Voici venu le temps d’élire le premier chouchou de 2018. Comme je vous l’avais dit, je suis revenu à un rythme plus raisonnable de billets puisque je n’aurais quasiment pas publié de billets le vendredi … à part l’avis de mon invitée et amie Suzie qui nous a vanté les mérites d’un roman psychologique fait pour mettre mal à l’aise : Une vie exemplaire de Jacob M. Appel (La Martinière).
Bon, j’avoue que j’ai aussi inséré mon avis sur Droit dans le mur de Nick Gardel (Editions du Caïman), parce que c’est un auteur qui ne se prend pas au sérieux, et que j’aurais à la fois bien rigolé et surtout passé un excellent moment en compagnie de son retraité en prise avec une secte.
L’année du Lion de Deon Meyer (Seuil) sera ma seule lecture 2017, en toute fin d’année, qui aura vu mon avis publié l’année d’après. Mais je ne pouvais décemment pas passer outre de parler de ce roman post-apocalyptique qui nous plonge dans un décor extraordinaire et nous fait partager l’utopie d’un homme qui veut le reconstruire sans ses défauts. Un mois après sa lecture, je considère toujours que c’est le meilleur de son auteur.
Alors que l’année commence toujours par un mois de janvier (je suis sur que vous ne vous en étiez pas aperçu !), j’ai quant à moi lu et chroniqué quelques romans qui s’avèrent des débuts de série. Dans le cadre de ma rubrique Oldies, c’est la série de Harpur & Iles que j’ai débuté avec Raid sur la ville de Bill James (Rivages). C’est un roman qui m’a beaucoup surpris par la sécheresse de son style et la justesse de son propos, donnant une vision réaliste de l’ultra-libéralisme sous Margaret Thatcher. Toxique de Niko Tackian (Livre de poche) nous propose un nouveau personnage, Tomar Khan, qui tient à lui seul le roman. On y trouve beaucoup de mystère, plein de zones d’ombres et surtout une tension sous-jacente qui donne envie de lire le suivant (et je vous livre un scoop : la suite Fantasmë est sortie en début de mois chez Calmann Lévy. Et je vous donne un second scoop, je vais bientôt le lire !). Enfin, avec Les chemins de la haine d’Eva Dolan (Liana Levi), j’ai eu la chance de découvrir une auteure à part dans le paysage britannique, à la fois froide et humaine dans son propos, une artiste engagée qui ne mâche pas ses mots. Sa brutalité ne plaira pas à tout le monde en dénonçant l’esclavagisme moderne auprès des SDFs, mais son propos mérite d’être entendu et lu.
Après son premier roman Derrière les portes, j’étais curieux de savoir comment allait être le deuxième roman de BA.Paris. Défaillances de BA.Paris (Hugo & Cie) est en fait totalement prenant, une plongée dans la folie d’une femme qui se croit atteinte de la maladie d’Alzheimer. J’ai été immergé dans la psychologie de cette femme jusqu’à un dénouement à la fois surprenant et totalement logique.
Il est des auteurs que je suis et qui deviennent incontournables dans la Pile à Lire. Il et moi de Philippe Setbon (TohuBohu) est, sous des dehors de scénario remarquablement construit, un questionnement sur l’identité et sur la vie des acteurs qui changent de personnalité à chaque rôle. Une nouvelle réussite à mettre au crédit de cet auteur trop méconnu. Pour donner la mort, tapez 1 de Ahmed Tiab (Editions de l’Aube) nous place face à des questions de société difficile et nous propose le début d’une nouvelle trilogie sur Marseille. Si vous ne connaissez pas encore cet auteur, n’hésitez plus : il a un ton original et se pose en témoin de notre époque.
Le titre (honorifique) de chouchou du mois revient donc à 7/13 de Jacques Saussey (Editions du Toucan) car je me demandais comment cet auteur allait rebondir après son précédent roman écrit avec tant de rage, où il maltraitait ses deux personnages fétiches. Il aura suffi d’une trentaine de pages pour m’avaler dans un tourbillon et m’envoyer dans la Nord de la France, entre 1944 et 2015. C’est un roman en forme de renaissance, énorme, prenant.
J’espère que ce bilan vous aura aidé dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !