Editeur : Black Lab
Tenir un blog offre l’incroyable chance de pouvoir flâner dans d’autres zones de la littérature, et de découvrir l’univers d’auteurs différents, et de parler de premiers romans. C’est le cas de cette Colère Chronique.
Diane Choinière travaille pour le magazine hebdomadaire généraliste La Chronique, en tant que photographe salariée. Devant les difficultés financières du magazine, on lui propose de réduire son temps de travail et par la même occasion de diviser par trois son salaire. Evidemment, elle refuse et contacte un avocat pour une conciliation, en commençant par envoyer un courrier avec accusé de réception. A 55 ans, après 20 ans de présence et une carte de presse, il n’est pas négligeable de compter sur un salaire fixe mensuel.
Seulement, tout ne se déroule pas comme prévu. Au pire, elle espérait une rupture de contrat ou même un licenciement pour bénéficier du chômage. Au lieu de cela, la Une du journal la partage entre tristesse, inquiétude et fou rire. Le directeur de la rédaction Dufaye a été assassiné par un homme se présentant chez lui et portant une grenade. Evidemment, la piste extrémiste est privilégiée.
Il faut dire que, depuis sa mise à l’écart, Diane accumule les visites chez sa psychologue qui lui fournit de petites pilules qui l’aident à canaliser sa fureur. Mais son penchant pour l’alcool en devient un mélange douteux, lui occasionnant des passages à vide, incapable de se rappeler ce qu’elle a fait la veille. Par contre, elle se rappelle bien avoir envoyé un texto à Mehdi, un membre d’une association pour les jeunes, et donné l’adresse de Dufaye. De là à imaginer un assassinat, il y a un pas … ou pas. Quand d’autres cadres de La Chronique sont retrouvés morts, sa situation se complique.
Ce roman pose un pied dans la réalité du monde du travail, tout en grossissant le trait pour conserver une certaine distance et donc créer une vraie intrigue. Et ce genre de roman, j’en raffole. Surtout quand le personnage principal est aussi déjantée, colérique dès que quelque chose va de travers. Certes, elle peut avoir ses raisons, mais la narration à la première personne fonctionne à merveille et cela, jusqu’à la toute fin du roman.
Pour un premier roman, ce roman est une sacrée surprise ; l’auteure prend son sujet à bras le corps, créé la psychologie de Diane sans être démonstrative et déroule son intrigue à coups de chapitres ultra-courts, avec juste ce qu’il faut de coïncidences. Du coup, on est outré par ce qui lui arrive, et on s’amuse beaucoup de ce qui lui arrive. Louise Oligny trouve même un bon argument pour que Diane soit au courant des enquêtes, même si cela tourne parfois au roman d’amour à l’eau de rose.
Alors oui, je vous conseille fortement de lire ce roman, car vous allez découvrir une nouvelle auteure qui possède le rythme, la gouaille et la hargne qui collent parfaitement au sujet. Et en parcourant ces pages, on ne peut se rappeler d’autres romans traitant de ce sujet tels Le couperet de Donald Westlake, Les visages écrasés de Marin Ledun et Elle, le gibier d’Elisa Vix pour ceux qui me reviennent en tête.