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Un truand peut en cacher un autre de Samuel Sutra

Editeur : Flamant Noir

Il s’agit déjà de la sixième aventure de Tonton et je ne m’en lasse pas. Un Tonton en appelant un autre, Samuel Sutra nous ramène aux origine de ce ponte de la truande, un certain 10 mai 1981 pour une arnaque de haute volée.

Le roman commence début mai 1981, à Saint Maur, dans la propriété des Duçon (n’oubliez pas la cédille). Edmond Duçon a abandonné le milieu de la truande et commence même à perdre la tête ; c’est pour cette raison qu’il s’adonne au bricolage ou à balancer de la chevrotine aux canards qui parcourent sa mare. Lucette sa femme prépare son quintal de purée destiné à son fils Aimé, dit Tonton. Aimé annonce à sa mère qu’il ne mangera pas à la maison, car il a une arnaque sur le feu.

Aimé, la petite quarantaine galopante, affublé d’un front trop grand comme le désert de Gobie l’est des oasis, rêve de suivre son père dans sa carrière, de relever le challenge de dépasser sa réputation. Tonton veut être le plus grand, le meilleur, le point de repère indispensable de la truande. Avant de sortir, Aimé reçoit le conseil avisé de sa mère aimante : ne va pas prendre froid, traduisez : n’oublie pas ton calibre.

Un taxi l’attend dans la cour cailloutée auquel il lui demande de l’emmener rue Cambon, proche de la place de la Madeleine. Tonton monte les six étages en un temps record (deux heures) et un bruit effarant d’un bœuf qui a couru vers son auge. Il y retrouve son complice de toujours, Mamour, accordeur de pianos dans le civil, et aveugle dans le privé. Ton lui détaille son plan infaillible (comme les autres) : déposer un colis dans le coffre de Durrens le graveur puis voler l’usine de Longues, tout cela en une nuit. Pendant ce temps-là, Tonton se fera embastiller.

Samuel Sutra nous offre à nouveau une nouvelle aventure comique exemplaire de Tonton, dans laquelle le mot d’ordre est de se marrer. Il démontre que l’on peut allier un style littéraire à une intrigue formidablement construite, tout en y ajoutant le décalage et la dérision nécessaires pour que l’on puisse rire à chaque page. Et cela donne une histoire irrésistible qu’il faut que vous ne ratiez sous aucun prétexte.

Samuel Sutra utilise tous les codes de la comédie et toutes ses recettes : des personnages hilarants, des descriptions décalées, des bons mots qui pourraient remplir des dictionnaires de citations et des scènes d’un burlesque digne des Marx Brothers. Cela pourrait sombrer dans le ridicule, et il n’en est rien tant les scènes sont d’un réalisme tel qu’on pourrait croire que cela a existé.

Car rappelons-nous : Le 10 mai 1981, ils étaient deux à concourir pour le titre de Meilleur Truand de l’Univers. Samuel Sutra nous offre l’émancipation du Dieu français du casse génialement raté, la naissance d’un génie du Mal gâché. Quasiment toutes les scènes sont inoubliables, d’une drôlerie féroce, telles le diner au Maxim’s, le recrutement de la fine équipe (excellentissime chapitre 9) ou même le casse lui-même avec la grue. Et je n’oublie pas la chute avec le dévoilement du mystérieux concurrent en la personne de l’Epervier. Indubitablement (j’aime bien ce mot, ça fait sérieux !), cet épisode des aventures ratées de Tonton est à ne pas rater, contrairement aux exactions du sus (et non suce) nommé.

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Les deux coups de minuit de Samuel Sutra

Editeur : Flamant noir

Dire qu’on en est déjà à la sixième aventure de Tonton et sa bande … et que j’en redemande. J’ai la chance de les avoir tous lus, et de les avoir tous adorés. Tonton et sa bande, c’est un peu Dortmunder écrit par Michel Audiard, pour résumer rapidement le genre, bien que je n’aime pas les catégories. Tonton, c’est un voleur de grande classe et de grand âge, entouré par une équipe de bras cassés, qui se retrouve toujours dans des coups de haut vol qui ne finissent pas tout à fait comme il l’avait imaginé au départ.

C’est l’ancien mari de Donatienne, la bonne de Tonton, qui vient leur proposer un coup en or, facile comme pas deux. Le baron de Gayrlasse, qui habite Île-et-Mourut, en région parisienne leur propose, pour une commission raisonnable (forcément, il manque de fraiche !) de dévaliser un gang de Salvadoriens qui doivent échanger des armes lourdes contre des sacs non moins lourds d’argent, en plein palace du Royal Monceau.

Tonton prépare l’affaire, et déguise Bruno en groom. Au moment d’entrer dans l’ascenseur, le groom, le vrai se fait assommer en même temps qu’une vieille dame qui logeait à l’hôtel. Dommage collatéral, diront certains ! Bosses assurées diront les autres. Malgré ce contretemps et ce léger retard, (il fallait bien ramener la pauvre vieille, équipée d’un gros revolver tout de même, à sa chambre), la bande à Tonton braque les Salvadoriens et n’embarquent que les sacs de fric.

Rentré dans la splendide demeure de Tonton, à Saint Maur, les bouteilles se vident. Donatienne en profite même pour sortir la liqueur qu’elle fabrique elle-même. La nuit passe, et tout le monde a mal à la tête. Tonton se réveille dans le lit de Donatienne. Il trouve sa maison sens dessus dessous, sans dessous puisqu’il est nu comme un verre (pardon, un ver). Les sacs ont disparu, et un mort git sur la table du salon. D’ailleurs, Bruno et Donatienne manquent à l’appel. Que s’est-il donc passé ? Pourquoi a-t-on fouillé sa maison ? Qui a pris l’argent ? Et qui est le mort (vite enterré dans le parc attenant) ?

Une fois de plus Samuel Sutra fait mouche. J’ai l’impression que chaque roman qu’il écrit est meilleur que le précédent. Sa plume est pleine d’une verve humoristique que beaucoup n’ont pas (d’ailleurs je ne connais pas d’auteur aussi doué dans l’humour décalé à la Audiard). Plus la série des Tonton avance, et plus j’ai envie d’en lire. On est déjà au sixième épisode et j’ai l’impression de lire à chaque une nouvelle aventure, sans répétition aucune.

Donc je vous garantis que vous allez rire, sourire, vous esclaffer même (et cela m’arrive souvent en plein transport en commun, ce qui occasionne des regards étonnés des autres transportés. En fait, la plume humoristique de Samuel Sutra vous oblige à lire chaque mot, chaque phrase, car on y trouve dans chacune une expression ou une façon de décrire qui pousse au rire.

Mais ce roman ne se résume pas à un amoncellement de bons mots, d’excellents mots. Le scenario, une fois de plus, puisque j’avais été enchanté du précédent, est construit avec minutie, minuté de façon stricte, si bien qu’il est formidablement bien trouvé, et formidablement bien amené. L’auteur fait preuve d’une imagination sans borne, et il en fallait pour créer cette histoire. C’est tout simplement génial !

Si vous connaissez Tonton, vous devez déjà l’avoir lu. Si vous ne connaissez pas, jetez vous dessus, c’est du divertissement haut de gamme, un scenario diabolique, construit de telle façon que vous allez comprendre à la fin de quoi il en retourne, et vous allez passer un excellent moment.

Ne ratez pas l’avis de Yv et Unwalkers

 

Le bazar et la nécessité de Samuel Sutra (Flamant noir)

Quatrième aventure de Tonton, ce roman humoristique est aussi un événement, puisque notre gentleman cambrioleur, au bord de la retraite, va se trouver affublé d’un fils. Et pas n’importe quel fils …

Alors qu’il était en train de travailler dans sa gigantesque propriété sise sur les bords de la Marne, c’est-à-dire qu’il était allongé dans le jardin en train de se faire faire les pieds par sa domestique Donatienne, une lettre est arrivée à le faire taire, que dis-je, est arrivée à le laisser ébahi. A tel point qu’il est en resté bouche bée, laissant s’écouler quelques larmes de bave dans sa cuvette.

A ce moment là, Gérard déboule dans sa Mercedes et un superbe dérapage non contrôlé, pour faire part à Tonton qui est aussi son oncle, de son prochain coup. Il trouve Tonton dans un état catatonique inquiétant, et le contenu de sa lettre est sans équivoque : Tonton a un fils. Une larme point au coin de l’œil de l’illustre dérobeur de biens.

Ils s’en vont voir Marylou Bresson, la mère du fils prodigue, qui lui apprend que ce dernier est flic et qu’il rêve de serrer son père. Les rêves de Tonton s’écroulent comme un château de cartes mal monté, et le coup proposé par Gérard va lui donner l’occasion de donner une leçon à son fils. On n’arrête pas aussi facilement un virtuose du vol de haut vol. Ils vont donc monter un coup pour dérober les joyaux du Maharadja Janaydjamarh.

Sur Black Novel, je vais continuer à chanter (même si je chante faux) les louanges de Samuel Sutra. Car je considère cet auteur comme étant à ce jour l’un des auteurs les plus doués de sa génération. Il est, en effet, capable de se fendre d’une série comique à mi-chemin entre Dortmunder et Les tontons flingueurs et en même temps écrire de merveilleux romans noirs subtils comme Kind of Black. Bref, je vais continuer à parler de Samuel Sutra, car c’est un auteur rare et trop injustement inconnu.

Dans ce nouvel épisode de Tonton, Tonton a affaire avec un fils, qu’il a eu lors d’un épisode oublié, presque une erreur. Et comble de malchance, ce fils est flic. Évidemment, tout ceci n’est pas sérieux, et ce n’est pas le principe de cette série. Prenez un génie de la cambriole, un de ceux qui sont capables de dérober un joyau sans effusion de sang ; Affublez le d’une bande de tarés mous du bulbe et vous aurez la base de la série. D’ailleurs, le moins débile de la bande est aveugle, c’est vous dire …

Si le scenario de ce nouvel épisode est toujours aussi bien construit, tout en restant assez simple (car il ne faut pas non plus se prendre la tête, c’est de la grande littérature de divertissement), j’ai ressenti à sa lecture une sorte de retenue de la part de l’auteur. On n’y retrouve pas l’humour déjanté de l’épisode précédent mais plutôt de l’humour drolatique basé sur des phrases longues issues d’un autre temps. Et cela me fait toujours aussi rire.

On y retrouve aussi des maximes en début de chaque chapitre, qui sont autant de vérités hilarantes, que l’on devrait lire et relire chaque matin. Telle celle là : « Je ne remets jamais à demain ce que je peux me permettre de ne pas faire du tout. » ou bien celle-ci : « L’abus d’alcool est dangereux. Surtout pour la santé de ceux qui me parlent mal quand je suis bourrée. ». Ou bien : « Un conseil, Gérard. Les femmes, n’essaie jamais de les convaincre. Attends juste qu’elles changent d’avis ».

Et puis il y a ces descriptions géniales qui, au passage, vous donneront une idée du style de ce livre. J’en veux de celle-ci qui montre l’arrivée de Tonton chez son amour de jeunesse et où on découvre la propriétaire des lieux :

« La porte se déverrouilla de deux coups de clefs retentissants et, à hauteur de regard … rien. Rien, car à son ancienne conquête, Tonton n’avais pas du faire chavirer que le cœur. Il avait du lui mettre la tête en bas une paire de fois, car la souris voyait le monde en contre-plongée et plafonnait à un timide mètre cinquante du sol. Taillée dans un bâton de sucette, elle devait chausser du 30, se fringuer au rayon layette de luxe et être passée reine dans l’art des nœuds marins à force de s’arrimer le sous-tif en lui faisant faire deux tours de poitrine. »

Génial, je vous dis.

Akhänguetno et sa bande (Tonton, la momie, et Set et Ra) de Samuel Sutra

Attention ! coup de cœur ! Ce roman est un pur joyau de comédie, le troisième de la série après Le pire du milieu et Les particules et les menteurs et il devient pour moi l’un de mes livres de chevets. Un grand roman de comédie à ne pas rater.

Ce matin là, Tonton affublé de sa toge romaine, dominant sa propriété boisée tel le Jules César de la truande, le dinosaure du crime qu’il est, est allongé en cette nuit de canicule quand il entend un bruit. Pas de doute, de curieux malotrus ont osé faire un trou de la taille d’un camion benne dans son jardin, celui là même où il enterre les cadavres d’autres malotrus. Le verdict est sans appel : on lui a volé un mort !

Affublé d’une bonne à tout faire bonne à rien, Donatienne, Tonton de son vrai nom Aimé Duçon tient à faire le jour dans cette affaire, car le vol étant son métier, il est hors de question qu’on lui dérobe quoi que ce soit. Le nombre de cadavre étant trop nombreux pour que les quelques neurones qui lui restent en retienne les emplacements de leur sépulture, d’autant plus que son propre père avait enterré les siens, il va demander des éclaircissements auprès de Guy La Fosse, le creuseur de son père.

Faute d’indices pouvant le mettre sur la piste de ses dérobeurs, Tonton n’a plus qu’à se jeter sur les souvenirs et les vieux papiers cachés au grenier. C’est alors qu’ils mettent la main sur un vieux livre contant l’expédition de Errol Lingston et de sa découverte du caveau de Akhänguetno, l’un des plus célèbres pharaons de la quatrième dynastie. Aidé par son équipe de bras cassés (et encore, je suis gentil !), ils vont chercher à récupérer le fameux tombeau.

J’aurais pu écrire un billet humoristique pour ce troisième volume des aventures de Tonton et sa bande, comme j’ai essayé de la faire pour Les particules et les menteurs. Mais il m’a semblé plus judicieux d’essayer de vous décrire pourquoi ce roman est un grand moment de comédie et d’humour, et pourquoi je pense que Samuel Sutra a écrit un grand moment de littérature comique qui je l’espère rencontrera un grand succès, ou du moins le succès qu’il mérite.

Car ils ne sont pas nombreux, ceux qui osent s’aventurer sur le chemin de croix du rire, et ce roman est une formidable réussite. Car le scenario est parfaitement maitrisé, cachant des moments de rire incroyables. Samuel Sutra joue sur tous les registres, du jeu de mots au comique de situation avec toujours autant de réussite. C’est un vrai régal, et je me suis surpris à avoir des éclats de rire lors de la lecture, ce qui est bien rare. En plus, il n’est pas utile de lire les précédentes aventures pour suivre celle-ci, même si je vous le conseille fortement pour vous dérider les zygomatiques.

Cette troisième aventure de Tonton et sa bande est encore meilleure que les autres, disais-je. Tout y est plus drôle évidemment, mais surtout sans répit, j’y ai trouvé plus de maitrise dans les scènes, les dialogues. Samuel Sutra écrit du Tonton flingueur avec son identité à lui. C’est un roman qu’il faut lire attentivement, pour se délecter de chaque mot, de chaque phrase, car chaque ligne recèle un sourire, voire un rire.

En plus, chaque chapitre commence par une phrase qui devrait entrer au panthéon des meilleures citations, et je vous livre celle que je préfère : « Je dépense moins d’énergie à m’accommoder de mes problèmes qu’à tenter de les résoudre ». Comme le disait l’oncle Paul, les livres de Samuel Sutra devraient être remboursés par la sécurité sociale, et celui-ci est un pur joyau de rigolade, un grand moment de divertissement, un immanquable qui rejoint ma table de chevet. Coup de cœur !

Les particules et les menteurs de Samuel Sutra (Editions Terriciae)

Après Le pire du milieu, voici la deuxième aventure de notre petite équipe de voleurs ratés. Et si la découverte de Tonton et de ses sbires fut une excellente lecture, la suite est du même niveau, une lecture pour rire avec style.

Avec style, allez vous me dire ? Et alors ? En fait, c’est un clin d’œil à l’intrigue, puisque Tonton a un nouveau plan, et qu’il va falloir s’immiscer dans la haute noblesse de notre très cher pays. En effet, il envisage de voler un tableau très moche, d’une valeur inestimable lors du mariage du vicomte De La Taille. Et la chance (et la malchance) de Tonton, c’est que Gérard est justement le sosie du vicomte.

Gérard, le bras droit neuneu de Tonton, va devoir se fondre dans le décor, lui qui a du mal à retenir son nom, et à comprendre ce qu’on lui demande ! Tonton débarque donc chez son amie la baronne Donatienne de Gayrlasse (vous apprécierez le jeu de mots) pour qu’elle l’éduquât (je suis obligé d’utiliser de belles formules) des bonnes manières de la haute société. Et voilà bien là le premier problème. Comment éduquer un bas du front, un mou du bulbe, qui se balade avec l’électroencéphalogramme du têtard ?

La baronne vit dans un manoir qu’elle a vendu à un émir Qatari (Sympas, ces Qataris, déjà qu’ils nous ont débarrassés du PSG ! ) et profite des lieux puisqu’ils lui ont laissé une petite dépendance dans la propriété. Elle renonce à éduquer Gérard, car il y a trop de travail voué à l’échec. Par contre, elle veut bien participer au vol, pour épater son dernier amour en date, qui est actuellement en prison.

Si vous ne connaissez pas Tonton et sa troupe de bras cassés, il faut absolument que vous vous jetassiez dessus ! Car, je vous garantis que vous allez passer un excellent moment, fait de sourires, de rires, et d’éclats de rires. Ce roman est du même acabit que le précédent : une intrigue simple, des scènes montées au cordeau, des descriptions comportant son lot de dérisions, des dialogues hilarants.

Et comme lors du précédent opus, le livre se lit comme un rien, impossible à lâcher avant la conclusion finale, avec pour objectif la distraction du lecteur. Il est bien difficile de faire rire, mais Samuel Sutra semble bien avoir trouvé avec Tonton le personnage qui est un digne héritier des Bernard Blier, Francis Blanche ou Pierre Dac. La petite bande accumule des records en terme de QI au score proche de zéro.

Ceux qui recherchent des thrillers sanguinolents, ceux qui courent après des polars speedés, ceux qui ne vivent qu’au travers du roman noir le plus noir feraient bien d’aller jeter un coup d’œil du coté des aventures de Tonton. C’est de l’excellent divertissement comique, hilarant et délirant. Et je le répète, avis aux réalisateurs en panne d’inspiration : vous avez là une comédie toute faite, un succès cinématographique garanti.