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Le Botaniste de Jean-Luc Bizien

Editeur : Fayard

Pour ceux qui ne le savent pas, je ne suis pas un grand fan de Thriller, ou du moins des polars estampillés de la sorte. Pour autant, j’en lis environ un par mois, à la recherche non de la perle rare mais de pur divertissement. Depuis le début de l’année, les quatre que j’ai choisis m’ont profondément déçu. Heureusement, le dernier roman de Jean-Luc Bizien vient relever un niveau franchement très moyen.

Dans la forêt amazonienne, William Icard, un scientifique botaniste, doit récupérer quelques échantillons, avant d’évacuer la zone où il habite. Sa famille, composée de sa femme et de ses trois enfants sont menacés par des groupuscules armés chargés de mener à bien la déforestation de cette zone. Alerté par de fortes explosions, il arrive trop tard et assiste à l’incendie de leur maison. Il peut tout juste récupérer les corps brûlés de ses deux jumeaux avant de se coucher de désespoir auprès d’eux.

Dix années ont passé. Dans un hôtel new-yorkais, sont logés les jurés d’un procès retentissant opposant une Greenpeace à l’entreprise d’exploitation forestière McKenzie-Huang. Toutes les chaînes de télévision ont accrédité leurs journalistes, et le FBI est sur les dents par peur d’un débordement lié aux manifestations qui ont lieu à l’extérieur. Au même moment, Joan Peabody assiste à une conférence sur la climat en tant qu’entomologiste de renom. Elle est accompagnée par sa fille Florence, qui espère faire du shopping avec sa mère après les conférences.

Quand les avocats annoncent officiellement que le procès va être reporté pour cause de corruption des jurés, on apprend que quatre d’entre ont disparu. Ils auraient été enlevés et Florence semble aussi manquer à l’appel. Aurait-elle été enlevée par erreur ? Le lendemain, les principaux canaux de télévision sont piratés. Le monde entier assiste à une retransmission en direct des jurés, retenus dans une cabane en pleine forêt amazonienne. La voix off indique qu’elle veut alerter sur la nécessité de la sauvegarde des forêts primaires. Le PDG M. McKenzie-Huang, le FBI, et la CIA vont partir à la chasse de ce personnage qui se fait nommer Le Botaniste.

Prenant comme base un documentaire « Poumon vert et tapis rouge », sorti en 2021, scénarisé par Luc Marescot et réalisé par Guillaume Maidatchevsky, Jean-Luc Bizien, dont la savoir-faire n’est pas à démontrer se saisit d’un sujet « brûlant » pour bâtir une intrigue dont la forme respecte à la lettre les codes du thriller et nous alerter sur le problème majeur auquel est confronté notre monde.

Nous avons donc droit à plusieurs points de vue, passant d’un personnage à l’autre, tous facilement croqués car suffisamment décrits. Les chapitres courts donnent un bon rythme à la lecture, et les événements, nombreux, font que ce livre est difficile à lâcher. Dans la forme, nous avons droit à un thriller prenant, nous offrant une tension croissante jusqu’à un final explosif, c’est le moins qu’on puisse dire.

Ce roman s’avère aussi particulièrement instructif sur le rôle des forêts primaires, soit par l’intermédiaire des dialogues soit par des extraits d’analyse réalisées (en théorie) par William Icard ; mais je soupçonne que cela soit extrait des études de l’entomologiste français Francis Hallé. Quoiqu’il en soit, on se rend compte que la nature a beaucoup à nous apprendre, a beaucoup à nous offrir pourvu que nous la respections.

Entendons-nous bien, je ne suis pas un extrémiste écologiste, mais juste dégoûté devant le gâchis auquel je suis confronté tous les jours. La réflexion qui me taraude est plus générale. Devant de tels sujets primordiaux mais lointains, devant la difficulté de se faire entendre, faut-il forcément en passer par la violence pour faire bouger les dirigeants de tous pays ? Je vous laisse quatre heures pour y répondre.

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