Editeur : Gallimard ; Série Noire (Grand format), Folio (Format poche)
Traducteur : Céline Romand-Monnier
Jo Nesbo, l’illustre créateur de Harry Hole, inspecteur autodestructeur, nous avait déjà surpris avec un roman orphelin Chasseurs de têtes ; il nous refait le coup avec ce Du sang sur la glace, au style minimaliste appréciable.
Olav, le narrateur de cette histoire est tueur à gages pour Hoffmann, un caïd de la pègre. Il est expéditeur. Parce qu’il ne sait rien faire d’autre, à cause des tares dont il est affublé. Il le dit lui-même à la fin du premier chapitre :
« Donc. En résumé, nous pouvons formuler les choses ainsi : je n’arrive pas à rouler lentement, je suis soft comme du beurre, je tombe bien trop facilement amoureux, je perds la tête quand je suis furieux, et je suis mauvais en maths. J’ai lu un ou deux trucs, mais j’en sais bien peu et en tous cas pas le genre de choses qui peuvent être utiles. Et j’écris plus lentement que ne se forme une stalactite. »
Alors qu’il vient d’expédier un homme, dont le sang se répand sur la neige blanche, son patron lui demande un nouveau contrat. Olav devra tuer la femme d’Hoffmann. Ne se posant pas de questions, il commence sa surveillance, et s’aperçoit qu’elle reçoit la visite de son amant tous les jours et que ce dernier est violent envers elle. Pour Olav, émotif comme une éponge, il va devoir se débarrasser de l’amant avant tout.
Ce qu’il fait. Malheureusement pour lui, l’homme qu’il vient de tuer est le propre fils d’Hoffmann. Cela va lui compliquer la tâche …
C’est un roman surprenant par bien des égards. Nous sommes en réalité bien loin de l’univers de Harry Hole, puisque le personnage d’Olav est propre sur lui, en dehors de sa profession. Il peut apparaître simplet alors qu’il est doué pour son travail et qu’il doit faire avec ses tares, qui vont le mener dans des événements pour le moins inattendus.
Plus que l’histoire elle-même, ce sont ces rebondissements qui vont surprendre le lecteur, ce qui en fait au bout du compte un roman drôlement cynique et amusant à lire. On s’attend presque à avoir un retournement de situation à chaque fin de chapitre. Cela devient un vrai plaisir même si le roman est court.

Et la taille du roman est justement lié au fait que le style ne se veut pas descriptif, que l’on n’entre pas ou peu dans la psychologie humaine mais que Jo Nesbo a voulu privilégier le scénario, lequel met l’accent sur le fait qu’Olav ne peut se fier à personne. C’est aussi pour cela qu’on reste un peu sur notre faim, même à la fin, qui m’a semblé vite expédiée. Ce roman ne restera donc pas une lecture inoubliable mais un bon passe-temps, presque à réserver aux aficionados de l’auteur.