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La saignée de Cédric Sire

Editeur : Fayard Noir

Ce matin, j’ai reçu un gentil petit message. Ôh, quelle surprise ! Revoici Suzie qui revient pour nous parler du dernier roman de Cédric Sire.

Entre nous, je sais qu’il faut que je découvre cet auteur, tant on m’en a dit du bien. Je vais juste attendre que ses écrits soient un peu moins sanguinolents. Je donne donc la parole à Suzie que je remercie beaucoup pour sa contribution amicale.

Bonjour amis lecteur,

Voici un moment que je n’étais pas sortie de mon antre. Bizarrement, le monde d’après ne semble pas beaucoup différent du monde d’avant.

A la demande de notre hôte, je me suis plongée dans un nouveau roman, « La saignée » de Cédric Sire. La bibliographie de cet auteur français, comporte une quinzaine de publications comprenant aussi bien des romans que des nouvelles dans différents domaines tels que le fantastique ou le thriller.

Ayant déjà croisé l’auteur lors de diverses manifestations littéraires, je n’avais encore jamais eu l’occasion de me plonger dans sa prose. C’est dorénavant chose faite et je vais vous parler de sa dernière publication en date.

Publié le 29 septembre 2021 aux éditions Fayard, « la Saignée » va nous transporter dans un monde à part, un monde mythique, celui des « chambres rouges ». D’ailleurs, la couverture choisie pour cet ouvrage donne le ton. Cette dominante rouge avec cette porte au fond vous indique que seule une poignée d’élus pourront la franchir. C’est un avertissement aux âmes sensibles de passer leur chemin.

La structuration de l’histoire est composée de huit parties ainsi que d’un prologue et d’un épilogue dans lesquels s’intercalent des chapitres courts, de longueurs diverses qui vont servir la rythmique du récit. Les titres des différentes parties font toutes référence à une ou des femmes dans des situations bien précises. L’auteur met la femme au centre de son récit. De celle traumatisée et mal dans sa peau, ex-championne de boxe à la lieutenante de police méticuleuse à l’extrême en passant par la hackeuse écologiste ou bien l’attachée de presse prête à tout, l’auteur va jouer avec différents codes et brouiller les codes et les frontières. Le comportement de ses divers protagonistes féminins va engendrer une multitude de questions ; questions qui vont être reprises et exposées par les autres personnages qui les entourent.

En face de ces caractères féminins, l’auteur va y opposer des personnages masculins plus stéréotypés tels que le gentil geek qui n’attend qu’une chose, qu’on lui parle, le mafioso qui se veut respectable mais dont les actions sont en complète contradiction avec son comportement, l’agent qui souhaite se venger du mal qu’on a pu lui faire ou l’écrivain qui apprécie un peu trop ses fans. La perception de ces personnages va être biaisée par les différents filtres que l’auteur va proposer tout au long du récit. Qu’est ce qui tient du réel, qu’est ce qui est imaginaire ? La fin justifie-t-elle l’utilisation de tous les moyens? L’auteur développe un univers qui n’est pas si manichéen qu’on pourrait le percevoir en utilisant des « flash-back » imputables ou pas à certains des personnages. C’est une manière d’étoffer certains personnages et de mieux comprendre leur comportement.

Et l’histoire alors? Elle va se composer de deux intrigues parallèles. L’une concerne le principal protagoniste et sa vie qui semble prise dans une toile d’araignée qui semble se refermer au fur et à mesure sur elle. L’autre est la recherche de cette mythique « chambre rouge ». Existe-t-elle réellement ou tout cela n’est-il qu’un écran de fumée, une vaste arnaque pour récupérer l’argent d’êtres trop crédules ? En ajoutant, au fur et à mesure de l’avancée du récit, de nouveaux personnages, l’auteur pose ses pièges et ses chausse-trappes pour malmener le lecteur et l’induire en erreur. Qui faut-il croire, alors ? Est-ce que les apparences ne sont que des apparences ? Le jeu du chat et de la souris avec, comme toile de fond, l’univers du web profond, renforce cette impression de duperie. Si vous trouvez les codes, vous accéderez peut-être à ce lieu mythique ou pas.

Bizarrement lorsque j’ai lu le prologue, un autre livre est venu se superposer à ma lecture. Mon esprit a fait un parallèle entre cette scène et une de celles que l’on trouve dans le livre « Rouge est la nuit » de Tetsuya Honda. Car, pour ne rien vous cacher, l’auteur met à l’épreuve ses lecteurs dès les premières pages tel un rite initiatique où peu d’élus sont appelés. Si vous ne supportez pas la torture, je vous propose de passer votre chemin. Âmes sensibles s’abstenir.

Par la suite, le récit est moins dur, excepté quelles scènes par-ci, par là. Autant sur la première partie de l’histoire, ma lecture a été continue, autant sur la deuxième partie, je n’ai pu me retenir et je souhaitais connaitre la fin expressément. Le mécanisme du récit et, donc l’auteur, m’avait suffisamment prise dans ses filets pour que je veuille connaître la suite rapidement. Et, une fois de plus, je me suis fait avoir. Le meurtrier n’est pas celui que j’escomptais. Les filtres mis en place par l’auteur ont éclaté en morceaux à la fin du récit. Les apparences ne sont bien que des apparences. Les traces informatiques peuvent vous faire prendre des vessies pour des lanternes. L’interprétation de preuves et la rigueur mise en place sont au cœur de ce récit. Le doute est toujours de mise, surtout s’il s’appuie sur des preuves trop évidentes.

Ce qui m’a particulièrement intéressée, ce sont ces différentes figures de femmes qui essaient de trouver leur rédemption par diverses actions. Pour l’une, ce sera le combat, pour une autre la rigueur, une troisième par la mort. De plus, l’auteur va ajouter, en filigrane, une sombre histoire entre des fans et un écrivain célèbre. Jusqu’à quel point le machiavélisme de ce personnage va-t-il aller ?

Enfin, si vous cherchez à comprendre pourquoi le choix de ce titre, vous en saurez plus en lisant ce récit.

Merci amis lecteurs de m’avoir suivi dans ce nouveau choix de lecture. Je reviendrai bientôt pour vous parler de mes prochains livres. A bientôt