Editeur : Sonatine
Traducteur : Pierre Szczeciner
J’étais passé à côté de son précédent roman, Les routes oubliées, donc cette lecture ressemble à une session de rattrapage et pour le coup, ce fut une sacrée découverte, entre roman d’action et dénonciation de l’homophobie.
Le roman repose sur deux personnages que tout oppose, Ike Randolf étant noir et Buddy Lee Jenkins étant blanc. Les deux ont connu la prison, et Ike est à la tête d’une entreprise de jardinage et Buddy Lee survit de petits boulots dans une caravane. Isiah, le fils d’Ike et Derek, le fils de Buddy Lee étaient mariés et viennent d’être abattus dans la rue. Ike et Buddy Lee se rencontrent lors de l’enterrement du couple.
Pour les deux hommes, la vie en couple de leurs fils n’est pas normal et ils avaient coupé tous les ponts avec eux. Maintenant qu’il est trop tard, les deux pères ont tout leur temps de ruminer leurs regrets. Si Ike et Mia sa femme s’occupent de l’éducation de leur petite fille Ariana, Buddy Lee veut réparer les erreurs qu’il a faites par le passé, surtout que l’enquête de police n’avance pas d’un poil.
Ike et Buddy Lee vont donc aller voir la police puis les anciens collègues de travail de leurs fils, mais cela ne les avance pas plus. Et puis, Ike doit faire tourner sa petite entreprise et ne veut pas se lancer dans une croisade meurtrière. Quelques jours plus tard, la pierre tombale est cassée et profanée. Pour Buddy Lee, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et il va décider Ike de se lancer à la poursuite des coupables.
Je plussoie tous les avis positifs publiés sur le Net chez les collègues blogueurs ou dans la presse. Avec une structure de roman d’action, l’auteur nous montre l’état de l’Amérique d’aujourd’hui, en implantant son intrigue dans le Sud des Etats-Unis, et plus particulièrement en Virginie Occidentale. De façon totalement assumée et fine, il montre le racisme mais aussi l’homophobie presque comme une base de la société américaine.
Cela passe par la rupture entre les deux pères avec leurs fils, qui n’ont pas accepté ni leur vie commune ni leur mariage, et cela continue avec certaines remarques de Buddy Lee, de mauvaises blagues qui ont l’art d’irriter Ike et qui montrent combien le racisme est implanté en chacun de nous. Et la démonstration se conclura vers la clôture du roman comme une généralisation.
Le roman est basé sur deux personnages vieillissants qui veulent redorer leur blason, et se trouver un objectif de rédemption devant leurs erreurs passées, en laissant libre cours à leur colère. S’ils ne nous paraissent pas agréables de prime abord, je dois dire qu’on finit par les suivre avec beaucoup de plaisir, autant pour leur humour que leur gout du jusqu’au boutisme désespéré, dans des scènes alternant entre sentiments et action pure.
Car S.A.Cosby arrive à trouver le bon équilibre entre humour, psychologie des personnages, dénonciation des extrémistes, rédemption vengeresse, émotions et des scènes visuelles et cinématographiques impressionnantes qui en font à la fois une excellente lecture et un très bon terreau pour un futur film. D’ailleurs, pour retrouver le plaisir que j’ai eu à le lire, j’ai déjà acheté Les routes oubliées qui vient de sortir au format poche chez Pocket.