Tous les articles par Pierre FAVEROLLE

Nos âmes sombres de Sarah Bordy

Editeur : Editions du Gros Caillou

Reçu par hasard (?) dans ma boite aux lettres (honnêtement, ce sont les avantages des blogueurs), j’ai décidé de partir à la découverte d’une nouvelle plume surtout qu’en quatrième de couverture, l’éditeur annonce que Sarah Bordy a mis plusieurs années à construire cette description minutieuse de la province. Auteure à suivre à mon avis …

Pontarlier, de nos jours. M. Grasset remonte un ruisseau pour promener en cette fin d’après-midi. Une couleur inhabituelle attire son regard et il se dirige vers les fourrés. Quand il voit une jambe, il pense à un touriste qui se repose. Quand il retourne le corps, il ne voit qu’un visage dévasté par un trou de balle.

6 heures du matin. Le vieux Berton gare sa camionnette sur le parking de l’hyper marché, pour vider son sac bouteilles vides dans le container. Un mouvement lui fait tourner la tête. Un adolescent se tient assis sur les marches. Berton lui propose de le raccompagner. Le jeune veut qu’on l’appelle K. de son nom Carpentier, le fils du maire ;il raconte que sa mère Isabelle devait venir le chercher la veille mais elle a dû oublier. Quand ils arrivent à la maison, ils se dirigent vers le salon et découvrent Isabelle inconsciente après avoir avalé quantité de médicaments pour se suicider. Ils appellent les urgences.

Le gendarme Julien Georget est pétri d’ambition et aimerait rejoindre la police criminelle. Hélas, les seules activités qu’on confie à la gendarmerie concerne la gestion de petits larcins. Il est aussi perturbé dans sa vie personnelle par sa femme Lucie qui souhaiterait avoir un enfant, ce qui n’est pas compatible avec ses objectifs personnels. Avec le petit nouveau de la brigade Dylan, il doit se rendre sur un bord de route où quelqu’un a enflammé des ordures. Dylan trouve dans les cendres une enveloppe au nom d’Alice gallo, une jeune femme portée disparue depuis vingt années.

Quand l’identité du mot surgit, cela créé des remous dans la petite ville. Barnabé Rollet est bien connu pour disposer d’une petite fortune. Il a été assassiné d’une balle dans la tête exactement comme son frère Hector, vingt ans auparavant. Bien que l’enquête soit confiée à la police criminelle, on demande à la gendarmerie de l’aider avec des tâches annexes, dont des recherches dans les archives de la ville.

Si vous mettez vos yeux dans ce roman, vous n’avez aucune chance d’imaginer dans quelle histoire vous aller vous engager. A priori, le décor ressemble à une campagne paisible, loin des crimes urbains étalés à la Une des journaux télévisés ou de la presse écrite. Et pourtant, les habitants de Pontarlier dont on parle ici vont dévoiler des drames qu’ils ont bien minutieusement enterrés pour que cela ne se sache pas.

On ne peut qu’être surpris de lire qu’il s’agit là du premier roman de Sarah Bordy. Qu’elle y ait passé plusieurs années ne nous surprend pas tant, dans la construction des personnages à l’agencement de l’intrigue, tout y est parfaitement amené et l’équilibre parfaitement respecté. Comme il s’agit d’un roman de personnages, il ne faudra pas y chercher d’action à tout va ni de déroulement d’enquête à proprement parler. Je m’explique :

Le gendarmerie n’étant pas responsable de l’enquête, l’auteure a choisi de nous montrer l’intrigue par les personnages connexes, et sa faculté à rester simple et à trouver les bons mots nous rend ce déroulement passionnant. Et l’air de rien, les différentes découvertes vont faire progresser l’histoire vers le dénouement et nous montrer combien les salauds s’en sortent toujours à coup de gros tas de fric et d’influence.

Chaque personnage nous est présenté comme indépendant les uns des autres, puis petit à petit, un lien va se créer et tous ces points cardinaux aux antipodes vont se retrouver dans une explication incroyable parce que se déroulant sur plusieurs chapitres et nous étant montrée par plusieurs personnages. Quand on lit sur la quatrième de couverture que l’auteure a muri son roman pendant plusieurs années, on comprend bien sa démarche et on salue le tour de force.

Car il est rare de lire un premier roman aussi fort, prenant, bien construit et aussi complet, mûr, aidé en cela par une plume parfaitement maitrisée. Sarah Bordy à travers son intrigue aborde beaucoup de thèmes importants et contemporains de façon éminemment subtile, tels que la violence domestique, l’impunité liée au pouvoir, les relations de couple, la vie d’une petite ville et enfin et surtout la maltraitance des pauvres, des faibles, des femmes. Pour un premier roman, c’est un sacré tour de force, totalement bluffant, totalement impressionnant.

Faut être logique de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Je continue mon exploration des romans des années 60, avec ce roman qui est un des seuls à flirter avec le surnaturel, dans lequel on entend des fantômes dans une ferme abandonnée. J’ai bénéficié d’un exemplaire original de 1967. Un bon numéro.

Version 1.0.0

Les anecdotes :

Faut être logique est un roman publié en février 1967 par Frédéric Dard sous le nom de plume de San-Antonio, il est le 63ème de la série policière San-Antonio. Chez l’éditeur Fleuve noir, il porte d’abord le numéro 577 de la collection « Spécial Police », puis en 1974 le numéro 28 de la collection « San-Antonio ».

Le livre se déroule sur deux jours dans la ferme du cousin par alliance de Bérurier, Ambroise. Le roman est découpé en deux parties, une par journée.

Il s’agit, à ma connaissance, de la seule incursion de San-Antonio dans le genre paranormal, puisqu’on y parle de fantômes.

En préambule, San-Antonio nous explique la raison de son titre, puis se fend de remerciements envers les dirigeants de l’Angleterre, des Etats-Unis, de l’URSS et de la Chine, bien qui l’ont autorisé à publier Faut être logique, alors qu’ils n’ont aucun rapport ni aucune influence sur cette intrigue. 

Mon résumé :

Alors que Félicie profite de son jardin à Saint-Cloud, San-Antonio voit avec désespoir les nouveaux programmes bétonnés envahir son petit espace de verdure. Heureusement, un coup de téléphone va le distraire pendant ses pensées sombres et énervées. Bérurier, en week-end chez son cousin par alliance en province lui demande un coup de main pour une affaire bien étrange.

Direction Bécasseville pour San-Antonio et Félicie chez le cousin issu de Germain AmbroiseParrey, fermier de son état. Il semblerait que des fantômes habitent le domaine de Franc-Mâchon, conjoint à ladite ferme. San-Antonio n’est même pas surpris de trouver Bérurier et sa femme Berthe en train de batifoler avec les ouvriers agricoles. Afin de trouver la source des bruits étranges, San-Antonio décide de coucher dans la demeure en T hantée.

Mon avis :

Si le roman est divisé en autant de parties qu’il y a de jours (plus une), comme je l’ai dit plus haut, c’est-à-dire deux, la narration va se révéler différente. Dans la première, nous nous retrouvons avec un mystère de bruits étranges qui devient bien glauque dans son explication, sans toutefois être très crédible. Dans la deuxième, nous suivons une enquête bâtie sur des interrogatoires des différents suspects. La troisième partie se consacre à la résolution de l’enquête.

Pour autant, le ton reste à la plaisanterie avec un Bérurier en forme dans sa déformation de la langue française et l’enquête qui s’en suit remarquablement rigoureuse. Les potentiels coupables vont augmenter en nombre, le mystère s’épaissir jusqu’à aboutir à la scène finale où San-Antonio va réunir tout ce beau monde pour une démonstration qui aboutit aux aveux de l’assassin.

On sourit beaucoup dans ce roman, on apprécie à nouveau les détournements de la langue française et les jeux de mots nombreux et surtout on se régale avec cette intrigue qui, si elle commence dans le paranormal, se dirige comme un whodunit à la manière de la grande Agatha Christie. On appréciera aussi les quelques digressions dont une envers ses lecteurs qui lui demandent toujours plus de scènes délirantes et crades, sexuelles ou non, car ils « veulent en avoir pour leur argent ».

Quelques citations impayables :

« L’oreille, c’est un conduit : rien qui y séjourne. Mozart, un peu, Beethoven et puis Brassens aussi dans un autre genre ; excepté ça, les mecs: un tuyau d’écoulement, je vous dis. »

« Elle a l’air très gentille, mais dans votre job, on n’a pas le droit de se fier aux appâts rances, Mec. »

« Félicie dort dans le jardin, sous la treille dont les grappes commencent déjà à se teinter. Elle occupe le vieux fauteuil d’osier à haut dossier que j’ai toujours vu à la maison. Le siège est tapissé d’une toile à frange que M’man a brodée jadis, alors qu’elle était écolière, et qui représente des petits hollandais sur fond de moulins à vent.(…)

Elle oublie les grands immeubles bourrés d’yeux, qui se sont construits alentour et qui nous étouffent doucement mais implacablement, comme on étouffe un pigeonneau en le serrant par dessus le gésier. »

« L’homme aux idées hardies est toujours taxé de fou par ceux dont le cerveau ressemble à une citerne percée. »

« Le délire c’est comme la diarrhée : ça se contrôle difficilement. »

« C’est plus fort que moi : faut que je jeux-de-mote. »

« La peur est une forme de volupté qui se partage mal. »

Ce billet aurait été moins complet sans les blogs suivants :

http://francois.kersulec.free.fr/FK/SA/HTML/livre.php?CodeLivre=FEL

https://touchezmonblog.blogspot.com/2023/03/san-antonio-faut-etre-logique.html

Les loups de Babylone d’Anne Percin

Editeur : Manufacture de livres

Je ne connaissais pas la plume d’Anne Percin et j’ai été surpris d’apprendre qu’il s’agissait là de son premier roman policier. Ceci explique pourquoi elle s’affranchit des codes habituels pour nous offrir un roman personnel donc passionnant.

Esteban Perrault est un jeune adolescent vivant dans une ZAD écologiste radicale dans les bois entourant Millau, Au Lieu-Dit Pinet, sur le territoire de la bergerie. Les entretiens avec la conseillère d’orientation du collège tournent court, mais comment peut-il se projeter sur un avenir ? Pour rattraper le cours qu’il a manqué, il compte sur Cerise mais elle est absente. Alors Cassandra, une jeune fille placée en famille d’accueil dans le coin, se propose de lui prêter ses cours. Petit à petit, ces deux jeunes vont se découvrir.

L’adjudant Sophie Cauchy vient d’être mutée à la gendarmerie de Millau. Tout le monde la prend pour une parisienne alors qu’elle était en poste à Creil. Elle a décidé de s’éloigner de son fiancé avec qui elle avait une relation toxique. Lucas et Mireille Borie, habitant au Sequestre près d’Albi viennent déclarer la disparition inquiétante de leur fille Jessica Borie-Languet, 22 ans.

Après avoir quitté ses études, Jessica rejoint la ZAD de Notre-Dame des Landes puis revient sur Millau. Comme ils paient son abonnement, les Borie ont reçu une lettre de relance de son opérateur téléphonique indiquant que son compte est vide. Quand ils l’appellent, elle ne répond pas. Tout ce qu’ils savent, c’est qu’elle a fait le chemin avec son petit ami Antonin. Sophie va donc s’intéresser aux résidents de la ZAD.

J’ai apprécié beaucoup de qualités dans ce roman à mi-chemin entre roman policier, roman provincial et roman social. Et en premier lieu, la plume d’Anne Percin, tout en douceur, mais aussi comportant une force intrinsèque dans ses descriptions. Le décor nous plonge dans une nature calme, loin de mes lectures urbaines, et loin des intrigues violentes, une nature omniprésente qui fait le lien entre les différents groupes de personnes.

Et ce roman regorge de personnages forts, que ce soit Sophie Cauchy, femme maltraitée psychologiquement, victime d’une relation toxique qu’elle tente d’oublier. L’auteure ne s’appesantit sur le sujet mais certaines scènes l(obligent à penser à nouveau à revivre des moments douloureux.

Et puis, on trouve les deux adolescents qui ont été élevés selon deux éducations différentes. Esteban a vécu dans cette ZAD écologique, éloignée de tous les conforts technologiques alors que Cassandra cherche à s’émanciper en utilisant le contexte d’enfant placée. Au travers d’une confidence, j’ai apprécié comment Esteban, ne sachant pas utiliser un smartphone, se retrouve à essayer à tout prix d’allumer l’engin qui renferme des jeux gratuits.

Et enfin, on retrouve les résidents de cette ZAD écologiste, où on est surpris de voir que chacun est libre d’aller et de venir, de rester ou de partir. Par contre, elle est gérée par un comité mais l’influence d’Etienne, le père d’Esteban, se montre presque dictatoriale. Et on y trouve aussi Maud, une femme libre dans les actes, ses envies et ses besoins, ce qui peut lui engendrer des problèmes.

J’ai trouvé incroyable la façon qu’a eu Anne Percin de laisser de côté l’enquête sur la disparition de Jessica, pour se concentrer sur ses personnages et les thèmes abordés. Parmi ceux-ci on notera la difficulté de survivre après une relation toxique, bien entendu, mais aussi la difficulté de passer à l’âge adulte pour des adolescents dans notre monde ultra-connecté, ainsi que les fossés qui se creusent entre des gens qui vivent différemment. Ce roman bigrement original dans son traitement et remarquablement attachant, est aussi un roman humaniste.

Je vous offre pour terminer quelques passages à retenir :

« Le discours antimilitariste après mai 68, ça passait mieux que le discours anticapitaliste à l’heure actuelle. Et pourtant, on avait moins à craindre de l’armée qui voulait réquisitionner les terres, que des sociétés d’autoroutes, ou des projets d’aéroport ou d’enfouissement des déchets nucléaires ! Le danger est plus grand, il est mondialisé ! L’ennemi, ce n’est plus l’armée, c’est le capitalisme, et ça n’a pas d’uniforme, le capitalisme, ça se cache derrière des mots qu’on ne comprend pas, alors on n’ose pas lutter … »

Et à propos du smartphone que convoite Esteban : « Grâce à elle [Jessica], il avait appris à quoi pouvait servir cet objet que son père avait banni de leurs vies. A cause d’elle, il avait appris à en avoir envie, alors qu’il n’en avait jamais eu besoin. »

A la gorge de Max Monnehay

Editeur : Seuil – Cadre Noir

Ayant beaucoup entendu parler de la « nouvelle star » du polar français et n’ayant pas ouvert un de ses trois romans, j’ai donc essayé A la gorge, qui est en fait la troisième enquête de Victor Caranne et Anaïs. Il y a du potentiel.

Victor Caranne, psychologue carcéral à la centrale de Saint-Martin sur l’île de Ré, rend visite à Émilien « Milou » Milkovitch. Milou, accusé d’un double meurtre, va bientôt « fêter » ses dix années d’incarcération, dans huit jours exactement. Milou annonce que, pour l’occasion, il se suicidera, affirmant à nouveau qu’il est innocent pour la mort du jeune couple. Caranne, touché par les accents de sincérité et poussé par son intuition va enquêter.

Caranne va d’abord demander à Anaïs, policière à la Police Criminelle de La Rochelle, de lui procurer une copie du dossier … en toute illégalité. Celui qui a mené l’enquête n’est autre que l’actuel chef d’Anaïs. Et le jeune homme qui a trouvé la mort ce jour-là n’est autre que le fils d’Helena, l’ancienne psychologue de Caranne, qui l’a aidé à sortir de ses blessures et arrêter sa consommation excessive d’alcool.

Evidemment, tout ne va pas être si facile. Anaïs est confrontée à une affaire de meurtre d’une femme chez elle, tabassée à mort. Quant à Caranne, il doit faire face à l’apparition de Maddie, une jeune femme apparue dans une de ses enquêtes précédentes et qui est en période probatoire, et Marcus, son ami « armoire à glace », qui doit se réhabituer à la vie sociale après un passage derrière les barreaux.

Autant le dire tout de suite, ce roman dévoile beaucoup les intrigues des deux précédentes enquêtes et donc, il vaut mieux les avoir lues auparavant. Si cela ne m’a pas gêné dans ma lecture car les trois tomes sont décorrélés, les liens entre les personnages sont dévoilés. Vous voilà prévenus !

Je retiendrai de ce roman le scénario qui est remarquablement bien construit et bien mené. C’en est presque mathématique mais on se laisse facilement embarquer. Si tout repose sur la simple intuition de Caranne, une fois que l’on accepte ce préambule, on le voit se lancer dans cette affaire sans autre conviction que son entretien au début du roman. Max Monnehay aurait pu aussi mener les différentes pistes en parallèle au lieu de les mettre les unes après les autres mais c’est un avis purement personnel.

L’important en tant que divertissement, c’est que ça aille vite. Et de ce côté-là, on n’est pas déçu. J’aurais lu ce roman en deux jours, et j’ai particulièrement apprécié la plume de Max Monnehay, qui est simple et fluide. Elle évite aussi les dialogues psychologiques bas de gamme, et on pourrait juste signaler quelques passages démonstratifs où elle pourrait laisser le lecteur conclure d’une mimique d’un personnage.

La fin du roman m’a aussi plu même si le nombre de rebondissements est élevé et que j’en ai trouvé certains peu voire pas réalistes. Il y a aussi quelques incohérences dont une grosse (un suspect a été pris en photo pour excès de vitesse à 20 kilomètres de Narbonne sur l’A16, alors qu’il s’agit de l’A9). En dehors de ces détails, j’ai passé un bon moment avec Caranne et la plume de Max Monnehay démontre que c’est une auteure prometteuse. A suivre.

15 ans ! incroyable ! (Concours)

Il y a 15 ans, le 1er mai 2009, je me lançais dans l’aventure du blog Black Novel. Après un passage chez Overblog, je suis passé chez WordPress. Si vous êtes surpris, sachez que je le suis plus que vous ! Je le dis chaque année, quand je me suis lancé dans cette aventure, car c’en est une, je n’aurais jamais imaginé durer aussi longtemps. Aujourd’hui, avec plus de 1900 billets, je n’en reviens toujours pas.

Sachez que l’envie de partager mes avis, mes lectures est toujours aussi grande. Je fais en sorte de me lancer des défis, et cette année, c’est San-Antonio ! L’année prochaine, cela devrait être Harry Crews … Comme vous le voyez, je déborde encore d’idées !

Et je tiens à vous remercier, vous lecteur de passage, et vous abonné et lecteur fidèle. Merci pour votre assiduité, pour vos commentaires, pour vos encouragements. Merci aussi aux auteurs avant tout, qui m’offrent tant d’émotions. Merci aux éditeurs qui me font confiance, aux attachés de presse qui pensent à moi. Merci aussi aux amis qui me guident dans mes choix de lecture.

Enfin, j’envoie un gros bisou à mon frère du sud, la Petite Souris. Je n’oublie pas mes amis Yvan, Vincent, et Jean le Belge, qui me manquent. Je fais aussi un clin d’oeil amical au singulier à mon ami François B. J’adresse un grand merci à tous les collègues blogueurs qui m’aident dans mes choix de lecture. Je fais aussi un clin d’œil à l’association 813 qui défend la littérature policière sous toutes ses formes et que je vous conseille de rejoindre, et en particulier Jeanne, ma collègue des paniers, Boris le maître facteur des quiz et Frédéric Prilleux qui me donne toujours des conseils de BD que je n’ai pas le temps de suivre.

A vous de travailler maintenant ! Un anniversaire, ce n’est pas un anniversaire s’il n’y a pas de cadeau. Comme tous les ans, je vous propose de gagner un de mes coups de cœur de l’année. Cette année, il s’agira de Le sang des innocents de SA Cosby publié aux éditions Sonatine, un roman magnifique dont vous pouvez retrouver mon avis ici

Quatrième de couverture :

Le Sud n’a pas changé. Ce constat, Titus Crown y est confronté au quotidien. Ancien agent du FBI, il est le premier shérif noir à avoir été élu à Charon, la terre de son enfance. Si son élection a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l’uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l’oppresseur. Bravant les critiques, Titus tente de faire régner la loi dans un comté rural frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales. Jusqu’au jour où Latrell, un jeune Noir, tire sur M. Spearman, le prof préféré du lycée, avant de se faire abattre par la police. Fanatisme terroriste, crient les uns. Énième bavure policière, ripostent les autres. À mesure que les dissensions s’exacerbent, Titus se retrouve lancé dans une course contre la montre pour découvrir la vérité.

Chez Sonatine, on ne dira jamais qu’on a un favori, et que son nom est S. A. Cosby. En trois romans, l’auteur s’est imposé comme une voix incontournable et un maître incontestable du thriller américain. Après Les Routes oubliées (prix Nouvelles voix du polar) et La Colère, Le Sang des innocents vient confirmer son talent pour les intrigues denses et sous pression, les personnages déchirés, et son regard remarquablement lucide sur l’Amérique et les dépossédés qu’elle coule dans son sillage.

Le principe est simple : vous répondez à une question en envoyant un mail à concoursblacknovel@gmail.com. Le ou la gagnante sera contacté (e) par mail pour que j’obtienne son adresse postale. La date limite de réponse est le 12 mai 2024 à minuit. Le 17 mai 2024 à 17h00, un billet donnera le nom du gagnant (ou son pseudo). Le tirage au sort sera réalisé par mes enfants. Le roman est acheté par moi-même. L’envoi sera assuré par mes soins en fonction de l’assiduité de La Poste. Aucune réclamation ne sera acceptée, ce concours étant totalement bénévole de ma part et totalement gratuit pour vous.

La question est la suivante : Son précédent roman La colère nous présente deux personnages principaux. Quels sont leur prénom et nom ?

J’espère que vous prendrez du plaisir à lire, que mes chroniques vous seront utiles pour vos choix de lecture, que vous n’hésiterez pas à me donner vos avis dans les commentaires. Je vous souhaite une nouvelle année pleine de lectures enrichissantes. Car moi, je continue …

Je n’ai plus qu’à ajouter : Merci à tous, à bientôt et plus que jamais, protégez-vous, protégez les autres et n’oubliez pas le principal : lisez !

Le chouchou du mois d’avril 2024

Cette année, le temps nous aura bien aidé et donné de bonnes excuses pour procrastiner et s’installer confortablement au pied de la cheminée, un bon polar solidement installé sur les genoux. Encore une fois, j’aurais réalisé un mois plein, avec beaucoup de polars de qualité, mais je vous laisse en juger :

Nous commencerons par un coup de cœur, le deuxième de l’année avec la quatrième enquête de Sean Duffy, inspecteur catholique dans le commissariat de Carrickfergus majoritairement protestant. Des promesses sous les balles de Adrian McKinty (Fayard) est le genre de polar où on se laisse aller, avec un scénario incroyable et des dialogues extraordinaires. Décidément, j’adore de plus en plus la littérature irlandaise et leur humour cynique et froid.

Mon billet thématique « spécial San-Antonio » a abordé l’apparition de Frédéric Dard dans l’émission de Bernard Pivot avec plusieurs liens vers des videos. Je vous ai aussi chroniqué Salut mon Pope ! de San-Antonio (Fleuve Noir), une enquête en Grèce qui fait partie des meilleures tant c’est hilarant. Dis bonjour à la dame de San-Antonio (Fleuve Noir) ressemble à une enquête improvisée même si la conclusion est époustouflante.

Quant à Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ? De San-Antonio (Fleuve Noir), ce n’est pas une enquête de San-Antonio mais bien un roman de Frédéric Dard, son plus personnel où il règle ses comptes avec soi-même et écrit comme une prémonition le véritable enlèvement de sa fille.

Je n’avais jamais lu de roman de Fabrice Papillon et La conjuration de Dante de Fabrice Papillon (Seuil) fut une belle découverte alors que les romans ésotériques ne sont pas mon genre de prédilection. Mais par son rythme, son intrigue et son talent de vulgariser un sujet complexe, l’auteur m’a emballé. Et la fin, exceptionnellement réussie a fini d’emporter mon adhésion.

Ensuite, j’ai découvert les derniers opus des auteurs que j’affectionne. Parmi eux, il y a Chastity Riley, la procureure de Hambourg. Dans Hôtel Carthagène de Simone Buchholz (L’Atalante – Fusion), elle est confrontée à une prise d’otage dont elle est une des victimes et c’est l’occasion pour elle de faire une introspection de ses relations avec ses collègues.

Les fils de Shifty de Chris Offutt (Gallmeister) est la deuxième enquête de Mick Hardin, toujours en convalescence dans la ville où sa sœur est shérif. Il devra trouver les meurtriers du membre d’une famille de trafiquants de drogue alors que sa sœur fait face aux élections qui approchent. Tout est si évident dans ce roman et c’est pour cela que c’est un plaisir de lecture.

Après Blackwater, il me fallait lire Les aiguilles d’or de Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture). Lecture décevante, car il faut dépasser les 200 premières pages avant d’apprécier cette lutte entre le Bien et la Mal dans les bas-fonds de New-York au dix-neuvième siècle. Mais ce n’est que mon avis bien entendu.

Après La dernière maison avant les bois, Mirror bay de Catriona Ward (Sonatine) joue dans la même catégorie, en étant toujours aussi surprenant. Construit comme des poupées russes, de l’histoire incluse dans l’histoire, l’auteure nous parle de la création littéraire et c’est pour cela que j’ai préféré ce roman au précédent.

Le titre du chouchou du mois revient donc à Eden L’affaire Rockwell de Christophe Penalan (Viviane Hamy), un premier roman très surprenant, très maitrisé, passionnant. Voilà un excellent polar dans lequel on sent un talent poindre, un hommage envers les plus grands auteurs américains (et Michael Connely entre autres). En tous cas j’attends son deuxième pour confirmer mon avis et je piaffe d’impatience !

J’espère que ces avis vous seront utiles pour choisir vos prochaines lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un autre titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et lisez !

Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ? de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Dans le deuxième recueil des romans incontournables de Frédéric Dard dit San-Antonio, Anny Duperey nous propose deux romans dont celui-ci. Ce roman fait partie des incontournables parmi les œuvres de Frédéric Dard.

Les anecdotes :

Frédéric Dard a commencé à écrire ce roman avant l’enlèvement de sa propre fille Joséphine, qui est intervenu alors qu’il en écrivait la page 132. Il le reprendra une année après et terminera ce qu’il considère comme son roman maudit.

Alors que Fleuve Noir a décidé d’annoncer San-Antonio comme son auteur, alors qu’il n’apparait jamais dans l’intrigue, il s’agit d’un roman de Frédéric Dard et de la plus personnelle de ses œuvres.

L’accroche du roman lors de sa sortie en grand format est : « Les larmes de San-Antonio ».

Mon résumé :

Charles Dejallieu vit en Suisse à Gstaad et bénéficie d’une célébrité grâce au succès de ses romans populaires. Il vit avec sa femme Melancolia qui a un penchant pour les alcools forts et sa belle-fille Dora que Melancolia a eu d’un précédent mariage. Lorsqu’il tombe sur une photo d’un jeune garçon qui les mains sur les hanches, Dejallieu extrapole sur l’image et envisage d’en faire un roman.

Deux psuedo-journalistes Franky Muzard et Aldo Moretti se demandent comment gagner de l’argent facilement. Ils proposent à Dejallieu de réaliser une interview que ce dernier accepte. En parallèle, ils mettent au point un kidnapping de la petite Dora pour en obtenir deux millions de francs suisses. Ils profitent qu’elle soit sous la garde de la mère de Dejallieu pour réaliser leur forfait. Mais Dejallieu n’a pas l’intention de payer.

Mon avis :

Sans aucun doute, nous tenons là le roman le plus personnel de Frédéric Dard. On le voit dans le nom du personnage : Charles est le deuxième prénom de Frédéric Dard et Dejallieu rappelle qu’il est originaire de Bourgoin Jallieu. Le polaroid qui inspire Charles est même une photo de l’auteur qui cherchait à cacher son infirmité du bras gauche, à propos de laquelle il écrira : « Si jeune et déjà tricheur »

Le ton est donné dans ce roman que l’on a l’habitude de découper en deux parties alors que j’en discerne trois. Dans la première, l’auteur montre sa mélancolie tout en doutant, dans sa déprime désenchantée cynique, de son devenir en tant qu’auteur. Il ne se gène pas de laisser libre cours à sa verve voire à son humour vachard et ravageur, surtout quand il s’attaque à sa belle mère nymphomane.

Deuxième partie après l’enlèvement de Dora, et mise en place de l’intrigue policière … Frédéric Dard joue avec nos nerfs avant de trouver cette idée immensément dramatique qui va tout bouleverser, à la fois notre perception de Charles et l’intrigue va dans une direction totalement inattendue. Et je ne vous dirai rien sur la conclusion qui est juste extraordinaire comme seul pouvait l’imaginer M.Dard.

Ce serait une honte de dire que Frédéric Dard a écrit là son meilleur roman. Les San-Antonio sont des monuments d’humour, ses romans noirs sont de grands moments. Mais ce roman est indéniablement son plus personnel, où il évoque sa vie sans concession, presque sans pitié, par moments. Il ne se donne aucune excuse comme il ne pardonne pas à Charles. Et il en rédige leur tribunal.

Quelques citations impayables :

« Ce sera une chose difficile a faire, qui empoisonnera ma vie pendant six mois, qu’on tirera à quelques milliers d’exemplaires, à laquelle on consacrera quelques papiers ou émissions diverses et que l’on oubliera. Le fumier littéraire, tu sais ce que c’est, Heidi ? Ce sont les livres d’hier ! Des feuilles d’arbre, ma bonne : il en pousse et elles tombent et il en repousse encore. Il faut être fou pour faire le métier d’arbre. »

« Tout est vrai, assure Charles, surtout ce qui est inventé.

Ce n’est presque pas une boutade. Au long de sa carrière de romancier, il a eu maintes occasions de s’apercevoir qu’il inventait des choses qui se produisait par la suite. »

« Un livre mobilise presque totalement celui qui le cogite et l’écrit (…) Ses personnages sont enroulés autour de lui, tel le lierre parasite autour de l’arbre qu’il paralyse lentement. »

« Il ne suffit pas de vivre les affres de l’écriture, il convient ensuite d’en assurer la « promotion ». Le terme l’écoeure. (…) Vendre son livre après se l’être arraché de l’âme, de ses tripes, n’est-ce pas une dure condition ? »

« Il désespère des hommes, Charles Dejallieu. Ne les jugeait pas si bas, si veules, si purulents. Du coup, son œuvre est à reconsidérer. Il l’a bâtie sur une certaine conception du monde et il s’aperçoit qu’il nourrissait des idées fausses, que l’univers ne correspond pas à l’idée qu’il s’en faisait. Il a construit sur le sable des illusions. Les mauvais sentiments qu’il dénonçait sont véniels par rapport à ce qui est. On patauge dans l’ignominie, car estimer les autres capables de bassesse, c’est être bas soi-même, c’est se déshonorer par suppositions malsaines ; c’est opter pour le mal qu’on prétend dénoncer. »

Ce billet aurait été moins complet sans les blogs suivants :

http://francois.kersulec.free.fr/FK/SA/HTML/livre.php?CodeLivre=FITLPGQOLM&DepuisListe=TousLivresOC-%-Non&PosDansListe=352

https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/39300

https://touchezmonblog.blogspot.com/2024/01/san-antonio-faut-il-tuer-les-petits.html

Des promesses sous les balles d’Adrian McKinty

Editeur : Fayard Noir

Traducteur : Pierre Reignier

Attention, coup de cœur !

La série (en cours) des enquêtes de Sean Duffy est incontestablement la meilleure d’Adrian McKinty, même s’il ne faut pas oublier la trilogie Michael Forsythe. On a longtemps cru que les investigations de Sean Duffy ne seraient qu’une trilogie après Une terre si froide, Dans la rue, j’entends les sirènes (Coup de coeur !) et Ne me cherche pas demain. Mais, ô joie, Fayard reprend le flambeau de cette géniale série avec l’un des meilleurs opus (avec le deuxième).

1985, sur une plage proche de Derry. Sean Duffy, le seul inspecteur de la RUC (Royal Ulster Constabulary) planque à l’abri d’une dune. Une gigantesque opération incluant la Special Branch, la RUC, le MI5 et Interpol vise une livraison d’armes venant de la mer. Bientôt le chalutier Our Lady of Knock s’approche de la rive. Duffy voit bien le carnage devant la fébrilité des hommes. Un coup de feu part, et il préfère s’abstenir d’assister au fiasco.

Duffy aimerait bien passer une nuit complète quand son téléphone sonne. Son nouveau chef McArthur lui demande de venir immédiatement dans une maison close bien connue. Sur place, on lui explique qu’un célèbre acteur de cinéma américain a frappé une prostituée. Après tout, elle avait refusé de sniffer la cocaïne de la vedette. Après une explication musclée, chacun repart avec de l’argent et Duffy va enregistrer la moitié de la drogue confisquée au commissariat et s’en garde l’autre moitié pour son usage personnel.

Duffy pense enfin pouvoir commencer sa nuit quand son téléphone sonne encore. Son collègue McCrabban lui demande de le rejoindre dans la riche propriété des Kelly, propriétaires d’une société de paris sportifs. Ils ont été abattus devant leur télévision, le père d’abord et la mère ensuite. Duffy trouve étrange qu’elle n’ait pas esquissé un geste quand son mari a été tué d’une balle dans la tête … sauf si elle connaissait l’assassin. Etrangement, leur fils Michael Kelly a disparu, ce qui en fait le principal suspect. Mais, quelques jours plus tard, on découvre sa voiture abandonnée au bord d’une falaise, et son corps en bas. Se serait-il suicidé après le meurtre de ses parents ?

Pour ceux qui ne connaissent pas Sean Duffy, il s’agit d’un inspecteur irlandais catholique doué de la police irlandaise exclusivement protestante. Le contexte se situe dans les années 80, sous le gouvernement politique de Margaret Thatcher. Ce roman se place en 1985 lors des accords Angleterre / Irlande du nord : Il institue un rôle consultatif de l’Irlande sur la politique en Irlande du Nord ainsi qu’une coopération entre l’Irlande et le Royaume-Uni contre l’IRA provisoire. Selon les termes de l’accord, l’avenir politique de l’Irlande dans son ensemble, en particulier de l’Irlande du Nord, ne changera que dans le cas d’une décision d’une majorité de la population.

La situation était déjà violente et ces accords ne font qu’attiser les flammes. Adrian McKinty, à travers son personnage nous montre un inspecteur de plus en plus paranoïaque, regardant sous sa BMW s’il on y a déposé une bombe avec un déclencheur à mercure. Duffy nous apparait toujours aussi révolté, sans limites ni envers sa hiérarchie ni envers les services de police ou secrets anglais, ni envers les Américains. Son attitude rebelle envers ses supérieurs l’isole de plus en plus, dans sa sphère professionnelle et dans sa vie personnelle.

Adrian McKinty fait parler son personnage qui n’a peur de rien ni de personne, comme un suicidaire jusqu’au-boutiste et le talent de l’auteur nous emmène dans une enquête complexe et passionnante où à force de fouiller, de gratter la surface, Duffy va mettre à jour un scandale qui a éclaboussé de nombreux pays sur les ventes d’armes tactiques. Par sa psychologie parfaite, sa façon implacable de mener son intrigue, et ses dialogues formidables, sans oublier cet humour noir, froid et cynique typique de l’Irlande, Adrian McKinty éclabousse le monde du polar de sa capacité à construire un roman sans aucun défaut, dans lequel on se jette affamé et en en sortant pleinement rassasié. Indéniablement, cet opus fait partie des meilleurs de la série avec Dans la rue, j’entends les sirènes (mais ce n’est que mon humble avis, bien entendu).

Un dernier mot, toutefois : il n’est pas nécessaire d’avoir lu les autres pour apprécier Des promesses sous les balles. Même si certains personnages récurrents font leur apparition, on ne se sent nullement gêné dans cette lecture. Il serait toutefois dommage de passer au travers des trois premières enquêtes, toutes disponibles au format poche. Et bonne nouvelle : il reste encore 4 enquêtes de Sean Duffy à traduire … à ce jour.

Coup de cœur !

Mirror Bay de Catriona Ward

Editeur : Sonatine

Traducteur : Pierre Szczeciner

L’année dernière, nous découvrions une nouvelle auteure et un roman pour le moins surprenant qui remettait sans cesse en cause les certitudes du lecteur ; il s’appelait La dernière maison avant les bois. Même si le thème est très différent, ce roman nous surprendre mais cette fois-ci, à mon avis, avec plus de maîtrise et un sujet plus sérieux. Place donc à Mirror Bay.

1989. La famille Harlow vient d’hériter de la maison de l’oncle paternel décédé et décide d’aller y passer leurs vacances estivales. Située au bord du Whistler Bay, cette région regorge de forêts, de gorges et de multiples endroits pour s’y amuser. Wilder Harlow, 17 ans, pense qu’il va s’y ennuyer et subir les disputes de ses parents. Heureusement, il rencontre deux adolescents de son âge : Nathaniel et la jeune Harper.

Pour ces jeunes, l’endroit se révèle mystérieux avec le vent qui siffle dans les entrailles des falaises. Wilder apprend par ses amis que des âmes errent dans les grottes et qu’un effrayant rôdeur s’introduit chez les gens la nuit pour prendre un polaroïd des enfants qui dorment dans leur lit. Petit à petit, les jeunes se confient leurs secrets et la réputation de ce coin perdu. L’année suivante, Wilder renvient avec ses parents pour des aventures bien plus dramatiques (ne comptez pas sur moi pour vous raconter !).

1991. Se rêvant écrivain, Wilder a quitté ses parents pour intégrer l’université. Il rêve de devenir écrivain et de raconter les événements qui se sont passés à Whistler Bay. Son premier colocataire Doug est un sportif. Il changera de chambre pour laisser sa place à Sky, jeune homme qui a déjà décidé d’écrire un roman. Les deux jeunes hommes vont se nourrir mutuellement pour écrire une histoire.

Il est bien difficile de faire un résumé du livre sans en dévoiler trop. Si vous trouvez les paragraphes précédents trop flous, c’est normal ! Au début du roman, on pense lire du Stephen King tant c’est bien fait. Et puis, dès que l’on parle d’une histoire avec des adolescents, on pense au King. Et les deux premières parties qui couvrent les deux premières années vont nous malmener avec de nombreuses révélations et des affaires criminelles terribles.

Entretemps, nous avons un paragraphe sur Pearl … mais qui est Pearl ?

Puis Wilder va entrer à l’université et le ton va changer, devenir plus sérieux et aborder tout d’abord le lien entre les deux jeunes hommes et ensuite leur rapport à la littérature. Très intéressante, cette partie offre aussi les premières dérives du roman, les premières scènes où on ne comprend pas trop comment tout cela finit par partir en vrille. En fait de vrille, il s’agit plutôt d’un voile que l’on soulève, d’une poupée russe que l’on ouvre.

Et Catriona Ward s’amuse dans la deuxième moitié du roman à nous balancer de droite et de gauche, alternant réel et virtuel, roman et vraie vie, mélangeant les personnages fictifs et vrais. Mais elle nous offre aussi et surtout une vraie réflexion sur la création, sur les auteurs, leur vie, leur douleur, sur le pouvoir des œuvres et sur le rôle des auteurs. Les écrivains ne sont-ils pas des voleurs ? ou bien est-ce la littérature qui nous dérobe notre vie ?

Je n’aime pas le terme de méta littérature que j’ai lu par-ci par-là, et qui me semble être un terme à la mode pour faire mieux vendre. Mais je dois dire que ce roman de Catriona Ward m’a amusé et aussi stimulé dans ma réflexion. Et oui, je l’ai préféré au précédent car je l’ai trouvé plus maitrisé, plus sûr de son propos. Ceux qui ont adoré le précédent vont adorer, ceux qui ne l’ont pas aimé devront passer leur chemin.

Les aiguilles d’or de Michael McDowell

Editeur : Monsieur Toussaint Louverture

Traducteur :

Après le succès de la série Blackwater, Monsieur Toussaint Louverture continue la sortie des œuvres inédites de Michael McDowell. Alors que sort aujourd’hui Katie, je vous propose de revenir sur ce roman évoquant le New-York de 1882. Rendez-vous manqué en ce qui me concerne.

Quatrième de couverture :

Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout oppose. D’un côté, l’opulence et le faste. De l’autre, le vice monnayé et l’alcool frelaté. C’est à leur frontière, au cœur de l’infâme Triangle Noir, qu’une famille fortunée va chercher à asseoir sa notoriété en faisant mine de débarrasser la ville de sa corruption. Les Stallworth, dirigés d’une main de fer par leur patriarche, l’influent et implacable juge James Stallworth, assisté de son fils Edward, pasteur aux sermons incendiaires, et de son gendre Duncan Phair, jeune avocat à la carrière prometteuse, ont un plan impeccable : déraciner le mal en éradiquant une lignée corrompue de criminelles : les Shanks.

Mon avis :

Blackwater fut un cyclone dans nos librairies et permettait de remettre en valeur la littérature populaire à travers une saga familiale, mâtinée de fantastique, ce qui en faisait tout l’attrait. Dans ce roman, on abandonne l’aspect fantastique pour plonger dans les bas-fonds de New-York. On se retrouve donc impliqués dans une bataille entre deux clans, les Stallworth et les Shanks.

En cette fin d’année 1881, les réjouissances ne concernent que les riches. Le juge républicain James Stallworth rêve de discréditer la municipalité démocrate en braquant les projecteurs sur le « Triangle Noir », un infâme quartier où les pauvres côtoient les assassins, les prostituées et les drogués, détenu par la famille Shanks.

Le juge Stallworth a fait pendre Cornelius Shanks quinze ans plus tôt et vient de condamner à sept années de prison Léna « La Noire » Shanks. Il s’appuie aussi sur son fils Edward, pasteur presbytérien influent dans le quartier et sur son gendre, qui est un avocat sans pitié. En face, le clan Shanks est composée presque exclusivement de femmes et fomente une vengeance terrible envers les Stallworth.

Une nouvelle fois, il s’agit d’une histoire familiale plus orientée comme une lutte entre deux clans, comme une illustration du combat entre le Bien et le Mal. Sauf que des deux côtés, on y trouve des méchants. Il s’agit plutôt d’un combat de boxe en deux rounds, le premier concernant l’attaque du juge, le deuxième étant la réplique ou vengeance du clan Shanks. Expliqué comme cela, cela parait simple.

En fait, la mise en place du décor, glauque à souhait nous est asséné dans les premières 50 pages. Il faudra ensuite plus d’une centaine de pages pour la présentation des deux clans avant d’entrer réellement dans le vif du sujet. Sur un roman de 500 pages, forcément, j’ai trouvé le début long, très long, trop long. J’ai donc rapidement été découragé, j’ai parcouru la suite pour m’intéresser réellement à la fin qui elle, est bien faite. Donc je ne peux que vous conseiller de vous accrocher car ce roman nécessite une sacrée dose de motivation pour entrer dans l’intrigue.