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Harry Bosch 7 : L’oiseau des ténèbres de Michael Connelly

Editeur : Seuil (Grand Format) ; Points (Format Poche)

Traducteur : Robert Pépin

Après Les Égouts de Los Angeles, La Glace noire, La Blonde en béton, Le Dernier Coyote, Le Cadavre dans la Rolls, et L’Envol des anges, L’oiseau des ténèbres est la septième enquête de Harry Bosch, un rendez-vous raté pour moi.

L’inspecteur Harry Bosch est l’une des pièces maîtresses du procès de David Storey, le célèbre producteur de films à Hollywood. Ce dernier a invité une jeune actrice lors de la première de son dernier film et il a fini la nuit avec elle. Le lendemain matin, le corps de la jeune femme a été retrouvé dans son lit, victime de strangulation dans une posture de masturbation. Est-elle morte d’asphyxie auto-érotique ou l’a-t-on aidée ?

Depuis son opération du cœur, narrée dans Créances de sang, Terry McCaleb profite de sa retraite avec Graciela, son fils adoptif Raymond et la petite Cielo, âgée de quatre mois. Terry alterne donc entre son bateau et la maison de Graciela. L’équilibre de leur couple est mis à mal quand Jaye Winston du LAPD vient lui demander de l’aide pour son enquête, Terry ayant été profileur pour le FBI.

Edward Gunn a été retrouvé dans son appartement, les mains ligotées dans le dos, un nœud coulant relié à ses pieds. Terry McCaleb accepte de jeter un œil au dossier. Il remarque que la tête de Gunn a été recouverte d’un seau, que son bâillon comportait une inscription latine «Cave Cave Dus videt», qui veut dire «Prends garde, prends garde, Dieu voit» et qu’une figurine en forme de chouette était positionnée sur l’armoire, comme si elle observait la scène, autant de messages à exploiter en provenance du tueur.

Je pensais lire une enquête de Harry Bosch, et je me suis retrouvé avec deux affaires menées en parallèle, l’enquête de Terry McCaleb d’un côté et le procès dans lequel Harry Bosch est impliqué de l’autre. Du coup, je n’ai pas réussi à entrer véritablement dans ce roman et cette lecture me laisse un gout amer. Certes, un auteur ne peut pas être « au top » tout le temps, mais cette intrigue m’a donné l’impression que l’auteur faisait passer son envie de réunir plusieurs de ses personnages récurrents avant de construire une intrigue solide.

En fait, j’ai bien retrouvé la rigueur dans les descriptions, aussi bien dans les démarches que dans l’enquête elle-même ; j’ai bien retrouvé des dialogues bien faits dans le procès, même si cela m’a semblé un peu long et démonstratif. Mais voilà, Terry McCaleb finit par prendre toute la place, sa façon d’enquêter ressemble à un jeu de piste où il avance indice par indice.

Enfin, certaines pistes tombent du ciel, même si Michael Connelly nous passionne quand il parle du peintre Hyeronimus Bosch. Les liens entre l’enquête de McCaleb et le procès de Bosch sont des plus ténus. Et on referme le livre en ayant l’impression d’avoir lu un bon polar, mais à propos duquel on en attendait bien plus et bien mieux. Un coup d’épée dans l’eau dans éclaboussure. Pas grave, je me rattraperai avec Wonderland Avenue.

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Harry Bosch 6 : L’envol des anges de Michael Connelly

Editeur : Points

Traducteur : Jean Esch

Après Les égouts de Los Angeles, La glace noire, La Blonde en béton, Le dernier coyote, et Le cadavre dans la Rolls, voici la sixième enquête de Hieronymus Bosch, dit Harry, qui va nous évoquer les émeutes de Los Angeles et les problèmes de racisme dans la police.

C’est un appel du chef adjoint Irvin Irving qui surprend Harry Bosch alors qu’il se réveille avec l’espoir de voir sa femme Eleanor Wish. Il est convoqué au funiculaire Angel’s flight (d’où le titre francisé du roman) pour un double meurtre, qui ne se situe pas dans sa zone d’intervention. Il est soulagé au moins de ne pas voir reçu de mauvaises nouvelles concernant sa femme. Il demande immédiatement à son équipe Kizmin Rider et Jerry Edgar de le rejoindre sur place.

Sur place, toutes les équipes de police sont déjà présentes. Irving présente la situation à Bosch : les deux victimes sont Catalina Parez, une femme de ménage et Howard Elias le célèbre avocat qui s’est spécialisé dans les procès opposant les afro-américains à la police de Los Angeles. Pour éviter de mettre de l’huile sur le feu, Irving veut que Bosch se charge de cette enquête, étant d’un autre district, ce qui permettra de montrer à l’opinion publique une forme d’impartialité dans l’enquête.

En effet, depuis l’affaire Rodney King, de nombreuses émeutes ont vu le jour dès qu’une affaire louche concernant la police apparait. En étudiant la scène de crime, Bosch s’aperçoit que la balle mortelle qui a atteint Howard Elias a traversé sa main avant de se loger dans sa tête ; l’œuvre d’un excellent tireur. Mais que venait faire cet avocat dans ce funiculaire si loin de son bureau, si tard, alors qu’il était attendu pour l’affaire du Black Warrior ?

Avec ce roman, Michael Connelly trouve son rythme de croisière, et étale son talent pour mettre en place une intrigue qui part d’une scène de meurtre, nous dévoile les dessous de l’affaire, nous fait suivre beaucoup de pistes avant de nous surprendre à la fin par un dénouement surprenant bien qu’il s’avère totalement logique. Nous avons donc à faire à un polar haut de gamme.

Toutes les qualités du roman policier se retrouvent dans ce roman, des chapitres plus courts que dans les tomes précédents, une précision dans le déroulement et les méthodes policières utilisées, une psychologie de tous les personnages impeccable, et un équilibre entre l’enquête et la vie privée de Bosch parfait. Avec tous ses rebondissements et ses différentes pistes, ce roman est un pur plaisir de lecture.

Michael Connelly colle aussi à une actualité brûlante qui est toujours d’actualité aujourd’hui. Il montre comment la police suit une justice à deux vitesse en fonction de la couleur de la peau, comment ils peuvent arranger les preuves pour accuser des innocents, comment les différents services se font une guerre interne, combien sont importantes les conférences de presse où on s’arrange avec la vérité, tout cela pour éviter un embrasement d’un contexte social déjà chaud. Angel’s flight est un des romans majeurs du cycle Harry Bosch.

Harry Bosch 5 : Le cadavre dans la Rolls de Michael Connelly

Editeur : Seuil & Calmann-Levy (Grand Format) ; Points & Livre de Poche (Format Poche)

Traducteur : Jean Esch

Après Les égouts de Los Angeles, La glace noire, La Blonde en béton, et Le dernier coyote, voici la cinquième enquête de Hieronymus Bosch, dit Harry, qui va continuer à mettre en place les personnes entourant l’inspecteur.

Après dix-huit mois de dépression, Harry Bosch revient aux affaires et se retrouve propulsé Chef de groupe, au bureau des cambriolages de la police de Hollywood, Suite à la décision de la nouvelle lieutenante Grace Billets, Bosch aura sous ses ordres Jerry Edgar et Kizmin Rider. Bosch est appelé aux alentours du Dodger stadium où se déroule la finale de football américain.

Bosch est accueilli l’agent Powers qui est chargé de surveiller la voiture, à l’intérieur de laquelle on a retrouvé un corps. Le mort s’appelle Anthony Aliso et a été abattu de deux balles dans la tête, ce qui ressemble à une exécution de la mafia. Aliso est connu pour être un producteur de films de série Z. Powers tient à prévenir Bosch et son équipe qu’il a laissé ses empreintes dans la voiture en ouvrant le coffre.

Bosch ne tient pas à prévenir l’OCID, le département chargé de la lutte anti-mafia. Mais sur l’insistance de Jerry, il les appelle et leur communique la découverte du corps. Dom Carbone qui est de permanence lui assure que l’OCID n’est pas intéressé. Bosch fait donc rapatrier la voiture avec le corps dedans pour ne pas affoler la foule. Bizarrement, rien n’a été volé, et Aliso avait loué sa voiture à Las Vegas, où il gérait ses affaires de cinéma.

Avec cet épisode, qui commence comme une banale affaire de meurtre, on sent que Michael Connelly veut faire d’Harry Bosch un personnage récurrent et qu’il veut le faire durer longtemps. Il va ainsi introduire le personnage d’Eleanor Wish, une ancienne compagne de Bosch, ex-agent du FBI qui sort tout juste de prison. Nous avons droit donc à des retrouvailles, liées à cette enquête.

L’intrigue démontre que Michael Connelly a acquis un savoir-faire et qu’il déroule les pistes, vraies ou fausses, avec le naturel du grand auteur qu’il est. Il est toujours aussi précis dans sa description des processus policiers et nous montre ici les liens de la mafia dans l’industrie cinématographique pour blanchir leur argent sale. Il nous montre aussi la main mise de Chicago sur Las Vegas malgré les purges annoncées par les politiques.

Enfin, il n’épargne pas les différents services de police, les guerres internes entre la brigade criminelle, la lutte anti-mafia et la police des polices. Bosch aura fort à faire avec des attaques venant de toutes parts, pour résoudre cette affaire dans les toutes dernières pages et pour se défendre. Il est à noter aussi le personnage de Grace Billets, la nouvelle lieutenante que Bosch apprend à connaitre et qui se place d’emblée dans son camp. Et tout cela est raconté avec un naturel, un allant et une simplicité qui forcent l’admiration, pour donner un excellent polar.

Harry Bosch 4 : Le dernier coyote de Michael Connelly

Editeur : Seuil &Calmann Levy (Grand format) ; Points& Livre de poche (Format poche)

Traducteur : Jean Esch

Après Les égouts de Los Angeles, La glace noire et la Blonde en béton, voici donc la quatrième enquête de Hieronymus Bosch, dit Harry, qui va permettre de revenir sur le passé de Harry. C’est avec cet opus que la série atteint ses lettres de noblesse.

Harry Bosch a reçu trop de mauvaises nouvelles en même temps, ce qui a eu pour conséquence de lui faire perdre ses nerfs. D’un point de vue personnel, Sylvia sa compagne a décidé d’accepter un poste en Italie et donc de le quitter. Et suite à un tremblement de terre, sa maison, située sur les collines de Los Angeles, a été déclarée inhabitable. Il a donc décidé de continuer à y vive en toute clandestinité.

Lors de l’interrogatoire d’un suspect, le lieutenant Harvey Pounds, a fait capoter la stratégie de Bosch. Il s’en est suivi une altercation pendant laquelle Bosch a fait passer son chef à travers une vitre. Bosch se retrouve donc suspendu de ses fonctions avec une obligation de suivre des séances chez une psychologue, Carmen Hinijos, afin de mieux maitriser son agressivité.

Lors d’une de ses séances, la psychologue lui demande de lui expliquer ce qui s’est passé. Harry Bosch lui narre son « exploit » et sa philosophie : « Tout le monde compte ou personne ne compte ». Cela lui permet de revenir sur le meurtre non élucidé d’une prostituée, Marjorie Lowe, le 28 octobre 1961. Bosch va mettre à profit sa mise à pied pour enquêter en toute illégalité sur cette affaire et remonter le fil jusque dans les hautes sphères de la justice et de l’état.

Le roman s’ouvre sur un Harry Bosch fatigué, énervé, et désabusé par tous les désagréments qu’il a connus en même temps. Sûr de son bon droit, il voit d’un mauvais œil l’obligation de réaliser des séances chez sa psychologue. Le début va donc nous montrer un personnage qui tourne en rond, et l’apparition d’un coyote lui confirme qu’il devrait peut-être jeter l’éponge, jusqu’à ce qu’il se trouve une nouvelle motivation.

A partir de ce moment-là, on retrouve l’enquêteur pugnace, intuitif et entêté qui va petit à petit accumuler les indices jusqu’à la conclusion de cette affaire. Outre toutes les qualités de l’écriture de Michael Connelly, et en particulier cette faculté de nous faire vivre cette affaire comme si on faisait le chemin avec Harry Bosch à ses côtés, cette enquête se révèle plus personnelle que les autres. On sent la rage et l’obsession du résultat à chaque page.

On voit aussi un Harry Bosch à bout, quasiment suicidaire au moins pour sa carrière professionnelle, prêt à provoquer les politiques sur leur terrain alors qu’il ne possède que des intuitions ou de maigres pistes. On a surtout l’impression de lire une histoire qui est improvisée, qui se suit au fil de l’eau comme dans la vraie vie, sans jamais avoir l’impression que Michael Connelly sache où il veut nous emmener … alors que c’est tout le contraire.

Et c’est tout le contraire bien entendu, grâce à cette conclusion des dernières pages, qui nous confirme que Michael Connelly est un auteur incontournable, capable de nous faire suivre une piste avant de nous dévoiler la solution formidablement trouvée. Il nous dévoile les luttes de pouvoir, les compromissions, les chantages et les exactions que les hauts dignitaires sont prêts à faire pour atteindre le Graal du pouvoir. Le dernier coyote est le meilleur roman de la série (que je viens de commencer) pour moi pour le moment, un grand moment du polar.

Harry Bosch 3 : La blonde en béton de Michael Connelly

Editeur : Points

Traducteur : Jean Esch

Après Les égouts de Los Angeles et La glace noire, voici donc la troisième enquête de Hieronymus Bosch, dit Harry, qui va creuser un nouvel aspect de la justice américaine, tout en approfondissant le personnage de Harry. Un très bon opus.

Alors que la police est à la recherche du tueur en série qui sévit sur Los Angeles, Harry Bosch reçoit un appel lui indiquant qu’une prostituée vient de lui échapper. Il se rend chez Norman Church, suspecté d’être le Dollmaker, celui qui maquille ses victimes comme des poupées, guidé par le jeune femme et lui demande de rester dans la voiture. Voyant une ombre devant la fenêtre, il imagine que le tueur a peut-être déjà trouvé une autre victime.

Harry défonce la porte, s’annonce et aperçoit une ombre dans la chambre. Il lui demande de ne pas faire un geste, de mettre les mains sur la tête. Norman Church tend doucement sa main vers le coussin et cherche quelque chose dessous. Harry lui demande de s’arrêter, mais l’autre continue. Harry est obligé de faire feu. Quand il regarde sous le coussin, il trouve une perruque et dans l’armoire de la salle de bain, des produits cosmétiques, appartenant probablement à ses victimes.

Quatre ans ont passé depuis la mort du Dollmaker et Harry est poursuivi dans un procès en civil par la veuve de Norman Church. Il est accusé d’avoir joué au cow-boy, d’avoir tué un innocent. Pendant une pause, un coup de téléphone lui apprend qu’une lettre vient d’arriver au commissariat, un poème dans le style du Dollmaker, indiquant l’emplacement d’une de ses victimes. Harry va devoir mener une enquête en même temps que son procès.

Marchant dans les traces d’un John Grisham, Michael Connelly nous offre ici un pur roman judiciaire, accompagné en parallèle d’une enquête policière en temps limité. C’est l’occasion pour l’auteur de creuser plusieurs thèmes dont le principal est la façon de mener un procès. Comme d’habitude, tout y est d’une véracité impressionnante des stratégies des avocats aux dépositions en passant par les motivations pécuniaires des uns et des autres.

Los Angeles va aussi occuper une place prépondérante, nous faisant visiter l’autre facette du cinéma, à savoir le monde de la pornographie et la vie des actrices, qui arrondissent leur fin de mois en se prostituant. Puis, quand elles tombent dans la drogue, elles deviennent des épaves, cherchant le moindre client pour assouvir leur besoin avant de mourir abandonnées dans une ruelle sombre.

On va aussi voir toutes les différentes relations entre les défenseurs de la loi, la police, les spécialistes, les légistes et les journalistes. Tout ce petit monde œuvre pour l’argent, ou pour la gloire, celle par exemple, d’avoir un article en première page du journal, au dessus du pli ! j’ai particulièrement apprécié les descriptions des psychologies des tueurs en série, quand Harry va demander l’aide du professeur Locke.

Si le rythme se fait plutôt lent dans les trois quart du roman, suivant en cela le déroulement du procès, la tension monte petit à petit quand l’issue se fait sentir. Harry doit trouver le coupable, l’imitateur du Dollmaker, nommé le Disciple, et c’est bien un coup de chance qui l’aidera dans cette tâche. Une nouvelle fois, c’est un très bon roman policier, instructif, qui assoit Harry dans son rôle de personnage récurrent tout en nous montrant une nouvelle facette de cette ville maudite qu’est Los Angeles.

Harry Bosch 2 : La glace noire de Michael Connelly

Editeur : Seuil & Calmann Levy (Grand Format) / Points & Livre de Poche (Format Poche)

Traducteur : Jean Esch

Je poursuis ma (re) découverte des enquêtes de Harry Bosch avec cette deuxième enquête qui va nous faire découvrir une nouvelle facette de Los Angeles, en prise avec le trafic de drogue.

Lors de cette veille de Noël, Harry Bosch est seul dans son appartement et est de garde à la brigade de Hollywood. Il aperçoit de la fumée du coté de Cahuenga Pass, puis intercepte un message sur la fréquence du LAPD : un corps vient d’être découvert dans la chambre 7 du minable motel Hideaway. Il aurait du être prévenu en premier et la brigade criminelle a pris l’affaire en charge. Bosch décide de se rendre sur les lieux.

Le cadavre repose dans la chambre depuis plusieurs jours, dans la salle de bains. Calexico Moore, membre de la brigade des stupéfiants, selon les papiers retrouvés sur la table de nuit, s’est tiré une balle de fusil en pleine tête. Il y retrouve le chef adjoint Irvin Irving, qui ne tient pas à ce qu’il s’occupe de cette affaire, d’autant plus que Moore est soupçonné par les Affaires Internes pour corruption. On trouve un mot énigmatique expliquant le suicide : « J’ai découvert qui j’étais ».

Irvin Irving autorise Bosch à aller annoncer la mort de Moore à sa femme, dont il est séparé. Il se retrouve en compagnie de Sylvia, au charme indéniable. Mais elle ne lui apprend rien, à part le fait que Moore était originaire de Mexicali, de l’autre coté de la frontière. De toute évidence, Irving veut conclure cette affaire en démontrant que Moore était un flic pourri. Cela expliquerait pourquoi il n’a pas été prévenu.

De retour au bureau, le chef Pounds le convoque dans son bureau. Il lui rappelle que la fin de l’année approche, et que les statistiques de résolution des crimes ne sont pas bonnes, en dessous de 50%. Comme Lucius Porter, un des enquêteurs, s’est fait déclarer pâle, Pounds demande à Bosch de reprendre ses dossiers pour en résoudre quelques uns rapidement, avant la fin de l’année. Dans un de ces dossiers, il y a la découverte du corps d’un mexicain derrière un bar. En fouillant un peu, Bosch s’aperçoit que le corps a été découvert par Moore. Le suicide de Moore et la mort du mexicain sont peut-être liés dans une affaire de drogue, la Black Ice par exemple qui vient de débarquer et qui fait des ravages.

Rares sont les auteurs capables de vous plonger au cœur d’une intrigue et de ne plus vous lâcher jusqu’à la fin. Cette deuxième enquête est moins complexe que la première mais plus recentrée sur le problème de la drogue. On y retrouve tout le talent de l’auteur pour mener cette intrigue de façon passionnante et avec une logique formidable. Cela amènera même Bosch à faire la chasse aux trafiquants de drogue jusqu’au Mexique dans des scènes d’actions très prenantes. Connelly nous offrira même un ultime retournement de situation comme une cerise sur la gâteau.

Quant au personnage de Harry Bosch, on le retrouve plus solitaire que jamais, aussi bien dans sa vie privée qu’auprès de ses collègues. Seuls ceux qui sont irréprochables ont foi à ses yeux. Détestant l’incompétence et la corruption, il ne se fait pas d’amis. Et on le retrouve aussi de plus en plus miné par son passé, la mort de sa mère, sa jeunesse, et le fait qu’il soit le fils naturel du vieil avocat Haller, dont le fils Mickey Haller fera l’objet de romans par la suite.

La ville de Los Angeles partage la vedette avec Harry Bosch. Alors qu’il l’observe du haut de sa maison perchée sur les collines, Bosch (et donc Connelly) va nous faire visiter les quartiers pauvres, les rues parsemées de drogués, et les bars sombres et glauques où les informations circulent. En ce sens, la fin, qui se déroule au Mexique, ne m’a pas fait oublier ces rues paumées et la criminalité qui augmente à Los Angeles.

La précédente enquête et première de la série s’appelle Les égouts de Los Angeles et est chroniquée ici. 

Harry Bosch 1 : Les égouts de Los Angeles de Michael Connelly

Editeur : Seuil & Calmann Levy (Grand Format) / Points & Livre de Poche (Format Poche)

Traducteur : Jean Esch

Comme je l’avais annoncé lors de l’anniversaire du blog, après avoir lu les enquêtes de Charlie Parker de John Connolly, je me lance dans celles de Harry Bosch. C’est après avoir découvert la série Bosch que j’ai décidé de me jeter dans ce challenge. Il est à noter que la préface (présente dans l’édition du Livre de Poche), écrite par l’auteur lui-même est très intéressante : on y apprend ainsi que Michael Connelly a toujours voulu écrire des romans policiers et que Les égouts de Los Angeles est en fait le troisième livre qu’il a écrit.

Dimanche 20 mai. Un appel anonyme vient de signaler un corps dans un tuyau des égouts, au barrage de Mulholland. Harry Bosch et son équipier Jerry Edgar sont de garde et, comme ce dernier ne répond pas, il se rend à Hollywood Lake où se jettent les eaux des égouts. Tout le monde sur place pense à une overdose d’un toxico, d’autant plus qu’on en trouve ici avec encore la seringue dans le bras.

Quand Harry pénètre dans le tuyau, il ne trouve aucune trace, alors comment a-t-il pu arriver si loin dans le tuyau. De même, dans le noir, commenta-t-il peu s’injecter son héroïne ? Comme le corps ne sent rien, il séjourne là depuis cette nuit seulement. Il autorise qu’on sorte le corps et attend accoudé à la balustrade. Dans l’herbe environnante, il y trouve une bombe de peinture à moitié pleine.

Le légiste confirme que le corps a été placé dans la nuit, vraisemblablement vers 4 heures. Bizarrement, un de ses doigts est cassé, sans hématome. Il a donc été cassé post mortem. Tout l’attirail du drogué est présent dans le tunnel, mais il manque un couteau pour découper la canette de coca. Puis il remarque un tatouage, Non Gratum Anum Rodentum, la phrase des « rats de tunnel », les soldats envoyés au Vietnam. Cela rappelle de bien mauvais souvenirs à Harry Bosch. Il en faisait partie. Et Harry connait le mort, William Joseph Meadows : ils étaient ensemble en enfer.

Ce premier tome des enquêtes de Harry Bosch pose déjà une bonne partie des ingrédients de la série, sans toutefois donner trop d’indices. Il y aura donc de nombreux aspects à découvrir par la suite et on comprend que l’auteur a ouvert suffisamment de portes pour construire la suite de son œuvre.

Ce qui est frappant, dans ce roman, que je n’avais pas lu, c’est la logique de l’intrigue, qui avance doucement mais avec beaucoup d’application. Des mystères sont posés tout au long de l’enquête, comme des pièces de puzzle éparpillées et tout vient se mettre tranquillement en place à la toute fin du roman. C’est juste du grand art.

Michael Connelly présente son personnage central comme un rebelle, en butte avec sa hiérarchie mais aussi avec tous ceux qui la représente. Il n’est ni blanc ni noir, revenant d’une suspension et étant muté après avoir abattu un tueur en série à son réveil. N’étant pas amical, il se fait beaucoup d’ennemis de ses collègues aux Affaires Internes dirigées par le terrible Irvin Irving.

Mais c’est son passage au FBI et sa collaboration avec Eleanore Wish qui va présenter l’aspect le plus humain de ce roman. Lui si solitaire va nous découvrir une facette d’un personnage plein d’ambiguïtés, entre une volonté de solitude et un besoin d’être aimé. Même là, on se demande si ceci n’est juste une façon de faire avancer son enquête, car, taiseux, il garde des indices pour lui. Car ce qui compte pour Harry Bosch, c’est avant tout le résultat et la justice, quitte à franchir la ligne jaune.

C’est aussi un portrait édifiant de la ville de Los Angeles, où l’on rencontre des drogués, des prostitués masculins et féminins, mais aussi des femmes ayant pignon sur rue avec une activité de téléphone sexuel ou encore des pédophiles achetant des photos de jeunes gens en pleine rue. Sans en avoir l’air, et sans juger, Michael Connelly se pose en témoin de sa ville qui est en pleine décadence.

Après avoir lu ce roman, on a clairement envie d’y retourner, de retrouver ce personnage qui se trimbale avec son mal-être et qui se bat pour son idéal dans une société qui part en vrille. Cette enquête est pleine, complète, et on en ressort pleinement satisfait, car c’est difficile de trouver mieux en termes de premier roman d’un cycle. Mais on en ressort aussi avec un manque … comme si on était déjà victime d’addiction.