Avec le mois de novembre, arrive le moment où il va falloir songer aux cadeaux de Noël. Evidemment, il faut offrir des livres et évidemment, il faut les acheter chez nos libraires. Je vous propose donc mes avis dans le but de vous aider dans vos choix.
Commençons par mon coup de cœur du mois : Les rêves qui nous restent de Boris Quercia (Asphalte), un roman de science-fiction situé dans un futur proche, nous présente une société où les Humains se sont laissés séduire par les robots et leur ont laissé gérer leur vie. Avec une intrigue policière simple, un style sec digne des meilleurs polars, Boris Quercia, en faisant le parallèle avec notre situation actuelle, nous pose une question essentielle : les robots ne sont-ils pas plus humains que les Hommes ?
Le Oldies du mois sort du polar. Malgré cela, Dans la forêt de Jean Hegland (Gallmeister) nous décrit dans un monde apocalyptique comment deux jeunes filles vont survivre dans une maison perdue au fond des bois. Psychologiquement juste, remarquablement écrit, ce roman offre de bien belles heures de lecture.
Parmi les romans chroniqués ce mois-ci, vous trouverez beaucoup d’enquêtes bien qu’on ne puisse pas tous les classer dans les romans policiers. Cela confirme que les auteurs aiment mélanger les genres pour notre plus grand plaisir. City of windows de Robert Pobi (Points) nous propose par exemple un formidable personnage Lucas Page à la recherche d’un serial killer dont les cibles sont des policiers. La forme ressemble à un thriller et tout repose sur le rythme et le déroulement du scénario. Un excellent divertissement.
Comme son titre l’indique, La consule assassinée de Pierre Pouchairet (Filatures) nous propose de trouver un assassin dans un pays étranger d’Europe de l’est. Là encore, l’auteur nous montre les dessous du pouvoir, les luttes en toute diplomatie et l’histoire nous propose de lever le voile sur la vraie personnalité de la consule. Un polar costaud et passionnant.
De roman policier, il est aussi question dans Le carnaval des ombres de Roger Jon Ellory (Sonatine), mâtiné de psychologie, de mystère, de fantastique et de politique. Un agent nouvellement promu agent spécial sénior au FBI doit enquêter sur un homme que l’on a retrouvé mort dans un cirque de freaks. L’agent Travis va être bousculé dans ses certitudes cartésiennes et découvrir les exactions du FBI et de la CIA. On se laisse emporter par la plume magique de l’auteur tout en regrettant des longueurs et le fait que Ellory ait mis trop de thèmes dans son livre.
Il est aussi question de personnages et de politique dans La sirène qui fume de Benjamin Dierstein (Points), premier roman, premier tome d’une trilogie dont j’avais adoré le deuxième. Deux flics, deux trajectoires et des meurtres de jeunes filles sur fond d’élections politiques alors que DSK fait peur à la droite au pouvoir, voilà pour le menu. Je retrouve ce style que j’adore, ces deux personnages écorchés et extrêmes et une plongée dans le glauque qui ouvre le chemin au deuxième tome. Auteur à découvrir.
Direction Toulouse, avec Divin Toulouse de Luis Alfredo (Cairn éditions), où c’est un détective privé, cette fois-ci qui enquête sur un groupe meurtrier faisant référence au Marquis de Sade. Le style littéraire de l’auteur et les personnages font merveille dans une intrigue complexe à souhait.
Je pourrais le classer dans les polars, ou dans les romans noirs, ou dans les romans humoristiques sauce féroce. Un tueur sur mesure de Sam Millar (Métaillié) abandonne le cycle Karl Kane et démarre avec un casse loufoque à Halloween. A partir de ce moment, s’engage une course poursuite pour retrouver et / ou tuer les voleurs et / ou mettre la main sur l’argent. On y trouve une belle galerie de personnages, ça va vite et surtout on rit devant l’humour féroce et les répliques hilarantes.
De roman noir, il en est question dans Octobre à Paris de Gérard Streiff (La Déviation). Chloé Bourgeade, détective privée, enquête sur la noyade d’un flic à la retraite. C’est l’occasion pour l’auteur de nous rappeler le massacre du 17 octobre 1961 dans un court polar pour faire œuvre de mémoire. Essentiel.
Tableau noir du malheur de Jérémy Bouquin (Editions du Caïman), dernier roman en date de cet auteur prolifique que j’aime tant par son style et ses sujets. Après les gilets jaunes, Jérémy Bouquin aborde ici la situation d’une professeure des écoles dans une classe difficile. Il ajoute à ce personnage de Céline des raisons de pêter un câble mais le tableau qu’il fait de l’Education nationale est sans appel.
Le titre du chouchou revient donc ce mois-ci à Traverser la nuit d’Hervé Le Corre (Rivages). Vous pouvez me dire que je manque d’originalité mais ce roman, plus noir que noir, nous plonge dans une abime de désespoir ; A la fois par les trois personnages piliers de cette intrigue mais aussi par le tableau d’une société violente dans laquelle on a toutes les raisons de perdre espoir. Hervé Le Corre avec sa plume poétique touche au sublime, émeut, secoue, et nous laisse pantois devant cette fin.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou et un bilan de fin d’année. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !