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7 milliards de jurés ? de Frédéric Bertin-Denis

Editeur : Lajouanie

Il est des romans dont on se rappelle même longtemps après les avoir lus et des auteurs dont on se dit qu’on suivra leurs prochaines productions. Force est de constater que Viva la muerte a laissé des traces dans ma mémoire (qui commence à être défaillante) et que c’est avec beaucoup de joie que j’ai retrouvé Frédéric Bertin-Denis et son personnage de Manolo El Gordete (El Gordo pour les intimes) pour une affaire qui sort de l’ordinaire.

Paris, France, 9 juin 2022, 15H20. Pierre-Henri de la Marjolie, PDG de la première entreprise énergétique européenne, a été enlevé par un commando de 6 hommes armés. Aucune revendication ou demande de rançon n’a été publiée.

Sapporo, Japon, 9 juin 2022, 22H25. Hiro Katajima, directeur général de la compagnie d’électricité Hokuden, a été enlevé par 3 ninjas. Aucune revendication ou demande de rançon n’a été publiée.

Lagos, Nigeria, 9 juin 2022, 14H30. Ayedeke Obayama, l’homme noir le plus riche du monde, a été enlevé par un groupe armé portant l’uniforme de la DOCIA (Death Of Capitalism In Africa). Aucune revendication ou demande de rançon n’a été publiée.

New-York, Etats-Unis, 9 juin 2022, 10H22. Debra Spellman, directrice pour les affaires africaines à la banque Goldsad Bros a disparue alors qu’elle avait un rendez-vous à 9H00. Aucune revendication ou demande de rançon n’a été publiée.

Belém, Brésil, 9 juin 2022, 10H45. Gustavo Almeida de Abreu, gouverneur de l’état de Para a été grièvement blessé lors d’une tentative d’enlèvement.

Sydney, Australie, 9 juin 2022, 23H30. Graham Matlock, le magnat des médias anglo-saxons, a été enlevé à sa sortie de l’opéra. Aucune revendication ou demande de rançon n’a été publiée.

Cordoue, Espagne, 9 juin 2022, 15H00. Pedro Belmonte de la Isla, grand patron de Desmantex, reçoit Maria Del Pilar, une jeune femme intelligente qu’il prend sous son aile. Elle se fait accompagner de deux amis. Leur discussion tourne autour des délocalisations dont Pedro est fier. Les deux hommes enlèvent Pedro pour l’emmener, disent-ils, à son procès pour crime économique et écologique contre l’humanité.

Manolo El Gordete va être chargé de la disparition de Pedro Belmonte de la Isla.

Voilà un polar qui, malgré un sujet hautement polémique et grandement casse-gueule, s’en tire avec les honneurs, voire même avec la palme du jury … d’où le titre du roman. Enfin, le jury, en l’occurrence, c’est moi. Ce fut avec un réel plaisir de retrouver Manolo, ce flic affublé d’une panse rondelette, défenseur de la justice mais aussi ardent héraut des pauvres. Alors, forcément, cette enquête va le confronter à ses propres valeurs. C’est aussi la force de ce roman, de ne pas s’être dispersé dans les différents endroits du monde où ont eu lieu les enlèvements et de s’être concentré sur la partie espagnole de l’enquête, avec Manolo en guest star.

D’une lecture facile et parfaitement maîtrisée, ce roman se lit rapidement et il s’avère être un véritable plaisir, de l’enquête remarquablement menée aux interviews des grands de ce monde. Même si ce roman est une fiction, il montre quelques faits par l’intermédiaire de scènes filmées par ce groupuscule rebelle, qui sont parfaitement lucides et donc totalement intéressants. Lors d’une de ces scènes, l’auteur pointe même le désir du peuple de vouloir toujours tout payer moins cher et dénonce donc la propre responsabilité de ceux qui se révoltent contre le capitalisme.

Aussi bien dans la forme que dans le fond, ce polar qui flirte avec le roman social est une grande et belle surprise et est bigrement intéressant dans sa démonstration, sans pour autant prendre ouvertement position. Il eut été maladroit de se placer d’un coté ou de l’autre trop ouvertement. Sa forme de discours lucide et simple en fait un polar à message populaire qui mérite très largement que l’on s’y intéresse. Alors, n’hésitez pas, que vous compreniez les enjeux de l’économie ou pas, vous allez vibrer et rager en lisant ce roman, qui est de plus un excellent divertissement. 

Ne ratez pas l’avis de mon ami Jean le Belge

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Les deux pieds dedans ! de François Legay

Editeur : Lajouanie

Parmi les dernières sorties chez Lajouanie en ce début 2020, il y a un premier roman écrit par un collaborateur de K-libre. Me voilà donc plongé dans les aventures d’Augustin Kerr, détective privé bigrement attachant.

Augustin Kerr a pour mission de faire un échange contre 5000 euros. Mais un échange de quoi ? En tant que détective privé, il ne peut fermer les yeux sur une telle somme, surtout en France. Quand il arrive, il trouve comme prévu la clé sous le paillasson. Il y trouve un homme plongé dans son assiette, la tête la première. Et dans les toilettes, un autre, visiblement mort, semble avoir marché les deux pieds dans la merde … Sur la table de la salle à manger, à côté du gratin dauphinois, il trouve une enveloppe remettant à plus tard l’échange, mais il y a bien l’argent. Et c’est signé Anthony Wecker.

C’est à ce moment qu’un colosse qui a la carrure de David Douillet, la taille de David Douillet, la coupe de cheveux de David Douillet mais qui n’est pas David Douillet entre. Il fait le ménage, entendez qu’il assomme Augustin et s’enfuit. De retour dans l’appartement, l’estourbi au gratin revient à lui et lui dit qu’il avait rendez-vous à 10 heures, comme Augustin, pour une partie fine. C’est à ce moment-là que débarque la commissaire Béatrice Boton, le fantasme sexuel incarné d’Augustin, malheureusement mariée.

Augustin est convoqué au commissariat, pour s’expliquer sur sa présence sur les lieux du crime. Il semblerait que le mort de la salle de bains ait avalé un puissant laxatif dans son gratin dauphinois et qu’il ait glissé dans sa propre merde. Ce qui est bizarre, c’est la présence d’un serpent vénéneux dans la salle de bain. Et puis, qui est le mystérieux personnage qui a donné rendez-vous à Augustin dans cet appartement ? Et que veut-il échanger ?

Augustin, déçu de ne pas avoir décroché un rendez-vous galant avec la commissaire Boton, retourne dans la maison familiale où y habite toute la famille Kerr. La cuisinière Albertine y fait des plats à tomber par terre et son grand-père, Félicien obsédé sexuel notoire, est occupé à mater la voisine qui se bronze dans son jardin. Augustin récupère son chien Grabuge et va chercher à comprendre quelque chose dans cette affaire.

Il faut un peu de temps pour entrer dans le roman, par l’aspect bavard de l’écriture (qui est voulue puisque Augustin est volubile, c’est le moins que l’on puisse dire) et par les dialogues longs (surtout dans le deuxième chapitre). Cela m’aura pris une journée. Puis j’ai persévéré … et j’ai fini les 200 dernières pages en une journée. Parce que, finalement, on finit par se laisser bercer par les malheurs et les mauvaises décisions de ce détective privé bigrement sympathique.

Car on va y trouver une intrigue solide et débridée, amusante et facile à suivre, grâce à une belle construction et surtout avec des personnages hauts en couleurs. A partir du moment où Augustin nous introduit (façon de parler) sa famille, cela devient gentiment déjanté, avec un humour en dessous de la ceinture, ce qui est normal quand on fait partie d’une famille d’obsédés sexuels.

Alors on va y retrouver des gentils, des méchants, mais ce qui va retenir l’attention du lecteur, c’est bien les nombreuses questions que pose cette histoire. Car on ne sait pas qui est le client de notre détective, on ne sait pas en quoi consiste le mystérieux échange. Et pendant qu’on se pose des questions, les cadavres pleuvent. Et puis, petit à petit, les relations entre les divers protagonistes se créent … sans que l’on ne comprenne où veut en venir l’auteur.

Il faudra attendre la toute fin, les cinquante dernières pages, pour avoir enfin le fin mot de l’histoire avec une implication d’hommes politiques que l’on n’aurait jamais pu voir venir. Mais on s’amuse et c’est le principal. Le style étant débridé, primesautier, ce roman s’avère un excellent page-turner que l’on finit à regret. Il ne reste plus qu’à espérer que l’on retrouve Augustin Kerr dans de futures aventures.

No problemo d’Emmanuel Varle

Editeur : Lajouanie

Alors que j’avais adoré son précédent roman, Dernier virage avant l’enfer, j’étais passé au travers de la sortie de son dernier roman en date. Heureusement, l’auteur m’a gentiment signalé sa sortie et voici donc mon avis.

Ils sont deux et n’ont a priori rien à voir l’un avec l’autre. José et Romuald se rencontrent et décident de monter ensemble un casse.

Romuald a décidé de quitter le domicile familial très tôt, et tombe dans la drogue. Un psy le sauve et lui fait découvrir la boxe. Mais un jour, il rate un entrainement, puis refuse les sacrifices et les concessions demandés par ce sport. Retombant dans le drogue, il s’en sort avec de petits larcins, jusqu’à sa rencontre avec José et cette idée de larcin apportée comme sur un plateau par son nouvel ami.

José a suivi sensiblement le même trajet. Ses parents étaient employés pour s’occuper d’une belle résidence appartenant à un auteur de thrillers connu, James Blisdane. C’est parce qu’il a passé son enfance dans cette propriété qu’il envisage de la cambrioler. Il sait qu’il y a un coffre-fort plein de lingots d’or. Cela va donc être un casse facile. « No problemo », n’arrête-t-il pas de répéter. Ils investissent donc la propriété mais la première personne à se présenter à la porte n’est pas l’écrivain de renom … et les surprises ne font que commencer.

Même s’il est découpé en une vingtaine de chapitres, l’intrigue suit trois parties : la préparation du casse, le déroulement du casse et enfin la fuite après le casse. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que malgré un plan classique, ce roman bénéficie d’une plume simple et agréable à suivre. Ce qui veut dire qu’une fois que l’on a commencé à ouvrir le livre, on se dépêche de le finir pour savoir comment tout cela peut terminer.

Le style de narration de l’auteur se veut direct, très factuel, distant par rapport à ses personnages principaux. A la limite, José prend toute la place et Romuald se retrouve au second plan, bien que le premier chapitre lui soit consacré. Par contre, les autres personnages secondaires qui vont traverser cette histoire sont passionnants, voire caustiquement drôles, dans un roman où le ton se veut sérieux.

Car du casse initial qui doit se dérouler sans problème, de nombreux événements vont venir perturber la mécanique huilée prévue au départ. Et là où un Westlake en aurait fait un roman humoristique, Emmanuel Varle en fait un roman sérieux, et donc un polar plutôt classique. Et du coup, il m’a manqué un zeste de psychologie sur le passé de José et un meilleur équilibre entre les personnages. Mais rien que pour les autres personnages secondaires (le nègre, la femme de ménage et surtout l’institutrice de la fin), ce roman s’avère un bon divertissement.

Rafale de Marc Falvo

Editeur : Lajouanie

On connaissait Marc Falvo pour ses romans de Stan Kurtz, de bons polars avec de l’humour à toutes les pages dedans. On le retrouve donc chez un nouvel éditeur et dans un tout autre genre, le polar d’action qui déménage. Accrochez-vous !

Gabriel Sacco, la quarantaine, recouvreur de dettes pour un mafieux de bas-étage, Garbo. Bienvenue dans un décor glauque. Sacco n’a pas inventé la poudre, il pourrait même ne pas avoir existé tant il n’a pas laissé de souvenirs aux gens qu’il rencontre. Il suffit juste d’une mauvaise journée, les emmerdes s’entassent, lui tombent dessus. Et puis, ce qui ne lui arrive jamais arrive : il devient trop curieux pour un détail … mais revenons en arrière, sur cette journée de merde :

Putain de sciatique ! Tout commence comme un lundi, ou un mardi ou n’importe quel jour de la semaine. Sacco doit aller faire peur à un mauvais payeur pour son patron. Le mec est avec une pute, au lit. Alors, Sacco vire la gente demoiselle, et embarque le mec pour un voyage en forêt. Au milieu de ce décor enchanteur, recouvert de neige, Sacco pousse le vice jusqu’à lui donner la pelle pour creuser son propre trou. C’est là que le bât blesse … Le mec fait une crise cardiaque.

Putain de sciatique ! Obligé de revenir à la boite, après avoir difficilement logé le mort dans le coffre, Sacco obtient de Garbo de l’aide : Avec Eddy Belle-Gueule, ils vont devoir emmener le macchabée chez Martineau, l’entrepreneur de pompes funèbres personnel de Garbo. En sortant, il est dérangé par un jeune homme ivre, Alex Vitali, que les videurs s’empressent de faire sortir sans bruit.

Putain de sciatique ! Le lendemain, Sacco est réveillé pr le téléphone : le correspondant s’appelle Francis Doppler et lui annonce que sa femme Laura est à l’hôpital suite à un grave accident de voiture. A priori, Sacco pourrait n’en avoir rien à faire, sauf que Laura est son amante et qu’il l’aime à la folie. Il promet de passer à l’hôpital. Sauf que Garbo lui demande d’aller chercher un ponte à l’aéroport. Et en attendant, accoudé au bar, les informations télévisées montrent un jeune homme qui a disparu, fils de sénateur. C’est l’homme saoul de la veille. Sauf qu’il connait la belle brune en larmes interviewée juste après : c’est sa fille Laura qu’il n’a pas vu depuis trois ans. Pour la première fois de sa vie, Sacco va vouloir comprendre et être obligé de réfléchir.

Commençons par ce qui fâche : tout le livre est écrit à la deuxième personne du singulier, comme si le lecteur devait prendre du recul face au personnage principal. Et franchement, ça m’a gêné. Alors, pourquoi je vous parle de ce livre ? Parce que, à part ça, j’ai trouvé ce roman excellent. Une fois commencé, c’est le début d’un sprint de 250 pages qui ne ramollit jamais.

Au centre, Gabriel Sacco, genre de personnage effacé comme on en voit dans tous les polars mafieux. La nouveauté est que Marc Falvo en a fait un imbécile, un homme qui ne cherche pas à savoir. Habitué à obéir, à ne pas réfléchir, c’est le genre d’homme à plier l’échine … jusqu’à en choper une sciatique ! Mais quand il redresse la tête, quand il fait fonctionner sa mécanique, il va démêler une pelote de laine qu’il aurait mieux fait de laisser à sa place.

Amitié, loyauté, famille, ce roman aborde tous ces thèmes en respectant les codes du Roman Populaire, avec des majuscules. Il bénéficie d’un scénario en béton, qui disperse tout au long du livre des indices et aboutit à une conclusion tout ce qu’il y a de plus logique. Tout cela en fait un divertissement plus que recommandable, conseillé, pourvu que vous vous fassiez au tutoiement continuel de Sacco.

A noter la superbe couverture ainsi que l’avis de mon ami Jean le Belge

Honneur à Stanislas Petrosky

On ne le connaissait pas il y a trois ans, avant que ne débarque Ravensbrück mon amour, ce roman noir et dur sur le camp de concentration du même nom. Avec la création de l’excellente maison d’édition l’Atelier Mosesu pour l’occasion. Puis, l’année d’après débarquait un cyclone dans le monde du polar humoristique, façon Frédéric Dard. Le roman s’appelait Je m’appelle Requiem et je t’em… aux éditions Lajouanie.

Il est impossible de résister à ce personnage de curé exorciste, à l’humour ravageur et politiquement incorrect. On ne s’était pas remis de nos émotions que débarquait un an après Dieu pardonne, lui pas. Nouvelles aventures et nouveau coup de poing dans le ventre des excités du bulbe et autres extrémistes de tous poils. Eh bien, mes amis, le troisième tome s’appelle Le Diable s’habille en Licorne et c’est à nouveau fendard.

A l’ouverture de ce nouveau roman relatant les aventures d’Estéban Lehydeux, dit Requiem, cela fait un bout de temps que notre prêtre favori n’a pas eu l’occasion d’exercer ses dons dans le domaine de l’exorcisme. Heureusement, Monseigneur Gillio fait appel à lui pour une banale affaire de possession par le Diable dans le corps de la petite Christine. Ses parents sont très inquiets et Requiem se dirige donc dans notre belle vielle de Dunkerque, où se préparent les festivités du carnaval. Mais, quand il débarque dans le Nord, il apprend que la jeune adolescente s’est suicidée, en se plantant une lame dans le ventre, comme un certain … Jésus Christ. En jetant un coup d’œil sur les messages électroniques de la donzelle, il semblerait qu’elle ait eu des relations Sado-Masochistes avec un adulte. De quoi titiller l’instinct de chasseur de Requiem.

On prend les mêmes recettes que pour les tomes précédents, c’est-à-dire humour à fortes doses, jeux de bons mots, gags en dessous de la ceinture, réparties qui fusent. C’est toujours aussi politiquement incorrect, ça flirte avec la ligne jaune mais le ton est toujours juste. Le but n’est pas de se prendre au sérieux, mais de distraire, de parler de choses sérieuses en s’amusant. Et j’adore !

Je tiens à noter que le scénario de cette enquête est particulièrement bien construit, que l’on y retrouve moult personnages comportant des noms d’auteurs de polars récents (un beau clin d’œil aux collègues tels que Maxime Gillio, Marco Falvo ou Jacques Saussey) et que les noms des élèves du lycée Sainte-Croix du Christ Rédempteur ont tous des noms hilarants, et qu’il n’y a pas une page sans que l’on se marre. Pour toutes ces raisons, vous vous devez de faire la connaissance de Requiem.

Je tiens juste à passer un message personnel à Stanislas Petrosky : Merci de nous rappeler que la meilleure arme contre les extrémistes de tous poils est l’humour. Ce roman en est une formidable démonstration. Dans ton roman, Stanislas, tu t’adresses beaucoup à tes fans de sexe féminin, voire trop. Je sais que j’ai un coté féminin développé mais quand même ! Ou alors je suis jaloux. En tous cas, merci d’écrire les aventures de Requiem.

Nota : La licorne est une nouvelle drogue à l’addiction immédiate et à l’issue certaine et rapide

Stanislas Petrosky est aussi l’inventeur de Luc Mandoline, ce personnage récurrent édité aux Ateliers Mosesu. Luc Mandoline, thanatopracteur, ancien légionnaire, rompu aux enquêtes et sports de combat, se retrouve toujours mêlé dans de drôles d’affaires. Chaque épisode est écrit par un nouvel auteur, comme le Poulpe par exemple, ce qui donne à chaque fois un ton particulier et original. Il faut rendre à César ce qui appartient à César, c’est son créateur lui-même qui s’y colle avec Un Havre de paix, édité pour cette fois par French Pulp.

Luc Mandoline est au Havre, sous une pluie discontinue, avec son amie de toujours Elisa. Malheureusement, il doit écourter sa soirée pour se rendre au centre pénitencier du Havre. Un des détenus s’est pendu dans sa cellule avec son sweat-shirt. Jusque là, rien de bien mystérieux. Mais quand Max Claneboo ami et commissaire apprend à Luc que le mort William Petit est en fait un flic infiltré, cela se corse. William Petit était censé faire parler son codétenu Hamed Balkhar dit le Turc pour le coincer dans une affaire de meurtre d’une jeune fille. Sauf que le Balkhar en question était à l’infirmerie quand William Petit a rendu l’âme. Une chose est sure : c’est un faux suicide, car Luc a remarqué une odeur d’amande, synonyme de Cyanure. Il va devoir assister à l’autopsie …

Cet épisode ne déroge pas aux règles … et ce serait un comble voire un scandale. Un Havre de paix est un pur plaisir de polar, avec une enquête qui se divise en deux puis en trois, avec de l’action, du sexe (un peu, très peu) et de l’humour (beaucoup, très beaucoup). Même si on peut penser que 150 pages, c’est peu, la fonte petite (très petite, et c’est le seul reproche que je ferai à ce livre) fait que l’on passe deux bonnes journées de lecture grâce à un scénario mitonné aux petits oignons et une sacrée dose de réparties humoristiques qui en font un divertissement haut de gamme. Et puis, ce sera l’occasion pour vous d’être curieux et de découvrir les autres aventures de notre thanatopracteur favori.

Protocoles fatals de Fabrice Pichon

Editeur : Lajouanie

Décidément, les auteurs que je suis, dont je lis tous les livres ont décidé de me surprendre. C’est une nouvelle fois le cas avec ce nouveau roman de Fabrice Pichon, dont j’avais adoré pludeproblèmes.com en particulier (coup de cœur Black Novel).

Mai 1995, Cannes. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils s’aiment. Ils sortent d’un repas chez des amis. Un homme caché dans l’ombre d’un porche les surveille. L’homme n’aime pas intervenir sans préparation, mais il n’a pas le choix, cela doit se faire aujourd’hui. Les deux jeunes gens s’embrassent, font l’amour sur un banc de la Place de Castres. L’homme les vise de son pistolet, mais le jeune entame une bagarre à main nue. L’homme tire deux balles sur la femme, et décoche un uppercut au jeune qui bascule par-dessus une rambarde. La jeune femme s’appelle Lisbeth Rétif et est emmenée d’urgence à l’hôpital.

Juin 2018, Cannes. Maître Olivier Banette n’en croit pas ses yeux et doit annoncer la nouvelle à Lisbeth, sa cliente : son assassin va être libéré malgré une condamnation de 30 ans. En effet, après quelques mois de coma, Lisbeth s’est réveillée, vivante mais paralysée. Elle avait tout perdu, son amant, son enfant qui n’était qu’un embryon de deux mois. Elle avait bien refait sa vie avec Christophe, mais c’était une autre vie. C’était grâce à la détermination du commissaire Acquatella et à Banette qu’ils avaient mis la main sur Vincent Reître, ancien légionnaire et employé comme tueur à gages. Quand Lisbeth sort, Banette est enclin à aider la jeune femme et amie. Il ressort une carte de visite de la société Dassin Spa, domiciliée à Lugano  en Suisse. Son activité : Se débarrasser sans traces de personnes gênantes.

Moi qui ai lu presque tous les romans de Fabrice Pichon, depuis son premier (Vengeance sans visage) jusqu’à son précédent (Retours amers), je dois bien dire que ce roman s’annonce comme un grand coup de balai dans sa bibliographie. En tous cas, il y a une volonté de faire autre chose, de s’essayer à un nouveau genre, et de surprendre son lectorat. Car il n’y a aucun point commun entre ses romans policiers et ce Protocoles fatals. Aussi surprenant qu’il puisse être, c’est une franche réussite.

Changement de genre d’abord : Nous étions habitués à des romans policiers, pour la plupart ancrés dans la Franche Comté, avec des personnages de flics féminins d’une force dépassant les hommes, des personnages craquants. Nous nous trouvons ici face à de nombreux personnages, chacun évoluant dans un décor différent qui va de Cannes à la Suisse en passant par Dijon, et chacun venant poser sa brique de mystère dans cette intrigue.

Changement de genre ensuite : Alors que nous étions habitués à des romans policiers versant doucement dans le thriller (pour certains), nous sommes ici avec un polar costaud et une intrigue redoutablement retorse. De fait, la longueur du roman s’en ressent, passant de 400 pages à 200 pages. Et cela ressemble bien à un condensé de ce que sait faire Fabrice Pichon.

Changement de style enfin : Qui dit moins de pages, dit style moins littéraire, plus direct. Là encore, l’auteur nous surprend par sa facilité à peindre un décor avec moins de mots, à tailler dans le gras des dialogues pour ne garder que la moelle, et à insérer dans son récit une sorte non pas de rapidité mais d’urgence, de tension, poussant le suspense à son extrême, n’hésitant pas à jouer avec les nerfs du lecteur.

Complètement surprenant, Fabrice Pichon casse nos habitudes avec ce roman de suspense au scénario machiavélique. Il réussit un roman terriblement prenant et suffisamment immersif pour que l’on y croie et que l’on n’ait pas envie de s’arrêter de tourner les pages. Et je reprends d’ailleurs la conclusion de l’Oncle Paul : ce roman à suspense, fait de multiples tiroirs au contenu inattendu, m’a paru être un véritable hommage aux deux grands auteurs de ce genre, à savoir Boileau et Narcejac.

Du passé faisons table rase de Malik Agagna

Editeur : Lajouanie

Avec un titre pareil, (hommage à Thierry Jonquet ?) je ne pouvais décemment pas le laisser longtemps traîner sur les étagères. D’autant plus que c’est le premier polar de cet auteur et vous savez mon intérêt pour les premiers romans. Ne ratez pas celui-ci dont je souhaite qu’il soit le premier d’une série.

Jérôme Bertin rentre chez, comme tous les jours, après sa journée à l’usine. Il gare sa voiture devant son garage et la contourne pour rentrer chez lui. Dans l’entrée, il entend la téléphone : c’est son voisin Albert Daroussin qui lui demande un coup de main pour l’aider à descendre sa femme Angélique de l’étage pour l’amener à l’hôpital. En effet, Angélique fait de nombreux allers-retours entre sa maison et l’hôpital depuis sa grave maladie. Il annonce qu’il sort à sa femme Hélène et se dirige vers la maison de son voisin quand on lui tire sauvagement une balle dans la poitrine.

Le commissaire Magnard finit sa réunion de synthèse. Il demande des nouvelles du braquage du Hilton de Strasbourg. Marie Sevran, commandante à la police criminelle, fait semblant d’écouter, ne pensant qu’à la cigarette qu’elle rêve de fumer. Il faut dire qu’elle n’a pas réussi à récolter le moindre indice, malgré l’aide de ses collègues Arsène Chevallier et Rachid Hamidi.

Un peu plus tard, Marie est envoyée sur la scène du meurtre. C’est très étonnant d’avoir à faire à un assassinat dans le quartier résidentiel de la Meinau. Jérôme Bertin est mort de sa blessure. Sa femme ne s’est pas inquiété jusqu’à ce qu’elle sorte et le trouve abattu dans le jardin. En interrogeant les voisins, il s’avère qu’ils n’ont pas appelé Jérôme. Apparemment, on lui a tendu un guet-apens. Mais pourquoi abattre un honnête homme qui rentre du boulot ? L’enquête va s’avérer d’autant plus complexe que Marie va devoir se coltiner une jeune stagiaire, Jennifer Kozorsky.

Il faudra fouiller bien loin dans le passé pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire. Tout va se dérouler de façon totalement logique. En cela, le roman est impitoyablement construit, avec des personnages forts, bien marqués. Cela est d’autant plus nécessaire qu’ils vont enquêter chacun de leur coté et qu’il ne faut pas perdre le lecteur en route. C’est ici un modèle du genre.

Avec peu d’indices, c’est une recherche d’assassinats de personnages par une balle de 9mm et n’ayant rien à se reprocher qui va leur donner une première piste à suivre, ainsi qu’une conversation téléphonique de Bertin avec le frère d’Hélène qui habite en Lituanie. A partir de là, l’auteur peut dérouler la pelote de laine et quand c’est bien fait, le lecteur y prend un énorme plaisir. C’est le cas ici. D’ailleurs, c’est bien cette maîtrise de l’intrigue qui impressionne pour un premier roman et le sujet dont on a finalement peu parlé à savoir ce qui s’est passé avant et après la chute du communisme.

Le style de narration est simple, préférant mettre l’accent sur les personnages et le sujet. Sur les personnages, Marie est évidemment au centre de la scène, jeune femme abandonnée par son mari depuis quelques mois alors qu’ils vivaient ensemble depuis 18 ans. Pour autant, ce n’est pas le genre à se noyer dans le travail, mais elle est remarquablement tenace. Arsène et Rachid ne font pas les faire-valoir, mais on en sait suffisamment pour les suivre et pas assez pour imaginer une suite. Et je ne souhaite qu’une chose, retrouver ces enquêteurs dans une prochaine affaire pour approfondir leur psychologie.

Ne ratez pas l’avis de mon ami Jean le Belge

Deux polars chez deux petits éditeurs

Je vous propose deux polars édités par de petits éditeurs qui sont des lectures divertissantes, avec tous les codes nécessaires pour attirer l’œil du lecteur à la recherche de polars classiques. Pour ce faire, je vous recopie les quatrièmes de couverture avec mon avis en suivant.

Punk Friction de Jess Kaan

Editeur : Lajouanie

Quatrième de couverture :

Auchel, nord de la France. Le corps d’un jeune marginal brûle au petit matin dans le cimetière municipal. Acte gratuit, vengeance, meurtre ? La police ne sait quelle hypothèse privilégier, d’autant qu’on découvre très vite un nouveau cadavre, celui d’une étudiante, sauvagement assassinée.

La population aimerait croire que le coupable se cache parmi la bande de punks squattant dans les environs…

Le capitaine Demeyer, quadragénaire revenu de tout, et le lieutenant Lisziak, frais émoulu de l’école de police, du SRPJ de Lille sont chargés de cette enquête qui s’annonce particulièrement sordide. Une jeune lieutenant, en poste dans la cité, ne veut pas lâcher l’affaire et s’impose à ce duo pour le moins hétéroclite.

Mon avis :

D’un corps calciné retrouvé dans un cimetière, Jess Kaan nous convie à un polar somme toute assez classique où les personnages vont s’engluer dans une intrigue au dénouement bien retors. D’un coté on a le conflit générationnel Ancien / Jeune avec le couple de la PJ de Lille, de l’autre on a le conflit entre la PJ et la police municipale.

Le fait de situer l’intrigue dans un petit village du Nord de la France permet de montrer les relations entre la police et la politique. Cela permet aussi de mettre en valeur les gens de cette ville et leur vie de tous les jours, ravagée par le chômage. Dès lors, ils se retournent contre ceux qui ne vivent pas comme eux, en l’occurrence des punks.

Jess Kaan arrive à montrer des services de police en prise avec une affaire étrange, sans aucune piste, et comment ils arrivent à s’en sortir. Si l’intrigue est fort bien menée, et est l’atout majeur de ce livre, le contexte pesant en est aussi un point à souligner. En suivant scrupuleusement les codes du polar, ce roman s’avère assez classique et permet de passer un bon moment de lecture.

La cité de l’ange noir de Harlan Wolff

Editeur : Gope Editions

Traducteur : Marie Armelle Terrien-Biotteau

Quatrième de couverture :

À Bangkok, un tueur en série enlève des jeunes filles et se livre à un abominable rituel sadique. Les autorités n’ont aucun indice.

Carl Engel est une énigme, même pour ses proches. Pendant trente ans, ce Londonien au caractère entier a réussi à se forger une carrière de détective privé malgré les soubresauts de la vie politique thaïlandaise. Luttant contre le vieillissement, l’alcoolisme et une charge de travail décroissante, il est contacté par un Américain âgé qui, moyennant un cachet exceptionnellement élevé, le charge de retrouver son frère disparu.

L’enquête nous fait descendre dans le monde sordide du tueur en série et dans les bas-fonds de Bangkok, avec un petit détour par les tables de jeux de Macao, sur fond de luttes de pouvoir remontant à la guerre du Vietnam.

Assisté d’amis fidèles (ex-CIA, journaliste, chauffeur de taxi, colonel et quelques figures du monde interlope des bars de nuit), Carl aura pour seule priorité de rester en vie et de débusquer le tueur.

Mon avis :

Prenez un détective privé qui exerce à Bangkok depuis une trentaine d’années. Même si ce métier n’est pas bien vu en Thaïlande, il arrive à s’en sortir. Il connait tout le monde, parle la langue, et décroche de petites affaires, comme celle de retrouver le frère de Frank Inman, qui pourrait être accusé à tort des meurtres de jeunes filles qui défraient la chronique. Avec son esprit efficace et le désespoir collé à la peau, il va faire jouer ses contacts.

Si le personnage et l’intrigue peuvent paraitre classiques, la première partie est surtout l’occasion pour le lecteur de rencontrer des personnages variés ainsi que beaucoup de quartiers de Bangkok. En cela, l’auteur nous offre une visite pour pas cher, et montre son attrait pour cette ville et son mode de vie. Puis, dans la deuxième moitié, le jeu du chat et de la souris s’inverse puisque Carl va être poursuivi et le stress va s’installer.

Pour un premier roman, c’est plutôt convaincant, même si l’auteur n’a pas voulu en rajouter et a écrit son roman avec beaucoup de retenue. Et rien que pour la visite des quartiers de Bangkok, des palais aux rizières, des palaces aux ruelles sombres, ce roman vaut le détour.

Dieu pardonne, lui pas ! de Stanislas Petrosky

Editeur : Lajouanie

Je m’appelle Requiem et je t’…Ce n’est pas moi qui le dit, mais le titre du premier roman mettant en scène ce prêtre exorciste si particulier. Deuxième épisode donc, que j’attendais avec impatience. S’il se situe dans la continuité du premier, cette deuxième aventure répond à toutes les attentes. Un conseil : Accrochez vous !

Un petit rappel pour ceux qui débarquent et qui n’auraient pas lu le premier épisode. Requiem s’appelle en réalité Esteban Lehydeux. Il est prêtre exorciste et débarrasse la société de rebuts et de démons, ou du moins de gens néfastes considérés comme tel. S’il utilise des méthodes que la morale réprouve, il a un grand respect pour le Patron (entendez Dieu) et son fils.

C’est en lisant le journal que l’œil d’Esteban Lehydeux frétille ce matin là. Il faut dire qu’il n’a pas d’exorcisme à réaliser tous les matins. Un employé de la société Ody-Art a été assassiné et un certain Jules Durand est sur le banc des suspects, voire des accusés. L’homonymie avec une affaire qui a secoué le port du Havre en 1910 décide le redresseur de torts divin à prendre la route pour en savoir plus.

Esteban a des facilités à prendre contact avec les gens, surtout s’ils sont de sexe féminin et ouverts à la discussion, voire à autre chose. Après une tasse de thé, agrémentée d’une séance de sport horizontal, la journaliste lui fait l’historique des morts et disparitions étranges pour une si petite société. Esteban ne va pas trouver mieux que de se faire embaucher chez Ody-art pour savoir de quoi il retourne.

Ils ne sont pas nombreux, les auteurs contemporains capables de me faire rire plus d’une fois par page. De tête, je citerai Nadine Monfils, Samuel Sutra ou Ben Orton. Stanislas Petrosky réussit ce tour de force, avec ce personnage de redresseur de torts (comme dans les meilleures séries B d’antan) mais en actualisant le sujet avec les maux de notre société. Pour ceux qui ont lu le premier tome, jetez vous sur celui là qui est aussi bien (j’ai vraiment du mal à choisir lequel est le meilleur) que le précédent.

Pour les autres, ceux qui ont la tête ailleurs, ou qui auraient oublié, sachez que Requiem, c’est politiquement incorrect, mais ce n’est jamais méchant. Le style est direct et prend à parti le lecteur, et il y a toujours un mot, une phrase ou une situation pour dessiner un sourire sur les lèvres ou même vous faire éclater de rire. Attention, ce livre est dangereux : il pourrait vous faire croire que ce qui y est écrit est vrai ! Eh bien, non ! C’est du divertissement, mais du divertissement haut de gamme, de ceux qui dérangent, qui piquent là où ça fait mal !

Dans cet épisode, Requiem va avoir affaire avec une bande de nazillons faisant commerce d’objets nauséabonds rappelant une certaine époque noire où l’on chérissait les chemises brunes. Et pour faire le ménage, il faut un Requiem en pleine forme et prêt à utiliser toutes les armes qu’il a à sa disposition (même celle dont il dispose sous la ceinture). L’intrigue ne laisse guère de temps pour respirer et surtout, tous les personnages sont suffisamment bien dessinés pour qu’on les suive sans problème et qu’on ait envie de tourner la dernière page. J’y ai pris un tel plaisir que j’attends déjà le prochain avec impatience. D’ailleurs, les éditions Lajouanie pourraient lancer un concours sur le meilleur titre, parce qu’à mon avis, il y a de quoi faire ! Conseil d’ami ! En attendant, courez acheter Dieu pardonne, lui pas ! car c’est du rire garanti !

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Retours amers de Fabrice Pichon

Editeur : Editions Lajouanie

Cela fait bien longtemps que je suis les publications de Fabrice Pichon, depuis ses tous premiers polars sortis aux éditions du Citron Bleu. C’est pour cela que j’attendais avec impatience le roman qui verrait le retour de la commissaire Marianne Bracq.

Besançon. Le tueur suit sa victime de puis longtemps, notant ses habitudes du matin au soir, ses connaissances, ses horaires, ses occupations du week-end. Cette fois-ci est la bonne, il va pouvoir passer à l’action. Il suit la future victime, qui part faire un footing tôt ce matin là. En haut de la côte, sur les bords du Doubs, il l’accoste puis le poignarde. Puis, il le balance par-dessus le parapet pour finir sa funeste œuvre. Quand la police débarque quelques heures plus tard, elle découvre le massacre : l’homme a été tué, ses parties génitales ont été découpées et ses mains sectionnées. Vraisemblablement, celui ou celle qui a fait cela n’est pas une personne de la profession, mais la méthodologie laisse à penser à une vengeance.

Concarneau. La commissaire Marianne Bracq s’est mise en disponibilité suite à une précédente affaire, mettant en jeu des enfants enlevés. En fait, elle cherche son frère qu’elle n’a jamais connu. Elle a rendez-vous avec le capitaine Atzori, originaire du sud de la France, et qui a enquêté sur une secte qui a enlevé des enfants.

Rencontrée dans Le complexe du prisme, quel bonheur ce fut de revoir enfin la commissaire Marianne Bracq dans une enquête à part entière ! Enfin, pas totalement, puisque l’on va avoir droit à deux enquêtes se déroulant en parallèle à deux endroits différents. Marianne Bracq n’a pas changé : elle est toujours aussi déçue par sa vie privée, et toujours aussi impliquée dans ses enquêtes. Il faut dire qu’elle est à la recherche de ses origines et de son frère en particulier. Du coté de Besançon, les équipes ont bien changé autour de Laurençon. On y dénombre les habituels mais aussi quelques petits nouveaux telle la lieutenante Delzongle (petit trait d’humour, que l’on trouvera aussi du coté de Concarneau avec le gendarme Fauth).

Le déroulement de l’enquête s’il est un peu long, bénéficie de l’alternance entre les deux lieux où se passent les événements. Et c’est à partir d’un rebondissement touchant particulièrement Marianne Bracq que je me suis réellement plongé dans le roman (et ne comptez pas sur moi pour vous dire de quoi il retourne !). A partir de ce moment là, il me fut impossible de lacher le roman jusqu’à la fin, tellement émouvante et dramatique.

Si je devais donner un titre à ce billet, je l’appellerais Le retour de la revanche. On retrouve cette minutie dans le déroulement de l’intrigue, des personnages TOUS vivants, bien dessinés, vivants (et je dis bien tous !), et un art du dialogue qui en dit juste assez. C’est du roman policier costaud, qui me donne l’impression de lire un roman qu’un auteur qui a un grand savoir faire, ce qui est la cas. D’ailleurs, il a même repris au chapitre 22 un parallèle entre les deux histoires que j’avais tant aimé dans Le complexe du prisme.

Je vais juste rajouter un petit mot : La vengeance est un thème connu, la façon de le traiter ne sera jamais unique. Fabrice Pichon a déjà traité ce thème par le passé, et il le fait ici différemment. Cela me donne à penser que c’est un thème classique mais efficace pour accrocher le lecteur. Il n’empêche qu’ici, le (ou la ou les) coupable s’avère (nt) bigrement touchants et cette histoire extrêmement émouvante, de celles qui touchent directement au cœur.

Les précédentes enquêtes du commissariat de Besançon sont :

Vengeance sans visage

Le complexe du prisme

Le mémorial des anges

A quand la réédition  en format poche ?

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