Editeur : Quidam éditeur
Traductrice : Marianne Million
Ce roman est vraiment la bonne surprise de ce mois de mai. En plus d’être mon premier roman uruguayen, il nous présente un personnage féminin auquel on croit d’emblée et que l’on adore suivre. Si l’on ajoute un scénario malin et original, ne cherchez plus, c’est le roman qu’il vous faut.
Ursula Lopez souffre d’un surpoids qui lui occasionne quelques désagréments, comme ce jour-là quand elle veut essayer une robe résolument trop petite. Quand on dépasse quarante ans, on ne se regarde plus dans une glace ; de toutes façons, on n’y verrait que pouic avec la myopie qui vous agresse. Et puis, comment peut-on résister à de bons chocolats, à de bonnes confiseries ? En sortant de la boutique, Ursula regarde le défilé de « belles » qui font la queue à la caisse. C’est décidé, elle va faire un régime.
Entre deux journées de travail à traduire des documents étrangers, Ursula s’inscrit à la Réunion des Obèses Anonymes. Elle imagine déjà des gros assis en cercle, se présentant succinctement avant de détailler leur attirance irrésistible pour des sucreries colorées, avant de subir les commentaires du groupe. Aurelio, Ada, Susanna, tous racontent leurs privations et le moment où ils ont craqué. Ursula les déteste. Quand elle rentre dans son immeuble, la lumière du hall ne s’allume pas. C’est la coupure de courant, ce qui signifie pour Ursula cinq étages à monter à pied. Un calvaire !
Pendant ce temps-là, Santiago Losada, un homme d’affaires, se rend à l’aéroport, quand il se fait arrêter par la police. Losada se fait chloroformer et atterrit dans le coffre de la fausse voiture de police. Les ravisseurs vont demander une rançon à sa femme, enfin, son ex-femme, puisqu’il est divorcé. Cette dernière a repris son nom de jeune fille, Ursula Lopez, homonyme de notre obèse favorite. Ursula pourrait bien profiter de cette situation.
Tout le roman repose sur Ursula, cette jeune femme obèse, qui va être la narratrice de cette histoire. A l’aide de beaucoup de petits détails, et de plusieurs remarques, nous allons entrer dans la psychologie de cette personne qui, à force de s’enfermer chez elle pour traduire ses documents va se renfermer en elle-même. Elle va se maudire de céder aux tentations de nourritures mauvaises pour sa santé et nous montrer une facette de ressentiment envers les autres.
Que ce soit sa famille ou son patron, elle voue une colère, voire une haine envers ce monde qui juge les autres sur leur physique. Les pérégrinations d’Ursula vont permettre à l’auteure de critiquer cette société dans certains passages hilarants de cynisme noir, tels ceux chez l’esthéticienne ou bien l’émission de télévision à laquelle elle participe en tant que spectatrice.
Mais au-delà de ce personnage, le scénario est bigrement intéressant, puisqu’il va nous prendre à rebours, nous surprenant par les rebondissements et les réactions d’Ursula face à une situation inédite. D’ailleurs, il est bien dommage que la quatrième de couverture nous en dise autant, tant j’aurais aimé plus de surprises. Mais c’est un petit défaut par rapport au plaisir que j’ai eu à arpenter ces pages avec Ursula.
Et la dernière bonne nouvelle réside dans le fait que c’est un premier roman et le premier tome d’une trilogie mettant en scène le personnage d’Ursula. Tout repose sur le personnage d’Ursula auquel on croit d’emblée et je peux vous dire que je signe de suite pour le deuxième tome. Ce roman s’avère être une excellente surprise.