Le chouchou de l’été 2018

Alors que l’été touche à sa fin et que vous vous apprêtez à reprendre le boulot, voici un petit billet sur tous les avis publiés sur Black Novel, histoire de rattraper votre retard et de vous aider dans vos choix de lecture. Comme il y a eu beaucoup de romans chroniqués, j’ai classé les romans par ordre alphabétique des noms d’auteurs et je me suis limité à une phrase descriptive pour chacun d’eux.

Itinéraire d’une mort annoncée de Fabrice Barbeau (Hugo & Cie) : Si la façon de mener l’intrigue est originale, ce roman fait penser à Vendredi 13 le film.

Les incurables de Jon Bassoff (Gallmeister) : Jon Bassoff nous plonge dans une Amérique profonde emplie de personnages inoubliables, de freaks qui rappellent Harry Crews. Un incontournable de 2018

La reine de la nuit de Marc Behm (Rivages) : Ce roman est une charge contre les nazis et le fait qu’il en rajoute trop le rend lassant au fur et à mesure des pages.

Le sexe du ministre d’Olivier Bordaçarre (Phébus) : Un roman à rapprocher de la métamorphose de Kafka pour une dénonciation du pouvoir de l’argent et du sexe masculin. COUP DE CŒUR !

Juste après la vague de Sandrine Collette (Denoel) : Terrible, cette histoire qui creuse l’amour familial et la survie en milieu hostile, sur une ile perdue au milieu des flots.

Les lois du ciel de Grégoire Courtois (Folio) : 12 enfants et 3 accompagnateurs partent en classe verte. Personne ne reviendra.

Double noir Saison 1 : Claude Mesplède se lance dans une nouvelle aventure en nous proposant à un prix modique (2 euros) des recueils de 2 nouvelles

Les fantômes de Manhattan de RJ.Ellory (Sonatine) : Le 2ème roman d’Ellory est un roman psychologique mystérieux avec un personnage féminin fantastique qui doit choisir entre présent et passé

Mister Iceberg de Marco Falvo (Fleur Sauvage) : Stan Kurtz est de retour pour un remake de Une journée en enfer.

Artifices de Didier Fossey (Flamant noir) : Malgré une intrigue classique dans le fond et la forme, le plaisir de retrouver Le Guenn est au rendez vous.

L’Irlandais de Maurice Gouiran (Jigal) : Gouiran nous écrit un roman sur l’IRA et l’Irlande empli de nostalgie, de fatalisme et presque de pessimisme.

Je suis un guépard de Philippe Hauret (Jigal) : Philippe Haurel a trouvé avec son 3ème roman une façon de raconter plus simple ce qui donne une très bonne histoire et une narration évidente

Pour services rendus de Iain Levison (Liana Levi) : Une charge contre les hommes politiques et leurs petits et grands mensonges pour obtenir encore plus de pouvoir.

Un homme seul d’Antonio Manzini (Denoel) : Voici la suite de Maudit Printemps, tant attendue. L’histoire oscille entre plusieurs personnages et m’a paru bien plate.

Vermines de Romain R.Martin (Flamant noir) : Un premier roman qui démarre par un chien écrasé et qui continue avec du cynisme méchant. Voilà un sacré auteur à suivre

Un hâvre de paix de Stanislas Petrosky (French Pulp) : Un épisode de Luc Mandoline plein de suspense, d’action et de mystères où Mandoline doit résoudre 2 enquêtes

Le diable s’habille en licorne de Stanislas Petrosky (Lajouanie) : Requiem est de retour en plein carnaval de Dunkerque.

Derniers jours à Alep de Guillaume Ramezi (French Pulp) : Pour un premier roman, c’est une réussite. Le style est littéraire et très détaillé et l’intrigue très bien trouvée. Prometteur

A la nuit je mens de Kara Thomas (Castelmore) : Deuxième roman publié en France et deuxième roman psychologique réussi

Les ombres de Montelupo de Valerio Varesi (Agullo) : Varesi a trouvé le parfait mélange entre description et psychologie, entre enquête et dialogues.

Smoke de Donald Westlake (Rivages) : Westlake ajoute sa pierre à la légende de l’homme invisible dans une comédie qui attaque de front l’industrie du tabac

Le titre du chouchou de l’été revient à Les incurables de Jon Bassoff (Gallmeister). Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

L’Irlandais de Maurice Gouiran

Editeur : Jigal

Un roman de Maurice Gouiran, c’est toujours un régal, l’assurance de lire un polar qui pointe le doigt sur des événements passés peu ou pas reluisants. L’Irlandais nous propose de revenir sur quelques événements ayant eu lieu en Irlande.

Quand Clovis Narigou va prendre son petit déjeuner, il tombe sur son ami Biscottin, en train de dévorer le journal. Un artiste peintre vient d’être assassiné et Biscottin veut connaitre l’identité de la victime. Il faut dire qu’à 80 ans, on passe son temps comme on peut. La victime s’appelle Zach Nicholl, irlandais d’origine. Ayant commencé par des graffitis sur les murs à Belfast, pour soutenir les insurgés, il a émigré à Paris pour commencer la peinture sur toile et connaitre un honorable succès.

Poussé par sa curiosité naturelle, et connaissant Aileen, la femme de Zach, il va soutenir la veuve frappée par ce drame. Quand elle lui demande de l’accompagner pour enterrer le corps de Zach dans la verte contrée, Clovis y voit l’occasion de retourner sur des lieux où il y a un fait des reportages 20 ans plut tôt, et pourquoi pas découvrir si la cause du meurtre n’est à rechercher du côté du conflit religieux irlandais.

Avant de partir, il contacte Emma, sa compagne occasionnelle et lieutenante de police en charge du meurtre de Zach. Selon toute probabilité, il s’agit de voleurs qui en voulaient aux toiles de Zach et qui ont été surpris pendant leur larcin. D’ailleurs, on retrouve quelques toiles sur un marché aux puces de Marseille. Cela ne suffit pas à faire changer d’idée Clovis qui s’embarque pour l’Irlande, où il y a gardé quelques contacts.

Ce ne sera pas pour l’enquête policière que l’on se jettera sur ce livre, mais plutôt pour son contexte qui fait office de témoignage sur l’Irlande 20 ans après. Et Maurice Gouiran étant un grand auteur, avec plus d’une vingtaine de titres à son actif, il sait nous raconter une histoire, décrire des personnages, et nous passer son message. Je n’ai pas été époustouflé par l’histoire mais plutôt par l’Histoire.

En effet, Gouiran nous peint un pays morne, sans vie, écrasé par la force, habité par des âmes fatalistes et résignées. Il passe rapidement sur les quelques faits connus de tous, et en particulier quelques attentats ou la grève de la faim de Bobby Sands, pour nous expliquer ce qui s’est passé après. Car, même quand l’IRA a annoncé l’arrêt des hostilités, des groupuscules se sont créés s’appelant IRA résistance, résurgences ou que sais-je ? pour continuer un combat perdu d’avance.

Mais quel combat ? La lutte contre l’armée britannique ? La lutte pour la reconnaissance d’un territoire, d’une religion ? La lutte pour juste gagner sa vie, manger, avoir un toit ? Gouiran rappelle qu’avant tout ce fut une lutte des pauvres contre les riches … et que les riches ont gagné … Et que les pauvres n’ont rien obtenu d’autre qu’un cimetière où ils peuvent fleurir les tombes de ceux qu’ils ont aimés.

Habité par un esprit de nostalgie sur le temps qui passe, mais aussi de regrets contre des combats dont on se rend compte bien après, trop tard, qu’ils étaient perdus d’avance, Gouiran dresse au travers de l’histoire de l’Irlande un constat amer, presque défaitiste sur notre monde d’aujourd’hui. Et on trouvera dans ce livre quelques vérités qui nous sont assénées de façon bien acerbe mais ne faut-il pas de temps en temps se prendre quelques claques salvatrices ?

Ne ratez pas les excellents billets de l’oncle Paul et d’Yves de Lyvres

Artifices de Didier Fossey

Editeur : Flamant Noir

Après le choc du précédent roman de Didier Fossey, Burn-out, son petit dernier faisait office de lecture obligatoire pour moi. Nous retrouvons donc Boris Le Guenn et son équipe pour une nouvelle enquête compliquée à souhait.

Ce roman s’appuie sur trois piliers, trois histoires qui petit à petit vont se rejoindre. La première concerne un tueur qui a été jugé non responsable de ses actes et qui se retrouve enfermé dans un asile psychiatrique. De 2013 à 2015, il va fomenter sa sortie en montrant aux docteurs qu’il est guéri, alors qu’il ne prend plus les pilules qu’on lui prescrit. Mais son objectif reste toujours le même : se venger.

La deuxième histoire concerne une jeune fille de 8 ans de la DDASS, qui est placée dans une famille qui habite un petit village. Plusieurs fois par semaine, elle doit aller chercher des œufs et du lait à la ferme d’à coté. Le propriétaire de la ferme voit bien l’intérêt de recevoir cette gamine et il l’emmène rapidement dans sa grange où il va abuser d’elle, et ce durant plusieurs années sans que personne ne dise rien.

Boris Le Guenn est appelé sur une scène de meurtre bien particulière. En plein milieu d’une forêt, un jogger découvre une voiture carbonisée et un corps explosé (au premier sens du terme). L’homme a été attaché à un arbre à l’aide d’un film plastique et on a déposé des explosifs entre ses jambes. Bien vite, Boris Le Guenn va diriger son enquête dans le domaine des artificiers, d’autant plus que les cadavres continuent de s’accumuler.

On ne peut pas dire que Didier Fossey ait choisi la facilité dans la construction de son histoire. A défaut de prendre une structure inédite, il alterne les chapitres entre les différentes histoires pour nous narrer trois histoires sans lien apparent. Heureusement, il y a des repères qui nous guident, soit des dates en tête de chapitre, soit la fonte du texte qui est différente. Et on a hâte de savoir de quoi il retourne.

Là aussi, on est surpris par le parti-pris de l’auteur de nous en dire beaucoup dès le début de l’histoire. Nous savons dès le début que l’assassin est une femme, et qu’elle maîtrise les feux d’artifice. L’auteur nous fait apparaître une experte en explosifs qui vient semer le trouble, mais le fait qu’il y ait des zones d’ombres interpelle. En fait, on continue la lecture voracement pour connaitre le fin mot de l’histoire, c’est-à-dire dans notre cas : comment Boris Le Guenn et son équipe vont-ils pouvoir démêler cette pelote de laine ?

C’est bien la fluidité de l’écriture et cette alternance de chapitres courts qui rendent cette lecture addictive. Certes, on a déjà lu des polars avec cette structure, on a déjà lu des histoires de vengeance, mais quand c’est bien fait, c’est passionnant. Et avec ce roman, qui peut se lire indépendamment des précédents opus, Didier Fossey nous offre là un roman policier costaud sans tomber dans une empathie facile envers la vraie victime de cette histoire. Chapeau !

Ne ratez pas les avis de Val et Lord Arsenik

Le sexe du ministre d’Olivier Bordaçarre

Editeur : Phébus

Attention, coup de cœur !

Avec Olivier Bordaçarre, c’est une histoire d’amour littéraire qui a commencé avec La France tranquille. A chaque fois, le lieu est différent, le sujet est différent, les personnages sont différents mais il reste une chose qui ne change pas : ce style fascinant, fait de petites touches, subtil, et le ton détaché, cynique et empli d’humour noir. Avec ce roman, Olivier Bordaçarre se dépasse et nous offre un roman important.

La France, en pleine crise politique, économique et plus si affinités, s’enfonce dans des conflits entre manifestants revendicateurs et police déterminée et armée jusqu’aux dents. Dans ce contexte houleux, un homme sort son épingle du jeu dans le gouvernement actuel : Claude Phalène, ministre de la Santé et des Droits de la femme. Inévitablement, il est destiné à devenir Premier Ministre lors du prochain remaniement, puis Président la République lors du prochain scrutin.

Considérant les autres personnes qui gravitent autour de lui comme des esclaves, des pions, des marionnettes dont il use et abuse, Claude Phalène se situe clairement au dessus des autres. Il en est de même avec sa vie privée, puisqu’il n’accepte pas qu’on lui refuse le moindre de ses caprices, profitant autant de ses maitresses que de parties fines. Claude Phalène maitrise sur le bout des doigts (de pied) le dicton qui dit que deux choses dirigent le monde : le sexe et l’argent.

Alors qu’il se rend à Genève pour une conférence, il ressent une gêne dans sa chaussure. Il l’enlève, mais ne trouve pas le caillou en question. Renfilant sa chaussure, il est toujours gêné. C’est en enlevant sa chaussette qu’il trouve un morceau tout gris. En y regardant de plus près, il se rend compte qu’il vient de perdre son petit orteil, le quintus. Affolé, il contacte son médecin personnel qui lui fait faire toutes les analyses … mais il ne trouve rien d’anormal. C’est quelques jours plus tard que la panique l’envahit, quand il s’aperçoit en se réveillant qu’il n’a plus de pied droit.

Si le titre peut faire penser à un roman érotico-politique, il n’en est rien. Il faut plutôt ranger ce titre dans le genre fantastique pour en déduire une allégorie du monde, et le message est indéniablement frappant et formidablement bien fait. A sa lecture, je n’ai pas arrêté de penser à la Métamorphose de Franz Kafka mais aussi à la dérision décalée de Julio Cortazar. Car le ton y est beaucoup moins sombre que Kafka.

Olivier Bordaçarre est un artiste de la plume, il a l’art de trouver les expressions justes et de nous faire voyager ailleurs. Il nous fait croire au monde qu’il a créé et en tire des allégories qui ne peuvent que nous interpeler. Et si au début, on peut penser qu’un homme se désagrège en fonction de son ignominie, il n’en est rien dans la suite du roman puisque le sujet va se dévoiler dans toute son ampleur. Car l’auteur nous montre toute la futilité du pouvoir et la pseudo-importance que les hommes de pouvoir veulent se donner.

Mais il va encore plus loin : Est-ce parce que quelqu’un a un semblant de pouvoir qu’il est important ? Est-ce parce qu’il est un homme qu’il a tous les droits ? Est-ce parce qu’il est un homme qu’il doit avoir tous les pouvoirs ? Est-ce parce qu’il a une bite entre les jambes qu’il est meilleur que les autres ? Ce roman, outre qu’il attaque frontalement la futilité du pouvoir et le dérisoire de l’argent, se révèle un brûlot lucide sur le pouvoir et une charge contre toute forme de misogynie. C’est un fantastique roman humaniste intemporel, donc à lire obligatoirement.

Je vous livre une phrase piochée vers la fin du livre et qui est magnifique :

« Le pauvre corps démembré de Claude Phalène fut la preuve irréfutable que le système de la double domination (masculine et financière) se fourvoie depuis longtemps en s’érigeant en modèle universel. »

Et comme je le dis à mes enfants : « nous sommes tous des humains, avec une tête, deux bras et deux jambes. Notre sang coule rouge. Et l’homme n’est pas plus fort que la femme (ou inversement), nous sommes différents et c’est tant mieux. C’est ce qui nous fait avancer. Respectez les autres, justement parce qu’ils sont différents. »

Coup de cœur ! Enorme coup de cœur !

Ne ratez pas l’avis de Charybde et de Jeanne

Un homme seul d’Antonio Manzini

Editeur : Denoël – Sueurs Froides

Traducteur : Samuel Sfez

Un homme seul est la quatrième enquête du sous-préfet Schiavone. Quand on a lu Piste noire, on tombe obligatoirement amoureux de ce personnage citadin, ancien policier romain exilé à Aoste en plein milieu des montagnes. On ne sait pas grand-chose de son passé, si ce n’est qu’une de ses enquêtes a gêné des personnages haut placé. C’est surtout Schiavone qui tient à bout de bras toute l’intrigue, avec son cynisme et sa méchanceté, et probablement son amertume aussi d’avoir été muté en province.

Froid comme la mort venait confirmer mon impression, et Maudit printemps se présentait comme un roman policier plus classique, avec une course poursuite sur la fin pour retrouver une jeune femme enlevée. Un homme seul est la suite immédiate de Maudit printemps, puisque les toutes dernières pages nous plongeait devant un événement dramatique et émotionnellement très fort. Si vous n’avez pas lu Maudit printemps, arrêtez votre lecture … maintenant.

Depuis l’assassinat de la fiancée de son meilleur ami chez lui, le sous-préfet Rocco Schiavone a quitté son domicile et se cache. Il n’a pas démissionné mais se terre dans un hôtel et ne se rend plus à son travail. Il faut dire qu’il était la cible du ou des tueurs et qu’Adèle Talamonti a été abattue de 8 balles de revolver à sa place. Mais ce n’est pas le genre à se laisser abattre (!). Le sous préfet Rocco Schiavone va donc rameuter tous ses contacts à Rome pour faire la liste de ceux qu’il aurait enfermé dans son poste précédent. Il va donc avoir une liste de coupables potentiels pour cet assassinat.

A la prison de Varallo, une rixe se déclenche entre prisonniers, pour une question de commerce à l’intérieur de la prison. Quand les gardiens écartent les protagonistes, ils découvrent un homme mort, assassiné : Mimmo Cuntrera. C’est justement l’homme que Rocco Schiavone vient de faire arrêter dans une gigantesque affaire de corruption par la mafia calabraise pour l’obtention du marché de construction du nouvel hôpital. Le juge Baldi va donc faire rechercher Schiavone car il a besoin de lui.

A jouer avec le feu, on se brûle; à flirter avec le diable, on franchit la ligne jaune. Schiavone est l’homme à abattre et s’il se terre, ce n’est pas tant pour sauver sa peau que pour trouver le ou les coupables. Il va donc être obligé de revenir pour trouver les coupables du meurtre de Mimmo Cuntrera et cela va lui permettre de poursuivre son enquête sur la mort d’Adèle.

Mais c’est un homme seul que l’on retrouve, comme l’indique le titre, qui va se refermer sur lui-même. N’ayant plus confiance en personne, ne voulant pas impliquer ses proches par risque de représailles, il va éviter tout contact. Et pour ceux qui ont lu les précédentes enquêtes, c’est amusant que la seule personne avec qui il travaille soit le juge Baldi, alors que Schiavone lui-même n’est pas bien propre !

Si on retrouve les qualités d’enquêteur de Schiavone, en particulier pour résoudre le meurtre de la prison, le ton est plutôt morose voire désespéré. L’auteur va s’intéresser à la psychologie de son personnage et en profiter pour nous faire visiter les rues d’Aoste. Mais il va aussi continuer à creuser la moelle de la société italienne, atteinte d’un cancer, celui de la ‘ndranguetta, la mafia calabraise.

Il y a donc moins de raisons de rire des réparties cinglantes de Schiavone envers ses subordonnés, même si on a droit à un beau couple de cons au commissariat. Le ton devient tout de même plus sérieux avec un final qui appelle une suite. Pour ma part, c’est un épisode moins passionnant, un ton en dessous des précédents,  mais, pour autant je continuerai à suivre les enquêtes de Schiavone.

Honneur à Stanislas Petrosky

On ne le connaissait pas il y a trois ans, avant que ne débarque Ravensbrück mon amour, ce roman noir et dur sur le camp de concentration du même nom. Avec la création de l’excellente maison d’édition l’Atelier Mosesu pour l’occasion. Puis, l’année d’après débarquait un cyclone dans le monde du polar humoristique, façon Frédéric Dard. Le roman s’appelait Je m’appelle Requiem et je t’em… aux éditions Lajouanie.

Il est impossible de résister à ce personnage de curé exorciste, à l’humour ravageur et politiquement incorrect. On ne s’était pas remis de nos émotions que débarquait un an après Dieu pardonne, lui pas. Nouvelles aventures et nouveau coup de poing dans le ventre des excités du bulbe et autres extrémistes de tous poils. Eh bien, mes amis, le troisième tome s’appelle Le Diable s’habille en Licorne et c’est à nouveau fendard.

A l’ouverture de ce nouveau roman relatant les aventures d’Estéban Lehydeux, dit Requiem, cela fait un bout de temps que notre prêtre favori n’a pas eu l’occasion d’exercer ses dons dans le domaine de l’exorcisme. Heureusement, Monseigneur Gillio fait appel à lui pour une banale affaire de possession par le Diable dans le corps de la petite Christine. Ses parents sont très inquiets et Requiem se dirige donc dans notre belle vielle de Dunkerque, où se préparent les festivités du carnaval. Mais, quand il débarque dans le Nord, il apprend que la jeune adolescente s’est suicidée, en se plantant une lame dans le ventre, comme un certain … Jésus Christ. En jetant un coup d’œil sur les messages électroniques de la donzelle, il semblerait qu’elle ait eu des relations Sado-Masochistes avec un adulte. De quoi titiller l’instinct de chasseur de Requiem.

On prend les mêmes recettes que pour les tomes précédents, c’est-à-dire humour à fortes doses, jeux de bons mots, gags en dessous de la ceinture, réparties qui fusent. C’est toujours aussi politiquement incorrect, ça flirte avec la ligne jaune mais le ton est toujours juste. Le but n’est pas de se prendre au sérieux, mais de distraire, de parler de choses sérieuses en s’amusant. Et j’adore !

Je tiens à noter que le scénario de cette enquête est particulièrement bien construit, que l’on y retrouve moult personnages comportant des noms d’auteurs de polars récents (un beau clin d’œil aux collègues tels que Maxime Gillio, Marco Falvo ou Jacques Saussey) et que les noms des élèves du lycée Sainte-Croix du Christ Rédempteur ont tous des noms hilarants, et qu’il n’y a pas une page sans que l’on se marre. Pour toutes ces raisons, vous vous devez de faire la connaissance de Requiem.

Je tiens juste à passer un message personnel à Stanislas Petrosky : Merci de nous rappeler que la meilleure arme contre les extrémistes de tous poils est l’humour. Ce roman en est une formidable démonstration. Dans ton roman, Stanislas, tu t’adresses beaucoup à tes fans de sexe féminin, voire trop. Je sais que j’ai un coté féminin développé mais quand même ! Ou alors je suis jaloux. En tous cas, merci d’écrire les aventures de Requiem.

Nota : La licorne est une nouvelle drogue à l’addiction immédiate et à l’issue certaine et rapide

Stanislas Petrosky est aussi l’inventeur de Luc Mandoline, ce personnage récurrent édité aux Ateliers Mosesu. Luc Mandoline, thanatopracteur, ancien légionnaire, rompu aux enquêtes et sports de combat, se retrouve toujours mêlé dans de drôles d’affaires. Chaque épisode est écrit par un nouvel auteur, comme le Poulpe par exemple, ce qui donne à chaque fois un ton particulier et original. Il faut rendre à César ce qui appartient à César, c’est son créateur lui-même qui s’y colle avec Un Havre de paix, édité pour cette fois par French Pulp.

Luc Mandoline est au Havre, sous une pluie discontinue, avec son amie de toujours Elisa. Malheureusement, il doit écourter sa soirée pour se rendre au centre pénitencier du Havre. Un des détenus s’est pendu dans sa cellule avec son sweat-shirt. Jusque là, rien de bien mystérieux. Mais quand Max Claneboo ami et commissaire apprend à Luc que le mort William Petit est en fait un flic infiltré, cela se corse. William Petit était censé faire parler son codétenu Hamed Balkhar dit le Turc pour le coincer dans une affaire de meurtre d’une jeune fille. Sauf que le Balkhar en question était à l’infirmerie quand William Petit a rendu l’âme. Une chose est sure : c’est un faux suicide, car Luc a remarqué une odeur d’amande, synonyme de Cyanure. Il va devoir assister à l’autopsie …

Cet épisode ne déroge pas aux règles … et ce serait un comble voire un scandale. Un Havre de paix est un pur plaisir de polar, avec une enquête qui se divise en deux puis en trois, avec de l’action, du sexe (un peu, très peu) et de l’humour (beaucoup, très beaucoup). Même si on peut penser que 150 pages, c’est peu, la fonte petite (très petite, et c’est le seul reproche que je ferai à ce livre) fait que l’on passe deux bonnes journées de lecture grâce à un scénario mitonné aux petits oignons et une sacrée dose de réparties humoristiques qui en font un divertissement haut de gamme. Et puis, ce sera l’occasion pour vous d’être curieux et de découvrir les autres aventures de notre thanatopracteur favori.

Pour services rendus de Iain Levison

Editeur : Liana Levi

Traducteur : Fanchita Gonzalez Batlle

Iain Levison est connu pour ses romans cyniques et lucides sur la situation de la société aux Etats-Unis. Son style direct et ses intrigues sont souvent une charge efficace contre ce qui parait être la meilleure démocratie au monde. Son dernier roman entre complètement dans ce cadre, et je ne peux que vous conseiller de vous accrocher.

1969, Vietnam. Le sergent Mike Fremantle est dans sa deuxième année de bourbier, avec au cœur l’envie de soutenir l’effort de son pays mais aussi de sauver ses hommes. Quand débarque le jeune Billy Drake, il lui apprend les bases de la jungle, comme voir les singes, creuser son abri, et survivre. Et Fremantle ne peut compter que sur lui, puisque son supérieur gage s’arrange pour ne jamais être sur le front.

2016, dans la petite ville de Kearns, Michigan. Mike Fremantle est devenu le chef de la police de Kearns et il se bat pour rendre les clés de la police dans un meilleur état que quand il est arrivé. Mais la délinquance est en hausse, les budgets en baisse et ce sont des équations qui ne vont pas ensemble. Mais il sent qu’il est temps pour lui de passer la main, de profiter de sa retraite et seule sa loyauté envers sa ville et ses habitants le pousse à continuer.

Deux hommes demandent à le voir, venant du Nouveau Mexique. Il est surpris d’apprendre qu’ils ont été envoyés par William Drake, sénateur de cet état. Fremantle le connaissait sous le nom de Billy. En pleine campagne électorale, Billy a raconté une anecdote sur le Vietnam, reprise sur Youtube. Mais l’adversaire de Billy a trouvé un témoin qui dit que Billy s’est lui-même blessé pour être exempté de la suite de son engagement militaire. Fremantle va donc accepter de témoigner à la télévision. Sans le savoir, il vient de mettre le doigt dans un engrenage sans contrôle.

Autant je n’avais pas été enthousiasmé par son précédent roman, autant celui-ci bénéficie d’un scénario concocté aux petits oignons. Iain Levison part d’une situation simple, et nous enfonce petit à petit dans une spirale infernale où les petits mensonges ou omissions finissent par avoir de lourdes conséquences. Mais est-ce que la vérité est importante au bout du compte, ou bien est-ce l’utilisation qu’on en fait, la manipulation des images et des gens ? C’est là toute la problématique soulevée dans ce roman.

Les deux personnages sont particulièrement bien trouvés et leur psychologie à l’avenant. Fremantle est chef de la police, du bon coté de la ligne jaune, d’une loyauté, droiture et honnêteté exemplaires. Billy, pardon, William Drake, doit montrer une image plus blanche que blanche à ses électeurs et ne se formalise pas de petits écarts par rapport à la vérité quand cela va dans son sens, c’est-à-dire quand il gagne des intentions de vote.

Evidemment, ce roman est une violente charge contre la politique, mais aussi contre les média car s’il n’est pas si primordial qu’un élu veuille cacher certains aspects de sa vie passée, c’est bien l’exploitation qui m’a le plus choqué. Car sans être totalement naïf, j’ai trouvé tout ce scénario bigrement réaliste, volontairement loin de toute esbroufe, simple mais bigrement efficace. Et je ne vous parle pas du dernier chapitre qui va forcément vous tirer un sourire jaune puisqu’au long des 200 pages précédentes, vos illusions seront déjà parties en fumée. Du grand Iain Levison, en somme !

Ne ratez pas les avis de Franck, Yan, Joyeux Drille,  Claude, Nyctalopes et Baz-art

Mister Iceberg de Marc Falvo

Editeur : Fleur Sauvage

C’est le deuxième roman que je lis de Marc Falvo, mettant en scène son Infra-Détective Stan Kurtz, après Nouvelle donne. Marc Falvo fait dans le roman populaire divertissant et drôle, avec de l’action dedans. Du bon divertissement en somme, voire plus que cela avec ce volume.

Stan Kurtz notre infra-détective commence ce volume en plein tournage. Non, il ne s’est pas lancé dans le cinéma, mais dans un reportage télé, présenté par la vedette du moment Raphaël Justice. Stan Kurtz doit y jouer un enquêteur de l’extrême qui enquête sur des phénomènes paranormaux. L’émission étant en direct, et le présentateur finissant par énerver Stan Kurtz, cela se termine par un bourre-pif, en gros plan sur nos écrans. Et cela n’est que justice ! (Désolé, il fallait que je la fasse !)

Résultat : Stan Kurtz se retrouve noyé sous des appels téléphoniques de personnes se croyant des proies de fantômes et appareils ménagers hostiles. En rentrant chez lui, après une soirée normale, arrosée quoi !, un mannequin l’attend dans son fauteuil, lui proposant un jeu. Il doit résoudre l’énigme suivante : Qu’est-ce que personne ne veut avoir mais que personne ne veut perdre ?

Le lendemain, Julie, sa copine fliquette vient le chercher : son chef Klugman demande à le voir. Au commissariat, il lui annonce qu’un cinglé menace de tuer le maire Ricardo Dante (juste avant sa ré-élection, vous vous rendez compte ?) et un juge à la retraite Lionel de Soto. Le maître-chanteur se nomme lui-même Mister Iceberg et exige que Stan Kurtz joue à son jeu pour sauver la vie des deux susnommés. La course commence.

Pour ceux qui ne connaissent pas Stan Kurtz, ses aventures sont mouvementées et pimentées d’humour bravache et frondeur, parfois sous la ceinture mais franchement drôle. Clairement, ses réparties, ses descriptions des personnages secondaires sont à se tordre de rire.

Par contre, le gros avantage, c’est que Stan Kurtz (ou Marc Falvo dans la vie civile) a le don de résumer ses précédentes aventures pour qu’on ne soit pas perdu, mais sans en dire trop ce qui donne envie de remonter dans le temps. Et franchement, je trouve cela très fort, car c’est un exercice difficile. Mais arrêtons de digresser : Je vous conseille d’investir 9 euros pour découvrir les aventures de cet infra-détective, qui entre quatre verres, trois cigarettes et deux parties de jambes en l’air, vous déridera … et sans forcer en plus !

Et pourquoi ne pas commencer par cette aventure là ? Marc Falvo nous refait un roman dont la trame est proche d’Une journée en enfer avec Bruce Willis. Dit comme ça, vous allez arrêter votre lecture. Vous auriez tort ! Le scénario a été peaufiné, les approximations gommées, et l’humour vient au bon moment. Cela donne un roman moins fourre-tout que le précédent, plus réaliste aussi, un peu moins drôle mais bigrement efficace. Et moi qui n’attendais qu’un roman divertissant, j’ai été happé par l’action et le stress.

Alors je ne dis qu’une chose : pour cet été, voire après, n’hésitez plus !

Les fantômes de Manhattan de Roger Jon Ellory

Editeur : Sonatine

Traducteur : Claude et Jean Demanuelli

Sachez que je suis un fan de la plume de Roger Jon Ellory, depuis son premier roman paru en France, Seul le silence. Dès qu’un de ses romans sort, je suis assuré de me balader avec un personnage hors norme, avec une histoire racontée par un maître quand il s’agit de nous faire voyager.

Annie O’Neill a perdu son père à l’âge de 7 ans, et a vécu avec sa mère. A la mort de celle-ci, elle a décidé d’investir dans une petite librairie en plein cœur de Manhattan, ce qui lui permet tout juste de vivre. Âgée de 30 ans, son activité professionnelle ne lui laisse que peu de temps et sa vie personnelle et amoureuse s’en ressent. Alors, elle passe ses soirées libres avec son voisin, Sullivan, cinquantenaire débonnaire, philosophe et alcoolique.

Un lundi soir, un étrange vieillard débarque dans sa boutique. Il lui indique avoir connu son père, et détenir certaines de ses lettres. Il lui propose de créer aussi un club de lecture, ou plutôt une sorte de contrat où elle s’engage à lire un manuscrit narrant l’histoire d’un certain Haim Kruszwika, tzigane dans les années 30 en Europe, qui va être déporté à Dachau, avant d’être rescapé à la libération.

Quelques jours plus tard, un jeune homme se présente à la boutique. Sans avoir un but, il flâne dans les rayonnages et se présente : David Quinn. Il est à la recherche d’un ou plusieurs livres pour ses voyages. Annie le sentant réservé, elle lui propose trois livres. Elle ne peut pas se douter à ce moment-là, qu’ils vont se revoir très bientôt.

Cela peut sembler étrange d’éditer aujourd’hui le deuxième roman de RJ.Ellory, surtout en grand format. J’aurais plutôt imaginé qu’il serait sorti sur Sonatine +, leur collection où sortent des romans plus anciens. Ceci dit, ce roman détonne par rapport à ses autres productions par son aspect psychologique d’une part et par son personnage féminin d’autre part.

Le roman tient sur les épaules d’Annie 0’Neill, qui arrive à un tournant de sa vie, à l’approche de la trentaine. Clairement, elle est à la croisée des chemins, se demandant ce qu’elle va faire de sa vie, comment elle va envisager, elle qui n’a pas de passé. D’ailleurs, les trois hommes qui l’entourent dans ce roman représentent chacun une génération, de David le jeune, Sullivan le cinquantenaire et Forrester le plus âgé. Elle se retrouve face à un choix difficile à prendre, essayant de gérer les trois relations en parallèle.

Ce roman pose effectivement la question du poids du passé, et l’influence qu’il peut avoir dans nos choix de vie. Mais c’est aussi un roman mystérieux où tout au long du roman, on se pose la question de la chute finale. La question que l’on se pose est alors de savoir qui est le gentil de l’histoire et qui est le méchant. Et comme Roger Jon Ellory nous distille les informations au compte goutte, on est contraint d’accepter de jouer les règles du jeu fixées par l’auteur : le roman avancera à son rythme.

Alors, le rythme se révèle lent, décrivant les états d’âme d’Annie, et cela pourrait paraître long à lire. C’est sans compter le fabuleux talent de conteur de Roger Jon Ellory, qui arrive à nous passionner avec, finalement, peu de rebondissements. On se laisse bercer par ce faux rythme, fasciné par l’acuité de la description de la vie de cette jeune femme, jusqu’à un dénouement que l’on peut avoir senti venir, mais qui est empli d’émotions fortes. Je l’ai déjà dit, Ellory est fascinant et ce roman le démontre une nouvelle fois.

Oldies : La reine de la nuit de Marc Behm

Editeur : Rivages Noir

Traducteur : Nathalie Godard

Je continue ma rubrique Oldies qui est consacrée en cette année 2018 à la collection Rivages Noir. Voici un roman choisi presque par hasard dans ma bibliothèque, puisque j’ai suivi le bandeau signé Romain Slocombe : « L’apocalypse érotique du IIIème Reich ».

L’auteur :

Marc Behm, né le 12 janvier 1925 à Trenton, New Jersey, mort le 12 juillet 2007 à Fort-Mahon-Plage (Somme), est un écrivain de roman policier et un scénariste américain ayant vécu à Paris en France. Behm a écrit le scenario du film Help ! des Beatles (1965) et de Charade (1963). Son roman le plus connu est le roman noir surréaliste Eye of the Beholder (1980), traduit sous le titre Mortelle randonnée.

Behm a développé une fascination pour la culture française tout en servant dans l’armée américaine pendant la seconde guerre mondiale; plus tard, il est apparu en tant qu’acteur sur plusieurs programmes de télévision français, avant de s’y installer de façon permanente.

Ses romans font preuve d’un humour ravageur et d’un style surréaliste.

Quatrième de couverture :

La mère d’Edmonde Kerrl adorait Wagner, mais son père traduisait Shakespeare. Elle fut donc prénommée Edmonde en l’honneur du traître Edmund dans le roi Lear. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit devenue la « reine de la nuit », ait rejoint le parti nazi sur un malentendu et, d’aventures en tribulations, se soit retrouvée membre des S.S. puis dans le lit d’Eva Braun…

Premier roman de Marc Behm au scénario pour le moins déroutant, la reine de la nuit est un livre à l’humour noir ravageur, dont l’exceptionnelle force subversive n’a pas fini de marquer les esprits. On peut y trouver une parenté avec le Inglourious Bastards de Tarantino, mais le ton de Marc Behm est unique comme l’est sa façon d’aborder le basculement dans la folie totalitaire à travers un thriller palpitant.

« Quoi qu’il en soit, un fabuleux roman. » Jean-Pierre Deloux, Polar

Mon avis :

Edmonde Kerrl, voilà un nom que je ne risque pas d’oublier, même si j’ai plus ou moins apprécié ce roman. Cette jeune femme va nous raconter sa vie, guidée par ses pulsions sexuelles et l’absence de son père, à travers la montée et la chute des nazis en Allemagne. De son adolescence et la découverte de ses premiers émois avec sa cousine jusqu’à sa condamnation à mort, elle ne nous cache rien et Marc Behm nous rend ce roman à la fois érotique et horrible, violent jusqu’à l’inacceptable et sarcastique.

Grossissant le trait jusqu’au grotesque, Marc Behm a certainement voulu montrer l’absurde du nazisme. Mais là où cela cloche, ce sont toutes ses libertés prises vis-à-vis de la vérité historique et le déroulement de l’intrigue qui place Edmonde toujours là où il se passe quelque chose.

Elle va fréquenter les plus hauts dignitaires de l’Allemagne, grâce aux innombrables orgies auxquelles elle participe, va frayer son chemin sans le vouloir, car elle n’est pas plus nazie qu’une autre. Elle est juste guidée par son égoïsme et son seul plaisir. Si au début j’ai bien accroché, surtout par l’acuité de la psychologie, j’ai petit à petit relâché mon intérêt par la violence de la fin. Vous êtes prévenus, c’est une sacrée charge contre le nazisme, sur un ton sarcastique et cynique mais c’était un peu trop pour moi.