Editeur : Calmann-Levy
Alors que je m’attendais à une nouvelle enquête de Tomar Khan, son personnage récurrent (voir Toxique et Fantazmë), j’ai été surpris et emballé à l’idée de lire un roman orphelin. Et ce roman est un sacré pari, celui de fouler les terres d’autres auteurs ayant utilisé comme décor un hôtel isolé en pleine montagne dont le géant Shining du King.
Janvier 1980. Joshua Auberson se réveille dans la chambre 81 d’un palace suisse, l’Avalanche Hôtel. Outre un mal de tête monstrueux, il a peu de souvenirs de ce qu’il a fait. Quand il descend à l’accueil, il apprend qu’il est agent de sécurité et est interrogé par la police, à la recherche d’une jeune femme, Catherine Alexander qui a disparu le jour de la fête de ses 18 ans. Il accepte de suivre Clovis, le barman, et les deux hommes grimpent sur la montagne. Ils débouchent sur une piste de bobsleigh abandonnée. Clovis lui demande de lui faire confiance, l’installe dans la machine et le pousse sur la piste. Avec les secousses et la violence de la descente, Joshua perd connaissance.
Joshua se réveille dans un lit d’hôpital. Il apprend par les médecins qu’il vient de survivre à une avalanche et a passé plusieurs jours dans le coma. Une femme vient le voir, elle se nomme Sybille. Elle lui apprend que nous sommes en 2018, qu’il est policier et qu’elle est sa partenaire. Il va petit à petit reprendre pied, en étant persuadé que l’Avalanche Hôtel n’est qu’un cauchemar … Quand ils doivent enquêter sur une mort mystérieuse, les cauchemars reviennent et Joshua part à la recherche d’informations …
Il y a de quoi être surpris, à la fois dans le changement de personnage mais aussi de décor et de sujet. On entre dans un décor inconnu, et l’auteur décide de nous plonger dans une atmosphère à la fois oppressante et mystérieuse, comme si on vivait (pardon, lisait !) ce roman en étant dans un brouillard épais. Car si le passage qui se passe en 1980 se déroule sur 3-4 chapitres, il n’en reste pas moins qu’on est bouleversé par le passage à l’hôpital, bousculé dans nos certitudes. Et le fait que l’on ait relevé quelques incohérences dans ces premiers chapitres nous rassure quand Niko Tackian nous donne comme explication que nous étions dans un cauchemar.
Sauf que … les cauchemars continuent, les mystères s’épaississent, et je peux vous dire que j’ai passé plus de 200 pages à me poser des questions, pas à cause de la résolution de l’énigme mais bien avec ce style jouant volontairement sur des tons brouillardeux. Quelle belle réussite de mettre en porte-à-faux le lecteur en le noyant sous des indices qui ne collent pas entre eux. Et si on ajoute à cela, cette ambiance glaciale des sommets montagneux, ces étendues blanches sans aucune trace pour nous ramener à la maison au chaud … C’est très réussi.
Il faut dire que le rythme de lecture est élevé puisque les chapitres ne dépassent que rarement les 4 pages, même s’il y a très peu de dialogues. Et que j’ai pris un plaisir fou à me laisser malmener. Et quand la conclusion, la clé de l’énigme arrive, je me suis dit que j’aurais du le voir venir, que je l’avais vu venir (là c’est quand je veux me rassurer sur mes qualités d’enquêteur !), mais en fait, je me suis bien fait avoir. Et pourtant, il y a pléthore d’indices ! Que dire de plus ? Avec un tel décor, un tel rythme et un tel scénario, nul doute que cela fera un excellent film si le réalisateur est à la hauteur. C’est donc un excellent divertissement que je vous recommande chaudement, forcément !
Ne ratez pas l’avis de mon ami Yvan