Editeur : Fleuve Noir
Au rayon divertissement, à mi chemin entre thriller apocalyptique et roman d’espionnage anti-terroriste, le dernier roman en date de Stéphane Marchand respecte à la lettre les codes du genre en faisant monter la tension.
Alors que Daech a été repoussée hors de l’Irak et la Syrie, l’organisation terroriste a du se replier en Lybie, où, après la mort de Kadhafi, le chaos y règne en maître. Dans une grotte perdue au milieu du désert, Ibtissam, une jeune femme en guerre contre l’occident assiste à la réussite de son programme : des jeunes chiots meurent sous ses yeux en présence d’une nouvelle substance alors que d’autres survivent.
Le jeune diplômé de Polytechnique effectue un stage à la DGSE. On lui donne la mission d’améliorer la toute nouvelle invention, Face Mort, un logiciel qui allie reconnaissance faciale et intelligence artificielle. Il passe des jours et des nuits à le nourrir de photos, de documents, d’informations glanées sur le Net car une connexion semble se faire entre le jeune homme et la machine.
Une vidéo postée sur un réseau social va réveiller la machine, celle d’une décapitation d’un homme au milieu d’hommes masqués. Pourtant, Face Mort va pointer un homme en marge de ce meurtre, ou plutôt un tatouage qu’il identifie et relie au nom de code Sauterelle. Lançant l’alerte aussitôt, il reçoit l’appel du colonel Flache en personne, le conseiller particulier du directeur. Tout le département prend au sérieux cette piste et charge Maxime Barelli, la capitaine à la tête des Forces Spéciales, de trouver et d’éliminer les terroristes. Car elle connait très bien le dossier Sauterelle.
Les raisons de lire ce roman sont innombrables, tant le plaisir de lire un bon roman d’action est là. Stéphane Marchand démontre aussi que pour qu’un plat soit bon, il ne suffit pas d’avoir les bons ingrédients ; encore faut-il avoir le talent pour faire monter la mayonnaise. Prenez une pincée de nanotechnologie, une bonne part de terrorisme, une couche de reconnaissance faciale et une autre d’intelligence artificielle, parsemez d’agents secrets agrémentés de troupes d’assassins sans scrupules au service de la République. Mélangez délicatement, tout en ayant un mouvement énergique dès que les balles sifflent. Saupoudrez avant de servir d’un suspense difficilement soutenable.
Avec tout cela, le plat devrait être excellent. Stéphane Marchant ajoute à ce roman d’action paranoïaque un format de thriller où les chapitres n’excellent pas quatre pages, un style qui va vite, d’innombrables personnages à la psychologie juste brossée, le lecteur devant faire le reste, et vous aurez entre les mains Face Mort. Et même si certaines assertions sur où nous emmène la technologie sont osées, ce thriller va vous faire frissonner.
Ça va vite, on voyage entre l’Europe et le Moyen Orient et on se laisse emmener dans cette intrigue qui flirte avec un futur proche, appuyant sur nos peurs comme quand on enfonce un couteau dans une plaie et qu’on tourne doucement et lentement pour faire plus mal. Avec tout ce qu’on nous montre dans les médias, on en devient fous. Stéphane Marchand ne nous décrit pas un futur forcément réaliste, il grossit le trait comme une projection possible, probable mais dans tous les cas, bien flippante.
Si vous avez déjà peur de tout, si vous croyez aux complots ou aux délires de la science, ce roman va vous conforter dans vos idées. Si vous aimez les histoires bien écrites, les romans d’action, et une réflexion sur ce que nous réserve (peut-être) l’avenir de la science quand elle est mal utilisée ou utilisée à des fins funestes, alors, ce roman est aussi pour vous. Car en parcourant ces pages, on ne voit pas le temps passer, ce qui démontre que c’est un très bon divertissement.