est un peu laissé à part et fera son apparition sur le devant de la scène dans la deuxième partie du roman.

Ce roman, comme je l’ai dit précédemment, est écrit avec toute la subtilité et la justesse que j’aime chez Megan Abbott. C’est un exercice bien difficile de créer des personnages communs et de les faire vivre de façon réaliste, et ici, c’est une nouvelle fois une grande réussite, comme dans Vilaines filles. C’est un pur roman psychologique qui, l’air de rien, fait monter la tension au fur et à mesure de l’évolution de l’intrigue, un petit régal de suspense familial et j’en redemande. Je tiens à signaler l’excellent travail du traducteur Jean Esch, qui a su retranscrire le choix subtil des mots de l’auteure pour nous faire apprécier toute l’intelligence de cette écriture.

La ville des brumes de Sara Gran

Editeur : Editions du Masque

Traduction : Claire Breton

L’année dernière, nous avions fait la connaissance de Claire DeWitt, le nouveau personnage récurrent de Sara Gran, dans La ville des morts. La voici dans sa deuxième enquête, où nous allons en savoir plus sur cette jeune femme.

Il y a quelques années, Claire DeWitt a eu un amant, Paul Casablancas, avec qui elle a vécu quelques mois. Pour autant, cette période reste un excellent souvenir, au point que Claire pense à Paul comme étant l’amour de sa vie. Ils se sont séparés et Paul est parti vivre à San Francisco où il a épousé Lydia Nunes, une guitariste. Paul étant lui-même l’un des guitaristes les plus doués de sa génération, ils se sont mariés et Claire a repris sa vie …

Quand Claire reçoit un coup de téléphone, c’est pour apprendre que Paul a été assassiné. Il a reçu plusieurs balles chez lui, et plusieurs de ses guitares ont disparues. La police pense à un cambriolage qui a mal tourné et Claire décide d’aller à San Francisco pour se faire sa propre idée. Même si elle est d’accord avec l’hypothèse de la police, il est tout de même étrange que la porte d’entrée ait été fermée. Comme si le cambrioleur était entré, avait tué Paul et était parti en refermant derrière lui.

C’est une affaire bien compliquée qui commence pour Claire. Comme celle de son adolescence, quand Chloé, Tracy et elle avaient décidé de devenir détectives. Elles étaient inséparables et formaient ce qu’elles croyaient être les meilleures détectives du pays. Quand un jour, Tracy disparait dans le New York des années 80, elles sont parties à sa recherche et ont découvert un pan de la vraie vie …

J’avais tant aimé sa précédente enquête, parce que c’est un portrait de femme qui, à lui seul, mérite le détour. Allez, pour être honnête, on ne peut que tomber sous le charme de Claire DeWitt. Je suis amoureux de Claire DeWitt. Parce qu’il y a dans cette écriture une honnêteté, une véracité qui en font un personnage vivant. C’est aussi un personnage moderne, qui baise quand elle en a envie, qui vit vite, usant de tous les expédients qu’elle a à sa disposition pour accélérer son rythme de vie, éviter de dormir, oublier …

Dans cette enquête, on en découvre plus sur le passé de Claire DeWitt, à travers la recherche de son amie Tracy. Il y a dans ces passages, faits de chapitres insérés dans l’intrigue principale, des portraits d’adolescentes qui découvrent la vraie vie, celle des adultes. Elles passent d’un jeu, celui de détective, à la découverte d’un paysage fait de violence, de sexe et de drogues. Ce n’est jamais démonstratif, juste montré avec beaucoup de justesse en même temps que Sara Gran nous montre la perte d’innocence, d’espoir et d’illusions de ces jeunes filles.

Et puis, même si l’enquête n’avance pas vite, voire est accessoire, la résolution du meurtre de Paul nous donne droit à des beaux passages, si simples, sur la perception qu’a Claire De Witt de la vie. Usant et abusant de cocaïne, on découvre toujours d’autres facettes de ce personnage si complexe. On la croyait forte, sans limites, résolue, tenace. On la découvre fragile, à la recherche de soutiens, que ce soit Constance qui l’a formée au métier de détective, à Silette, ce grand détective qui a écrit le B-A-BA du détective. Mais aussi ceux qui l’entourent et qui la soutiennent, ses amies qui la récupèrent en morceaux ou bien Claude, son assistant qui lui sert de repère dans un monde perdu.

C’est un roman fondant, attachant, moderne, qui nous montre à la fois le mal-être mais aussi la réalité que l’on ne veut pas voir. A travers le personnage de Claire DeWitt qui veut vivre vite et espérer, on voit la vraie vie qui, elle, est sans espoir. Car comme disait Pierre Desproges : « La vie est dramatique, elle se termine toujours mal ». Si La ville des brumes enfonce le clou du précédent, il est, à mon avis, un cran au dessus par tous ces aspects qui rendent ce roman indispensable, comme une sorte de témoin de notre société actuelle.

Ne ratez pas l’avis de l’ami Racoon

Trois fourmis en file indienne de Olivier Gay (Editions du Masque)

Depuis son premier roman, je suis cet auteur et son personnage récurrent Fitz, sorte de parasite dealer de drogue, qui profite des soirées people de la capitale pour vendre se drogue et ainsi se payer une petite vie peinarde. Ce roman est sa quatrième aventure et pour le coup, il va être obligé de quitter la capitale pour des paysages ensoleillés.

Ismael avait 43 ans et sortait d’un concert de jazz et prit le métro pour rentrer chez lui. Sébastien, 35 ans, était un adepte du footing de nuit dans les rues de Paris. Une blessure au mollet l’obligea à prendre le métro. Florence avait 19 ans et était du genre à diriger sa vie et ne pas se laisser faire. Oussama, 32 ans, était un fonctionnaire à la mairie du 14ème arrondissement. Ces quatre jeunes gens s’étaient retrouvés dans la même rame de métro quand l’explosion a eu lieu. Ils sont tous morts.

Fitz, surnom de John-Fitzgerald Dumont, en bon dealer se retrouve dans une soirée parisienne, dans une boite de nuit de luxe. Son amie Deborah, institutrice et accro à la coke est avec lui. Son autre ami Moussah assure le rôle du videur et c’est d’ailleurs pour cela que Fitz a pu rentrer et écouler son stock de drogue. Alors qu’il risque de se faire coincer par une belle blonde Helene qui travaille aux stups, il reçoit un message de son ami hacker Bob qui l’a dépanné lors de précédentes aventures.

En effet, ils s’étaient mis d’accord pour se rendre mutuellement un service. Bob et Fitz ne se sont jamais vus mais, étant loyal, Fitz ne peut refuser. Il devra implanter une puce espion sur l’ordinateur d’un richissime amateur d’art, Philip Munster (comme le fromage) qui organise une vente aux enchères réservée à des gens triés sur le volet. Bob a tout prévu, du billet d’avion aux faux papiers. Fitz doit juste être accompagné. Il pense à Deborah, mais c’est Jessica qui prendra la place, car Muster est soupçonné de financer le terrorisme international.

Il est amusant d’imaginer un branleur comme Fitz, pur Parisien d’adoption, sorte de caméléon des nuits de folie, être obligé de quitter la capitale pour rendre un service à quelqu’un qu’il n’a jamais rencontré. On s’attend à un dépaysement, mais non ! Finalement, on le retrouve plutôt à l’aise et plus immature que jamais. Là où il se retrouve au milieu de gardes du corps impressionnants, lui ne pensera qu’à une chose : faire l’amour à sa compagne.

C’est ce mélange, ce décalage qui fait tout le sel de cette aventure. Fitz retrouve cette allure nonchalante, ce faux rythme inconscient du danger, et je dois dire que cela fait rudement plaisir de le voir démolir une armoire à glace (je veux dire un homme hyper ultra méga musclé) alors que c’est plutôt le genre couard et lâche qui ne pense qu’à lui-même. Bref, ce roman là, pour moi, c’est le meilleur de la série. Le pied intégral, un petit roman de 270 pages qui se lit d’une traite (deux en ce qui me concerne) car Olivier Gay nous fait marcher du début à la fin.

Le ton de ce polar, comme les trois autres aventures de Fitz, n’est pas très sérieux. Après un épisode où on sentait Fitz aux prises avec des responsabilités qu’il refuse, le voici dans un style plus léger. Par contre, on retrouve les qualités que j’avais apprécié dans le troisième opus, à savoir une excellente maitrise de l’intrigue et une narration pleine d’humour, légère et prenante. Car ce roman, c’est du pain béni pour le lecteur, du pur plaisir. Des décors aux impressions de Fitz, que ce soient les scènes d’action ou les scènes intimes, ce roman est impeccable. Je l’ai lu, avalé, dévoré en à peine deux jours et j’en suis ressorti le sourire aux lèvres, avec l’impression d’avoir passé un excellent moment. Super !

 Ne ratez pas l’avis de l’oncle Paul

Le chouchou de mois de février 2015

Le mois de février est un mois court mais c’est surtout un mois que je trouve fatigant avec son sale temps et ses journées courtes. Malgré cela, j’aurais tout de même trouvé mon premier coup de cœur de l’année en la personne de Les nuits de Reykjavik de Arnaldur Indridason (Métailié). Certes l’auteur est connu et reconnu grâce à son personnage Erlendur. Mais ce roman, qui montre la première enquête est tellement passionnante et parfaite dans sa façon de mener l’enquête, c’est tellement pétri d’humanisme que je pouvais faire autrement que de lui décerner un trophée personnel.

La rubrique Oldies quant à elle revenait sur un roman qui date un peu, mais qui s’avère intemporel ; il s’agit de Journal d’une fille de Harlem de Julius Horwitz (Points). A la façon d’Anne Franck, il nous écrit le journal d’une jeune fille qui veut s’en sortir. L’immersion est tout simplement totale et le résultat impressionnant. Cette lecture fut aussi l’occasion de rendre hommage aux 35 ans de Points Policiers.

La cavale de Billy MicklehurstJe tenais aussi à signaler une lecture que je n’ai pas chroniqué, car la nouvelle est trop courte pour en faire un billet. Malgré cela, en une vingtaine de pages, l’auteur arrive à créer un univers, un paysage, et à nous entrainer dans une vague d’émotions dramatiques. La cavale de Billy Micklehurst de Tim Willocks (Allia) nous conte la rencontre de l’auteur avec un SDF et c’est tout simplement délicieux. L’interview qui complète ce petit livre est aussi très instructive.

J’ai aussi chroniqué deux titres de la collection Polaroid de L’atelier In8, en parlant de deux titres écrits par Jean Bernard Pouy, à savoir Calibre 16mm et Le bar parfait. Ce sont deux romans ou plutôt deux nouvelles comme le Maître sait le faire, si simples, si évidentes et pourtant si bien faites.

Enfin, j’ai encore une fois réservé la place belle pour les auteurs français, et dans un grand nombre de genres différents. Je suis passé du thriller psychologique avec Miettes de sang de Claire Favan (Toucan) qui est très bon, au roman policier historique avec Les chants de la mort de Nicole Gonthier (Pygmalion) qui ravira les amateurs du genre, du roman d’aventures à suspense avec Six fourmis blanches de Sandrine Collette (Denoel Sueurs Froides) qui est formidable, au polar exotique avec Les temps sauvages de Ian Manook (Albin Michel) pour lequel je suis resté plus sceptique.

Le titre du chouchou du mois revient donc fort logiquement à La ville des morts de Sara Gran (Editions du Masque). Dans ce roman, Sara Gran ouvre une nouvelle série, créé un nouveau personnage et le ton est suffisamment original pour que nous soyons dès le départ charmé par cette intrigue et horrifié par ce qu’elle décrit.

Je vous donne rendez vous le mois prochain. D’ici là, n’oubliez pas le principal, lisez !