Archives du mot-clé Montagne

Sarek d’Ulf Kvensler

Editeur : La Martinière

Traducteur : Rémi Cassaigne

Franchement, un premier roman qui est récompensé par le Prix du meilleur premier roman policier de l’Académie suédoise, et qui fait partie des sélections pour le Prix du meilleur roman suédois de l’année et du Prix suédois Crimetime, ça me fait forcément saliver. Pas vous ?

15 septembre 2019. Une jeune femme en état d’hypothermie est récupérée par un hélicoptère ambulance près de la baie d’Aktse. A peine consciente, elle dit s’appeler Anna. Le lendemain, débute l’interrogatoire d’Anna Samuelson à l’hôpital de Gällivare par l’inspecteur Anders Suhonen.

Anna Samuelson se présente comme une juriste de Stockholm. Fiancée avec Henrik Ljungman, elle indique avoir fait une excursion avec lui, accompagnée par son amie Milena Tankovic et son petit ami Jacob Tessin. Henrik est plus âgé qu’Anna et a été son professeur à l’université. Ils avaient prévu de faire cette excursion dans le parc sauvage du Sarek et ont proposé à Milena de les accompagner. Milena vivait avec Jacob depuis une année et elle leur a proposé de venir avec lui.

Anna se rappelle quand Milena lui a parlé de Jacob, peu avant de partir. Il travaille en tant que consultant chez BCG. Anna ne peut s’empêcher de se renseigner mais personne chez BCG ne connait un homme de ce nom là.

Au moment du départ, Anna croit reconnaitre en Jacob un homme dont elle a suivi le procès en tant que greffière au tribunal de Nacka. Si elle se souvient bien, à l’époque, le dénommé Jacob était poursuivi pour violences domestiques.

Maintenant se pose à elle la seule question vitale : Doit-elle continuer cette excursion avec Henrik ou doivent-ils faire demi-tour ?

Sur une trame proche de A qui la faute de Ragnar Jonasson que j’ai lu récemment, j’ai forcément comparer les deux romans, ce qui n’est peut-être pas une bonne idée.

Le roman de Ragnar Jonasson est un roman choral faisant la part belle à la psychologie de ses personnages. Sarek se présente plutôt comme un roman conté par Anna, alternant les interrogatoires de la police avec sa propre narration.

Le roman de Ragnar Jonasson se passe en un lieu unique, une cabane harcelée par la tempête de glace alors qu’ici nous suivons l’épopée dans un paysage glacé et montagneux, exigent en termes d’efforts.

Mais dans les deux cas, les deux auteurs jouent la carte de la subjectivité et savent ménager le suspense jusqu’à la fin. Dans A qui la faute, la vérité sera à chercher dans le passé des protagonistes ; ici, il sera plus question de tension qui va monter au fur et à mesure de l’histoire.

Enfin, Ragnar Jonasson a voulu un roman court et bref alors que Ulf Kvensler propose de belles descriptions et les sentiments d’Anna, au risque d’être parfois bavard. Dans les deux cas, les deux romans nous proposent un très bon suspense, avec des mailles dans lesquelles on aime se laisser prendre. Et retenez bien ce nom, Ulf Kvensler, car son roman est prometteur pour la suite.

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La Main de Dieu de Valerio Varesi

Editeur : Agullo

Traductrice : Florence Rigollet

Outre Rocco Schiavone, le personnage d’Antonio Manzini, le deuxième personnage italien dont je suis avec assiduité les enquêtes se nomme le commissaire Soneri, dont La Main de Dieu est déjà la septième enquête publiée en France. Et on en redemande !

Quand il arrive au bureau, le commissaire Soneri s’aperçoit qu’on lui a envoyé un paquet. Inquiet, Juvara son second lui conseille de ne pas l’ouvrir. A l’intérieur, sont disposées des pâtisseries pour fêter la Saint-Hilaire, le protecteur de Parme, le 13 janvier. Il appelle Angela, sa compagne puis part se promener où des plaques de verglas résistent encore à la légère hausse des températures, laissant une sorte de bouillasse grise.

Arrivé au Ponte di Mezzo, Juvara l’appelle et lui annonce la présence d’un cadavre. Le hasard veut que le corps se soit échoué sous le pont que Soneri arpente. Il semblerait que le destin veuille qu’il s’intéresse à cette affaire. Le mort a dû rester longtemps dans l’eau avant d’arriver ici, vu son état, transporté par la crue. Il convie donc son ami médecin légiste Nanneti à faire quelques centaines de mètres pour faire la première analyse.

Le crâne étant enfoncé à l’arrière de la tête, il s’agit sans aucun doute d’un assassinat. En dehors de cela, ils n’ont aucune piste quant à l’identité du mort. Mais déjà, tous les média en font les choux gras. Alors qu’ils dégustent leur repas, Juvara appelle et signale une camionnette suspecte en amont de Parme, en amont, vers Pastorello. Elle comporte des impacts de balles de gros calibre. Le chef de Soneri Capuozzo et le magistrat sont en effervescence et Soneri décide de prendre les devants et de se rendre à Monteripa, village perdu dans les montagnes, où habite le propriétaire de la camionnette.

Chaque roman de Valerio Varesi nous emporte dans un rythme nonchalant, où grâce à une intrigue tortueuse, l’auteur nous propose de visiter son pays en prenant son temps, et de parler des changements de la société et leurs impacts. Le commissaire Soneri a sa propre logique pour mener son enquête, additionnant un a un les indices grâce à des discussions fort intéressantes avec les habitants du coin.

Sauf qu’ici, il va être confronté à un petit village où les gens préfèrent se taire que de s’ouvrir à un inconnu, un village qui survit grâce à une entreprise d’embouteillage d’eau minérale, peuplée majoritairement de pauvres gens et détenu par Malpeli. Comme à son habitude, Soneri passe d’un personnage à l’autre, et en profite pour se prouver une fois de plus son mal-être devant cette société avide de profits et pleine d’irrespect.

Et c’est en cela que Valerio Varesi est grand. Il aborde des thèmes contemporains, la course au profit par exemple quand on lui parle de créer des pistes de ski et que pour ce faire, il faut abattre ces forêts. Il nous parle de l’immédiateté inutile de l’information, la recherche de scoops des journalistes et les réactions des politiques qui y voient l’opportunité de créer un état policier toujours plus répressif.

Mais il aborde aussi d’autres thèmes plus généraux, presque philosophiques, comme la place de la religion dans la société moderne, mais aussi le mal être, la place de l’homme, la nécessaire recherche de l’espoir, autant de thèmes abordés par Soneri et le curé du village que j’ai trouvés passionnants. Valerio Varesi m’a encore pris par la main avec cette nouvelle enquête, nous avons cheminé des sentiers enneigés ensemble, nous avons devisé sur notre passé, notre monde d’aujourd’hui, nos peurs du lendemain, nos questions ou plutôt questionnements quant à l’avenir, et ce fut un déchirement de tourner la dernière page, celle d’avoir à quitter un ami cher (et virtuel) tel que le commissaire Soneri.

Ces montagnes à jamais de Joe Wilkins

Editeur : Gallmeister

Traducteur : Laura Derajinski

« Le Beau est toujours triste », disait Charles Baudelaire. Cette phrase m’a hanté quand j’ai tourné la dernière page de ce premier roman de Joe Wilkins qui a su toucher la situation actuelle des Etats-Unis, ses contradictions et ses difficultés. Si ce roman est sensé se situer lors de la présidence de Barack Obama, il n’en reste pas moins qu’il est bigrement d’actualité, et pas seulement pour les Etats-Unis.

Ce roman possède une force d’évocation peu commune et prend le pari de ne dévoiler le fond de l’intrigue que vers le milieu, soit après 150 pages. De nombreux auteurs se seraient cassés les dents, et ce pari osé est totalement réussi par la justesse montrée dans la description de la vie des riverains des Bull Mountains du Montana, des éleveurs que les banques ont expulsés pour non-paiement de leurs emprunts qui sont devenus mineurs puis virés au gré des crises économiques.

Les deux personnages principaux incarnent ces deux facettes de la société qui s’opposent avec virulence voire violence. Wendell Newman vit dans un mobile-home de petits boulots quand débarque chez lui une femme des services sociaux. Elle est accompagnée d’un petit garçon, Rowdy qui est le fils de sa cousine qui vient d’être condamnée à quelques années de prison. Wendell va devenir le tuteur de ce garçon mutique et stressé, probablement autiste.

Gillian est enseignante et doit faire face à l’éducation de sa fille Maddy, adolescente. Elle voue une vraie passion à son métier, et porte sur ses épaules un drame familial qui l’a exclue de la vie de cette petite ville. Elle effectue donc des missions dans différentes écoles pour que les enfants poursuivent leur éducation et aient une chance de partir de cette région maudite, les Bull Mountains.

Indirectement, Wendell et Gillian sont liés pour le pire, et c’est ce que nous apprendrons au milieu du roman. Le père de Wendell, Vern, a abattu un loup alors que sa chasse en était interdite par l’état. Quand le garde-chasse Kevin, le mari de Gillian, est venu l’arrêter, Vern l’a tué de deux balles avant de prendre la fuite dans les montagnes. Depuis, Vern est devenu le symbole de la lutte des habitants de la campagne contre les représentants urbains de l’état. Le drame va se mettre en place quand une chasse au loup officielle est organisée et que Gillian va rencontrer Rowdy.

Avec un rythme lent, Joe Wilkins va dérouler son intrigue en donnant sa priorité aux personnages, à leur vie, leurs actions, leur passé, leurs joies et leurs erreurs. Il les place dans un décor idyllique, celui d’une nature indifférente aux exactions des Hommes, et évite d’en faire trop, d’en rajouter avec une belle subtilité. Les scènes vont ainsi se succéder, détaillant un quotidien morne dont la fluidité va se suffire à elle-même pour en faire un roman passionnant que l’on n’a pas envie de lâcher.

Partant d’un événement dramatique, plaçant consciencieusement son décor et ses personnages, Joe Wilkins peut progresser dans son histoire et aboutir à un final comme le reste sans esbroufe, mais avec un contenu hautement dramatique et d’une tristesse sans limites. Et derrière cette histoire, Joe Wilkins parle de cette Amérique oubliée, élevée dans l’espoir de construire une vie sur la base du travail, et qui ne comprend pas que des bureaucrates viennent leur prendre leur argent, leurs terres, leur vie.

Joe Wilkins écrit là un roman intelligent et bigrement lucide, un des plus subtils que j’aie lus depuis longtemps. Il parle du poids du passé, et de la difficulté d’endosser un héritage dont on n’a pas voulu. Il parle aussi des contradictions qui divisent les Etats-Unis, fédération de plusieurs états qui ne reconnaissent pas un gouvernement et qui se déchirent entre liberté de propriété et devoir d’état, une équation tout bonnement insoluble.

Que c’est intelligent, que c’est beau, que c’est triste … et c’est un premier roman !

La route coupée de Guillaume Desmurs

Editeur : Glénat

Avec La revanche des hauteurs, Guillaume Desmurs inaugurait une série de romans policiers humoristiques ayant pour cadre la station de ski de Pierres-Fortes. Je me suis beaucoup amusé l’année dernière avec cette lecture. La deuxième (més) aventure, La route coupée, est encore plus drôle !

Si vous n’avez pas lu le premier tome, l’auteur, ayant pensé à vous, présente ses trois personnages principaux dans le prologue. Et comme je suis gentil, je vous résume ça de suite. Alix est une jeune journaliste stagiaire à Savoie-Matin ; Marc-Antoine, médecin généraliste, ne fait pas de ski mais est venu avec sa femme avant de s’installer à Pierres-Fortes. Jean-Marc, directeur de l’office de tourisme, fait tout pour que rien ne se voie, afin de garder son Audi de fonction. La route coupée raconte la saison de ski suivant La revanche des hauteurs.

Alors qu’une tempête de neige s’abat sur Pierres-Fortes, les touristes se ruent par dizaines de milliers vers cette petite station de ski, en empruntant une minuscule départementale, engendrant des kilomètres de bouchon. Dans le sens inverse, Michael, le fils du maire, descend à bord du fourgon de convoyeur de fonds. Perpendiculairement au fourgon, une camionnette le percute, l’envoyant dans le ravin dans une belle double explosion. De l’autre coté de Pierres-Fortes, sous le poids de la neige, la montagne s’écroula en une impressionnante avalanche.

La saison s’annonce bien, les touristes affluent en masse et Jean-Marc a organisé les Rencontres internationales de la Bienveillance, qui bénéficiera de la présence de Jean-Christ, le gourou du yoga aux 800 000 fans sur You tube. Mais les pompiers s’aperçoivent qu’il n’y a plus d’argent dans le fourgon, et des cadavres commencent à faire leur apparition, plantés sur le bord de la route comme des fleurs.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais personnellement, je ne passerai jamais mes vacances à Pierres-Fortes ; d’abord parce que je ne pars pas aux sports d’hiver, ensuite parce que le taux de mortalité y est trop élevé. Après les dizaines de morts lors du premier tome, voici une nouvelle série de corps qui parsèment la station de ski, sans aucun lien les uns avec les autres.

Par rapport au premier tome, déjà excellent et fort drôle, celui-ci relève le pari en nous proposant une enquête et donc une intrigue plus minutieuse. L’auteur passe d’un personnage à l’autre, sans que l’on se doute du (ou des) coupables, et la solution se révèle aussi logique qu’inattendue. Pour les amateurs de romans policiers, ce roman se situera au niveau de la très bonne surprise.

Dans le ton légèrement décalé, dans l’amoncellement de scènes logique, dans les remarques cyniques mais aussi cultivées et faisant appel à des références contemporaines, toujours dans le but de faire sourire voire rire. Les descriptions, les remarques doucement cyniques nous tirent toujours vers un humour intelligent, ne se gênant pas pour appuyer sur quelques travers de notre société.

J’ai trouvé ce deuxième tome plus drôle, plus minutieux mais aussi mieux mené, comme si l’auteur avait trouvé sa voie, sa voix dans la description d’un microcosme toujours plus ridicule alors qu’il représente bien les gens d’aujourd’hui obnubilés par les jeux vidéos, les réseaux sociaux et les scoops toujours plus sensationnels. Avec ce roman, Guillaume Desmurs démontre que c’est par l’humour que les messages passent le mieux, et je signe de suite pour les prochaines enquêtes d’Alix, Marc-Antoine et Jean-Marc.

Solitudes de Niko Tackian

Editeur : Calmann-Levy

Depuis Toxique, j’essaie de suivre le rythme de parution annuel de Niko Tackian, les achetant dès leur sortie, avec l’assurance de lire un polar costaud. Comme ce roman a été écrit pendant le premier confinement, la façon de dérouler l’intrigue est forcément particulière.

Garde-nature dans le massif du Vercors, Elie Martins s’apprête à affronter une violente tempête de neige. A la poursuite d’un loup, il remarque des traces et se demande qui peut bien se promener dehors par ce temps. L’apparition de traces de sang le pousse à continuer son exploration jusqu’à un vieux pin au tronc fendu. En en faisant le tour, il découvre un corps pendu et appelle la police.

La lieutenante Nina Melliski est immédiatement convoquée sur place, et elle doit faire deux heures de route depuis Grenoble. Quand elle arrive, l’endroit est déjà sécurisé par des rubalises et elle assiste au décrochage du corps. Il s’agit d’une jeune femme, et sur son dos, l’assassin a gravé à même la chair un mot en grec ancien : αλήθεια, ce qui signifie Vérité. A la vue de ce mot, Elie est troublé.

Elie Martins a connu une histoire peu commune : quelques années auparavant, quelqu’un lui a mis un sac en plastique sur la tête, avant de lui tirer une balle dans la tête. Lors de l’autopsie, le médecin légiste a vu sa main bouger et s’est rendu compte qu’il était vivant. Après une longue période de coma, Elie a survécu, conservant la balle dans sa tête, mais avec une amnésie totale quant à son passé.

Elie est-il victime ou coupable ? Le corps de cette jeune femme est-il son œuvre ou un message qui lui est destiné ?

A côté des enquêtes de son enquêteur récurrent Tomar Kahn, Niko Tackian nous offre des romans orphelins tels que celui-ci. Ce doit être l’occasion pour l’auteur de sortir d’un cadre qu’il a créé, de laisser libre cours à son imagination. En tous cas, ce roman écrit pendant le premier confinement montre clairement la nécessité de la liberté de l’esprit devant l’enfermement obligatoire pour des causes sanitaires.

Cela a dû être une sorte de délivrance pour Niko Tackian que d’écrire ce roman, et on sent bien son besoin de retrouver un lien avec la nature, sa joie de retrouver de grands espaces, ici des paysages montagneux et enneigés, couverts d’une nature forestière à la fois belle mais aussi inquiétante et mystérieuses. Car pour rajouter du stress à son intrigue, il ajoute une tempête de neige aussi violente que rare.

J’ai retrouvé dans ce roman tout ce que j’aime dans les romans de Niko Tackian, une intrigue rigoureuse, fort bien menée, une écriture très visuelle et une angoisse parfaitement travaillée. On y trouve peu d’action, beaucoup de descriptions des décors et paysages mais les chapitres courts ne dépassant que rarement 4 pages permettent une rapidité de lecture et une sensation de vitesse dans le déroulement de l’intrigue.

Enfin, les personnages sont très finement travaillés, minutieusement construits ; ce sont même probablement les mieux faits de tous les romans que j’ai lus de lui. Même peu nombreux, chacun comporte des psychologies et a des réactions parfaitement en lien avec ce qu’il est. Ce sont eux qui portent le message d’une sorte de dualité antinomique, un enfermement intérieur face à une nature grandiose, d’où le titre Solitudes.

J’attendais de ce roman un polar costaud, il l’est assurément.

Message Personnel : Merci Coco

La vallée de Bernard Minier

Editeur : XO éditions

Bernard Minier reprend son personnage récurrent le commandant Martin Servaz, après Glacé, Le cercle, N’éteins pas la lumière, Nuit et Sœurs. Je ne peux que vous conseiller de lire ces romans précédents avant d’attaquer celui-ci qui semble former une conclusion au cycle consacré à Marianne. Pour ceux qui ne les auraient pas lus, je vous conseille de ne pas lire mon résumé.

Martin Servaz vient d’être suspendu et rétrogradé au grade de capitaine suite à son affaire précédente. Il n’a donc plus ni insigne ni arme. Il attend son jugement au tribunal pénal puis sa sanction au conseil de discipline de la police. A cinquante ans, fréquentant le docteur Léa Delambre qui a 7 ans de moins que lui, en charge de son fils Gustav qu’il vient de découvrir, il se sent vieux, trop vieux.

La France vit au rythme de la Coupe de Monde de Football 2018, où la France poursuit son parcours. Gustav, l’enfant de Marianne, qui a été élevé par le tueur en série Julian Hirtmann, est maintenant hors de danger après son opération du foie. Il s’ouvre petit à petit mais c’est Martin qui s’inquiète de plus en plus, même si Hirtmann est détenu dans la prison 5 étoiles de Leoben en Autriche. Cette nuit-là, le téléphone sonne en pleine nuit. La voix de Marianne lui demande de le rejoindre, car elle est en danger.

Marianne lui annonce qu’elle s’est évadée, et qu’elle est dans les Pyrénées, proche d’un cloître. A la brève description des lieux, il reconnait l’abbaye d’Aiguesvives. La conversation se coupe, elle semble en danger. Il décide de partir sur le champ, est reçu par le Père Adriel. La battue qu’ils organisent pour retrouver Marianne ne donne rien, Le lendemain, il se rend à la gendarmerie et retrouve la capitaine Irène Ziegler, qu’il a rencontré 8 ans auparavant. Elle lui apprend qu’une série de meurtres est en cours à Aiguesvives.

Comme je le disais, ce roman semble clore un cycle que j’appellerai le cycle de Marianne, et cela ne vous dévoilera en rien ni l’intrigue, ni son dénouement. D’ailleurs je suis curieux de voir comment Bernard Minier va rebondir et redonner un second souffle aux enquêtes de Martin Servaz. Je parle de second souffle, car ce roman est une sacrée épreuve pour le lecteur, tant il est obligé de retenir son souffle pendant plus de 500 pages.

J’ai trouvé dans ce roman beaucoup de similitudes avec ses deux premiers romans, outre les présences de Marianne et la menace de Julian Hirtmann. Les décors sont aussi majestueux qu’ils sont menaçants, dans un village encastré dans les montagnes, inondées de brume à l’image de Martin Servaz, pris dans une enquête et en proie à ses doutes personnels et à son urgence.

J’ai trouvé dans ce roman une tension constante, un suspense haletant, beaucoup de fausses pistes démontrant toute la maîtrise et l’art de cet auteur que je suis depuis ses débuts. Une fois que vous avez commencé les premières pages, vous ne pourrez plus le lâcher, je vous le garantis. Et puis, Bernard Minier évite les descriptions gore qui auraient desservi l’intrigue, et son message.

Car derrière ce roman policier exemplaire, où il est bien difficile de trouver un point faible, on y trouve plusieurs dénonciations, dont la façon dont est vue et maltraitée la police, leur mal-être, mais aussi la difficulté des relations entre parents et enfants, et enfin cette nouvelle plaie qui s’appelle la manipulation par Internet via les tablettes ou les jeux en ligne. Une nouvelle fois, la démonstration, remarquablement bien menée, ayant pour point central un personnage de pédopsychiatre féminin d’une dureté incroyable, est exemplaire. Bernard Minier démontre encore une fois qu’il a des choses à dire.

Alors, oui, je suis fan de cet auteur et ce billet doit être lu dans ce sens. Et puis, cerise sur le gâteau, il introduit des vers de Patrick Steven Morrissey, dont je suis fan à vie, qui sait si bien dire les sensations de malaise, les impressions d’être seul contre tous. C’est simple, prenez une chanson, n’importe laquelle, lisez un vers et vous trouverez une impression que vous aurez ressentie. Alors oui, ce roman doit faire partie de vos lectures estivales, sans aucune restriction.

Des poches pleines de poches … en humour

Polar et humour

Je suis un fan de littérature humoristique et j’aime bien insérer entre deux polars « sérieux » un roman qui me fasse rire. J’avais déjà fait un billet sur cette thématique avec les romans de Nick Gardel et Stanislas Petroski. Comme je viens d’en lire trois, en format poche, je vous les propose en vous les conseillant très fortement :

La revanche des hauteurs de Guillaume Desmurs :

Editeur : Glénat

La station de sports d’hiver est en ébullition grâce aux afflux touristiques. La journée a vu la température monter avant que la nuit vienne- recouvrir les trottoirs et la rue d’une couche de glace. Au petit matin, on retrouve une touriste espagnole au bas de son balcon. Outre la jolie couleur rouge qui agrémente le blanc immaculé, la thèse du suicide avancée par les gendarmes et la municipalité permet de ne pas faire de vagues.

Jean-Marc est le directeur de l’Office du Tourisme. Il a tout organisé pour que cela passe inaperçu. Alix, une jeune stagiaire est chargée par le quotidien local de faire un entrefilet le plus rapidement possible. Quant à Marc-Antoine, médecin de son état, il vient en vacances avec sa femme Christiane ; il n’aime pas le ski mais elle adore, d’autant plus qu’elle retrouve un ancien amant ancien GO qui va lui permettre d’améliorer son planté de bâton.

Tout se passerait pour le mieux dans le meilleur des mondes si on ne retrouvait pas le lendemain un jeune collégien sous la déneigeuse. Outre la couleur rouge sur la route, cela fait tout de même deux morts inexpliquées en pleine saison touristique. Quand c’est le propriétaire du commerce de journaux qui se retrouve écrasé par ses étagères, la phobie de la présence d’un tueur en série fait son chemin.

On peut dire que Glénat fait son entrée en grandes pompes dans le domaine du polar, avec cette nouvelle collection appelée Neige Noire. Neige Noire devrait nous proposer des polars ayant pour cadre une station de ski fictive. Et ce premier « tome » est un grand, un énorme morceau d’humour décalé et cynique à souhait. D’ailleurs, la dédicace en ouverture de livre nous laisse envisager le meilleur : A pierre Desproges qui a posé la première pierre.

Vous connaissez (ou pas) mon amour pour Pierre Desproges. Si on peut craindre pour ce pari un peu fou, on est vite rassuré par l’humour cynique, pas méchant, et par des descriptions acerbes et minutieusement bien travaillées. On y trouve aussi une redoutable observations de nos semblables et de leurs travers ce qui fait de cette histoire un excellent moment de rire jaune mais pas grinçant. Quant au scénario, contrairement à Des femmes qui tombent du Maître Pierre Desproges où l’histoire et sa chute étaient capillo-tractées, il tient la route avec des scènes délirantes. Une excellente surprise !

Pension complète de Jacky Schwartzmann :

Editeur : Seuil (Grand format) ; Points (Poche)

Dino Scala vit depuis 20 ans avec Lucienne, une riche septuagénaire luxembourgeoise. Ils ont plus de 30 ans d’écart mais cela ne les gêne pas, ni elle qui est aimée, ni lui qui vit la belle vie. Un couple presque normal, quoi ! Ils vivent avec la mère de Lucienne, Macha, presque centenaire. Quand Macha fait un AVC, ce n’est que le commencement d’une descente aux enfers inéluctable.

Résumé comme cela, on peut penser à un roman noir comme on en lit tant. Sauf qu’aux manettes, on retrouve Jacky Schwarzmann, et qu’on se retrouve avec une histoire bien barrée, décalée, écrite dans un style plus assagi que d’habitude mais bien cynique quand même ! Car, il va s’en passer des choses dans la vie peinarde de Dino, qui vont l’emmener du Luxembourg au camping des Naïades de La Ciotat.

Pour ceux qui ont déjà lu les précédents romans de cet auteur, ils y trouveront un style assagi, un humour moins mordant, moins méchant. Et on y trouvera des descriptions toujours aussi drôles de nos contemporains, démontrant une fois de plus que Jacky Schwarzmann a le talent d’observer le monde autour de lui et surtout de nous le décrire de façon irrésistible. Il n’y a qu’à lire la scène du restaurant, celle de la banque ou même l’arrivée des voisins Belges au camping.

Et si l’humour est plus sage, cela sert aussi au scénario ; d’aucuns diraient que l’auteur s’est mis au service de son histoire. Il n’empêche que ce roman est un pur plaisir de lecture. « Demain c’est loin » (Le Seuil, 2017) a reçu le Prix Transfuge 2017 du meilleur espoir polar, le Prix du roman noir du Festival international du film policier de Beaune et le Prix Amila-Meckert 2018. Celui-ci a déjà remporté le prix des chroniqueurs. Nul doute qu’il va encore remporter de nombreuses distinctions.

Un été sans poche de Bram Dehouck

Editeur : Mirobole (Grand Format) ; 10/18 (Poche)

Traductrice : Emmanuèle Sandron

Dans la petite bourgade belge de Windjoek (la traduction néerlandaise donne Coupe-vent, ce qui donne le ton du roman, très humoristique), la vie qui devrait être un long fleuve tranquille va subir des changements : on vient de mettre en route un superbe et rutilant parc d’éoliennes. Doit-on pour autant considérer que c’est la cause des événements dramatiques qui vont déferler sur ce petit village ?

Tout a commencé avec le boucher-charcutier-traiteur Herman Bracke. Le bruit incessant des pales tournant à la vitesse du vent lui fait perdre le sommeil. Après une semaine de nuits blanches, sa spécialité le “Pâté Bracke de Windhoecke” a un goût, une odeur et une couleur de faisandé, alors qu’il n’y a pas de faisan dedans ! Normal, Herman s’est endormi en le préparant et a plongé la tête la première dedans !

Mais les autres protagonistes de ce roman vont aussi subir les influences néfastes de la rotation incessante des pales, et on va découvrir les dessous de leur vie privée. Entre Walter le facteur qui distribue les plis qu’il veut, Saskia la pauvre chômeuse qui se dévalorise, Jan Lietaer le vétérinaire et son épouse bien peu fidèle, le pharmacien ou l’immigré sénégalais, ce sont une belle galerie de personnages décalés.

Et le ton, parfois cynique, parfois méchant mais toujours drôle, va montrer les travers des uns et des autres pour démontrer comment un grain de sable fait dérailler une société qui est déjà aux limites de ce qu’elle peut accepter. Comme dans un roman de Brett Easton Ellis, tout cela va finir dans le sang, mais avec un gentil sourire aux lèvres. Car ce n’est que de la littérature, n’est-ce pas ? Voilà un roman fort amusant à découvrir d’urgence pour prendre plus de recul par rapport à notre quotidien !

Avalanche Hôtel de Niko Tackian

Editeur : Calmann-Levy

Alors que je m’attendais à une nouvelle enquête de Tomar Khan, son personnage récurrent (voir Toxique et Fantazmë), j’ai été surpris et emballé à l’idée de lire un roman orphelin. Et ce roman est un sacré pari, celui de fouler les terres d’autres auteurs ayant utilisé comme décor un hôtel isolé en pleine montagne dont le géant Shining du King.

Janvier 1980. Joshua Auberson se réveille dans la chambre 81 d’un palace suisse, l’Avalanche Hôtel. Outre un mal de tête monstrueux, il a peu de souvenirs de ce qu’il a fait. Quand il descend à l’accueil, il apprend qu’il est agent de sécurité et est interrogé par la police, à la recherche d’une jeune femme, Catherine Alexander qui a disparu le jour de la fête de ses 18 ans. Il accepte de suivre Clovis, le barman, et les deux hommes grimpent sur la montagne. Ils débouchent sur une piste de bobsleigh abandonnée. Clovis lui demande de lui faire confiance, l’installe dans la machine et le pousse sur la piste. Avec les secousses et la violence de la descente, Joshua perd connaissance.

Joshua se réveille dans un lit d’hôpital. Il apprend par les médecins qu’il vient de survivre à une avalanche et a passé plusieurs jours dans le coma. Une femme vient le voir, elle se nomme Sybille. Elle lui apprend que nous sommes en 2018, qu’il est policier et qu’elle est sa partenaire. Il va petit à petit reprendre pied, en étant persuadé que l’Avalanche Hôtel n’est qu’un cauchemar … Quand ils doivent enquêter sur une mort mystérieuse, les cauchemars reviennent et Joshua part à la recherche d’informations …

Il y a de quoi être surpris, à la fois dans le changement de personnage mais aussi de décor et de sujet. On entre dans un décor inconnu, et l’auteur décide de nous plonger dans une atmosphère à la fois oppressante et mystérieuse, comme si on vivait (pardon, lisait !) ce roman en étant dans un brouillard épais. Car si le passage qui se passe en 1980 se déroule sur 3-4 chapitres, il n’en reste pas moins qu’on est bouleversé par le passage à l’hôpital, bousculé dans nos certitudes. Et le fait que l’on ait relevé quelques incohérences dans ces premiers chapitres nous rassure quand Niko Tackian nous donne comme explication que nous étions dans un cauchemar.

Sauf que … les cauchemars continuent, les mystères s’épaississent, et je peux vous dire que j’ai passé plus de 200 pages à me poser des questions, pas à cause de la résolution de l’énigme mais bien avec ce style jouant volontairement sur des tons brouillardeux. Quelle belle réussite de mettre en porte-à-faux le lecteur en le noyant sous des indices qui ne collent pas entre eux. Et si on ajoute à cela, cette ambiance glaciale des sommets montagneux, ces étendues blanches sans aucune trace pour nous ramener à la maison au chaud … C’est très réussi.

Il faut dire que le rythme de lecture est élevé puisque les chapitres ne dépassent que rarement les 4 pages, même s’il y a très peu de dialogues. Et que j’ai pris un plaisir fou à me laisser malmener. Et quand la conclusion, la clé de l’énigme arrive, je me suis dit que j’aurais du le voir venir, que je l’avais vu venir (là c’est quand je veux me rassurer sur mes qualités d’enquêteur !), mais en fait, je me suis bien fait avoir. Et pourtant, il y a pléthore d’indices ! Que dire de plus ? Avec un tel décor, un tel rythme et un tel scénario, nul doute que cela fera un excellent film si le réalisateur est à la hauteur. C’est donc un excellent divertissement que je vous recommande chaudement, forcément !

Ne ratez pas l’avis de mon ami Yvan

Des poches pleines de poches

Voici le retour de cette rubrique consacrée aux livres au format poche. Et je vous propose deux romans à découvrir, et dont on va entendre parler puisqu’ils sont tous deux sélectionnés pour le Grand Prix des Balais d’Or 2019, organisé par mon ami Richard le Concierge Masqué.

Etoile morte d’Ivan Zinberg

Editeur : Critic (Grand format) ; Points (Poche)

Lundi 10 aout 2015, Los Angeles. Sean Madden et Carlos Gomez, deux inspecteurs du LAPD sont appelés au centre ville, au Luxe City Center Hotel. Un homme y a été assassiné et son corps est retrouvé menotté au lit et horriblement mutilé (surtout en dessous de la ceinture). La Scientific Investigation Division termine l’examen de la chambre sans rien trouver d’intéressant, à part des traces dans la moquette qui laissent à penser que la scène du meurtre a été filmée. La victime s’appelle Paul Gamble, propriétaire d’une société de partage de musique sur Internet. Les caméras révèlent qu’il est entré à l’hôtel avec une jeune femme blonde arborant de grandes lunettes de soleil.

Mardi 11 aout 2015, Santa Monica Boulevard, Los Angeles. Michael Singer est photographe de presse, ce que d’aucuns appellent paparazzi. Il a toujours rêvé d’être enquêteur et a découvert par hasard qu’il pouvait faire beaucoup de fric en surprenant les stars. Ce jour-là, il a rendez vous avec Freddy Fox, un flic qui lui sert d’indic. Moyennant finances, il lui apporte quelques affaires en cours en avant-première. L’une d’entre elles attire son attention : Naomi Jenkins, la star présentatrice des informations a été retrouvée nue, violée dans un entrepôt, victime de la drogue GHB. Plutôt que d’utiliser ces informations comme un reportage photo traditionnel, Michael va se lancer dans l’enquête.

Avec un polar, on recherche avant tout du divertissement. Ce roman m’a plus que surpris, il m’a étonné par les qualités dont il regorge, venant du deuxième roman d’un jeune auteur. Et en premier lieu, je voudrais mettre en avant le scénario redoutable, remarquable dans sa construction. On va suivre deux enquêtes en parallèle, qui vont se rejoindre à 100 pages de la fin et jamais, on n’est perdu ou on se demande où on en est. Les personnages sont très bien fait, sans en rajouter outre mesure.

Cela fait que c’est un livre passionnant à lire qu’on n’a pas envie de lâcher. Certes l’action se situe aux Etats Unis, et on aura tendance à le comparer aux maîtres du genre. Mais je trouve qu’il tient la comparaison haut la main tant tout est très bien fait. Et puis, le sujet de fond est la pornographie et le gonzo extrême. Il nous montre le derrière des scènes de cul qui s’apparente plus à un viol qu’à un travail. Il y a une scène éloquente et très dure à vivre qui démonte le mythe que veulent nous faire croire les titres variés et insultants.

En conclusion, passée ma surprise, ma découverte d’un nouvel auteur, je m’aperçois que ce roman, outre qu’il m’a fait passer un excellent moment, a laissé en moi des traces grâce à ces personnages de Madden et Singer. Ne croyez pas que tout va y être rose bonbon, loin de là. Et nul doute que je lirai ses autres romans dont jeu d’ombres et Miroir obscur. Voilà du divertissement haut de gamme.

L’essence du mal de Luca D’Andrea

Editeur : Denoel (Grand Format) ; Folio (Poche)

Traductrice : Anaïs Bouteille-Bokobza

Jeremiah Salinger est scénariste de documentaires et rencontre le succès grâce à une série consacrée aux roadies de groupes de rock. Avec son ami et cameraman Mike McMellan, il va réaliser trois saisons de Road Crew mettant en lumière ces hommes de l’ombre qui assurent le bon déroulement des concerts. C’est aussi aux Etats Unis qu’il rencontre Annelise, originaire des Dolomites, qu’il va épouser et avec qui il va avoir une fille adorable Clara.

En crise de création, il va suivre sa femme dans son village natal du sud de Tyrol, à Siebenhoch et profiter de la vie de famille, d’autant plus que Clara est très éveillée. C’est là-bas qu’il va avoir l’idée d’un documentaire racontant la vie des sauveteurs. Mais lors d’un tournage, l’équipage va mourir et Salinger sera le seul rescapé. Marqué par cet accident, il va trouver sa planche de salut dans un événement dramatique qui a eu lieu 30 ans auparavant et qui a vu le massacre de trois jeunes gens dans la faille du Bletterbach.

« La rencontre sanglante de Stephen King avec Jo Nesbo » annoncée par le bandeau de Folio est largement exagérée, il faut le savoir. Certes, les trois jeunes gens ont été tués de façon atroce, mais cela est expliqué sans description gore. Si les relations entre Salinger et sa fille peuvent faire penser au King, l’évocation de Jo Nesbo m’interpelle. Franchement, je ne vois pas.

Par contre, on a droit à un roman qui oscille entre enquête de journaliste, chronique familiale, thriller et fantastique. C’est un mélange de genres qui fonctionne à merveille, surtout grâce au talent de l’auteur de savoir décrire simplement la vie familiale de Salinger avec des scènes visuelles dont certaines sont empreintes de mystère et qui créent une angoisse prenante.

Ah oui, on craque pour Clara, on est passionné par Werner, on a plaisir à rencontrer les habitants du village et on a beaucoup de sympathie pour Salinger qui a une obsession : trouver l’origine des meurtres comme une sorte de rédemption pour lui-même, pour qu’il se prouve qu’il vaut encore quelque chose. Et l’auteur joue des cordes sensibles, n’utilisant les scènes de tension que quand il le juge utile, et non pour relancer le rythme comme le font les Américains.

Cela donne à ce roman une forme personnelle et originale, très agréable à suivre surtout si on considère que c’est un premier roman. Et même s’il fait 500 pages, on n’a pas envie de laisser tomber le roman, tant on s’attache à ce personnage de Salinger qui nous parait si vivant et si humain. Voilà un nouvel auteur épinglé sur Black Novel, une bien belle découverte d’un auteur dont je vais suivre les prochaines publications.

Ne ratez pas l’avis de Cédric Ségapelli