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Un monde merveilleux de Paul Colize

Depuis Back-up et Un long moment de silence, je suis et resterai à jamais fan des écrits de Paul Colize, pour ses personnages, ses intrigues et son message humaniste. Comme d’habitude, on trouve dans ce dernier roman plusieurs niveaux de lecture.

Le premier maréchal des logis Daniel Sabre a choisi le poste d’instructeur-chef de char, situé dans une base militaire belge en Allemagne. Marié à Catherine, il conçoit sa vie comme son métier : ordonné, respectueux des règles et aveuglément obéissant aux ordres. Ce matin-là, il est convoqué par le colonel Brabant. Afin de valider sa demande de promotion, il devra réaliser une mission spéciale.

Le colonel Brabant lui demande de quitter l’Allemagne pour la Belgique, et de récupérer à Bruxelles une jeune femme. Il devra suivre ses indications à la lettre, la conduire où elle veut pour une durée indéterminée, ne pas poser de questions et ne pas lui donner d’informations. Sabre rentre chez lui préparer ses affaires et quitte Düren en direction de la capitale belge à bord de la Mercedes 220D qu’on lui a fournie.

Le rendez-vous est fixé à midi et à 11h58, une jeune femme à l’allure altière, vêtue d’un long manteau gris l’attend sur le trottoir. Tel un chauffeur, il pose ses bagages dans le coffre,  juste au dessus de l’arme qu’il a pris soin de cacher sous la roue de secours. Marlène s’installe à l’arrière, et commence à remplir un petit cahier dans lequel elle écrit les souvenirs de ce voyage. Elle lui indique la direction de Lyon, et le voyage commence.

Paul Colize est connu pour allier la forme et le fonds à son sujet. On n’y trouvera donc pas de courses poursuites effrénées mais plutôt un aspect psychologique fouillé venant supporter un sujet historique, au moins pour ses derniers romans. Pour ce Monde merveilleux, il choisit le format d’un huis-clos pour opposer deux personnages qui n’ont rien en commun et remet en lumière un événement remontant à la deuxième guerre mondiale.

Deux personnages donc, vont intervenir dans ce roman, en alternance. L’un est un soldat et a été élevé pour obéir aveuglément aux ordres. L’autre est une jeune femme libre, à la recherche de son passé. Ils vont être enfermés dans une voiture et Paul Colize va nous montrer tout ce qui les oppose avant de trouver quelques événements qui va les amener à se découvrir, ou au moins à s’écouter voire se comprendre.

De façon totalement incroyable, Paul Colize nous passionne avec ces deux caractères forts qui ne sont pas prêts à remettre en cause leur éducation. Et il en profite pour nous poser la question de la conséquence de l’obéissance aveugle, qui aboutit entre autres aux horreurs que l’on a connues pendant la deuxième guerre mondiale. Ce qui, sans vouloir déflorer le scénario du roman, en devient un des sujets.

Entre chaque chapitre (ou presque), Paul Colize introduit de courts passages nous présentant des exemples précis de personnages réels ayant réalisé des actes ignobles et/ou horribles et certains (rares) de bonnes actions. Dans ce deuxième niveau de lecture, il nous montre ou plutôt nous demande si finalement, l’Homme n’est pas naturellement mauvais. A la lecture, on sent bien que cet humaniste dans l’âme est miné par les horreurs que l’on rencontre dans n’importe quel fait divers. Et le titre, qui fait référence à la chanson de Louis Armstrong, est formidablement trouvé pour tous ces thèmes qui s’emmêlent comme une remise en question de la nature de l’Homme. Excellentissime.

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Le chouchou du mois de mars 2020

Comme je l’ai dit dans un post sur Facebook :« vous n’avez plus d’excuses pour ne pas lire. » Comme j’étais en Italie en février (juste avant la crise Coronavirus), j’ai eu l’occasion de beaucoup lire. Donc j’ai publié beaucoup d’avis. Il ne vous reste plus qu’à choisir selon vos goûts et vos envies de découverte.

Honneur aux coups de cœur, puisqu’ils sont deux ce mois-ci à avoir illuminé mes lectures ; enfin, illuminé c’est beaucoup dire tant ils sont sombres, mais utiles voire même indispensables.

Nous avons les mains rouges de Jean Meckert (Joëlle Losfeld) est la réédition d’un auteur trop vite oublié, l’histoire d’un homme perdu dans un monde perdu, au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale. Il rencontre un groupe d’anciens maquisards dont l’objectif devient de faire la chasse aux faux résistants. Avec une plume magnifiquement expressive, c’est un hymne humaniste antimilitariste, qui devrait être un classique de la littérature française.

La fabrique de la terreur de Frédéric Paulin (Agullo) clôt la trilogie consacrée au terrorisme moderne. Frédéric Paulin termine cette histoire de façon extraordinaire, déployant tout le talent dont il est capable pour mettre au premier plan ses personnages dans une intrigue, notre intrigue géopolitique. Cette trilogie est indispensable pour qui veut comprendre notre vie et notre monde.

Beaucoup de romans noirs ont été chroniqués ce mois-ci, dont le premier roman de Tim Willocks : Bad city blues de Tim Willocks (Points), un roman ultra-violent autour de la recherche d’un butin, avec tous les ingrédients liés au polar.

Du côté des dealers, Santa Muerte de Gabino Iglesias (Sonatine) est aussi un premier roman qui met en scène un jeune homme lâche qui croit en une sainte, censée le protéger ; ce roman montre aussi le sort réservé aux immigrés aux Etats-Unis et le rend intéressant à lire.

Neva de Patrick K. Dewdney (Les contrebandiers) est le premier court roman de l’auteur, bâti sur une intrigue simple, écrit avec une plume empreinte de poésie noire et dramatique, entre loyauté et survie.

Enfin, Ce qui reste de candeur de Thierry Brun (Jigal) marque le retour de cet auteur sur le devant de la scène avec un homme qui fuit son ancien employeur, son environnement voire sa vie passée et qui va s’ouvrir un nouvel horizon quand il fait la connaissance de ses voisins. Un roman chaud sous haute tension à vous rendre paranoïaque. Ne ratez pas l’interview de Thierry Brun pour Radio Enghein ici, qui est excellente.

Au rayon Romans policiers, je vous ai proposé deux avis mitigés, l’un plus que l’autre. Victime 2117 de Jussi Adler Olsen (Albin Michel) me promettait un éclaircissement sur le passé d’Assad. Je l’ai eu mais ce n’est qu’une partie du roman, l’autre étant une course poursuite avec son pire ennemi. Et puis, il m’a manqué l’humour de ses premiers romans. Bref, je suis curieux d’avoir vos retours pour me contredire.

Ce que savait la nuit d’Analdur Indridason (Points) marque le début d’un nouveau cycle pour notre auteur islandais préféré, depuis qu’il a abandonné Erlendur. Si l’enquête est classique, presque trop, elle a le mérite de nous présenter Konrad et ses cicatrices ; et cela nous permet d’apprécier comme toujours la finesse psychologique d’Indridason.

J’imagine que par ces temps difficiles, vous avez besoin d’humour. J’ai ce qu’il vous faut et ce ne sont que des premiers romans tous frais. Si vous êtes adeptes de roman déjanté, hommage des comics et des BD, optez pour Meurtres à Pooklyn de Mod Dunn (Points), où vous suivrez une équipe nommée the T.O.P. composé de personnages délirants. Les deux autres, Du rififi à Bucarest de Sylvain Audet-Gainar (Ex-Aequo) et Les deux pieds dedans de François Legay (Lajouanie)ont en commun leur sujet (un homme doit comprendre dans quelle galère il est plongé et il doit résoudre un mystère sans même savoir ce qu’il cherche). Très divertissant, d’une écriture légère, le premier nous plonge dans la Roumanie contemporaine ; le deuxième nous place face à un détective privé obsédé sexuel, une tare familiale. Les deux sont de très bons divertissements.

Enfin, last but not least, Toute la violence des hommes de Paul Colize (HC éditions) est le dernier roman en date de cet auteur décidément pas comme les autres. Son roman, entre enquête et psychologie, montre toute son admiration pour l’art et l’importance qu’il faut y accorder. C’est aussi un roman où les personnages sont sur le devant de la scène, avec une directrice d’institut psychiatrique et un avocat, deux professions froides et sans sentiment, qui vont s’ouvrir au monde. Et puis, il y a ce parallèle avec le massacre de Vukovar pour ne pas oublier, pour montrer que l’homme peut être pire qu’un animal. C’est pour cette raison que j’ai décidé de distinguer cet auteur humaniste avant tout en lui attribuant le titre (honorifique) de chouchou du mois.

J’espère que ces avis vous seront utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant et plus que jamais, n’oubliez pas le principal, lisez !

 

 

Toute la violence des hommes de Paul Colize

Editeur : HC éditions

Je suis fan de Paul Colize pour plusieurs raisons. Tout d’abord, chacun de ses romans est différent ; cela peut passer du polar au roman policier, du roman psychologique à la comédie, et tout ça avec une facilité que beaucoup peuvent lui envier. Ensuite, ses personnages sont criants de vérité. Enfin, Paul Colize pointe du doigt des événements importants, en rappelant ce qui est important : l’Humain. Et ce roman est aussi grand que son titre … et quel titre !

Nikola Stankovic est arrêté pour suspicion de meurtre. Ivanka Jankovic, une jeune femme a été retrouvée chez elle, poignardée de 9 coups de couteau, 5 dans le dos et 4 dans le ventre. Pour la police, sa culpabilité ne fait aucun doute : Empreintes, traces de sang appartenant à Ivanka sur ses chaussures, semelles de ses chaussures marquées dans le sang coagulé. Ivanka était connue pour s’adonner à la prostitution pour payer ses études. Règlement de comptes ou jalousie, nul ne le sait. Car Nikola ne prononce qu’une seule phrase : « Ce n’est pas moi ».

Il faut dire que Nikola est fortement soupçonné d’être le « funambule », cet artiste croate qui peint des fresques géantes en une nuit sur des pans d’immeuble, laissant les passants ébahis devant la grandeur de l’œuvre. Œuvre gigantesque mais aussi œuvre choquante, puisqu’il a peint des meurtres, des scènes de viol avec un réalisme affolant. Son premier avocat n’arrive pas à lui soutirer une autre phrase. Alors, il abandonne la partie.

Nikola est envoyé dans un institut psychiatrique pour déterminer s’il était ou non conscient de ses actes. L’institut est dirigé par Pauline Derval, qui va suivre cette affaire de près, aidée en cela par Sébastien, infirmier dévoué à sa cause. Son nouvel avocat, Philippe Larivière va aussi chercher à établir un contact. Car soit Nikola est conscient donc responsable de ses actes et il risque 10 ans de prison, soit il ne l’est pas et il sera enfermé à vie dans cet asile.

1991, Vukovar. Le petit Niko a 8 ans quand sa vie, sa ville s’écroule. Il est obligé de vivre dans une cave avec sa mère, pour survivre aux 87 jours de bombardements serbes. Son père est parti un matin, et n’est jamais revenu. Résister ou mourir sont les deux choix qui lui restent à sa mère et lui. Car Vukovar est l’enfer sur Terre …

On peut lire ce roman à plusieurs niveaux, comme à chaque fois chez Paul Colize ; ce n’est pas pour autant un roman intellectuel, mais une formidable démonstration du message qu’il veut nous faire passer, et qu’il serine à chaque roman. Il y a la résolution de l’enquête, à propos de laquelle je ne m’étendrais pas. Coupable, pas coupable ? vous ne saurez le fin mot de l’histoire qu’à la toute fin du roman … mais auparavant vous aurez parcouru tant de chemin, tant de pages pour vous sentir concerné et vous révolter.

La construction du roman, en alternance entre le présent et la vie de Niko à Vukovar est faite pour mettre en valeur les personnages. Si Niko enfant (vous l’aurez compris Niko et Nikola ne font qu’un) va vous montrer une ville détruite avec toute l’horreur associée, les autres personnages sont aussi importants. Sébastien est l’inverse de ce que l’on pense d’un infirmier, puisqu’il fait preuve d’empathie et c’est grâce à elle qu’il va pénétrer dans le monde intérieur de Nikola. Pauline Derval est une femme de poigne, froide, distante mais surtout perfectionniste ; elle ne veut pas se tromper sur ce cas. Quant à Philippe Larivière, il veut bien faire son travail et est intrigué par son client. Ce qui est extraordinaire dans ce roman, c’est que Pauline et Philippe, qui sont des personnages froids et distants par leur fonction, vont petit à petit s’ouvrir à l’émotion, et peut-être réaliser qu’ils ont en face d’eux un être humain et non juste un cas psychiatrique de plus. C’en est d’autant impressionnant qu’à la fin de roman, j’ai versé ma petite larme …

Rapidement, Paul Colize va pointer les aberrations d’un système judiciaire (c’est le cas en Belgique, mais je suis sûr que nous avons la même chose en France). Si Nikola est considéré comme non responsable de ses actes, il passera plus de temps enfermé que s’il est jugé responsable de ceux-ci. Cette assertion est martelée plusieurs fois et on peut se demander s’il ne faudrait pas, à la lumière des avancées juridiques et psychologiques actuelles, revoir des lois qui ont été mises en place il y a plusieurs décennies.

Car la loi est dure, cruelle et bigrement matérialiste, factuelle. A l’opposé, on trouve l’esprit et l’importance de l’art. Evidemment, Paul Colize met en valeur les beautés de l’esprit, même si elles représentent des horreurs. Il montre l’importance de l’art, de la relation au présent, de la représentation de la réalité, et de l’importance des jugements. A tel point, que Paul Colize a eu l’occasion d’interviewer un peintre graffeur et que l’interview, présente en fin de roman, montre a quel point il y a une performance technique (peindre en équilibre sur un mur) mais aussi le moment d’absence, de folie, qui lui permet de créer son œuvre.

Enfin, et je voulais le garder pour la fin, il y a Vukovar et cette bataille, qui a eu lieu en 1991, durant trois mois, un véritable massacre à propos duquel tout le monde a fermé les yeux. Pourtant ce n’était pas si loin de chez nous ! Ce roman, c’est l’illustration de la violence des hommes, la peinture de l’ignominie, quelques pages pour que l’on n’oublie pas le plus terrible acte guerrier depuis la deuxième guerre mondiale. Choisir ce fait historique, c’est aussi la démonstration que Paul Colize est un des meilleurs auteurs humanistes, et qu’avec ce roman, il a écrit, à mon avis, l’un de ses meilleurs romans depuis Un long moment de silence.

Vous devez lire ce roman, car vous n’avez pas le droit de fermer les yeux.

Un jour comme les autres de Paul Colize

Editeur : HC éditions

Les romans de Paul Colize se suivent et ne se ressemblent pas. J’adore cet auteur belge doué pour inventer des intrigues solides tout en adaptant son style à son histoire, capable aussi de se fondre dans différents genres. Après Zanzara, un roman qui nous emmenait à 100 km/h, ce roman change totalement de registre pour nous plonger dans un roman psychologique complexe.

Un matin Eric Deguide, chargé de cours à l’université libre de Bruxelles, dans sa voiture, jette un coup d’œil à sa maison. Sa femme dort encore. Il tourne la clé de contact et démarre.

Cela fait 614 jours que son compagnon a disparu. Emily ne perd pas espoir, ne veut pas lâcher, abandonner Eric qui a disparu sans laisser de traces. Traductrice de son état, elle se perd dans la musique classique, en chantant des morceaux de soprano. La seule trace qu’il reste de lui est son véhicule SAAB, retrouvé sur le parking de l’aéroport de Zaventem. Mais même en regardant les caméras de surveillance, personne ne peut déterminer comment elle est arrivée là.

Michel Lambert, la cinquantaine, est un grand solitaire, divorcé, atteint d’insuffisance rénale, passionné d’affaires criminelles. Il a ouvert un forum sur Internet, où les gens peuvent poster des avis de recherche, mais aussi discuter des cas en cours. Il ouvre une rubrique consacrée à la disparition d’Eric Deguide. Suite à ses recherches, il est persuadé qu’Emily est innocente et commence ses recherches. Quand il la rencontre, il est subjugué par sa beauté calme et douloureuse.

Emily reçoit un témoignage sur le site de Michel. Une femme affirme avoir vu « cet homme » à la station service de Barchon sur l’autoroute E40. Le message est signé Axe-L. Emily décide, avec l’accord de Michel de prendre contact avec le mystérieux informateur. Son témoignage va confirmer Emily dans sa détermination à retrouver son compagnon, à connaitre la vérité.

Déstabilisant et psychologique. Comme je le disais, ce roman est totalement différent du précédent et des autres. Divisé en quatre parties, comme un opéra, le roman va nous présenter Emily, par des chapitres à la première personne et Michel, son amoureux fou et sans espoir. Cette première partie est remarquable dans sa façon d’aborder une femme en prise au vide, à l’absence, et c’est probablement le meilleur passage que Paul Colize ait écrit tant tout y est fait avec minutie et subtilité.

Déstabilisant et policier. Dans une deuxième partie, suite à un événement majeur survenu quelques pages plus tôt, nous changeons de personnages et passons à deux journalistes au Soir : Frédéric Peeters et son patron Alain Lallemand. Si l’enquête commence, l’accent est encore une fois mise du coté de la psychologie, et en particulier du jeune Peeters, passionné et Lallemand plus posé, mesuré et sachant guider le jeune journaliste dans son travail. Avec un auteur chevronné tel que Paul Colize, on s’attend à ce que l’intrigue soit bien menée. Elle l’est, fouillée, précise, et multipliant les pistes … en même temps que les mystères se nimbent de brouillard, en particulier en ce qui concerne les personnages d’Eric et Emily.

Déstabilisant et brillant. Je ne vais pas vous raconter de quoi le roman parle, mais sachez juste que le sujet est important et qu’il faut le savoir. Il passe juste un peu au second plan devant la force des caractères et devant le talent à avoir construit un roman aux confins de tous les genres. Paul Colize semble s’être lancé un défi : tenir en haleine le lecteur pendant 420 pages avec un roman psychologique. Vous avez bien lu : en haleine ! Impossible à lâcher, ce roman décidément inclassable se révèle un défi pleinement réussi qui déstabilisera beaucoup mais qui au bout du compte s’avère un bel exercice de style.

Ne ratez pas les avis de Fred K, Musemania et Yvan bien sur

Zanzara de Paul Colize

Editeur : Fleuve Editions

Depuis Back-up (et même un peu avant), je lis toutes les nouvelles sorties de Paul Colize, car ses livres sont tout simplement prenants et permettent de passer à chaque fois d’excellents moments de lecture. Je ne suis pas prêt d’oublier Un long moment de silence, qui est à mon avis son meilleur roman à ce jour, le plus personnel aussi, ce qui en fait presque le livre de sa vie. Et Zanzara alors ? Il est comment ? GENIAL !

Fred a organisé son défi. Il a réuni des parieurs, qui versent une obole pour le voir prendre le périphérique de Bruxelles à contresens au volant de sa voiture, à fond. Après que chacun ait versé ses billets, il prend le volant et se lance sur le Ring. Il roule sur la voie de gauche, ne cherchant même pas à éviter les voitures qui viennent en face. Puis, il réussit à prendre la sortie suivante après plusieurs centaines de mètres de folie, et une bonne dose d’adrénaline. Encore une fois, il s’en sort. Entreprise suicidaire ? Pour lui, il s’agit plutôt de chercher une forme de rédemption, et un bien-être qu’il a rencontré dans sa jeunesse.

Fred, de son vrai nom Frédéric Peeters, est journaliste au journal Le Soir. Lors de la réunion de l’équipe, pour faire un point sur les sujets en cours, il reçoit un coup de fil d’un dénommé Régis Bernier. Il se dit menacé, a peur pour sa vie et lui propose un rendez-vous le lendemain pour lui faire des révélations. Quand il se rend chez Bernier, dans les Ardennes, il découvre un cadavre.

Il appelle alors la police puis inspecte les lieux. Certes, il semble que Régis Bernier se soit suicidé. Mais le pistolet semble bien éloigné du cadavre, sous le bureau. D’ailleurs, il n’y a pas de trace ni de téléphone, ni d’ordinateur, alors qu’il y a un écran et une imprimante. Les remarques du légiste laissent penser que la mort remonte à trois jours, soit avant le coup de fil qu’il a reçu. Il n’y a qu’un journaliste pour être attiré par ce genre de mystère.

Accrochez vous ! Dès les premières pages, on est pris dans le rythme, comme une sorte de 10 000 mètres à courir à la vitesse d’un sprint. De la scène initiale à la fin, le mot d’ordre est de l’action, de l’action et de l’action. Et cela se coordonne parfaitement avec la psychologie du personnage principal, Fred, sorte de suicidaire, avide de défis impossibles pour à la fois exorciser un drame de jeunesse et à la fois se sentir vivant. En fait, il vit à 100 à l’heure, aussi bien dans son travail que dans sa vie personnelle. Fred, c’est un descendant des punks, un No Future moderne, un Rimbaud du polar.

Car Paul Colize ne se contente pas d’écrire un roman d’action, il nous propose aussi un formidable personnage auquel on adhère et par voir de conséquence, pour lequel on a peur quand il fait ses défis ! Et on le trouve timide quand il s’agit d’aborder et de draguer Camille, une libraire, avant de le voir cinglé dans sa relation sexuelle, comme s’il devait prouver chaque respiration qu’il prend. Et tout est mené au même rythme, ce qui fait qu’on n’a pas le temps de retrouver son souffle, on court de mots en phrases, de phrases en chapitres courts, pour arriver au sujet du livre.

Fred va mener son enquête, rencontrer le fils du mort, et petit à petit découvrir le fin mot de l’histoire. L’auteur nous parle d’un événement que personne n’a évoqué, que tout le monde a enterré consciencieusement, sur fond de mercenariat, que ce soit dans les émeutes ou dans les guerres modernes. Quelques chapitres en italiques nous indiquaient bien qu’il y avait un sujet de fond, et celui-ci est judicieusement amené et suffisamment révoltant pour que l’on ait envie de hurler. Et cela fait de ce polar bien plus qu’un polar, une dénonciation des exactions gouvernementales mais aussi des informations que l’on choisit consciencieusement de donner au peuple. GENIAL !

Ne ratez pas l’avis des amis Claude, Yvan,  ainsi que sur Au Pouvoir des mots.

Concerto pour 4 mains de Paul Colize (Fleuve Noir)

Génial, le dernier Paul Colize est génial. Prenant d’un bout à l’autre, il nous montre le destin de deux hommes, avec une simplicité telle que ce roman est impossible à lacher, et malgré cela, la structure du livre n’est pas si évidente que cela. Pour un lecteur lambda, cette lecture vous paraitra évidente et passionnante. Pour un spécialiste du polar, cette lecture laissera pantois par la maitrise montrée dans la conduite de l’intrigue. Je disais que ce roman est génial : Erreur ! il est impressionnant.

Le 18 février 2013, un fourgon charge une cargaison de diamants dans un avion. Un camion enfonce un mur de protection et débarque lors du chargement. Rapidement, les malfaiteurs mettent en joue les convoyeurs et embarquent les nombreux sacs. Quelques minutes plus tard, le camion se sauve par le même chemin qu’ils ont utilisé pour arriver. La rapidité, la précision font de ce braquage un chef d’œuvre du vol sans effusion de sang. Ce braquage serait-il l’œuvre de Franck Jammet ?

La vocation de Franck Jammet lui est dévoilée le jour où, enfant de chœur, il voit le curé mettre dans sa poche un gros billet récupéré lors de la quête de fin de messe. Ce jour-là, il comprend que l’on peut être voleur et ne pas se faire prendre. Scout par la suite, il invente une arnaque pour sauver des animaux en voie de disparition avec son ami de toujours XXX. C’est lors de ses études qu’il commence à monter des braquages judicieux, non violents et très rémunérateurs.

De nos jours, Jean Villemont, avocat au barreau de Bruxelles, doué et travailleur acharné, est appelé par M.Bachir pour défendre son fils Akim, qui vient d’être accusé de vol. En effet, Akim a été arrêté alors qu’il réalisait un braquage avec un couteau et à visage découvert. Le premier contact entre Akim et Jean se passe mal : Akim ne veut pas être défendu. Jean va mener son enquête et s’apercevoir qu’au lieu de braquer le bureau de poste, Akim cherchait en fait à échapper à la grosse voiture qui l’attendait dehors, et que, pour ce faire, il est entré précipitamment dans la banque pour simuler un braquage.

Ce roman est incroyable, impressionnant de maitrise, un pur plaisir de lecture. Il repose sur deux personnages forts, un voleur de haut vol et un avocat. D’emblée, Paul Colize alterne les chapitres afin de leur donner à chacun un temps de parole identique. Les chapitres se parlent, se répondent, et on entre dans cette intrigue avec deux hommes qui sont chacun d’un coté de la ligne jaune.

Franck Jammet est un truand qui se revendique comme tel, Jean Villemont est un avocat honnête qui se revendique comme tel. Ce qui attire mon attention, c’est le réalisme des scènes, et l’humanité des personnages. Paul Colize a mis beaucoup de passion dans son roman, et il nous l’insuffle, il nous conte une histoire à laquelle, il me semble, tout le monde se doit d’adhérer car elle est simple et humaine ; elle nous parle.

Cette construction faite d’alternances n’est pas nouvelle et on attend avec imaptience la rencontre entre les deux personnages. Elle est rendu plus complexe par le fait que les chapitres concernant Frank Jammet racontent sa vie depuis son adolescence. Malgré cette complexité voulue et revendiquée, ce roman est remarquable par sa fluidité, sn évidence. Ce roman se lit tout seul, le style est simple, mais chaque mot, chaque phrase veulent dire quelque chose.

Pour avoir lu plusieurs romans de Paul Colize, ce roman doit lui permettre d’atteindre à la reconnaissance parmi les meilleurs conteurs francophones contemporains. J’ai été époustouflé par la créativité des scènes, par l’imagination qui en découle, par l’évidence des enchainements et par la beauté de cette histoire, de ces deux destins. Et pendant toute la lecture, on ne se pose pas la question de comment ces histoires peuvent finir, parce que l’on aime se laisser porter par la narration.

Si je considère qu’Un long moment de silence est son chef d’œuvre à ce jour, ce roman là en est très proche tant ce roman est passionnant d’un bout à l’autre. Et si je dois vous donner un conseil pour vos cadeaux de Noel, n’hésitez plus : Ce roman là est sans aucun doute en ce qui me concerne un roman qui va plaire à tout le monde. Laissez vous emporter par ce concerto pour 4 mains !

Ne ratez pas les avis des amis : David et Yvan,

L’avocat, le nain et la princesse masquée de Paul Colize (La Manufacture de Livres)

Après le magnifique Un long moment de silence, Paul Colize nous revient un an après avec un polar plus classique. Ce roman nous propose donc une enquête plus classique, et joue dans la cour des romans de divertissement.

Hugues Tonnon est avocat à la barre de Bruxelles. Sa spécialité, ce sont les divorces, et c’est une activité bien lucrative. Quand le top model belge, la sublime Nolwenn Blackwell, débarque dans son bureau, tous ses sens sont en éveil. En effet, celle-ci veut se séparer d’Amaury Lapierre, un sexagénaire chef d’une grande entreprise, alors qu’ils allaient se marier. La cause de la dispute : une photographie dans un magazine où Lapierre apparait dans les bras d’une donzelle.

Pour bien cerner son sujet, Hugues emmène Nolwenn manger dans un excellent restaurant. Ils boivent, un peu, beaucoup, beaucoup trop et il décide de la raccompagner chez elle. Quand elle lui offre une vodka, la soirée se termine en trou noir et Hugues se réveille chez lui. C’est la police qui lui annonce que Nolwenn a été retrouvée assassinée chez elle, dans sa chambre, de deux balles de revolver. Et le principal suspect s’appelle … Hugues Tonnon.

Manque de chance : Le policier en charge de l’enquête a déjà eu affaire avec l’avocat … pour son malheur. Lors de son divorce, il a en effet perdu sa moto. Alors pourquoi chercher plus loin un coupable ? Hugues Tonnon va donc être obligé de mener sa propre enquête quitte à fuir la police et quitter son pays.

Après les formidables Back-up et Un long moment de silence, Paul Colize nous revient avec un polar plus classique. ET on va y retrouver tous les ingrédients qui font de tout polar un bon divertissement : Une enquête compliquée, des personnages truculents, un style simple, imagé et direct, des situations rocambolesques, des voyages dans différents pays, bref tout est là pour passer un bon moment.

Alors, Paul Colize va nous embarquer avec son personnage d’avocat à moitié snob, à moitié misogyne de la Belgique à la France, en passant par l’Afrique du sud, le Maroc ou l’Algérie, tout ça pour nous parler de plusieurs meurtres qui ont été perpétrés autour de la coupe de monde de football. Et Hugues Tonnon se retrouve affublé d’une journaliste aussi belle qu’énervante mais suffisamment mystérieuse pour que l’on ne croit pas à son histoire de biographie de Nolwenn.

Ce roman, on peut le voir aussi comme un hommage, un hommage à certains personnages (on y croise par exemple un Maxime Gillio) mais aussi un hommage aux plus grands films d’aventure dont chaque titre de chapitre reprend un titre de film. Ce sont aussi certaines allusions qui l’air de rien, sous un air de divertissement, nous rappelle que cette enquête n’est peut-être pas aussi innocente qu’il n’y parait au premier abord.

En tous cas, Paul Colize emporte l’adhésion haut la main, avec ce roman fort divertissant, aux péripéties nombreuses, avec de nombreuses fausses pistes et un humour toujours présent, à la limite du cynisme de bon aloi. Et puis, rien que pour des petites phrases du genre : « Le mariage est la principale cause de divorce. Sans le premier, le second n’aurait pas vu le jour. L’affaire se limiterait à une séparation assortie de quelques larmes ou de vagues reproches. La vie reprendrait ensuite son cours et chacun poursuivrait son chemin la tête haute. Un coup de gueule fielleux ou un suicide avorté viendrait de temps à autre troubler l’ordre des choses, mais ce ne serait que des cas isolés. » Excellent. !

Back-up de Paul Colize (Folio Policier)

Je l’avais raté quand il est sorti en grand format, voici donc une séance de rattrapage pour ce roman qui a tous les attraits de l’excellent polar, et dont la réputation sur la blogosphère n’est plus à faire, tant il croule sous les éloges. D’ailleurs, Paul Colize a remporté entre autres le Balai d’Or du concierge masqué 2012, c’est dire ! Il est aussi finaliste de trophée 813 dans la catégorie roman francophone. Et effectivement, c’est un polar de grande qualité qui mérite tout le bien qu’on a dit sur lui.

Larry speed arrive à l’aéroport de Majorque le samedi 18 mars 1967, en provenance de Berlin. En tant que leader du groupe de rock’n’roll Pearl Harbor, il sort d’une session d’enregistrement avec eux et vient de proposer quelques jours de vacances. Dans un night-club, il récupère une prostituée, passe la nuit à se droguer et baiser. Le lendemain matin, il est retrouvé noyé dans la piscine de l’hôtel. En quelques jours seulement, les quatre membres du groupe auront donc connu la mort.

Février 2010. Un piéton vient d’être renversé par une voiture à proximité de la gare du midi à Bruxelles. Si l’on peut penser qu’il est un SDF, certains indices montrent qu’il n’en est rien. Par contre, rien ne permet de déterminer son identité. Quand il sort du coma, il s’avère qu’il est victime du syndrome de locked-in, c’est-à-dire qu’il peut entendre mais pas communiquer ni bouger (sauf ses paupières). Les infirmières vont le surnommer X Midi. Son kinésithérapeute Dominique va tenter de créer un lien avec lui et essayer de comprendre qui il est et ce qu’il a vécu.

Il va m’être difficile de parler de ce roman, tant il est foisonnant et forme finalement un puzzle dont le lecteur n’aura la solution que dans les dernières pages. Car aussi bien dans sa construction que dans sa narration et dans sa documentation musicale, ce roman est une véritable mine d’information en même temps qu’une source de surprises, de bonnes surprises.

Le roman est morcelé, menant de front plusieurs histoires en parallèle, pour se rejoindre à la fin. Il y a tout d’abord l’histoire du groupe Pearl Harbor, puis celle du journaliste Michael Stern qui est chargé par les familles de découvrir pourquoi les 4 membres sont morts, puis Dominique qui essaie de communiquer avec X Midi, et enfin X Midi lui-même qui raconte sa biographie. Dit comme ça, cela peut sembler complexe voire compliqué, et pourtant je ne me suis jamais senti perdu, retrouvant à chaque fois l’époque et les personnages correspondants. Et l’ensemble donne un puzzle avec un nombre incommensurable de pièces que Paul Colize va nous aider à résoudre.

Et puis, il y a toute cette description des années 60, tout ce foisonnement autour des arts et de la musique en particulier, cette sensation de joie, de liesse et de liberté que l’on ressent à la lecture de la vie de X Midi, qui est formidablement bien rendu. Evidemment, la bande-son est à la hauteur de ce que Paul Colize nous décrit, et c’est tellement bien fait que j’ai vraiment eu l’impression de lire une biographie en oubliant que j’étais dans un polar. Quel plaisir de plonger dans les caves de Berlin, d’errer dans les rues de Pairs ou Bruxelles, de plonger dans les studios de Londres, de vivre au rythme de la batterie, d’entendre retentir les guitares virevoltantes et de vivre les sons magiques des chansons rock ou pop de ces années en or.

Et puis, derrière cette folie pleine d’insouciance, il y a le spectre des menaces de guerre, les conflits aux quatre coins du monde qui ne sont rien d’autre que des combats USA – URSS déportés. Il y a une menace qui apparait petit à petit dans le bouquin jusqu’à devenir omniprésent, jusqu’à une fin originale … que je vous laisse découvrir. N’hésitez plus, prenez un ticket pour les années 60, ouvrez Back-Up de Paul Colize.

Un long moment de silence de Paul Colize (La Manufacture de livres)

Attention ! Coup de cœur ! Que c’est difficile d’écrire cette chronique pour ce livre que j’ai lu cet été ! Mais comment rendre justice à ce roman si foisonnant, important, envoutant, prenant, impressionnant ? Comment vous dire que Paul Colize m’a emporté dans son intrigue emberlificotée jusqu’à un dénouement pour le moins surprenant ?

Le roman s’ouvre sur la Tuerie du Caire, en 1954. Une voiture s’arrête devant l’aéroport, déversant sur le trottoir quatre hommes armés de mitraillettes. Ils ouvrent le feu sur les policiers présents puis font irruption dans l’aérogare et font un massacre parmi les passagers d’un vol en provenance de l’Allemagne. Le bilan sera lourd : 21 morts et une trentaine de blessés. L’enquête internationale n’arrivera jamais à démontrer qui furent les auteurs de cette tuerie aveugle …

De nos jours, Paris. Stanislas Kervyn est le fils d’une des victimes de la Tuerie du Caire. Il n’a jamais connu son père, il avait 1 an au moment du drame. Propriétaire d’une société de sécurité informatique, il consacre son temps libre à résoudre ce mystère. Il vient d’écrire un livre qu’il vient présenter à une émission littéraire télévisée. A la fin de l’émission, il reçoit un coup de téléphone. Son correspondant lui dit qu’il a des informations à lui communiquer, il était le chauffeur qui a emmené les tueurs du Caire …

1948, New York. Nathan Katz a 18 ans et est un miraculé des camps de la mort. Remarquablement intelligent, il va intégrer le Brooklyn College et être approché par une organisation qui s’appelle Le Chat, composée par des juifs ayant perdu leurs proches. Cette organisation secrète est chargée de repérer les anciens nazis pour les juger et les condamner.

Mais que relie donc un PDG d’une société informatique avec un chasseur de nazis ?

Parfait, le dessin de ce personnage qu’est Stanislas Kervyn, plus que désagréable, détestable à souhait, qui n’a aucun respect envers son prochain, rempli d’une fierté et d’une morgue pour écraser la moindre personne qu’il côtoie. C’est un personnage bien particulier que Paul Colize va nous obliger à suivre, à aimer, à détester, à apprécier au fil de l’histoire. Cet homme qui n’a pas de racine, mais qui les recherche, va être plongé dans une histoire qui va le dépasser. C’est un Icare moderne sans cœur qui va se bruler les ailes et découvrir la vérité et une forme d’humanité.

Parfait, le personnage de Nathan Katz, qui va nous faire visiter la deuxième partie du vingtième siècle, au travers sa recherche de vengeance, ayant laissé ses sentiments derrière les barbelés pour se lancer dans une course éperdue de la justice, ou du moins de se justice. C’est un personnage complexe, humain et inhumain, qui pose la question de la vengeance, de la justice, du pardon, de l’horreur, de la justification d’une attitude Œil pour œil, dent pour dent, qui implique le lecteur au plus haut point. Paul Colize pose le lecteur devant ses responsabilités, en posant la question : Que feriez vous ?

Parfaite la construction du roman, alternant les chapitres entre l’enquête de Stanislas et la vie de Nathan. Si la façon de faire n’est pas nouvelle, elle est réalisée avec une aisance et une évidence qui pousse le lecteur à lire plus avant, à avaler les pages, sans être pour autant dérouté ou perdu.

Parfait, le style de l’auteur, cette efficacité dans les mots utilisés, dans les phrases ciselées, dans les petits détails qui permettent de vous plonger dans un village d’Allemagne en 1954 par exemple. C’est un véritable plaisir des yeux, un véritable travail d’orfèvre, un véritable régal pour tout lecteur exigeant sur le style d’un roman. Ce roman est un vraie réussite, un grand travail d’écriture, un grand roman tout court.

Parfait le sujet et sa façon de le traiter, toute la documentation, toute cette érudition qui nous dévoile des pans d’histoire mal connus et un voyage dans le temps qui va durer soixante ans tout en nous passionnant du début à la fin. Formidable cette façon de lier les personnages à la grande histoire au travers de petites histoires.

Parfait ce roman, avec ce suspense si bien entretenu que malgré tout ce qui nous a été montré pendant ces 450 pages, la fin nous tombe sur la tête, nous tire des larmes embrouillées, et nous vient alors un immense regret, celui d’avoir tourné la dernière page. La gorge nouée, on croit en avoir fini, quand en lisant les remerciements de l’auteur, on comprend toute la passion qu’a mise Paul Colize dans cette histoire. Et c’est formidablement réussi.

Parfait ce roman !