Editeur : Christian Bourgois (Grand Format) ; 10/18 (Format Poche)
Traducteur : Brice Matthieussent
Préface inédite de François Busnel
Afin de fêter leurs 60 années d’existence, les chroniques Oldies de cette année seront consacrées aux 10/18.
L’auteur :
James Harrison, dit Jim Harrison, est un écrivain, poète et essayiste américain, né le 11 décembre 1937 à Grayling (Michigan) et mort le 26 mars 2016 à Patagonia (Arizona).
La mère de Jim Harrison est d’origine suédoise. Son père est agent agricole, spécialisé dans la conservation des sols. Lorsqu’il a trois ans, la famille emménage dans la ville de Reed City (Michigan). À l’âge de sept ans, son œil gauche est accidentellement crevé au cours d’un jeu.
À 16 ans, il décide de devenir écrivain « de par mes convictions romantiques et le profond ennui ressenti face au mode de vie bourgeois et middle class ». Il quitte le Michigan pour vivre la grande aventure à Boston et à New York.
En 1960, à l’âge de 23 ans, il épouse Linda King. Ils ont deux filles, Jamie et Anna. Il obtient cette même année une licence de lettres. En 1962, son père et sa sœur Judith meurent dans un accident de circulation, percutés par la voiture d’un chauffard ivre. Il fait ses études à l’université d’État du Michigan où il obtient une licence (1960) et un master (1964) en littérature comparée. En 1965, il est engagé comme assistant d’anglais à l’université d’État de New York de Stony Brook mais renonce rapidement à une carrière universitaire. Pour élever ses filles, il rédige des articles de journaux, des scénarios, en même temps que sont publiés ses premiers romans et ses recueils de poèmes.
Ses premières influences sont Arthur Rimbaud, Richard Wright et Walt Whitman. Il étudie ensuite une multitude de poètes anglophones dont WB Yeats, Dylan Thomas, Robert Bly et Robert Duncan. Il citera également plus tard un ensemble diversifié d’influences, issues de la poésie mondiale, notamment : la poésie symboliste française ; les poètes russes Georgy Ivanov et Vladimir Mayakovsky ; le poète allemand Rainier Maria Rilke ; et la poésie chinoise de la dynastie Tang. Il est un grand admirateur du poète français René Char.
En 1967, la famille retourne dans le Michigan pour s’installer dans une ferme sur les rives du Lake Leelanau (en). Thomas McGuane, qui travaille à l’écriture de scénarios pour Hollywood, lui présente Jack Nicholson, qui devient son ami et lui prête l’argent nécessaire pour qu’il puisse nourrir sa famille tout en se consacrant à l’écriture. Il entretient une correspondance avec son ami Gérard Oberlé. Elle est publiée en partie dans Aventures d’un gourmand vagabond : le cuit et le cru (Raw and the Cooked : Adventures of a Roving Gourmand, 2001).
Une grande partie des écrits de Harrison se déroulent dans des régions peu peuplées d’Amérique du Nord et de l’Ouest (les Sand Hills du Nebraska, la péninsule du Michigan, les montagnes du Montana) et le long de la frontière Arizona-Mexique.
Il partage son temps entre le Michigan, le Montana, et l’Arizona, selon les saisons.
Traduit en français d’abord par Serge Lentz, Marie-Hélène Dumas, Pierre-François Gorse et Sara Oudin, puis par Brice Matthieussent, il est publié dans vingt-trois langues à travers le monde.
Jim Harrison meurt d’une crise cardiaque le 26 mars 2016, à l’âge de 78 ans, dans sa maison de Patagonia, Arizona.
Le 23 mars 2022 sort en salle le film-documentaire » Seule la terre est éternelle » réalisé par François Busnel et Adrien Soland. L’émission » L’instant M » diffusée sur France Inter le même jour y est consacrée avec pour invité l’animateur de » La grande librairie « .
Jim Harrison, surnommé » le cyclope » est décrit comme » un homme à bout de souffle, fumant cigarette sur cigarette « . S’il est évoqué le drame de la disparition accidentelle de son père et de sa sœur, ce film testament s’ouvre surtout sur les paysages américains et le rapport de l’écrivain avec la nature : » L’écriture et la pêche à la truite vont bien ensemble » dit-il.
A l’issue du tournage qui a duré trois semaines durant l’été 2015, un rendez-vous est fixé au printemps 2016 pour tourner des plans complémentaires. Le 26 mars 2016, Jim Harrison tournera la dernière page de sa vie.
(Source Wikipedia)
Quatrième de couverture :
Portrait somptueux d’une femme incarnant à elle seule l’histoire, tragique et sublime, du Paradis perdu de l’Amérique, Dalva, dès sa parution en 1989, était voué à devenir un classique instantané : un livre culte qui allait inspirer toute une génération d’écrivains à porter un nouveau regard sur l’âme de leur pays, et toute une génération de lecteurs à s’aventurer dans les grands espaces du roman américain.
À travers la destinée de cette femme éminemment libre, indomptable et sensuelle, c’est en effet l’épopée de l’Amérique tout entière, ses mythes fondateurs, la majesté de ses paysages sauvages, mais aussi la part d’ombre de ses origines, qui est ressuscitée sous nos yeux.
Roman d’amours et d’aventures, saga familiale, ode à l’espoir envers et contre toutes les violences de l’Histoire – depuis le génocide de la nation indienne jusqu’aux ravages d’une modernité cynique et cupide en passant par le traumatisme du Vietnam –, Dalva, à l’image de son inoubliable héroïne, est un livre pour l’éternité.
Mon avis :
Quand on lit beaucoup de polars, comme moi, la tentation est grande de plonger dans la littérature dite blanche. Je pense toujours que les classifications ne servent à rien et celui-ci pourrait bien être considéré comme un roman noir. Car l’histoire de cette mère de 45 ans à la recherche de son fils qu’elle a eu 29 ans auparavant est aussi originale qu’il aborde des thèmes essentiels liés à l’Histoire Américaine.
Jim Harrison a voulu son héroïne forte, libre, et confrontée à la vie qui passe en ayant l’impression de rater ce qui est essentiel. Elle occupe d’ailleurs, en tant que narratrice de deux des parties du roman qui en comporte trois, toute la place et nous parle d’elle, de son mal-être, de son parti de vivre sa vie comme elle l’entend, et peu importe ce qu’en pensent les autres. Alors, elle part de chez elle, elle boit, prend de la drogue parfois, change d’amant souvent, ne s’attache à rien ni personne mais ressent un manque, ces manques, ceux de son premier amour et celui de son fils qu’elle a du abandonner.
Jim Harrison a construit autour de Dalva l’histoire de sa famille, L’un de ses derniers amants en date, Michael, le narrateur de la deuxième partie, veut que Dalva se penche sur l’histoire de sa famille, celle de son arrière grand-père, pasteur ayant voulu sauver des indiens lors de ce génocide du 19ème siècle, son grand-père mort pendant la grande guerre, son père mort en Corée. Autant de drames que l’auteur revisite, sans nous fournir de « scoops » mais en creusant un sillon émotionnel déjà béant.
De ce constat, de Michael qui tire Dalva de son mal-être, de Dalva femme libre, de Northridge en sauveur d’une cause perdue, Jim Harrison nous dessine une magnifique fresque sur l’Histoire Américaine, mais aussi nous pose la question sur la bestialité humaine, capable de détruire son semblable et de ruiner la nature autour de lui. Avec sa plume évocatrice et par moments poétique, Jim Harrison a écrit avec Dalva un roman intemporel, grandiose, inoubliable.