Editeur : Fleuve Noir
Avant-propos :
Comme je l’ai dit précédemment, Maxime Gillio donne la parole à des personnages connus pour parler de leur relation avec les romans de San Antonio. Dans le tome 1, Alain MABANCKOU nous raconte qu’il travaillait dans l’hôtel de son père et qu’il avait découvert trois romans oubliés dans une chambre, ALICE AU PAYS DES MERGUEZ, LE CASSE DE L’ONCLE TOM et AL CAPOTE. Ces romans fondateurs de son œuvre ne l’ont jamais quitté.
Alice au pays des merguez, publié en avril 1986, est le 126ème roman de la série « San-Antonio ». Le roman a été réédité en 2011 dans le 10e volume de l’« Intégrale San-Antonio » de la collection Bouquins.
Mon résumé :
Alors qu’Alexandre-Benoît Bérurier et sa femme Berthe célèbrent le baptême de leur fils Apollon-Jules, San-Antonio est appelé en urgence par le directeur de la Police Nationale pour rendre un service à son ami : en effet, le richissime Alain-Lambert de Vilpreux vient se s’apercevoir que l’on a enlevé sa fille Alice.
Pendant que le repas de baptême bat son plein, San-Antonio va interroger Isabelle de Broutemiche, l’amante de Alain-Lambert, il apprend que juste avant l’enlèvement, le père et la fille dinaient dans un restaurant de classe et qu’un homme obèse d’origine arabe ne cessait de regarder la jeune fille.
Les anecdotes :
Le titre est un clin d’œil humoristique au roman Alice au pays des merveilles.
Concernant les chapitres évoquant les aventures du commissaire San-Antonio, ceux-ci sont des intitulés composés d’onomatopées (Vlan !, Bing !, Poum !, etc.), répartis en deux parties qui sont toutes deux intitulées « Apollon-Jules », prénom du nourrisson des Bérurier.
Le roman est dédié à Claude Delieutraz, « mon génial bûcheron ».
On apprend que le commissaire San-Antonio est de signe astrologique cancer, ascendant sagittaire.
C’est la première fois que le commissaire croise quelqu’un qui est né à Sanaa, capitale du Yemen du Nord (homophonie avec « San-A »).
Ce roman a été publié deux ans après l’enlèvement de la propre fille de Frédéric Dard, ce qui peut expliquer le sérieux dans l’intrigue et la retenue dans ses blagues graveleuses.
Mon avis :
Ce roman n’a rien perdu de sa modernité, de son intrigue, reprise maintes et maintes fois à sa construction, le récit alternant les chapitres mettant en scène San-Antonio et les chapitres mettant en scène Alice. Si certains romans peuvent paraitre farfelus au niveau du scénario, celui-ci est remarquablement bien construit et l’on s’étonne même du sérieux de certains passages ou de certaines répliques.
Malgré cela, ne vous leurrez pas, on y trouve de nombreuses scènes hilarantes (la fin du repas de baptême est juste ENAURME !) et des distorsions de la langue française comme seul Bérurier sait le faire. San-Antonio ne se laisse pas avoir malgré les fausses pistes et certaines réparties mériteraient d’être insérées dans un dictionnaire de citations. Et on retrouve un hommage non caché à Gargantua et Pantagruel dans les festins que le petit Apollon-Jules avale en guise de collation.
Il est intéressant de voir, dans les chapitres consacrés à Alice, des passages parmi les plus beaux que San-Antonio ait écrits. Il en profite aussi pour égratigner les pseudos grands écrivains autoproclamés qui le dénigrent. Il faut savoir enfin que c’est grâce à Bernard Pivot que Frédéric Dard sera enfin reconnu à sa juste valeur, un incroyable conteur prolifique unique en son genre. Alice au pays des merguez est d’ailleurs un excellent numéro.