Attention, coup de cœur ! Ce roman là, je l’avais noté sur son résumé de quatrième de couverture. Conforté dans mon choix par le billet de l’ami Claude Le Nocher, je l’ai bien vite acheté, puis stocké en attendant que l’actualité se calme. Le voici donc !
C’est l’histoire de 4 copains au début des années 80 : Paul, Hector, George et Andy. Paul est le plus grand, et veut s’engager dans l’armée, pour assouvir sa violence et s’éloigner de son père qui a raté ses études. Hector, mexicain d’origine, est un adorateur de punk rock comme Paul. Pour compléter le groupe, il y a George et Andy, les deux frères : George le grand fainéant et Andy le petit génie des mathématiques. Tous s’ennuient en cet été chaud.
Andy vient de faire une bêtise : il a laissé son vélo dans la rue sans l’attacher. Evidemment, il a été volé, et cela ne peut être que l’œuvre de Timo Arroyo. Celui-ci déboule la rue juché sur le vélo. Timo est le plus jeune du gang Arroyo, qui est composé de Francisco et Ramon, gang qui deale de la drogue au lycée. Lors d’un affrontement de nos 4 comparses avec les Arroyo, ils arrivent à récupérer le vélo.
En guise de représailles, ils décident d’aller cambrioler la maison des Arroyo. Ils fouillent toutes les pièces, découvrent de l’argent dont ils s’emparent, et finissent par tomber sur un laboratoire amateur de fabrication de drogue. Dans un réfrigérateur, ils trouvent des sachets de drogue et Paul s’empare d’un sachet de 500 grammes. Puis, ils continuent par la maison d’un voisin où ils volent des bijoux.
Paul passe un coup de fil anonyme à la police pour dénoncer les Arroyo, et la petite bande débarque chez Jeff, un copain d’école de leurs parents, qui a toutes les combines pour fourguer le résultat de leurs larcins. Seulement, on ne s’improvise pas bandit de grand chemin, surtout quand on a affaire à de vrais truands. Le décor est planté pour lancer la spirale dans laquelle ils vont s’enfoncer.
Le 9 décembre 1980, ma mère entre dans ma chambre pour me réveiller et m’annonce que l’on vient de tuer John Lennon. J’étais au collège et je n’écoutais que les disques des Beatles et de John Lennon. J’ai décidé de rester couché et de ne pas aller au collège. Je ne comprenais pas que l’on puisse tuer un homme, comme ça, sans raison, qui plus est quelqu’un qui prônait la paix. Quelques semaines plus tard sortait Back in black de AC/DC, album hommage à Bon Scott, mort dans sa voiture après une beuverie. Cet album résonnait pour moi comme un cri envers l’injustice de la mort.
Pourquoi cette petite digression ? Parce que les gamins de ce roman vivent par la musique, et que celle-ci est très proche de ce que j’ai écouté. Ce livre m’a fait vibrer dans sa première partie par cette similitude avec ma propre jeunesse, avec ces questions, ces envies, ces sensations, ces réactions envers le monde. Tout ça pour dire que nous avons été jeunes, nous avons fait des conneries, et nous avons tiré les leçons et les enseignements que la vie nous a fait subir.
Ce roman raconte une histoire simple, mais tout sonne juste : les caractères de nos quatre jeunes jusqu’à l’attitude de leurs parents, les situations et les dialogues, la psychologie des personnages sans en rajouter des tonnes, juste par petites touches, leurs rêves juvéniles venant en opposition à la dure réalité vécue par l’échec de leur père ou mère. Ça m’a fait frissonner et a fait résonner une once de nostalgie.
C’est un hymne à tous les parents qui pensent protéger leurs enfants, une symphonie à tous les jeunes qui font des bêtises et apprennent leurs gravités après en voir subi les conséquences. C’est un roman noir, avec cette différence entre la première et la deuxième partie, où d’abord on se prend de sympathie pour eux avant qu’ils fassent un petit tour en enfer, un superbe roman qui nous montre que la vie n’est pas si facile, et que l’expérience s’acquiert au prix de douloureuses épreuves. Avec un suspense haletant et une fin éblouissante, ce roman ne pouvait être qu’un coup de cœur Black Novel décerné haut la main. Vous l’aurez compris, c’est un livre à lire à tout prix.