Faut être logique de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Je continue mon exploration des romans des années 60, avec ce roman qui est un des seuls à flirter avec le surnaturel, dans lequel on entend des fantômes dans une ferme abandonnée. J’ai bénéficié d’un exemplaire original de 1967. Un bon numéro.

Version 1.0.0

Les anecdotes :

Faut être logique est un roman publié en février 1967 par Frédéric Dard sous le nom de plume de San-Antonio, il est le 63ème de la série policière San-Antonio. Chez l’éditeur Fleuve noir, il porte d’abord le numéro 577 de la collection « Spécial Police », puis en 1974 le numéro 28 de la collection « San-Antonio ».

Le livre se déroule sur deux jours dans la ferme du cousin par alliance de Bérurier, Ambroise. Le roman est découpé en deux parties, une par journée.

Il s’agit, à ma connaissance, de la seule incursion de San-Antonio dans le genre paranormal, puisqu’on y parle de fantômes.

En préambule, San-Antonio nous explique la raison de son titre, puis se fend de remerciements envers les dirigeants de l’Angleterre, des Etats-Unis, de l’URSS et de la Chine, bien qui l’ont autorisé à publier Faut être logique, alors qu’ils n’ont aucun rapport ni aucune influence sur cette intrigue. 

Mon résumé :

Alors que Félicie profite de son jardin à Saint-Cloud, San-Antonio voit avec désespoir les nouveaux programmes bétonnés envahir son petit espace de verdure. Heureusement, un coup de téléphone va le distraire pendant ses pensées sombres et énervées. Bérurier, en week-end chez son cousin par alliance en province lui demande un coup de main pour une affaire bien étrange.

Direction Bécasseville pour San-Antonio et Félicie chez le cousin issu de Germain AmbroiseParrey, fermier de son état. Il semblerait que des fantômes habitent le domaine de Franc-Mâchon, conjoint à ladite ferme. San-Antonio n’est même pas surpris de trouver Bérurier et sa femme Berthe en train de batifoler avec les ouvriers agricoles. Afin de trouver la source des bruits étranges, San-Antonio décide de coucher dans la demeure en T hantée.

Mon avis :

Si le roman est divisé en autant de parties qu’il y a de jours (plus une), comme je l’ai dit plus haut, c’est-à-dire deux, la narration va se révéler différente. Dans la première, nous nous retrouvons avec un mystère de bruits étranges qui devient bien glauque dans son explication, sans toutefois être très crédible. Dans la deuxième, nous suivons une enquête bâtie sur des interrogatoires des différents suspects. La troisième partie se consacre à la résolution de l’enquête.

Pour autant, le ton reste à la plaisanterie avec un Bérurier en forme dans sa déformation de la langue française et l’enquête qui s’en suit remarquablement rigoureuse. Les potentiels coupables vont augmenter en nombre, le mystère s’épaissir jusqu’à aboutir à la scène finale où San-Antonio va réunir tout ce beau monde pour une démonstration qui aboutit aux aveux de l’assassin.

On sourit beaucoup dans ce roman, on apprécie à nouveau les détournements de la langue française et les jeux de mots nombreux et surtout on se régale avec cette intrigue qui, si elle commence dans le paranormal, se dirige comme un whodunit à la manière de la grande Agatha Christie. On appréciera aussi les quelques digressions dont une envers ses lecteurs qui lui demandent toujours plus de scènes délirantes et crades, sexuelles ou non, car ils « veulent en avoir pour leur argent ».

Quelques citations impayables :

« L’oreille, c’est un conduit : rien qui y séjourne. Mozart, un peu, Beethoven et puis Brassens aussi dans un autre genre ; excepté ça, les mecs: un tuyau d’écoulement, je vous dis. »

« Elle a l’air très gentille, mais dans votre job, on n’a pas le droit de se fier aux appâts rances, Mec. »

« Félicie dort dans le jardin, sous la treille dont les grappes commencent déjà à se teinter. Elle occupe le vieux fauteuil d’osier à haut dossier que j’ai toujours vu à la maison. Le siège est tapissé d’une toile à frange que M’man a brodée jadis, alors qu’elle était écolière, et qui représente des petits hollandais sur fond de moulins à vent.(…)

Elle oublie les grands immeubles bourrés d’yeux, qui se sont construits alentour et qui nous étouffent doucement mais implacablement, comme on étouffe un pigeonneau en le serrant par dessus le gésier. »

« L’homme aux idées hardies est toujours taxé de fou par ceux dont le cerveau ressemble à une citerne percée. »

« Le délire c’est comme la diarrhée : ça se contrôle difficilement. »

« C’est plus fort que moi : faut que je jeux-de-mote. »

« La peur est une forme de volupté qui se partage mal. »

Ce billet aurait été moins complet sans les blogs suivants :

http://francois.kersulec.free.fr/FK/SA/HTML/livre.php?CodeLivre=FEL

https://touchezmonblog.blogspot.com/2023/03/san-antonio-faut-etre-logique.html

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