Archives du mot-clé H&O éditions

La stratégie de l’écureuil de Serge Brussolo

Editeur : H&O éditions

Ce roman était paru en 2017 en format uniquement numérique et en deux parties, sous le titre « Le manoir de l’écureuil ». Serge Brussolo a décidé, avec les éditions H&O de nous l’offrir en format papier, retravaillé avec une introduction nous présentant Mickie Katz.

Michelle Annabella « Mickie » Katz a connu une enfance difficile, entre un père mystérieux, disparaissant parfois pour des semaines, et une mère plus occupée par son travail d’illustratrice que par son statut de mère. Son père l’a éduquée à savoir se défendre dans les pires conditions imaginables dès son plus jeune âge. Puis, à la séparation de ses parents, elle a suivi sa mère aux Etats-Unis où elle a bénéficié d’un contrat juteux d’illustration de romans d’horreur.

A présent, elle est devenue décoratrice pour l’Agence 13. Son travail consiste à remettre en état des maisons où ont eu lieu des crimes sanglants. Sa nouvelle mission est de remettre en état le manoir de Savannah Warlock, une romancière de polars horrifiques aujourd’hui disparue, conformément aux directives de son testament. Si cela n’est pas fait, les éditions Screaming Black Cat dirigée par Benjamin Lovson perdront les droits sur les romans de cette auteure devenue culte.

Mickie va donc visiter ce véritable château situé en plein milieu du désert, aux abords d’un lac salé. Elle y découvre des pièces étranges, à l’image de leur propriétaire et une bibliothèque impressionnante. A l’extérieur, un campement s’est créé comprenant les fans de la star qui refusent de croire à sa mort, ainsi qu’un certain nombre de personnages qui sont tous à la recherche de quelque chose, mais quoi ? Et quel rapport tout ceci peut avoir à faire avec la couverture du dernier roman paru, réalisé par la mère de Mickie ?

En réalité, La stratégie de l’écureuil est le quatrième tome des aventures de Mickie, après Dortoir interdit, Ceux d’en bas, et Le chat aux yeux jaunes. Il est paru en deux parties en format numérique sous le titre du Manoir de l’écureuil et cette version a été remodelée par l’auteur pour en faire un roman à part entière. Ainsi, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents tomes pour s’imprégner de l’ambiance du roman.

L’auteur a ainsi prévu de nous présenter Mickie et sa jeunesse dans un long prologue où il détaille la personnalité de son père, de sa mère et les raisons pour laquelle elle a quitté ses parents de manière irrémédiable. Ce prologue, c’est du pur plaisir ! il est juste dommage que l’on retrouve dans la première partie (Les fils de la hyène) quelques redites qui ont dû échapper à l’auteur lors de la refonte du roman.

On retrouve ici tout le talent de Serge Brussolo, cet art de créer une ambiance non pas angoissante mais étrange, brumeuse et empreinte de mystères. Et connaissant l’auteur, on ne sait jamais à quoi s’attendre ; on se retrouve désappointé quand après nous avoir présenté le cadre et les environs du manoir, il nous livre une longue lettre de la mère de Mickie au milieu du livre qui épaissit encore le mystère.

Et au fur et à mesure de ma lecture, je n’ai pas arrêté de me demander ce qu’il se passait, qui était vivant, qui était mort, et le pourquoi de tous ces protagonistes … avant que tout ne devienne clair dans un dernier chapitre de haute volée. Je vous le dis, une nouvelle fois, par sa construction originale, cette intrigue est emberlificotée à souhait et procure un plaisir jouissif. Il est juste étonnant que ce roman m’ait occasionné des cauchemars pendant une nuit, alors qu’il ne comporte aucune scène d’horreur mais juste une ambiance oppressante … signe qu’il a réussi son objectif !

Un dernier mot : La stratégie de l’écureuil consiste à cacher de la nourriture en prévision de l’hiver puis d’oublier où elle est cachée.

Publicité

La maison de la pieuvre de Serge Brussolo

Editeur : H&O

De cet auteur protéiforme et prolifique que j’aurais découvert sur le tard, je me délecte de ces romans faciles à lire et toujours surprenants. Et ce dernier roman a de quoi vous surprendre. En moins de 250 pages, il nous fait passer par toutes les émotions.

Et cela commence dès le prologue, où nous nous retrouvons avec Norman en voiture. Il ramène son fils Johan à son père, l’histoire de quelques jours, le temps qu’il l’éloigne de sa femme néfaste, le temps de son divorce. Sauf que Grand’Pa Lester dirige une secte qui honnit toute modernité et lui a fait subir une éducation sévère voire violente. Quant à Grand’Ma, elle est faite du même bois. Mais Norman pense que pour quelques jours, Johan peut les supporter.

Logiquement, on s’attend à ce que Serge Brussolo revienne sur cette éducation « à la dure ». Eh bien non, nous revenons certes en arrière, mais au moment où Norman décide de fuir son père et sa mère à l’adolescence, à la suite d’une blessure qui menaçait de s’infecter mortellement. Il sera accompagné de Branton, un boxeur mal vu de la secte. Débarquant à L.A., ils ont survécu de petits boulots avant qu’il ne rencontre Wilma, une actrice manquée qu’il épousera. Wilma créant une société de films pornos, Norman n’a pas d’autre choix que d’envisager le divorce.

Et là encore, on s’attend à la bataille entre Norman et Wilma … Eh bien non ! je ne vais pas vous raconter la suite, mais on se retrouve ici avec un auteur qui joue avec nos nerfs, et qui choisit des itinéraires qui ne sont pas ceux que l’on attend. On est toujours surpris par la direction de l’intrigue et on assiste même à la fin à de beaux rebondissements même quand on croit la situation établie.

Serge Brussolo ne s’attarde pas sur les descriptions, ni sur les psychologies. Toutes les situations, tous les actes permet de décrire bien plus efficacement leur psychologie. Et en moins de 250 pages, on va visiter une sombre secte perdue au fond des bois et les bas-fonds du cinéma de Los Angeles, dans une style fluide et toujours agréable, ce qui en fait un divertissement fort agréable.

Orphelin X de Gregg Hurwitz

Editeur : H&O

Traducteur : Olivier Bosseau

Cela faisait un moment que j’entendais parler de cet auteur. En regardant de plus près sa bibliographie, je me suis rendu compte qu’il venait de la Bande Dessinée et qu’il était prolifique. Orphelin X, premier tome d’une série, est un pur roman d’action et il vaut mieux vous prévenir : Accrochez-vous !

Alors qu’il était hébergé dans un orphelinat, le jeune garçon a été adopté par Jack. Il a été élevé dans une maison loin des autres, apprenant tous les arts du combat, auprès de professeurs émérites. Il décide de prendre le nom de jeune fille de la femme de Jack, Evan Smoak. Puis, on lui a donné des missions à remplir, bien souvent l’élimination de gens jugés gênants pour le gouvernement des Etats-Unis. Devenu adulte, il a commencé à douter du bien fondé de ses missions et a disparu des radars. Depuis, avec l’argent qu’il a caché dans des comptes obscurs, il consacre sa vie à aider ceux qui en ont besoin. Sa vie s’articule maintenant autour de Dix Commandements, comme une loi de survie.

Revenant dans son appartement situé au dernier étage d’un immeuble de Los Angeles, Castle Heights, il range les deux silencieux qu’il vient de récupérer et se soigne d’une blessure occasionnée lors d’une rixe pour défendre une jeune fille. Puis il se sert une Vodka glacée, sa boisson favorite. Il se sent en sécurité dans cet appartement qu’il a érigé comme une forteresse, avec moultes caméras et issues de secours.

Alors qu’il rencontre ses voisins Mia, procureure de district et mère célibataire du petit Peter, il reçoit un coup de téléphone sur le numéro que peu de personnes connaissent. Une jeune femme, Morena Aguilar lui demande de l’aide pour se débarrasser d’un flic qui abuse d’elle et veut violer sa fille de 11 ans. Quelques jours plus tard, il descend le flic et se débarrasse du corps. Morena sait qu’elle doit fournir le numéro d’Evan à quelqu’un en détresse, et ce, une seule fois. Sauf que le téléphone sonne dès le lendemain, ce qui est trop rapide, en général. Evan vient de mettre le doigt dans un engrenage mortel.

Les romans mettant en scène des enfants devenus des tueurs à gages sont légion dans le polar. Ceux qui montrent des enfants élevés dans ce but le sont aussi. Pour autant, ce personnage m’a beaucoup fait penser à Neal Carey de Don Winslow, à la fois par son parcours et son éducation. Dans le traitement, il faut plutôt regarder du coté de Shibumi sans l’aspect politique, ou Lee Child pour les scènes d’action.

Bref, ce roman prend de nombreuses références tout en y ajoutant sa propre identité dans ce personnage, à la fois meurtrier et humain dans son choix d’aider les autres. Et puis, il faut bien dire que l’auteur, tout en évitant les scènes morbides ou sanglantes, arrive à créer des morceaux de pure action grâce à son style visuel, même si parfois il en rajoute dans les détails.

Agréablement surpris, à la fois par le contenu et par ma lecture, mais aussi franchement pris dans le mouvement, j’ai apprécié cette lecture très divertissante, qui ne prend pas la tête. En fait, ce roman ressemble à un film de Mission Impossible : on sait qu’Evan va s’en sortir, qu’il va s’en prendre plein la tête et que nous, on en aura pris plein les mirettes. Et comme la série comporte déjà sept volumes, je suis curieux de lire la suite, pour savoir si Gregg Hurvitz tient le rythme. En somme, voilà une lecture fortement conseillée pour vos lectures estivales.

La forêt des silences de Serge Brussolo

Editeur : H&O

L’année dernière, je découvrais avec beaucoup de plaisir Le cavalier du septième jour. Je me suis donc plongé avec envie sur ce nouveau roman, qui nous propose une plongée dans une forêt mystérieuse entourant un village qui ne l’est pas moins.

Le lieutenant J.T.Eldrick s’enfonce dans la plaine, pour rejoindre la citadelle. C’est son tour de garde, il doit surveiller la forêt alentour, silencieuse au point de ne percevoir ni bruits d’animaux ni chants d’oiseaux. Ancien vétéran du Vietnam, il s’est retiré dans le village de Hag’s (dont le vrai nom est Hairless Hag’s taffies, littéralement Les caramels de la vieille sorcière chauve).

Arrivé à son poste de garde, il monte dans la tourelle et surveille tout mouvement. Il sait très bien qu’il ne se passera rien avant la nuit. Ayant somnolé quelques minutes, il se réveille en pleine nuit ; un bruit l’a surpris. Effrayé par ce qu’il pourrait voir, il se terre et n’ose jeter un coup d’œil. Au petit matin, il trouve au pied de la citadelle un gâteau recouvert d’une crème qui ressemble à du sang coagulé. Dedans sont plantées trois bougies. Les bûcherons, êtres mystérieux qui habitent la forêt, réclament trois morts en offrande.

Naomi, jeune journaliste paranoïaque, enfile les kilomètres dans sa vieille voiture. Son patron, le richissime Bertram Aloysius Sweeton, propriétaire des éditions Sweeton& Sweet lui a demandé de retrouver son auteur phare Barney Lambster. Lambster a reçu une confortable avance pour écrire la biographie du juge Hooter et il ne donne plus de nouvelles. Il se serait rendu à Hag’s, ville que le juge Hooter a créée en 1867, en devenant le maire, le shérif, le juge et le bourreau.

Une nouvelle fois, je me suis laissé prendre par ce roman qui vous prend à la gorge dès les trois premiers chapitres. Le premier s’avère angoissant et mystérieux à souhait ; le deuxième est consacré à Naomi, dont on apprendra le passé par la suite ; et le troisième se consacre à l’accueil de Naomi par Ruth, la mairesse adjoint, qui va lui édicté les règles prévalant à Hag’s. On apprend donc que ce village ne bénéficie d’aucunes technologies, vivant en totale autarcie avec des règles de bonne conduite obligatoires. Très vite, Naomi a peur qu’on ne puisse jamais repartir de ce village.

Puis l’imagination de l’auteur nous prend par la main, dans des directions que l’on ne s’attend pas à lire. Inexorablement, la tension monte face aux événements et l’intrigue se transforme en sorte d’Escape Game, avec en parallèle le choix des trois victimes qui seront offertes en offrande. Mais ne croyez pas que cette histoire est aussi simple qu’il n’y parait. Car vous serez surpris par la tournure que prend ce roman.

D’un abord facile, écrit simplement, ce roman se veut un divertissement et il remplit largement son rôle. Relativement court, avec des chapitres d’une dizaine de pages, on passe d’un personnage à l’autre en passant par tous les sentiments, car Serge Brussolo sait parfaitement manipuler son lectorat.  Voilà un roman très divertissant qui vous fera passer quelques bonnes heures de lecture.

Le cavalier du septième jour de Serge Brussolo

Editeur : H&O éditions

Je n’avais jamais lu de roman de cet auteur pourtant prolifique, qui œuvre dans des domaines aussi variés que les romans pour la jeunesse, les romans fantastiques, de science-fiction ou romans policiers. C’est plutôt dans le genre fantastique qu’il faut classer ce Cavalier du septième jour.

La vieille Maggie, ancienne artiste sculpteuse de totems, que tout le monde croit folle, regarde dans l’eau du lac pour apercevoir un visage, celui d’une noyée. Puis elle se rend compte que c’est son visage qu’elle observe, ridée par les ondulations de l’eau. Elle rentre chez elle, regardant derrière son dos si elle est suivie. Elle cherche à protéger Ichika, jeune fille qu’elle a recueillie, presque adoptée, après la mort de ses parents. Maggie est persuadée qu’Ichika peut les protéger du Cavalier du septième jour.

Maggie voue une haine féroce contre Daryl, jeune orphelin aussi, qui est tombé amoureux de Ichika. Daryl a réussi à intégrer une université, se passionnant pour des cours de psychologie. Son professeur le convie à une expérience de mentalisme et se découvre des dons, un instinct lui permettant de voir, sentir quand une personne est malfaisante. Une agence gouvernementale l’engage alors pour dénoncer de futurs potentiels terroristes.

Tout ce petit monde vit à Pueblo Quinto en Amérique latine, où les croyances des indiens Wataphas font craindre la malédiction du Cheval Nocturne. Manito Caldéron y dirige un haras et croit dur comme fer à cette légende. Il recueille Ichika et veille à ce qu’elle reste vierge pour conserver son pouvoir de protection. La bluette entre Ichika et Daryl risque de mettre en danger le village mais peut-être aussi la Terre entière.

Ce roman est constitué de trois parties différentes et sa construction peut paraitre surprenante. Dans la première partie, l’auteur nous décrit les personnages principaux, insistant sur leur passé. Dans cette moitié de livre, l’auteur n’entre pas dans les détails mais décrit factuellement le parcours des protagonistes dans un style fluide, passant en revue les événements qui les ont faits se rencontrer.

Puis, ce que nous avions considéré comme situation établie va être modifié par des révélations sur les relations entre les personnages. Nous prenant à revers, nous sommes évidemment en proie à des doutes, nous demandant si ce qui nous est raconté est véridique ou pas. Si cela apparait comme des nouveautés et remet en cause nos certitudes, le style toujours aussi rapide nous fait déboucher sur une fin explosive.

D’une lecture agréable, ce roman se veut un pur divertissement et remplit sa fonction de nous procurer quelques heures de plaisir. Plaisir qui tient surtout à l’imagination folle de l’auteur, capable de nous faire accepter des personnages totalement dingues, quitte à créer des créatures irréalistes mais bigrement impressionnantes voire effrayantes. Ce cavalier du septième jour propose une lecture fort distrayante.