Editeur : Seuil – Cadre Noir
Traductrice : Anna Postel
Dans la famille Sten, je demande la fille. Ce roman est l’occasion de découvrir une nouvelle autrice, Camilla Sten, fille de sa mère Viveca Sten, mais aussi un retour pour moi vers la littérature suédoise.
Eleanor a été élevée par sa grand-mère Vivianne et s’arrange toujours pour aller manger avec elle le dimanche. Cette semaine-là, Vivianne a essayé de la joindre plus d’une dizaine de fois mais Eleanor ne lui a pas répondu à cause de ses occupations professionnelles. Quand elle se décide à aller la voir, la porte est ouverte. Elle découvre sa grand-mère allongée par terre égorgée avec une paire de ciseaux en argent.
Sous le choc, elle se sent bousculée par une personne qu’elle pense être l’assassin. Eleanor étant atteinte de prosopagnosie, maladie neurologique qui l’empêche de reconnaitre les visages, elle est incapable de décrire la personne à la police quand elle est interrogée.
Quelques mois plus tard, elle apprend que Vivianne lui a léguée le Domaine du Haut Soleil, une vaste demeure située au nord de Stockholm. Elle s’y rend avec son petit ami Sebastian, et y retrouve sa tante Veronika, et l’avocat Rickard Snäll chargé de faire l’inventaire. Seul Bengtsson, le régisseur chargé de l’entretien de la propriété est absent.
1965. Anushka vient d’arriver au domaine en tant que femme de chambre au service de la mère de Vivianne. D’origine polonaise, on lui fait vite comprendre qu’elle doit oublier sa langue maternelle, le polonais et qu’elle doit garder ses distances avec sa cousine qui n’est autre que Vivianne.
Des romans proposant une intrigue dans une demeure mystérieuse en prise à une tempête, ce n’est pas nouveau et cela s’apparente à une variation du huis-clos. Dès lors, quand il se passe des événements étranges, qu’on entend des bruits incongrus, et que l’on est en présence de quatre personnes (cinq si l’on compte Bengtsson), on comprend vite que le but recherché par Viveca Sten n’est pas de chercher un éventuel tueur.
On ne peut pas non plus dire que ce roman nous terrifie, contrairement à ce que nous annonce la quatrième de couverture. Camilla Sten joue sur différents genres sans en choisir un, roman d’ambiance, roman de mystères, roman psychologique et l’intérêt est plutôt à chercher du côté de l’intrigue avec le journal d’Anushka et sur la subjectivité de la narration qui nous montre le strict nécessaire pour mieux nous surprendre dans le final.
On peut juste regretter quelques facilités ou quelques incohérences, surtout avec les batteries de téléphone portable un coup vides, un coup encore chargées mais on apprécie grandement cette histoire familiale racontée de façon emberlificotée pour mieux attirer le lecteur dans ses filets. Camilla Sten n’est pas encore au niveau de sa mère, mais avec une faculté à construire des intrigues tordues comme cela, elle en prend le chemin.