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Qui après nous vivrez de Hervé Le Corre

Editeur : Rivages

La question que je me pose est la suivante : le message de la mort lente de l’Humanité peut-il mieux porter grâce à la littérature ? je ne vais pas vous seriner avec le réchauffement climatique, les guerres, les famines, les pénuries de matières (toutes, en fait). Le fait est que l’on voit fleurir nombre de romans « d’anticipation » qui vont tous dans le même sens : le futur imaginé et imaginaire sera la disparition de l’Humanité et la dictature.

Hervé Le Corre, plutôt auteur de romans noirs et un des plus doués de l’hexagone, choisit ce sujet pour son dernier livre en date en situant son intrigue sur une centaine d’années, de la fin du vingt-et-unième siècle au milieu du vingt-deuxième. Pour ce faire, il va choisir de suivre trois générations dans un décor de fin du monde où la population terrestre, dévastée par un virus, diminue inexorablement.

2051. Après la décimation due à un virus, et la baisse de la natalité, Rebecca et Martin s’enferment dans leur appartement avec leur bébé Alice. La coupure d’électricité à laquelle ils se sont habitués n’en finit pas de durer. Dehors, l’anarchie règne, les coups de feu pleuvent, l’armée défile pour faire respecter le couvre-feu, en tirant à vue. Martin sort pour aller chercher de la nourriture et de l’eau mais ne revient pas.

Après la mort de Rebecca, Alice vit dans un mort totalitaire, géré par des milices appelées les Vigilants. Majoritairement masculines, ces milices font vivre un enfer aux habitants résignés, allant jusqu’à les vendre aux enchères. Avec Abdel, ils auront un bébé, Nour, qui représente l’avenir d’une société sans avenir qu’il faut fuir, les femmes devenant des ventres pour engendrer des enfants.

2121. Le mot d’ordre devient la survie à tout prix dans un monde qui ne respecte plus aucune règle. Nour et sa fille Clara parcourent le monde à la recherche de nourriture en cherchant à éviter les bandes organisées qui n’hésitent pas à tuer pour survivre. Elles rencontrent marceau et son fils Léo et décident de faire la route ensemble. Sans destination, fuir vers nulle part devient leur sens de la vie.

Autant vous prévenir, la construction du roman propose de suivre trois générations dans des chapitres alternés sans aucune mention, si ce n’est le nom des personnages. Une fois que l’on a intégré le principe, le roman se déguste comme un nectar, avec toute la poésie noire dont Hervé Le Corre est capable. Pour son retour dans l’anticipation, après Copyright (Merci Jean Lisi) c’est une belle réussite.

Le roman repose sur des personnages féminins forts que l’auteur positionne comme les derniers défenseurs et le dernier espoir de l’Humanité. Ces trois témoins vont nous montrer l’évolution possible sur trois générations, dans des scènes d’une force et d’une poésie noire, frappante et émotionnellement puissante. Le résultat est d’autant plus frappant sur la vision pessimiste que l’auteur donne de notre futur, quand il laisse éclater ses craintes, ses visions, et j’en prends pour exemple la page 295 :

« Toute la fin du siècle dernier et au début de celui-ci les alertes ont été données, sonnées, gueulées. Il fallait changer de logique, cesser la fuite en avant de l’avidité, de la rapacité des puissants de ce monde qui saccageaient la planète et les peuples par tous les moyens possibles. Catastrophes climatiques, famines, pandémies, guerres. La misère et la barbarie partout. On voyait chaque jour le monde imploser mais on était trop peu nombreux à se rebeller. Les gens s’imaginaient qu’ils échapperaient au pire. Ils achetaient des climatiseurs, des téléphones neufs, ils prenaient des avions, ils regardaient les guerres sur leurs écrans, soulagés qu’elles se déroulent loin d’eux, pleurnichant de temps à autre sur les malheurs du monde pour mettre à jour leur bonne conscience. Pendant ce temps perdu, les maîtres de ce monde-là conduisaient à pleine vitesse vers le bord de la falaise et nous demandaient à nous, pauvres cons, de retenir le bolide pour l’empêcher de basculer. Ils pensaient peut-être qu’ils parviendraient à sauter en marche et quelques-uns ont dû le faire … »

Si par moments, j’ai été un peu perdu dans les époques évoquées, si j’ai eu l’impression que cela tournait en rond, j’adhère totalement sur le propos et la façon de le présenter. Hervé Le Corre nous présente son probablement le plus personnel, où il expose ses craintes, ses peurs devant la direction que nous prenons. S’il avait écrit un roman contemporains, le message aurait été moins explicite. Montrer le problème de la dégradation de la Terre des mains de l’Homme sur plusieurs générations s’avère non seulement la bonne façon mais la preuve du génie de l’auteur, allier la forme et le fond.

Comprenons-nous bien : qui se soucie du devenir de la prochaine génération ou même de celle d’après quand il prend sa voiture pour faire 500 mètres pour acheter sa baguette de pain ? Qui est prêt à sacrifier son confort pour sauver ses arrières petits enfants qui n’existent pas encore ? Qui est prêt à diminuer ses revenus pour aider les pays en voie de développement à polluer moins ? Pourquoi ne nous explique-t-on pas tout cela clairement ? Car la problématique est à situer au niveau local et global, tout le monde est et doit être concerné.

Loin d’être un donneur de leçons, Hervé Le Corre déploie tout son talent poétique pour nous alerter sur ses peurs de l’avenir, quand il regarde notre trajectoire. Il semblerait que de nombreux auteurs crient cette même mise en garde, chacun avec sa vision mais tous avec la même peur. Le roman d’Hervé Le Corre se place parmi les plus personnels, les plus intelligents et les plus effroyablement réalistes.

Bobby Mars Forever d’Alan Parks

Editeur : Rivages

Traducteur : Olivier Deparis

Après Janvier noir et L’enfant de février, je vous propose la troisième enquête d’Harry McCoy, le personnage récurrent de policier dans le Glasgow dans les années 70. Voyage donc en juillet 1973. Ce roman vient de remporter le Prix Mystère de la critique 2023.

13 juillet. Cela fait donc quinze heures qu’Alice Kelly, jeune fille de treize ans, a disparu sans laisser de traces. Depuis que Murray a pris en charge le commissariat de Perth, Bernie Raeburn tient les rênes et en profite pour écarter Harry McCoy de l’enquête. Il le charge donc de résoudre une affaire de braquages qu’il n’arrive pas à faire avancer depuis deux mois. McCoy se retrouve isolé sans Wattie, son adjoint.

A peine arrivé au commissariat, le directeur du Royal Stuart Hotel lui annonce une mort suspecte. Alors qu’il s’attendait à un cadavre d’homme d’affaires, il découvre Bobby Mars, le célèbre guitariste rock star, avec une aiguille plantée dans le bras. Les autres membres du groupe dorment encore dans une autre chambre. La conclusion semble aussi évidente que dramatique quant à la fin de ce jeune homme qui aurait pu faire partie des Rolling Stones.

Invité à un diner chez Phyllis Gilroy, Harry McCoy y rencontre l’inspecteur en chef Murray qui le prend à part. Sa nièce Laura a disparu depuis deux jours, ce qui n’est pas étonnant pour une jeune fille de quinze ans. John, le frère de Murray, voulant se présenter comme député l’année prochaine, il demande à McCoy de la retrouver avant que l’information ne paraisse à la Une des journaux.

Il n’est pas évident de poursuivre une série après un deuxième tome fantastique. Evidemment, je vous conseille de lire les romans dans l’ordre même si le talent de l’auteur est suffisant pour ne pas vous perdre dans cette enquête. On retrouve le Glasgow des années 70, ici en plein mois de juillet, écrasé par une chaleur inhabituelle qui pèse sur les organismes et les nerfs, avec ses strass et ses bas-fonds.

Harry McCoy balance entre faire son boulot, résoudre les différents mystères qu’on lui propose et tout laisser tomber devant l’agressivité de Raeburn. Et à cela, s’ajoute le fait que son ami, son frère de sang Cooper est tombé dans l’engrenage de l’héroïne et qu’il ne faut pas que les autres chefs de gangs de Glasgow le sachent. McCoy se retrouve donc sous haute pression dans cette enquête.

Après le football, il fallait bien qu’Alan Parks parle de rock dans ce pays bercé par les plus grands noms. Et il nous montre la surface de ce petit monde mais aussi les dessous bien peu glamour du monde du show business. Il abordera même par la suite les relations avec l’Irlande et l’IRA dans ces différentes affaires, qui vont se rejoindre grâce au talent immense de ce génial conteur qu’est Alan Parks. Il est juste dommage que l’auteur maltraite, torture et blesse autant son personnage principal. Un excellent opus malgré tout.

L’enfant de février d’Alan Parks

Editeur : Rivages Noir

Traducteur : Olivier Deparis

Séance de rattrapage de cette série d’Alan Parks proposant un roman par mois pour nous parler du Glasgow de l’année 1973. Le précédent s’appelait Janvier Noir, le deuxième tome donne de l’ampleur à ses personnages.

Février 1973. Alors qu’il est supposé être en congés maladie pour trois semaines, Harry McCoy est rappelé sur une scène de meurtre. Sur le toit d’un immeuble, on a retrouvé le corps de Charlie Jackson, un jeune footballeur qui vient de signer au Celtic de Glasgow. Il a été lacéré avant de recevoir une balle dans la tête. Jackson se trouve être le fiancé de Elaine Scobie, la fille du chef de la mafia du Nord de Glasgow.

Le chef Murray charge McCoy et Wattie de cette affaire et ils vont naturellement rendre visite à Jake Scobie. Ce dernier leur annonce que Connolly son garde du corps était amoureux d’Elaine et qu’il devenait récemment hors de contrôle. Quant à Elaine, si elle se montre affectée, informe McCoy que son père est malade et qu’ils doivent avant tout le protéger de Connolly qui est devenu totalement fou.

Si le premier tome était un très bon polar, celui-ci est des années-lumière au-dessus, car ce qui commence comme une enquête classique avec recherche et course poursuite d’un criminel va se transformer en une gigantesque fresque d’un Glasgow aux prise au froid, à la pluie et au vent. Ce qui est surprenant dans ce roman, c’est que ce qui pourrait s’apparenter à un jeu de pistes à suivre, se transforme avec des ramifications qui vont nous faire plonger dans un monde d’ultra violence.

Petit à petit, Alan Parks va enrichir ses personnages, et leur donner une épaisseur rarement vue, une psychologie complexe et des contradictions inextricables. Nous allons mieux comprendre le passé de McCoy, pourquoi Murray se montre si paternaliste, la relation de McCoy avec Cooper, son ami d’enfance devenu maquereau, et Wattie son jeune adjoint qui s’affirme comme un héraut incorruptible de la justice.

Et puis au centre de ce roman, on trouve un scénario terrible où toutes les branches se rejoignent, menant notre personnage principal devant des choix impossibles à faire, devant des situations inéluctables qui vont le mener au gouffre. Alan Parks orchestre de manière magistrale une descente aux enfers programmée et on finit par se demander comment il va pouvoir tenir le rythme tout au long des douze romans puisqu’il nous promet un roman illustrant un mois de l’année 1973 maudite de Glasgow.

Je tiens à signaler que les scènes finales sont terriblement violentes mais pas gratuites pour autant. Elles arrivent même à nous faire subir une charge émotionnelle intense, nous plongeant dans une horreur et une tristesse intense. Vous l’avez compris, ce roman est un incontournable, ne ratez pas le train 1973 à destination de Glasgow.

Le sang de nos ennemis de Gérard Lecas

Editeur : Rivages

On a peu l’habitude de voir Gérard Lecas sur les étals des libraires, et j’avais découvert sa plume avec Deux balles, un court roman au style coup de poing paru chez Jigal. Changement de temps, changement de décor, nous voilà transportés à Marseille en 1962.

Juillet 1962. Alors que l’Algérie vient d’accéder à son indépendance, de nombreux réfugiés débarquent dans le port de Marseille. Ils se retrouvent rejetés de toutes parts, expulsés de leur pays de naissance et détestés par les marseillais. La situation politique n’est pas plus calme : L’OAS devant cet échec envisage des actions terroristes sur le sol français et devient la cible du SAC, le service armé du Général de Gaulle. Le paysage civique se retrouve aussi scindé entre communistes et extrême droite, entre résistants et collaborateurs ; Gérard Lecas situe donc son roman dans un lieu et une période explosive.

Le ministère de l’Intérieur décide de nommer Louis Anthureau à la police criminelle de Marseille, surtout par reconnaissance pour son père qui fut un résistant émérite aujourd’hui décédé et dont la mère à disparu. Il a en charge aussi de surveiller Jacques Molinari, un ancien résistant cinquantenaire proche de l’extrême droite. Ces deux-là ressemblent à s’y méprendre à une alliance du feu avec de l’eau.

Louis assiste à une fusillade sur un marché et reconnait Jacques parmi les assassins, mais il décide de ne rien dire. Il ne sait pas que Jacques joue sur plusieurs tableaux, de l’OAS à l’extrême droite en passant par les parrains locaux qui veulent monter un laboratoire d’affinage de drogue avec plusieurs centaines de kilogrammes en transit. Louis et Jacques vont devoir faire équipe sur une enquête compliquée : un maghrébin a été retrouvé avec un jerrican à coté plein de son sang. 

Voilà typiquement le genre de roman que j’adore. Je trouve que peu de romans traitent de cette période mouvementée alors que c’est un décor idéal pour un polar. Alors il faudra de l’attention pour bien appréhender les différents personnages et les différentes parties mais j’ai trouvé cela remarquablement clair, et le mélange entre les personnages réels et fictifs m’a semblé parfait.

On ressent à la lecture le savoir-faire d’un grand scénariste, tant les événements vont s’enchainer sans que l’on puisse réellement déterminer jusqu’où cela va nous mener. Devant toutes les factions en lutte, Louis et Jacques sont montrés beaucoup moins monolithiques et plus complexes qu’il n’y parait. Personne n’est tout blanc ou tout noir, ni gentil ni méchant. Un véritable panier de crabe dans une situation inextricable dont je me demande toujours comment on sen est sorti ! Et je suis resté béat d’admiration devant les dialogues justes et brillants. 

L’intrigue va se séparer en trois : Les meurtres de maghrébins, la recherche de la mère de Louis et la recherche du chargement de drogue qui a été dérobé. Ceci permet de montrer la lutte politique et policière en œuvre dans cette région qui ressemble à s’y méprendre à un baril de poudre où la mèche a été allumée depuis belle lurette. Avec ce roman, Gérard Lecas nous offre un roman bien complexe, bien passionnant, bien costaud, bien instructif. Le sang de nos ennemis est clairement à ne pas rater pour les amateurs d’histoire contemporaine.

Le 52ème Prix Mystère de la Critique 2023

Le prix Mystère de la critique a été créé en 1972 par la revue Mystère magazine, publiée par les éditions OPTA de 1948 à 1976, et continue d’être attribué chaque année par son fondateur, Georges Rieben, et son équipe. Il a pour caractéristique d’avoir survécu à la disparition du magazine.

A la disparition de Georges Rieben, Alain Regnault et Serge Breton ont décidé de faire perdurer l’un des plus anciens prix français récompensant un roman policier.

Le prix se distingue en deux catégories, roman français et roman étranger, et cette année, le vote se réalise en deux tours.

J’ai la chance de participer aux votes depuis deux ans et j’ai l’honneur de vous annoncer les lauréats de cette année.

Les derniers jours des fauves de Jérôme Leroy (La Manufacture de Livres)

Nathalie Séchard, celle qui incarna l’espoir de renouveau à la tête de l’État, a décidé de jeter l’éponge et de ne pas briguer un second mandat. La succession présidentielle est ouverte. Au sein du gouvernement commence alors un jeu sans pitié. Dans une France épuisée par deux ans de combat contre la pandémie, les antivax manifestent, les forces de police font appliquer un confinement drastique, les émeutes se multiplient. Le chaos s’installe. Et Clio, vingt ans, normalienne d’ultra gauche, fille d’un prétendant à la présidence, devient une cible…

Maître incontesté du genre, Jérôme Leroy nous offre avec ce roman noir la plus brillante et la plus percutante des fictions politiques. De secrets en assassinats, il nous raconte les rouages de l’implacable machine du pouvoir.

Bobby Mars Forever d’Alan Parks (Payot et Rivages)

Glasgow ne connaît pas de répit en cette année 1973. C’est l’été et tout le monde ne parle que d’une chose : l’enfant de la ville, le rocker Bobby Mars est mort d’une overdose dans un hôtel. Pourtant, l’inspecteur Harry McCoy de la Criminelle a d’autres préoccupations : la petite Alice Kelly, 13 ans, a disparu. Et comme si cela ne suffisait pas, Murray, le supérieur de Harry, le charge officieusement de retrouver sa nièce, une adolescente rebelle qui a de mauvaises fréquentations. McCoy voit bien sûr un lien entre les deux disparitions, et dans ce type d’affaire, chaque minute compte.

Le chouchou du mois d’avril 2022

Allez ! je vous propose de terminer la douzième année d’existence de Black Novel avant de partir pour de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes littéraires, et ce dès le 1er mai. Pour ce cent quarante quatrième mois, j’ai innové en consacrant une semaine entière (soit trois billets en ce qui me concerne) à un auteur.

Pour cette première session, c’est Maurice Attia qui est passé sous le scalpel avec sa deuxième trilogie consacrée à Paco Martinez, ancien flic devenu journaliste judiciaire et cinématographique. La blanche Caraïbe de Maurice Attia (Jigal) nous emmène en Guadeloupe en 1976, en pleine éruption de la Soufrière, où Paco débarque pour aider son ami et se retrouve dans un panier de crabes. Le rouge et le brun de Maurice Attia (Jigal) regroupe trois enquêtes dont l’une se passe en Italie lors de l’enlèvement d’Aldo Moro, alors qu’Irène, la femme de Paco, découvre un journal écrit par son père qui évoque un passage méconnu de notre histoire en 1899. Enfin, Couleurs de la vengeance de Maurice Attia (Jigal) alterne entre une tuerie dans un bar vers Marseille et l’invasion de l’Afghanistan par les Russes. Cette trilogie permet de faire œuvre de m »moire sur quelques événements de notre histoire contemporaine en adoptant une forme polyphonique jouissive.

J’aurais préféré ne pas écrire tout de suite la chronique Oldies de ce mois. Hélas, suite à la mort de Liliane Korb, j’ai voulu rendre hommage aux livres qu’elle a écrit avec sa sœur en commençant par le premier tome des enquêtes de Victor Legris. Mystère rue des Saints Pères de Claude Izner (10/18) nous plonge dans le Paris de l’Exposition Universelle de 1889 et nous apprend beaucoup de choses. Une belle introduction à cette série.

Arsène Lupin contre Herlock Sholmes de Maurice Leblanc (Archipoche) est le deuxième roman de la série et propose un duel entre le célèbre détective anglais (accompagné de son imbécile Wilson) et notre gentleman cambrioleur. Le style est vif, le ton humoristique et la lecture plaisante pour ce match nul entre ces deux personnages. A suivre …

Avec plus de sérieux, Château de cartes de Miguel Szymanski (Agullo) nous emmène dans le monde de la Haute Finance au Portugal. Premier d’une série à venir, l’auteur nous montre les dérives des banques, la corruption des politiques et les petits arrangements pour sauver de sombres truands. Bien que le domaine soit technique, l’auteur fait un effort pour nous rendre tout cela explicite et nous livre un Thriller prenant.

Parmi les auteurs que j’adore, La jeune femme et l’ogre de John Connolly (Presses de la cité) est le dernier tome des enquêtes de Charlie Parker et c’est un excellent cru. John Connolly multiplie les personnages, les pistes et les duels à distance, dans une ambiance fantastique et angoissante qui ravira les habitués et permettra de faire découvrir et enchanter les novices.

Qui voit son sang d’Elisa Vix (Editions du Rouergue) est le dernier roman noir de cette auteure qui a l’art de créer des intrigues différentes dans un style direct et expressif. Ici, Elisa Vix compose une intrigue de recherche classique et oppose l’enfermement intérieur des personnages à l’air du grand large aux abords de l’île d’Ouessant. Une fois commencé, ce livre ne peut être lâché : A ne pas rater.

Dernier recueil de nouvelles publié à la Déviation, Jusqu’ici tout va mal de Pascal Dessaint (La Déviation) est un petit bijou avec ses 17 cartes postales. De la nature et des hommes. De l’Amour et de la solitude. Vivre ensemble et respecter la nature sont les messages forts de ce recueil de nouvelles parfait.

Le titre de chouchou du mois revient donc à Tokyo revisitée de David Peace (Rivages), dernier tome de la trilogie que ce gigantesque auteur britannique a consacrée à la capitale japonaise de l’après-guerre. Même s’il prend pour trame une affaire criminelle irrésolue, il nous montre, nous assène la guerre froide à distance entre les USA et l’URSS en mettant les personnages au premier plan, en nous offrant des scènes hallucinées hallucinantes avec son style haché, rythmé comme aucun autre.

Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou, et dès le 1er mai pour fêter le 13ème anniversaire du blog. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Tokyo revisitée de David Peace

Editeur : Rivages Noir

Traducteur : Jean-Paul Gratias

Nous les fans de David Peace, nous avons attendu dix ans, dix longues années avant de pouvoir enfin ouvrir le troisième tome de la trilogie consacrée à Tokyo, après Tokyo année zéro, et Tokyo ville occupée. David Peace clôt ainsi cette période d’occupation du Japon après la seconde guerre mondiale. Pour cela, il se penche sur une affaire encore inexpliquée de nos jours, la mort de Sadanori Shimoyama, le président des chemins de fer japonais,

1949. En ce 5 juillet, la température caniculaire rend l’atmosphère étouffante, irrespirable. L’inspecteur Harry Sweeney un coup de téléphone à son bureau, dans lequel un homme, japonais par son accent lui annonce : « Trop tard ». Retrouvant la trace de l’appel, il se dirige vers le café Hong Kong avec son chauffeur du jour Shintarõ, en vain. De retour au bureau, on lui apprend que Shimoyama a disparu.

L’entretien avec la femme du président lui apprend qu’il est parti tôt ce matin, accompagné de son chauffeur. Ce dernier lui dit qu’il l’a conduit dans une galerie commerciale et qu’il l’a attendu toute la journée, conformément aux ordres. A l’intérieur du centre, Sweeney ne trouve aucune trace du passage de Shimoyama. Tout le monde pense qu’il a passé la journée avec une amante.

Le lendemain, Harry Sweeney, Bill Betz, Toda son coéquipier et Ishirõ son chauffeur foncent en direction de la gare d’Ayaze. On a découvert un corps sur les rails. La police américaine et la police japonaise ne peuvent que reconnaitre le corps de Sadanori Shimoyama, découpé par le train qui lui est passé dessus. Deux théories vont alors s’affronter : un assassinat ou bien un suicide.

David Peace nous éclaire à la fin du roman sur les raisons qui l’ont poussé à aborder cette histoire véridique. A l’époque, Sadanori Shimoyama a réellement été retrouvé mort sur les rails de la gare d’Ayaze et le meurtre n’est aujourd’hui toujours pas expliqué. Dans le climat de tension de la fin de la guerre, cette affaire a fait autant de bruit au Japon que l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy aux Etats Unis. Cet homme était reconnu comme étant un homme bon, faisant son possible pour reconstruire et développer le trafic ferroviaire. Mais il se retrouvait harcelé entre l’obligation imposée par les politiques de licencier plusieurs milliers de personnes et la lutte anti-communiste menée par les Etats-Unis sur le terrain même des japonais.

David Peace va diviser son roman en trois parties et, non pas nous donner clé en main, la solution de cette énigme, mais plutôt nous plonger dans cette époque trouble, entre magouilles politiques, syndicats rouges violents, militaires américains arrogants et manipulateurs, agents secrets, agents doubles, agents triples … pour cela il a choisi trois personnages à trois époques différentes, exilés dans une contrée qui n’est pas la leur, marqués aussi par leur passé et se trouvant dans une impasse quant à leur futur.

Harry Sweeney, inspecteur doué, va ouvrir le bal et mettre à jour pour nous lecteurs les différents fils qui tirent le pays du Soleil Levant dans tous les sens. Puis, un détective privé, Murota Hideki, doit retrouver un auteur de polars, Kurota Roman, qui a disparu après avoir touché une avance confortable pour son prochain opus qui devait dévoiler les dessous de l’affaire Shimoyama. Enfin, nous finirons ce voyage en eaux troubles avec le retour au Japon de Daniel Reichenbach.

David Peace n’a pas son pareil pour construire des personnages complexes placés dans des situations complexes, pour nous faire vivre dans un pays étranger. Autant par les décors que les situations, il nous montre la situation du Japon sous l’occupation, où chacun gardait une part de l’information pour lui. Il nous montre aussi dans la première partie, la différence de culture ne serait-ce que dans des dialogues entre la police japonaise et la police américaine toute en tension, en menaces mais à travers des phrases douces et sibyllines.

David Peace n’a pas son pareil pour nous peindre une situation politique, presque géopolitique, sans être trop explicite, nous donnant les clés pour comprendre la situation de guerre froide, et comment elle avait lieu sur le terrain. Le nom du coupable a peu d’importance, car on comprend vite que, quel que soit le camp, un homme a été manipulé, tué uniquement pour des considérations idéologiques de gens de grand pouvoir.

David Peace n’a pas son pareil pour nous plonger dans des personnages extraordinaires, cassés, brisés par leur passé, cherchant des exutoires à leurs souffrances. On trouve dans ce roman des scènes hallucinées, hallucinantes, formées de longs paragraphes qui nous plongent dans les délires du personnage et qui rajoutent au mystère de ce pays. Nous nous retrouvons dans un pays, une culture qui nous est étrangère, que nous ne comprenons et nous plongeons dans une paranoïa profonde.

J’ai beaucoup parlé du meurtre de Sadanori Shimoyama, car c’est ce que j’en ai déduit en refermant ce livre. Pour autant, il se peut qu’il s’agisse d’un suicide. La résolution de l’affaire ne constitue qu’un fil narrateur de ce roman dont le message se révèle plus complexe et aboutit, dans mon cas, à un dégout des idéologies extrémistes, quel que soit le camp d’où elle vienne. Enorme !

Le carré des indigents de Hugues Pagan

Editeur : Rivages

On ne peut pas dire que j’ai lu beaucoup de romans de Hugues Pagan, si ce n’est quelques uns dans la collection de poche Rivages Noir, en particulier ses premiers parus. On retrouve ici un de ses personnages récurrents, l’inspecteur Schneider.

Novembre 1973. Le président Pompidou agonise, à l’image de son pays. Après avoir dix années en Algérie, L’inspecteur Claude Schneider aurait pu briguer un beau poste à Paris, mais il a décidé de revenir dans sa ville natale. Le voyage en train lui convient bien, ces paysages qui défilent sans dire un mot. Son ami, Monsieur Tom, dont on dit qu’il détient toute la ville l’accueille à son arrivée et le conduit à l’hôtel.

« La Ville dérivait lentement derrière les vitres, avec ses places, ses allées, les rangs de réverbères qui s’ouvraient comme de grandes jambes blanches et glacées … »

Le lendemain, sous une température glacée, Schneider se rend au Bunker, non sans avoir au préalable fumé une cigarette. Le Contrôleur Général Toussaint Mariani, Dieu en personne demande son dossier en aboyant, et le fait attendre. A force d’attendre, Schneider décide d’aller boire un coup à l’abreuvoir. Dieu débarque en rogne. Schneider ne porte pas sa légion d’honneur et ça énerve Dieu qui aimerait bien l’avoir. Schneider récupère le Groupe Criminel.

André Hoffmann, certificat d’études en poche est entré aux chemins de fer. Ne faisant pas de bruit, il a fondé une famille et ils ont eu une fille. Aujourd’hui, sa femme est morte et sa fille une adolescente de quinze ans, respectueuse de sa famille. Hoffmann arrive au Bunker pour signaler la disparition de sa fille Betty. Elle était allée à la bibliothèque et devait rentrer avant la tombée de la nuit. Schneider va prendre sa déposition, les autres fêtant la fin de la semaine au bar. Pour Schneider comme pour Hoffmann, il ne reste plus qu’à attendre pour confirmer une terrible nouvelle.

Dès qu’on ouvre ce roman, on se retrouve plongé dans une époque, dans un cadre et dans les déambulations d’un homme désabusé par son passé. Marquant ses distances avec les autres, taiseux au point de ne jamais dire plus d’une phrase, Schneider porte sa vie et son passé comme une pierre impossible à déplacer. Il regarde passer sa vie en plongeant dans le brouillard gris et les horreurs du quotidien. Et la disparition de la petite Betty, renversée par une voiture, va constituer un crime qu’il ne peut laisser passer, comme tous les autres.

Hugues Pagan prend le temps pour dérouler son intrigue, laissant son personnage le guider dans son enquête, qui ne comporte pas, comme beaucoup d’auteurs du Noir, d’événements retentissants. Hugues Pagan préfère montrer la vie des petites gens, ceux qui se confondent avec les ombres à force de ne pas les regarder. Il nous apporte un ton de véracité, nous décrit autant le décor désolant que les personnages vivant de peu, opposés aux dirigeants de la ville profitant de leur « palaces » ou aux chefs de la police à la poursuite de leur progression dans la hiérarchie.

Et puis, Hugues Pagan nous attrape, nous accroche par ses phrases justes, des phrases qui frappent, tantôt poétiques, tantôt violentes car surprenantes. On ne peut que rester ébahi, enchanté par ce style si vrai, plongeant dans un réalisme cru ; on se laisse emporter par ce pouvoir d’évocation, cette faculté de toucher à la vie qui forme notre quotidien. Ce roman policier noir est un vrai cadeau, offert par un maître du genre, où chaque page dévoile un pan de notre vie comme on ne l’avait pas vue. Un pur joyau magique, bien noir, tout simplement beau.

Viper’s Dream de Jake Lamar

Editeur : Rivages

Traductrice : Catherine RICHARD-MAS

Pour qui a lu Nous avions un rêve, Jake Lamar est un auteur dont il faut lire tous les romans. D’origine américaine, il a choisi de vivre en France et nous parle dans chacun de ses romans de son pays et de la vie des Noirs là-bas. Et quoi de mieux que d’évoquer le milieu du jazz pour en parler, comme il le fait ici.

1961, New York. Viper se retrouve chez Pannonica de Koenigswarter, dite Nica, une richissime baronne qui finance le milieu du jazz. Le jeu de la baronne consiste à demander aux gens qu’elle héberge d’écrire sur une feuille leur trois vœux les plus chers. Il reste quelques heures à Viper avant que la police ne vienne l’arrêter. Car cette nuit, Viper vient de tuer un homme, pour la troisième fois de sa vie.

Viper, c’est le surnom de Clyde Morton. En 1936, Clyde découvre une trompette dans le grenier de ses parents. Son oncle Wilson lui apprend à en jouer et le persuade qu’il deviendra un grand jazzman. Clyde décide de quitter Meachum, Alabama, pour rejoindre New-York, laissant derrière lui sa fiancée Bertha. Mais dès la première audition dans un club de Harlem, on lui fait comprendre qu’il n’a aucun avenir dans la musique.

Alors Clyde trouve un travail au Gentleman Jack’s Barbershop. Ne sachant pas couper les cheveux, il deviendra cireur de chaussures et balayeur. Un richissime client, Mr.O débarque dans la boutique et lui demande s’il sait se battre. Il emmène Clyde sur un ring de boxe et, à la surprise générale, Clyde étend son adversaire. A partir de ce jour, Clyde va devenir Viper, et garde du corps de Mr.O, propriétaire d’un club de jazz et trafiquant de Marijuana.

Ecrit comme un conte, comme une histoire orale (il faut dire qu’à l’origine, ce roman était une pièce radiophonique pour France Culture), on prend un énorme plaisir à s’assoir et écouter Jake Lamar nous narrer la vie de Viper, de son ascension jusqu’à sa chute. Il nous brosse un portrait de l’Amérique, avant et après la deuxième guerre mondiale et la « fameuse » échelle sociale des Etats-Unis. On en déduit à la lecture de ce roman, que pour les Noirs, leur seule possibilité de grimper dans la société réside dans le trafic de drogue, le reste de la société étant noyauté par les Blancs.

Viper’s Dream est avant tout une histoire d’amitié, de tolérance et de loyauté ; amitié envers ses proches, tolérance et accueil des étrangers et loyauté envers ce que l’on croit. Et Viper ne voudra jamais vendre de drogue dure. Viper rencontrera aussi l’amour avec le formidable personnage de femme fatale Yolanda. Tous les codes sont bien présents et c’est bien la façon de raconter cette histoire qui retient l’attention.

Car il y a dans ce roman un rythme lancinant, une mélodie avec des variations de rythme, des improvisations. On ressent le brouhaha de Harlem, et on entend les instruments, parfois du piano, souvent de la trompette. Cet hommage au Jazz se couple à un thème fort sur le poids du passé et les regrets qui se transforment en remords qui me parle. Pour moi, ce roman rejoint ma pile de romans cultes.

Un grand merci à Petite Souris, il saura pourquoi.

Le chouchou du mois de novembre 2021

Avec le mois de novembre, arrive le moment où il va falloir songer aux cadeaux de Noël. Evidemment, il faut offrir des livres et évidemment, il faut les acheter chez nos libraires. Je vous propose donc mes avis dans le but de vous aider dans vos choix.

Commençons par mon coup de cœur du mois : Les rêves qui nous restent de Boris Quercia (Asphalte), un roman de science-fiction situé dans un futur proche, nous présente une société où les Humains se sont laissés séduire par les robots et leur ont laissé gérer leur vie. Avec une intrigue policière simple, un style sec digne des meilleurs polars, Boris Quercia, en faisant le parallèle avec notre situation actuelle, nous pose une question essentielle : les robots ne sont-ils pas plus humains que les Hommes ?

Le Oldies du mois sort du polar. Malgré cela, Dans la forêt de Jean Hegland (Gallmeister) nous décrit dans un monde apocalyptique comment deux jeunes filles vont survivre dans une maison perdue au fond des bois. Psychologiquement juste, remarquablement écrit, ce roman offre de bien belles heures de lecture.

Parmi les romans chroniqués ce mois-ci, vous trouverez beaucoup d’enquêtes bien qu’on ne puisse pas tous les classer dans les romans policiers. Cela confirme que les auteurs aiment mélanger les genres pour notre plus grand plaisir. City of windows de Robert Pobi (Points) nous propose par exemple un formidable personnage Lucas Page à la recherche d’un serial killer dont les cibles sont des policiers. La forme ressemble à un thriller et tout repose sur le rythme et le déroulement du scénario. Un excellent divertissement.

Comme son titre l’indique, La consule assassinée de Pierre Pouchairet (Filatures) nous propose de trouver un assassin dans un pays étranger d’Europe de l’est. Là encore, l’auteur nous montre les dessous du pouvoir, les luttes en toute diplomatie et l’histoire nous propose de lever le voile sur la vraie personnalité de la consule. Un polar costaud et passionnant.

De roman policier, il est aussi question dans Le carnaval des ombres de Roger Jon Ellory (Sonatine), mâtiné de psychologie, de mystère, de fantastique et de politique. Un agent nouvellement promu agent spécial sénior au FBI doit enquêter sur un homme que l’on a retrouvé mort dans un cirque de freaks. L’agent Travis va être bousculé dans ses certitudes cartésiennes et découvrir les exactions du FBI et de la CIA. On se laisse emporter par la plume magique de l’auteur tout en regrettant des longueurs et le fait que Ellory ait mis trop de thèmes dans son livre.

Il est aussi question de personnages et de politique dans La sirène qui fume de Benjamin Dierstein (Points), premier roman, premier tome d’une trilogie dont j’avais adoré le deuxième. Deux flics, deux trajectoires et des meurtres de jeunes filles sur fond d’élections politiques alors que DSK fait peur à la droite au pouvoir, voilà pour le menu. Je retrouve ce style que j’adore, ces deux personnages écorchés et extrêmes et une plongée dans le glauque qui ouvre le chemin au deuxième tome. Auteur à découvrir.

Direction Toulouse, avec Divin Toulouse de Luis Alfredo (Cairn éditions), où c’est un détective privé, cette fois-ci qui enquête sur un groupe meurtrier faisant référence au Marquis de Sade. Le style littéraire de l’auteur et les personnages font merveille dans une intrigue complexe à souhait.

Je pourrais le classer dans les polars, ou dans les romans noirs, ou dans les romans humoristiques sauce féroce. Un tueur sur mesure de Sam Millar (Métaillié) abandonne le cycle Karl Kane et démarre avec un casse loufoque à Halloween. A partir de ce moment, s’engage une course poursuite pour retrouver et / ou tuer les voleurs et / ou mettre la main sur l’argent. On y trouve une belle galerie de personnages, ça va vite et surtout on rit devant l’humour féroce et les répliques hilarantes.

De roman noir, il en est question dans Octobre à Paris de Gérard Streiff (La Déviation). Chloé Bourgeade, détective privée, enquête sur la noyade d’un flic à la retraite. C’est l’occasion pour l’auteur de nous rappeler le massacre du 17 octobre 1961 dans un court polar pour faire œuvre de mémoire. Essentiel.

Tableau noir du malheur de Jérémy Bouquin (Editions du Caïman), dernier roman en date de cet auteur prolifique que j’aime tant par son style et ses sujets. Après les gilets jaunes, Jérémy Bouquin aborde ici la situation d’une professeure des écoles dans une classe difficile. Il ajoute à ce personnage de Céline des raisons de pêter un câble mais le tableau qu’il fait de l’Education nationale est sans appel.

Le titre du chouchou revient donc ce mois-ci à Traverser la nuit d’Hervé Le Corre (Rivages). Vous pouvez me dire que je manque d’originalité mais ce roman, plus noir que noir, nous plonge dans une abime de désespoir ; A la fois par les trois personnages piliers de cette intrigue mais aussi par le tableau d’une société violente dans laquelle on a toutes les raisons de perdre espoir. Hervé Le Corre avec sa plume poétique touche au sublime, émeut, secoue, et nous laisse pantois devant cette fin.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou et un bilan de fin d’année. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !