Je commence par vous souhaiter une bonne année 2022, si vous n’avez pas lu mon billet qui détaillait le bilan de mes lectures de l’année dernière. Que 2022 vous apporte plein de lectures enrichissantes et passionnantes.
Comme tous les ans, les avis publiés en ce mois de janvier parlent de romans sortis en 2021. La seule nouveauté de 2022 concerne Le blues des phalènes de Valentine Imhof (Rouergue) et ce fut pour moi un coup de cœur. A travers quatre personnages, nous suivons leur vie de miséreux de 1917, date de l’explosion de Halifax jusque dans les années 30. Milton, Arthur, Pekka et Nathan furent présents lors de cette catastrophe et furent dispersés à travers les Etats-Unis, pour ne jamais se revoir. D’une ambition folle, à la fois centré sur les personnages et sur les événements qui vont secouer le Nouveau Monde, Valentine Imhof, avec une plume rageuse, nous démontre que quelque soient les événements, rien ne change pour les pauvres obligés de se vendre pour survivre. Un monument pour démarrer 2022, que demander de mieux ?
En termes de roman Coup de Poing, Moins que zéro de Brett Easton Ellis (10/18) y trouve sa place. Pour ceux qui connaissent l’auteur, il est intéressant de découvrir son premier roman, et sa volonté de montrer les obsessions de la société américaine. Moins violent que ses romans suivants, il montre une génération de jeunes gens riches ne sachant pas quoi faire de leur vie, et qui croient avoir le droit de tout faire, même le pire. Le narrateur, lors de ses vacances d’hiver, se rend compte de l’horreur de son environnement tout en se détachant des événements qu’il rencontre. Un roman fort.
Continuons à passer en revue les auteurs Anglo-Saxons et en particulier deux auteures anglaises avec deux romans très différents mais très intéressants :
A l’instar d’Eva Dolan, Garde le silence de Susie Steiner (Les Arènes – Equinox) nous présente le sort des immigrés obligés à travailler pour un salaire qu’ils sont obligés de reverser à leur « exploiteur ». L’auteure accorde autant d’importance à la vie privée de l’inspectrice Manon Bradshaw qu’à l’enquête elle-même, pour une intrigue à l’issue surprenante dans un style agréable et un sujet socialement noir.
L’ombre des Autres de CJ.Tudor (Pygmalion) confirme le talent de cette auteure pour créer des intrigues complexes et des ambiances qui fleurent avec le domaine fantastique. Elle a l’art de surprendre le lecteur en une phrase après avoir fait monter la tension. Et le scenario qui semble partir dans tous les sens finit par se resserrer pour une explication convaincante. Une lecture très divertissante et encore une fois bluffante.
LËD de Caryl Ferey (Les Arènes – Equinox) est le dernier opus en date de ce baroudeur qui nous propose des intrigues policières situées dans des contrées inamicales. Direction la Sibérie et ses températures inimaginables pour ce roman qui nous montre à la fois l’histoire de la Russie et de la Sibérie et les conditions de vie inimaginables à travers la découverte du corps d’un éleveur de rennes. Se situant à hauteur d’homme, Caryl Ferey nous offre là son roman le plus abouti, le mieux écrit.
En termes d’écriture, j’ai redécouvert Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur de Maurice Leblanc (Archipoche) grâce à ce cher Père Noël. Composé de neuf nouvelles, j’ai été surpris par la cohérence de l’ensemble et plus encore par la qualité de l’écriture. Pendant ma lecture, je n’arrêtais pas de me surprendre à penser quel plaisir on prend à lire un roman superbement écrit. Du coup, je vais continuer les aventures du plus célèbre cambrioleur.
Seul premier roman récent de ce mois, Le parfum des cendres de Marie Mangez (Finitude) est intéressant à plusieurs égards : l’originalité du sujet d’une part (une thésarde veut comprendre le travail d’un thanatopracteur et tombe sur un personnage taiseux, bourru et mutique) et sa faculté à décrire les sensations de l’odorat. On est loin du polar, plutôt dans un roman de relation sociale, mais j’ai été bluffé par les descriptions des odeurs que ressent Sylvain, cette faculté de les transmettre au lecteur.
Le titre du chouchou du mois est partial ; ce qui est normal, je suis le seul à voter ! j’ai choisi de mettre en valeur un roman et un auteur moins connu que les Poids Lourds cités ci-dessus. Il faut dire que Désert noir d’Adrien Pauchet (Pocket) flirte avec le genre fantastique sur un fond de polar et de trafic de drogue, une drogue qui permet de vivre avec un proche décédé. La source de cette drogue s’avère être l’ADN d’une jeune fille que tout le monde veut retrouver. De ce sujet dingue, l’auteur ose tout, accumule les scènes toutes plus prenantes les unes que les autres, multiplie les points de vue dans une course poursuite infernale. Il y ajoute des visites du monde des morts, le désert noir et joue avec la typographie, entre dans le détail des descriptions mais en gardant des zones floues, et l’ensemble est un divertissement haut de gamme.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !