Le hareng perd ses plumes de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Je vous propose de passer ce mois de juin en compagnie de quelques romans de la dernière décennie des San-Antonio, les années 90. Je vous propose un roman de 1991 à propos duquel j’ai trouvé peu d’avis, alors que cette enquête est menée avec beaucoup de rythme et de verve.

Les anecdotes :

Cocottes-minutes est un roman publié en septembre 1991 par Frédéric Dard sous le nom de plume de San-Antonio, il est le 149ème de la série policière San-Antonio. Chez l’éditeur Fleuve noir, il porte le numéro 149 de la collection « San-Antonio ».

Le dessin illustrant la couverture est signé Alain Siauve.

Le sous-titre du roman est Œuvre homologuée.

De nombreuses citations sont présentées en exergue dont :

« Les Américains ont inventé le chewing-gum pour faire patienter le tiers-monde. »Marc Palanchon (Stigmates)

« Etre ou ne pas être…Là n’est pas la question. » San-A.

« Le vrai succès, c’est la survie àl’échec. »Daniel Toscan du Plantier (Conversation avec Bernard Pivot)

« Je n’écris pas, je boxe ! »Louis Scutenaire

Le roman est dédicacé : A André Grataloup, avec ma tendresse. San-A.

Il est à noter que ni Bérurier ni Pinault ne participent à cette enquête. San-Antonio n’est épaulé que par Jérémie Blanc et Mathias.

Tous les chapitres comportent un nom d’animal qui se retrouve dans la narration.

Mon résumé :

Le conducteur d’une Mercedes se dirige vers la Suisse et s’arrête sur l’aire de service de Nantua pour faire le plein. En repartant, une jeune autostoppeuse portant un bidon d’essence lui demande l’aide : sa voiture est garée sur la prochaine sortie. Arrivé là-bas, elle lui injecte un poison mortel, s’empare d’une sacoche Louis Vuitton et met le feu à la voiture, avant de retrouver son complice dans l’autre voiture.

Alors qu’il dîne avec une délicieuse éditrice chez Lasserre, San-Antonio reçoit un message : un homme l’attend à la sortie. Il s’y rend et découvre un vieillard, le duc Maximilien de Sanfoyniloix qui lui apprend que son associé vient de mourir sur une sortie d’autoroute. La gendarmerie pense à un suicide. Il demande au commissaire d’enquêter en douce et de retrouver la fameuse sacoche. Sur place, le pompiste se rappelle, grâce à Jérémie Blanc, que le conducteur a freiné un peu plus loin. A coté de l’épave calcinée, il découvre un bouchon de bidon d’essence.

Mon avis :

Dans ma mémoire, les romans des années 90 étaient délirants et outranciers. Ce roman vient me faire mentir tant l’intrigue est ciselée à merveille, nous présentant des personnages tous plus foldingues les uns que les autres. Et nous allons avoir droit à un excellent mélange de scènes folles, de dialogues « cash » et de descriptions de personnages absolument incroyables. Du Grand Frédéric Dard.

Mais ce qui à mes yeux distingue ce roman des autres, c’est cette verve dans l’écriture, cette liberté de ton, cette inventivité, ces créations de mots, ces détournements d’expressions usuelles. On sourit à chaque page, on éclate de rire entre temps. Il est réellement étonnant qu’on ait aussi peu parlé de ce roman qui est un grand moment de comédie policière avec une résolution de l’intrigue qui force le respect.

Il est à noter de belles digressions dont une sur les Indiens qui étaient les méchants dans les films d’antan et qui sont devenus indispensablement bons, à protéger, à « réserver » quand on s’est rendu compte qu’on avait réalisé un génocide.

Quelques citations impayables :

« A deux mètres de la sortie (qui sert accessoirement d’entrée), se trouve une Rolls vert bronze. Le driver me déponne une lourde arrière et je m’encadre. A l’intérieur, j’avise un être pas croyable, sorte de hibou naturalisé dont la partie inférieure est recouverte d’un plaid.

Il devrait exister un superlatif au mot vieillard. Le terme ne devrait couvrir qu’une période bien délimitée de l’existence : entre 70 et 90 balais, par exemple, au-delà, on userait d’un autre vocable. On appellerait « ça » un « mathusala », par exemple, voire un « terminus ». »

« Ce terminus me flanque une telle nausée que si je la libérais, il faudrait nettoyer les cuirs de sa Rolls à la lance d’arrosage ! Pour achever, le personnage, voici qu’un chien plus que minuscule sort d’un manchon de fourrure comme les douairières en portaient en sautoir, jadis. Un petit machin blanc à poils longs dont les yeux noirs brillent comme des pépins de fruits exotiques. La bête se met à me flairer la braguette en frétillant. »

« Aimable pécore saboulée classe, coiffure à la garçonne, des bijoux partout où l’on peut en mettre et des yeux qui ne sont pas dans la poche de son Chanel ! Elle marne pour une importante maison d’éditions qui voudrait amorcer un flirt avec moi et essaie de placer un pion plein de fesses et de jolis nichons dans mon espace bital pour tenter de faire progresser les choses. Mais l’Antonio, c’est la fidélité même ! Cul, pas cul, il est incirconvenable. »

« Comme je dis toujours, à propos de la lingerie féminine : jadis t’étais obligé d’écarter la culotte pour trouver les fesses, à présent, tu dois écarter les fesses pour trouver la culotte ! »

« Il opère un virage sur place sous les naseaux d’un autobus dont le conducteur la traite d »enculé de sa mère ». M.Blanc n’a jamais compris cette marotte qu’ont les blancs de mêler votre maman aux différends qui les opposent à vous ! »

« Mon coup de sonnette reste sans effet. Phrase déterminante dans un ouvrage dit policier, de qualité. Un des fleurons de cette littérature dont, au fil du temps, l’université s’aperçoit qu’elle est la seule vraie, l’autre étant de la branlette méningée, de la couillerie de mots, de l’émulsion de délirade. »

« Elle est très pâle, très désespérée. Sa chevelure la fait ressembler à un o’Cedar modifié Noah. J’ai remarqué que le chagrin rend encore plus conne la physionomie des cons. En la creusant, il en accentue les dominantes. »

Ce billet aurait été moins complet sans les blogs suivants :

http://francois.kersulec.free.fr/FK/SA/HTML/livre.php?CodeLivre=LHPSP&DepuisListe=LivresSAOA-%-Non&PosDansListe=85

5 réflexions sur « Le hareng perd ses plumes de San-Antonio »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.