Editeur : La Déviation
J’écrivais dans ma chronique sur son précédent roman : « Chaque roman de Gilles Vidal ressemble à un voyage, à la fois dans le monde extérieur et dans celui intérieur du narrateur. » Les cinq cents diables est en réalité un recueil de nouvelles divisé en deux parties : Hors-champ, une novella et Les cinq cents diables qui regroupe de courtes nouvelles futuristes.
Hors-champ :
Paul est un acteur qui connait le succès, contacté même par des productions internationales. Alors qu’il vient de finir un tournage, il ressent le besoin de s’éloigner de la folie parisienne et d’acheter une maison en province. Il choisit une zone géographique située à moins d’une heure de Paris et contacte une agence immobilière. La première maison lui plait beaucoup, et une surprise l’attend dans la deuxième : le propriétaire est retrouvé mort dans son salon.
Alors que l’on peut s’attendre à une novella policière, nous avons plutôt à faire avec une sorte de Dom Juan ou Casanova qui ne peut résister à l’appel de la séduction et du sexe dès lors qu’il rencontre une femme. Cette histoire ressemble à une errance de ce personnage, une sorte de fuite en avant pour ne pas subir le quotidien, l’environnement anxiogène. Paul va donc papillonner d’une femme à l’autre comme s’il ne voulait pas vivre dans le vrai monde.
On retrouve aussi dans ce personnage une forte dose de culpabilité, étant amoureux de sa femme et se retrouvant, presque sans le vouloir, esclave de ses pulsions en la trompant de nombreuses fois. Au-delà de la grande qualité d’écriture (érotique mais aussi efficace dans ses descriptions), je retiens surtout cette psychologie sous-jacente d’un personnage irresponsable, immature qui apparait comme une volonté de ne pas sombrer dans un pessimisme fataliste, comme la seule solution que Paul ait trouvée pour ne pas déprimer.
Les cinq cents diables :
La deuxième partie de ce recueil est composé de courtes nouvelles ne dépassant que rarement les quatre pages. Nous avons donc des scènes qui toutes (ou presque) se situent dans un futur plus ou moins lointain. Le ton se révèle plus noir, plus violent, dans un monde automatisé, géré par des robots, par l’Intelligence Artificielle (Mon Dieu, que je déteste ce mot !) et où dans bien des cas, l’Homme n’a plus la maitrise de sa vie.
Gilles Vidal nous montre un monde qui ressemble à une survie quotidienne, entre recherche de besoins essentiels à une lutte violente contre des gens ou des groupes qui s’entretuent. Cette vision noire de notre futur, ramenant l’Homme à l’état d’animal, se place à la fois en opposition avec la première novella mais aussi permet d’expliquer son attitude de refus du quotidien.
Il n’empêche que l’on assiste à un désarroi de l’auteur envers notre futur potentiel, celui que l’on nous promet, et qui ne ressemble en rien à un lendemain qui chante. Je ne peux m’empêcher d’y voir la peur de l’auteur devant les nombreuses incertitudes envers la direction que nous prenons et qui, au vu de chaque nouvelle, se terminera mal et dans le sang.
Que cela soit dans Hors-champ ou dans Les cinq cents diables, ce recueil, derrière son côté divertissant, me semble être une œuvre personnelle qui en dit beaucoup sur ce que pense Gilles Vidal de notre futur, en même temps qu’il est une excellente occasion de découvrir cet auteur remarquablement doué.