Il est rare que je parle Bandes Dessinées parce que je ne suis pas un spécialiste du genre, et je n’ai pas la culture nécessaire et les références pour écrire un billet digne d’intérêt. Donc je ne peux que vous parler du plaisir que j’ai ressenti à la lecture de celles-ci. Voici donc trois BD qui m’ont procurées beaucoup de plaisir :

Holmes (1854/1891 ?) : Livre V – Le frère aîné
Scénario : Luc Brunschwig
Dessin : Cecil
Editeur : Futuropolis
Le docteur Watson continue son exploration de la jeunesse de Sherlock Holmes. Il va rencontrer l’ancienne nourrice de Mycroft et Sherlock. Elle va lui raconter le don de Mycroft pour les déductions logiques avec quelques indices, comment Sherlock découvre aussi ce don, et le rôle de leur mère dans les crises politiques qui secouent la Grande Bretagne en cette fin du XIXème siècle.
Je lis cette série depuis son début et il faut être patient puisque plusieurs années s’écoulent entre chaque parution. Mais quel plaisir à la lecture ! le scénario va donc montrer la lutte des classes à cette époque mais aussi les relations familiales, et l’explication de la dépendance aux drogues de Sherlock. L’air de rien, les auteurs nous proposent beaucoup d’explications, dans une narration qui m’a semblé plus fluide et facile à suivre que certains autres des tomes précédents.
Quant au déroulement, on retrouve toujours cet aller-retour entre le passé et le présent, illustré par des tons de couleurs différents ocre ou gris. Enfin, les dessins sont d’une beauté effarante, on a l’impression de voir des peintures, tellement détaillées, tellement fines, que cela ajoute un réel plaisir à la lecture, le plaisir des yeux. Indubitablement, je suis fan et je reste fan. Je suis prêt à attendre quelques années pour la suite.

Dans mon village, on mangeait des chats
Scénario : Philippe Pelaez
Dessin : Porcel
Editeur : Grand Angle
Années 70. Tout le village de Saïx raffole du pâté de Charon, le boucher qui est aussi le maire. Personne ne sait qu’il met de la viande chat. Sauf Jacques Pujol, qui le surprend un soir en train d’empoisonner les chats errants. Jacques Pujol est un adolescent atteint d’analgésie congénitale, donc il n’a jamais mal, surtout quand son père routier rentre à la maison et le corrige à coups de ceinturon. Jacques protège sa petite sœur Lily et sa mère qui se prostitue quand le père est sur les routes.
Jacques décide de mettre la pression sur Charon, en sous-entendant qu’il sait. Alors, Charon leur donne de la viande et des charcuteries gratuites pour acheter son silence, jusqu’à ce qu’il s’arrange pour le prendre comme apprenti. Charon est bien décidé à se débarrasser du môme gênant, mais Jacques arrive à lui mettre un pic en plein ventre et à mettre le feu à son laboratoire. Malheureusement, le soir, c’est le père Pujol qui perd l’équilibre en voulant lui mettre un coup de ceinturon et qui se tue. Jacques va donc être envoyé en ISES, Institution Spécialisée d’Education Surveillée, une prison pour adolescent.
C’est à un vrai roman noir que l’on voit se dérouler sous nos yeux, nous narrant une dizaine d’années de la vie de ce jeune adolescent, qui verse dans la violence et le banditisme. Si, au début, les auteurs nous offrent des traits d’humour, noir bien entendu, la suite reste bien sombre. Cette histoire nous montre l’importance du contexte de l’enfance sur la suite de la vie, à travers Jacques qui n’a connu que la violence aussi bien dans son village que dans sa famille. Et son passage à l’ISES ne va pas arranger les choses.
Les dessins sont à l’image de cette histoire, comme esquissés, montrant une certaine célérité et une rage en même temps qu’une noirceur dans les couleurs. Le découpage est particulièrement réussi et m’a rappelé par moments Watchmen avec le mixage de cases pour décrire une action. Cette histoire étant un « One-Shot », je regrette surtout que le début soit bien détaillé et que la suite soit si rapide. Cette vie dramatique de Jacques Pujol méritait certainement un deuxième tome.

Hit the road :
Scénario : Dobbs
Dessin : Khaled
Couleur : Josie de Rosa
Editeur : Comix Buro
1969, A Reno. Une jeune femme se fait tatouer. Elle se renseigne sur l’adresse d’un docteur peu regardant, avant de régler ses comptes.
Un homme sort de prison. Il rejoint son frère qui l’attend dans sa voiture. Ces deux-là sont prêts à prendre la route pour assouvir leur vengeance.
Vicky et Clyde vont se télescoper à Reno, la plus grande des petites villes des USA, et s’apercevoir qu’ils vont voir la même personne …
Voilà du vrai hard-boiled, qui prend place aux Etats-Unis, bien entendu. Tous les clichés sont là, l’homme et la femme, si ce n’est que les deux personnages sont aussi barrés l’un que l’autre. Le scénario est simple, le dessin remarquablement expressif et les couleurs alternent entre le bleu nuit et le jaune d’une journée ensoleillée. Avec du rouge sang. C’est violent, noir mais cela fait du bien de parler vengeance, loyauté et famille ! Dobbs, dont j’avais déjà apprécié ses adaptations de HG.Wells, confirme ici tout le bien que je pense de lui.