Editeur : Seuil
Traducteur : Patrick Raynal
Cela devient une bonne habitude : tous les ans, nous avons droit à la toute nouvelle aventure de Karl Kane, le personnage de détective récurrent de Sam Millar. Et personnellement, j’adore !
Un homme s’approche d’une maison et pénètre à l’intérieur. Sur son visage trône une cicatrice en forme de Z, d’où son surnom Scarman. Il sortit de sa camionnette un tapis, dans lequel est enroulé un fardeau. Il met le tout sur son épaule et entre dans la maison, quand quelque chose en dépasse : La main d’un enfant, celle de Tara.
Karl Kane essaie de dormir. Essaie car il est harcelé par des cauchemars, comme toujours. Son portable sonne. C’était Lipstick, la jeune prostituée qui lui a sauvé la vie. Elle l’appelle au secours depuis une chambre d’hôtel Europa. Un dénommé Graham Butler de Londres l’a frappée et veut lui faire des choses qu’elle ne veut pas. Karl débarque à l’hôtel, entre dans la chambre et dérouille Butler à coups de pieds dans la figure. Lipstick arrive à l’arrêter avant qu’il ne le tue. Puis Karl ramène Lipstick chez lui.
Scarman a observé la maison depuis quelque temps. Cette famille est composée d’ivrognes et de deux enfants. Ce qui l’intéresse, c’est la jeune fille Dorothy. Il attend que les parents soient abrutis par l’alcool avant de pénétrer dans la maison et de prendre la jeune enfant endormie au chloroforme. Puis il fait exploser la maison avec les bonbonnes de gaz entassées juste à coté.
Ce matin là, Naomi, la superbe secrétaire et amante de Karl lui demande de recevoir un homme pour une affaire. Son nom est Tommy Naughton. Il demande à Karl d’enquêter sur l’incendie de la maison de sa fille suite à l’explosion de bouteilles de gaz. La police conclut à un accident arguant que les parents ont du oublier d’éteindre leurs cigarettes en s’endormant. Sauf que les parents ne fument plus.
Les enquêtes de Karl Kane entrent dans la grande tradition des détectives de la littérature policière. Sam Millar y a ajouté sa patte, son originalité, en ayant créé un personnage noir et violent, en réaction à la violence de son environnement et de la société. A cela, il faut ajouter ce style si direct qui frappe sèchement comme des directs au foie, et un art des dialogues qui sonnent toujours justes.
Si on y trouve les obsessions de l’auteur, liées aux années de prison qu’il a passées en Irlande et une phobie de l’enfermement, la force évocatrice des descriptions en font une source de tension et d’angoisse pour le lecteur. Cette nouvelle enquête de Karl Kane ne fait pas exception à la règle, même si ici, Kark Kane va se retrouver personnellement impliqué dans son combat face à Scarman.
Au sens strict du terme, il ne s’agit pas d’un thriller, mais bien d’un roman noir violent, qui montre plus qu’il ne dénonce, le fait que l’on libère des cinglés assassins. Dans ce cas-là, l’auteur aurait pu faire apparaître son héros comme un justicier qui corrige les erreurs de la société, mais Sam Millar est bien plus intelligent que cela, nous proposant une fin qui ravira tout le monde, adeptes de romans noirs ou moralistes.
Il n’en reste pas moins que la peinture de la société reste toujours aussi noire et désespérante, même si ce n’est pas le sujet principal de l’enquête. Et par rapport aux précédentes enquêtes, le ton y est plus sur, les rebondissements nombreux, et l’humour hilarants, surtout dans les dialogues entre Karl et Naomi. Je trouve d’ailleurs que les romans de Karl Kane se rapprochent de l’univers de Jack Taylor, et ce n’est pas pour me déplaire. Bref, cet épisode est annoncé comme le meilleur de la série à ce jour, et je confirme : c’est excellent.
Les précédentes enquêtes de Karl Kane sont :