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Le chouchou du mois de janvier 2022

Je commence par vous souhaiter une bonne année 2022, si vous n’avez pas lu mon billet qui détaillait le bilan de mes lectures de l’année dernière. Que 2022 vous apporte plein de lectures enrichissantes et passionnantes.

Comme tous les ans, les avis publiés en ce mois de janvier parlent de romans sortis en 2021. La seule nouveauté de 2022 concerne Le blues des phalènes de Valentine Imhof (Rouergue) et ce fut pour moi un coup de cœur. A travers quatre personnages, nous suivons leur vie de miséreux de 1917, date de l’explosion de Halifax jusque dans les années 30. Milton, Arthur, Pekka et Nathan furent présents lors de cette catastrophe et furent dispersés à travers les Etats-Unis, pour ne jamais se revoir. D’une ambition folle, à la fois centré sur les personnages et sur les événements qui vont secouer le Nouveau Monde, Valentine Imhof, avec une plume rageuse, nous démontre que quelque soient les événements, rien ne change pour les pauvres obligés de se vendre pour survivre. Un monument pour démarrer 2022, que demander de mieux ?

En termes de roman Coup de Poing, Moins que zéro de Brett Easton Ellis (10/18) y trouve sa place. Pour ceux qui connaissent l’auteur, il est intéressant de découvrir son premier roman, et sa volonté de montrer les obsessions de la société américaine. Moins violent que ses romans suivants, il montre une génération de jeunes gens riches ne sachant pas quoi faire de leur vie, et qui croient avoir le droit de tout faire, même le pire. Le narrateur, lors de ses vacances d’hiver, se rend compte de l’horreur de son environnement tout en se détachant des événements qu’il rencontre. Un roman fort.

Continuons à passer en revue les auteurs Anglo-Saxons et en particulier deux auteures anglaises avec deux romans très différents mais très intéressants :

A l’instar d’Eva Dolan, Garde le silence de Susie Steiner (Les Arènes – Equinox) nous présente le sort des immigrés obligés à travailler pour un salaire qu’ils sont obligés de reverser à leur « exploiteur ». L’auteure accorde autant d’importance à la vie privée de l’inspectrice Manon Bradshaw qu’à l’enquête elle-même, pour une intrigue à l’issue surprenante dans un style agréable et un sujet socialement noir.

L’ombre des Autres de CJ.Tudor (Pygmalion) confirme le talent de cette auteure pour créer des intrigues complexes et des ambiances qui fleurent avec le domaine fantastique. Elle a l’art de surprendre le lecteur en une phrase après avoir fait monter la tension. Et le scenario qui semble partir dans tous les sens finit par se resserrer pour une explication convaincante. Une lecture très divertissante et encore une fois bluffante.

LËD de Caryl Ferey (Les Arènes – Equinox) est le dernier opus en date de ce baroudeur qui nous propose des intrigues policières situées dans des contrées inamicales. Direction la Sibérie et ses températures inimaginables pour ce roman qui nous montre à la fois l’histoire de la Russie et de la Sibérie et les conditions de vie inimaginables à travers la découverte du corps d’un éleveur de rennes. Se situant à hauteur d’homme, Caryl Ferey nous offre là son roman le plus abouti, le mieux écrit.

En termes d’écriture, j’ai redécouvert Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur de Maurice Leblanc (Archipoche) grâce à ce cher Père Noël. Composé de neuf nouvelles, j’ai été surpris par la cohérence de l’ensemble et plus encore par la qualité de l’écriture. Pendant ma lecture, je n’arrêtais pas de me surprendre à penser quel plaisir on prend à lire un roman superbement écrit. Du coup, je vais continuer les aventures du plus célèbre cambrioleur.

Seul premier roman récent de ce mois, Le parfum des cendres de Marie Mangez (Finitude) est intéressant à plusieurs égards : l’originalité du sujet d’une part (une thésarde veut comprendre le travail d’un thanatopracteur et tombe sur un personnage taiseux, bourru et mutique) et sa faculté à décrire les sensations de l’odorat. On est loin du polar, plutôt dans un roman de relation sociale, mais j’ai été bluffé par les descriptions des odeurs que ressent Sylvain, cette faculté de les transmettre au lecteur.

Le titre du chouchou du mois est partial ; ce qui est normal, je suis le seul à voter ! j’ai choisi de mettre en valeur un roman et un auteur moins connu que les Poids Lourds cités ci-dessus. Il faut dire que Désert noir d’Adrien Pauchet (Pocket) flirte avec le genre fantastique sur un fond de polar et de trafic de drogue, une drogue qui permet de vivre avec un proche décédé. La source de cette drogue s’avère être l’ADN d’une jeune fille que tout le monde veut retrouver. De ce sujet dingue, l’auteur ose tout, accumule les scènes toutes plus prenantes les unes que les autres, multiplie les points de vue dans une course poursuite infernale. Il y ajoute des visites du monde des morts, le désert noir et joue avec la typographie, entre dans le détail des descriptions mais en gardant des zones floues, et l’ensemble est un divertissement haut de gamme.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !

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Désert noir d’Adrien Pauchet

Editeur : Aux Forges de Vulcain (Grand format) ; Pocket (Format poche)

Fortement conseillé par Laulo, amie de lectures et tentatrice par l’intermédiaire de son blog Evadezmoi, j’ai inséré ce titre sur ma liste de Noël et le Père du même nom a exaucé mon souhait. En lisant ce roman, j’ai eu l’impression de lire un premier roman d’un auteur fort prometteur, un futur grand en puissance.

Début septembre. Une fusillade éclate aux abords d’une péniche près de la Tour Eiffel. De toute évidence, il s’agit d’un règlement de comptes organisé par Yacouba Traoré et la cible n’est autre que Laurent Chapelle, dit Bolivar, membre connu de la pègre parisienne et à la tête du trafic de l’Orphée, cette drogue qui permet de revoir des proches disparus. Lors de cet événement, deux agents de police ont été tués et un blessé à l’épaule. Jocelyn Farkas fait partie des flics impliqués dans cette fusillade, et était présent suite à l’information d’un indic.

Anja se réveille dans sa cellule, la tête pleine d’images de désert noir. Sonia, sa codétenue, lui fait la conversation, lui demande ce que ça va lui faire de se retrouver libre dehors. Anja n’a qu’un objectif : retrouver sa fille Emma. On lui pose un bracelet électronique et on lui donne un rendez-vous la semaine suivante pour pointer. Elle monte à l’arrière d’une berline noire et un homme à la tête tatouée lui coupe le bracelet.

Alors que l’on fête le déménagement du 36 Quai des Orfèvres, Jocelyn, Maki, François et Franck en terminent avec l’interrogatoire des tireurs de la péniche, qui donnent Chérif. Jocelyn croise son père, Stéphane Farkas, devenu vice-procureur, en train de discuter avec Jacques Dotac ancien préfet de Paris. Ce dernier annonce à Jocelyn que malgré l’amitié qu’il a pour son père, il ne le sauvera pas deux fois. En sortant, Jocelyn se fait tabasser par des flics pour ceux qui sont tombés près de la péniche. Puis Franck réunit son groupe pour coincer le clan Chérif.

Bien que ce roman soit la suite de Pills Nation, l’auteur nous propose une présentation de la situation dans les cinq premiers chapitres. Le premier est un article de presse qui va servir de détonateur à la situation explosive. Puis l’interrogatoire de Jocelyn nous présente la position du jeune policier au sein de ses collègues. Anya, la mère d’Emma apparaît ensuite juste avant Caroline Beaulieu, l’ancienne capitaine de police en fuite, qui a perdu sa fille.

Après ces quelques chapitres, l’intrigue va partir selon cinq ou six axes, dont l’objectif final n’est autre que la recherche d’Emma, dont l’ADN est à la base de cette nouvelle drogue fortement addictive, qui permet de retrouver nos chers disparus. Et la surprise commence à faire son effet : tous les personnages ont leur psychologie, sont parfaitement reconnaissables, et les scènes se suivent dans une construction remarquable. Les chapitres courts permettent une lecture rapide, qui donne envie de connaitre la suite.

Et la maitrise de l’intrigue ainsi que l’itinéraire des personnages se révèlent surprenants, venant d’un jeune auteur. Adrien Pauchet a clairement mis au pouvoir, à la tête de son roman, une créativité, une imagination débordante et nous offre des scènes hallucinantes, en particulier celles qui concernent les voyages dans ce monde parallèle fait de sable noir et de ciel bleu, pour rencontrer les morts, mais aussi les scènes d’action fortement addictives par le rythme et le visuel fournis par des phrases courtes.

Il se permet même des mises en page originales pour illustrer le passage entre notre monde et le Désert Noir, utilise peu de dialogues et beaucoup de descriptions. En ce sens, on ressent l’influence des grands auteurs américains du genre (le roman m’a fait penser à Peter Straub dans son Shadowland), qu’il a parfaitement digéré, adapté à son univers. Je vous conseille très fortement de sortir de vos sentiers habituels et de découvrir un nouvel auteur qui apparaît avec ce titre comme surprenant et fort prometteur. Personnellement, je suis curieux de savoir ce qu’il écrira ensuite.

Le pacte de l’étrange de John Connolly

Editeur : Presses de la Cité (Grand format) ; Pocket (Format poche)

Traducteur : Jacques Martinache

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa seizième enquête. Une nouvelle fois, John Connolly nous enchante avec cet excellent thriller. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin de ce billet.

Quatrième de couverture :

« Vous croyez aux fantômes, monsieur Parker ?

– Aux miens seulement. Mais peu importe ce que je crois. »

Charlie Parker, le privé tourmenté revenu d’entre les morts, est chargé par le FBI de retrouver Jaycob Eklund, un autre détective manquant à l’appel. L’homme enquêtait discrètement sur une série de meurtres sauvages et de disparitions s’étalant sur plus d’un siècle, tous associés à des événements surnaturels.

Flanqué de ses deux inséparables acolytes, Louis et Angel, Parker ne tarde pas à remonter la piste d’une mystérieuse organisation fondée au XIXe siècle, les Frères, dont les actions violentes ont laissé derrière eux des monceaux de cadavres. Mais les dangers qui guettent Parker prennent bien d’autres formes, notamment celle de la redoutable veuve d’un baron de la pègre à la tête d’un empire criminel, ou encore celle d’insaisissables fantômes qui semblent en vouloir aux vivants…

Avec l’extravagance, l’humour et le style qui le caractérisent, John Connolly continue ici à explorer l’occulte et les méandres de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus noir et nous prouve, si cela est encore nécessaire, qu’il est un des seigneurs de l’angoisse.

Mon avis :

Mon petit plaisir de vacances estivales …

L’intrigue entre vite dans le vif du sujet et on retrouve toutes les raisons qui font que j’adore cette série : une histoire foisonnante mettant en scène une multitude de personnages, des scènes angoissantes à souhait et le plaisir de retrouver Charlie, Louis, Angel et Samantha sa fille.

La thématique de la société secrète, les Hommes Creux, retrouvée lors des premiers tomes passe au second plan et John Connoly nous parle du monde des morts et du monde des fantômes, comme les grands auteurs de romans d’angoisse savent le faire.

Dans ce tome, Charlie Parker doit faire face à beaucoup d’éléments qui vont bouleverser sa vie, comme la demande de divorce de sa femme et son droit très restreint de visite auprès de sa fille. Nous découvrons aussi Angel atteint de maladie et qui refuse de voir un docteur, ce qui laisse augurer d’aventures dramatiques à venir.

Enfin, outre le fait que cette enquête est très tournée vers l’entourage de Charlie Parker, cette histoire est écrite avec beaucoup d’humour, surtout dans les répliques hilarantes dans les dialogues et nous laisse avec l’eau à la bouche sur l’avenir de nos amis. Vivement la suite …

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Sous l’emprise des ombres

Le chant des dunes

Le temps des tourments

Un accident est si vite arrivé de Sophie Loubière

Editeur : Pocket

Ce recueil de nouvelles possède tous les ingrédients pour en faire un plat de choix. Alors qu’elles ne dépassent que rarement quatre pages, ces scènes quotidiennes ont l’avantage de présenter des personnes de tous les jours face à leur destin, se dirigeant vers une chute, la plupart du temps, funeste et dramatique. J’ai beaucoup apprécié la simplicité du style mais aussi la méticulosité à résumer une vie en quelques lignes et à décrire un décor en quelques adjectifs. Et puis, on y trouve quelques joyaux bien jouissifs, bien noirs. Mais, trève de plaisanterie, voici mon avis sur ces histoires noires :

Cuisine italienne : Roberto Danza tient une pizzeria. Monique est sous la douche. Il a une dizaine de minutes pour s’absenter, mettre le feu à la pizzeria pour toucher les 50 000 euros de l’assurance. Mais tout ne se passe pas comme prévu … Une histoire bien construite avec une chute rigolote.

Ondes de choc : A partir d’une bagarre entre deux demi-frères, Benoît et Doudou, l’auteure écrit une nouvelle glaçante qui fouille les relations familiales.

Le million : Juliette et Pascal Courtier se sont mariés jeunes, pleins d’illusions; mais le vie en a décidé autrement, et seule la roue d’un jeu télévisé peut leur apporter l’espoir du Million. Avec un style distant, Sophie Loubière créé en seulement trois pages, toute une vie de déceptions et de rancoeur dans un petit bijou de noirceur. Cela confine au génie.

Régulation : Au bistrot de Saint-Médard, les chasseurs du coin s’y rejoignent pour regretter les lapins qu’ils ont ratés. Jean-François en profite pour leur annoncer qu’il va arrêter de fumer pour son bébé à venir … Sophie Loubière n’a pas son pareil pour narrer un fait-divers dramatique.

Vernissage : Lucienne Parisot fête ses 79 ans et sa fille Lucienne est inquiète du retard de versement de sa pension. Voici un voyage chez les gens désespérés qui vont jusqu’à l’impensable pour survivre.

Sleeping with Brad Pitt : Jean-Paul Gardoni, sosie de Brad Pitt, va suivre son itinéraire en utilisant sa qualité auprès de la gent féminine.

0,1% : Martine, conseillère à la Société Générale, s’est toujours mise au service de ses clients. Un soir, un coup de téléphone lui annonce qu’elle va mourir dans quelques jours, selon des statistiques officielles de son assurance vie. Digne d’une nouvelle de Stephen King, l’auteure y ajoute l’humour noir nécessaire pour en faire un petit joyau.

De façon accidentelle : Depuis l’accident de la route de son mari, l’épouse se retrouve avec deux personnes en fauteuil roulant, en comptant sa belle-mère. Comme elle juge que cela ne peut plus durer, elle songe à se débarrasser des deux handicapés.

Les beignets de miss Jewell : Après une journée bien chargée, l’agent de la police de la Nouvelle Angleterre Stefan Murray doit encore arrêter Harold Walt avec de pourvoir profiter des beignets de Miss Jewell. Une histoire classique mais hilarante.

Ma photo dans le journal : Elle avance dans son trotteur quand la famille arbore fièrement le portrait du père à la une du journal pour sa prise à la pêche. Elle aussi aura sa photo dans le journal. Alors que l’on s’attend à une histoire enfantine, c’est bien un fait divers noir auquel on adroit, terrible dans sa conclusion.

Sri Sûria Narayana : Rajni, de la tribu des Bohpas, ne veut pas être mariée à un garçon de treize ans qu’elle ne connaît pas. Alors, elle prie le Dieu du Soleil Sri Sûria Narayana et se dirige vers la voie de chemin de fer. Et Sophie Loubière nous offre une nouvelle d’une beauté éclatante aux teints orangés comme un soleil qui se couche.

Allez directement à la case Départ : Huguette Acard est déjà tombée plusieurs fois chez elle et son docteur l’a prévenue : la prochaine fois, ce sera l’EHPAD. Pourtant, ce matin-là, elle bute sur une plaque d’égout … Cette nouvelle semble nous caresser par sa gentillesse avant de nous asséner un coup derrière la tête.

Le poisson : Quand Sophie Loubière s’essaie au genre fantastique, c’est pour nous parler de l’adoption d’un thon. Et la magie s’opère, on y croit, on est ému jusqu’à cette fin irrésistiblement drôle qui nous fait revenir sur Terre.

Accident de parcours : Suite à un accident de moto, Daniel s’est retrouvé à l’hôpital, dans le coma. La fin de sa vie doit s’envisager dans un fauteuil roulant. Une nouvelle courte et cruelle.

Compartiment 12 : Quand une sexagénaire s’installe dans le compartiment de train, le voyage promet d’être un enfer. C’est une nouvelle très courte mais bigrement jouissive, qui donne son titre à ce recueil.

L’arbre qui cachait la forêt : Tommy Joplin a été réveillé par des coups de feu. Il a ensuite découvert ses deux parents, abattus par des balles de calibre 264. Le shérif Lupton est surpris par la sauvagerie de la scène. Qui avait perpétré ce double crime ? Ce qui pourrait s’apparenter à un Whodunit classique s’avère être une histoire terrible racontée avec beaucoup de détachement dans un style quasi-clinique.

Oscar m’a tuée : Un acteur mondialement célèbre assiste à l’enterrement d’une camarade de classe à Plaisir. Pour exaucer le dernier voeu de la défunte, il doit lire une lettre, une lettre terrible, qui donne une nouvelle effroyablement bien faite.

Elagage d’automne : Une vieille dame sort son chihuahua et découvre dans le jardin de son voisin d’habitude si méticuleux une branche d’olivier.

Bandit Panda : Les flics débarquent chez les Dos Santos : ils viennent pour Michael, qui vient de ramener 5 kilos de beuh, soit disant. Une nouvelle hilarante.

Bruce Willis n’est pas n’importe qui : Il n’a pas hésité pour défoncer la porte et sauver les enfants des flammes qui dévoraient l’appartement. Une nouvelle bien cynique.

Le meilleur ennemi de l’homme : A Metz, Rolande a perdu sa chatte Chouquette. Puis c’est toute la France qui est touchée par la disparition de félins. Une nouvelle à ne pas faire lire aux protecteurs des animaux.

Mauvaise blague : Catherine Denis explique à son fils de 11 ans Tristan, la différence entre connaitre et reconnaitre quelqu’un. Il doit se méfier de l’inconnu qui est assis au parc. Cette nouvelle très drôle se moque de l’excès de paranoïa en même temps qu’elle rappelle l’utilité du rire et de l’innocence.

Ne ratez pas l’avis de l’ami Yvan !

Le temps de tourments de John Connolly

Editeur : Presses de la Cité (Grand format) ; Pocket (Format poche)

Traducteur : Jacques Martinache

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa quinzième enquête. Une nouvelle fois, John Connolly nous enchante avec cet excellent thriller. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin.

Quatrième de couverture :

Au nom du Roi Mort

Jerome Burnel, héros un temps célébré puis déchu et expédié en prison pour pédophilie, n’a pas cessé de clamer son innocence. À sa libération, il prend contact avec Charlie Parker, le privé à l’âme tourmentée, et lui explique qu’il a été victime d’un coup monté. Le récit de Burnel a des accents de vérité, et sa disparition soudaine achève de convaincre Parker d’enquêter.

L’ancien flic, toujours choqué par son expérience de mort imminente, n’a de toute façon plus rien à perdre. Le voici embarqué sur les traces d’une communauté de Virginie occidentale, l’Entaille, qui vit en marge de la société selon ses propres règles, imposées par le meurtre et la terreur, et sur laquelle plane la présence d’un mystérieux Roi Mort.

Mon avis :

Si le début peut déconcerter avec ces chapitres alternant différents personnages, l’intrigue racontée par la quatrième de couverture va se mettre en place efficacement pour nous donner un thriller impressionnant. Jérôme Burnel ayant tué deux voleurs va être considéré comme un héros avant que la police ne découvre des liens pédophiles sur son ordinateur. Mais les deux hommes qu’il a tués sont en fait des créatures faisant partie d’une communauté, l’Entaille.

Je ne vais pas me répéter sur ce que j’ai déjà dit à propos du cycle Charlie Parker, tant on prend du plaisir à lire ses enquêtes, parsemées d’humour. John Connoly insiste sur les communautés secrètes qui cachent le Mal et ce volume là est une nouvelle fois exemplaire. J’ai l’impression que l’on entre dans un nouveau cycle, depuis Sous l’emprise des ombres,  où Charlie Parker lutte contre la source du mal et il poursuit des êtres malfaisants figurant sur la liste qu’il a trouvée dans un avion abandonné.

L’autre aspect intrigant de ce roman réside dans le rôle de sa fille Sam et de ses relations avec sa fille morte. Elle prend de plus en plus d’importance dans cette lutte, restant toujours cachée, au deuxième plan mais intervenant de façon primordiale dans la clôture de ce roman. Par contre, pour en savoir plus, il va vous falloir vous jeter sur ce fantastique roman où la tension et la menace sont omniprésentes.

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Sous l’emprise des ombres

Le chant des dunes

Le gang des rêves de Luca Di Fulvio

Editeur : Slatkine & Cie (Grand Format) ; Pocket (Format Poche)

Traducteur : Elsa Damien

C’est grâce à Muriel Leroy que j’ai lu ce roman, ce pavé de 940 pages évoquant les années 20 aux Etats-Unis. Il m’aura fallu 6 jours pour me laisser emporter par ce pays et cette époque pleine d’espoirs. Un vrai grand roman populaire.

Aspromonte, Italie, 1906-1908. Cetta Luminita est née dans une famille pauvre. A 12 ans, elle travaille à la ferme. A 14 ans, elle se fait violer par le patron. Elle appelle le petit Natale et décide qu’il vivra une belle vie. Elle décide donc de fuir vers les Amériques. Vendant son corps au capitaine du bateau, elle obtient une place à bord pour elle et son fils. A Ellis Island, les douaniers ne comprenant pas ce qu’elle dit, le petit se fait appeler Christmas.

Manhattan, Etats-Unis, 1922. Christmas est un jeune adolescent qui est beau parleur. Sa mère travaille dans une maison de passe mais elle fait tout pour lui rendre la vie facile. Elle va vivre avec un vieux truand fier Sal qui ne lui dira jamais qu’il l’aime. Christmas va proposer au boucher du coin de protéger son chien en l’échange d’un peu d’argent. La protection se fera grâce à son gang, qu’il vient d’inventer, les Diamond Dogs.

Ruth est une jeune fille juive qui va faire une mauvaise rencontre : un soir, elle tombe sur Bill un jeune délinquant qui travaille comme jardinier. Un jour, Bill laisse libre cours à sa violence et la tabasse, la viole et lui coupe un doigt pour voler sa bague. Ruth est récupérée par Christmas qui va la raccompagner chez elle. A force de morgue et de demi-mensonges, Christmas va être pris en charge par le grand-père de Ruth, Saul Isaacson.

Même s’il fait plus de 900 pages, ce roman se laisse lire par la force de ses personnages, tous formidablement faits, réalistes, vrais. On va suivre les itinéraires de chacun par alternance, Christmas, Ruth et Bill en traversant les années 20, peuplées de nouveautés mais aussi de personnages secondaires tous extraordinaires. Chacun va suivre son chemin, en parallèle, ils vont se croiser, se manquer, se rater pour se retrouver puis se quitter à nouveau.

Il y a aussi le contexte, la description des Etats Unis dans les années 20, où tout peut se réaliser pourvu que l’on ait envie de le faire. Il y a la vraie vie des immigrés, pauvres hères qui tentent de survivre. Il y a les rencontres qui changent une vie, en bien ou en mal. Il y a ce pays qui fait miroiter un rêve que peu vont pouvoir toucher de la main. Il y a l’évocation de ces villes multicolores multiraciales. Il y a cette violence inhérente à un pays où le maître mot est la Liberté.

Ce roman est autant une ode à la liberté qu’une évocation de la vie des immigrés, à la fois une fantastique évocation de la construction d’une vie qu’un hymne à l’amour. Il y a du sang, des joies et des peines, des réussites et des drames. Ce roman a la saveur de la vie, la vraie, celle où on se prend des coups mais où on se relève malgré tout parce que, après tout, elle est belle. Il nous propose des personnages inoubliables et nous fait passer un excellent moment de lecture. C’est un vrai grand roman populaire, dans ce qu’il a de plus noble.

Hunger Games de Suzanne Collins

Traducteur : Guillaume Fournier

Genre : roman de science-fiction

Editeur : Pocket Jeunesse

Après Suzie, Après mon fils, mon Titi, voici ma Zoupette, ma fille Clara qui s’invite sur Black Novel. JE SUIS FOU DE JOIE !!!!!!!!!!!!!

A toi ma fille :

Pourquoi j’ai choisi ce livre ?

J’ai choisi ce livre parce que c’est un de mes préférés et je voulais vous le partager. J’aimerais beaucoup vous donner envie de le lire. J’ai connu ce livre grâce à mon père et j’ai fini toute la collection (de livres). J’ai aussi vu les films (pas tous), qui sont aussi bien que les livres.

Les principaux personnages :

Katniss a seize ans. Elle a une petite sœur, Prim, et serait prête à tout pour la sauver. Elle est choisie pour représenter le district 12. Elle aime chasser comme son père qui est mort. Elle sait tirer à l’arc.

Gale est le meilleur ami de Katniss. Il a quelques années de plus que Katniss. Il est amoureux d’elle. Il aime chasser avec Katniss.

Peeta est le candidat choisi  avec Katniss au Hunger Games pour représenter le district 12. Il est amoureux d’elle.

Mon résumé :

Dans une société futuriste, à Panem,  une fille et un garçon sont tirés au sort dans chaque district pour représenter leur district. Il existe 12 districts, donc ils sont 24 dans l’arène. Ils sont choisis pour combattre dans les Hunger Games. Ils doivent entre-tuer pour gagner la gloire et la richesse pour eux et leur famille. Seul le Capitole, ensemble des personnes haut placés, riches, ne combat pas dans les Hunger Games. Les adversaires ne savent pas à quoi ressemble l’intérieur de l’arène. Les Hunger Games sont diffusés à la télévision pour divertir le Capitole. Tout le monde est obligé de les regarder. Dans cette arène une seule règle compte : être le dernier à survivre.

Cette année se déroule les 74e  Hunger Games. Dans le district 12, la sœur de Katniss est tirée au sort pour combattre mais Katniss veut sauver sa sœur donc elle se porte volontaire pour participer. Peeta est choisi pour se battre avec elle. Qui va survivre et devenir riche et célèbre ?

Mon avis :

Ce livre critique la société d’aujourd’hui. Il dit : « Serions-nous prêt à nous entre-tuer pour la télévision ? ». Les Hunger Games sont une cruauté qui n’arrive pas réellement à me choquer car je sais qu’au fond, certaines personnes seraient capables de faire quelque chose comme ça. Ce que Suzanne Collins écrit est réaliste, tout cela pourrait se passer dans la vraie vie, nous pourrions nous entretuer pour divertir le grand public.

Ce livre est très bien écrit et dès que vous le commencez vous avez envie de lire la suite. Les films sont bien aussi, ils ressemblent beaucoup aux livres, même s’il manque quelques scènes. J’ai préféré le tome 1 car il est fort en émotions. Ma scène préférée du tome 1 est quand Rue, une amie du district 11 (et alliée de Katniss dans l’arène), meurt. A ce moment là, Katniss invente, sans le savoir, le signe et la chanson des rebelles. Dans ce livre il y a du suspense, de l’émotion et de l’action.

Les Hunger Games ont commencé.

Le vainqueur deviendra riche et célèbre.

Les autres mourront …

 

Le chant des dunes de John Connolly

Editeur : Presses de la cité (Grand Format) ; Pocket (Poche)

Traducteur : Jacques Martinache

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa quatorzième enquête. Une nouvelle fois, John Connolly nous enchante avec cet excellent thriller. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin.

Quatrième de couverture :

Pour se remettre de l’attentat qui a failli lui coûter la vie, le détective privé Charlie Parker s’est retiré à Boreas, un coin isolé sur la côte, dans le Maine. Diminué, meurtri, il tente de reprendre des forces et occupe ses journées à arpenter la plage. Mais la découverte d’un noyé trouble sa convalescence.

Suicide ? Accident ? Ou crime ? Alors que le mort porte sur l’avant-bras des chiffres tatoués évoquant un horrible passé et que la voisine juive de Parker reçoit elle-même des menaces, la question se pose. Et est-ce une coïncidence si, quelques jours plus tard, une famille entière se fait massacrer non loin de là ? L’heure de la retraite n’a pas encore sonné : Charlie Parker doit agir.

Mon avis :

Après le précédent tome où Charlie Parker a terminé à l’état de cadavre ambulant, l’intrigue démarre donc avec notre détective préféré en convalescence dans une station balnéaire calme et tranquille. Angel et Louis vont assurer la sécurité de cette maison isolée sur la plage, n’ayant pour seul voisin qu’une femme et sa fille. Le corps d’un homme nommé Perlman est repêché non loin et d’autres meurtres ont lieu dans les environs. Il semblerait que le Mal rôde.

Comme je l’ai dit précédemment, John Connolly a trouvé son style, son rythme et nous sert des thrillers passionnants à suivre. Charlie Parker ayant voué sa vie à la lutte contre le Mal, il fallait bien que l’auteur se penche sur le cas de la Shoah. Et il en profite pour mettre en évidence que les Nazis étaient aussi des voleurs de grand chemin, rançonnant les juifs en échange de la vie sauve pour leur famille. Et c’est un sujet que je n’avais jamais lu et que les Américains ne connaissaient probablement pas non plus.

On retrouve dans ce roman ce qui fait l’attrait de cette série : des méchants extraordinaires (Steiger le lépreux ou l’homme puzzle), de l’humour froid (avec Angel et Louis ou même les frères Fulci) et cette manière inimitable de faire des digressions pour introduire ses personnages secondaires, sans oublier des scènes stressantes tellement visuelles. J’y ajouterai un autre thème qui est les pouvoirs de la fille de Charlie Parker, Samantha, et qui laissent augurer de fantastiques aventures à venir.

Ce chant des dunes est à nouveau une très bonne aventure, jouant avec les genres, entre roman policier, thriller, fantastique et humour. Du très bon divertissement intelligent en somme.

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Sous l’emprise des ombres

Sous l’emprise des ombres de John Connolly

Editeur : Presses de la cité (Grand Format) ; Pocket (Format Poche)

Traducteur : Santiago ARTOZQUI

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa treizième enquête. Il semble que John Connolly ait trouvé la bonne recette pour nous servir d’excellents thrillers. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin.

Quatrième de couverture :

Avec sa vieille église, ses habitants riches et discrets, la petite ville de Prosperous, dans le Maine, a toujours suscité l’envie. Mais son harmonie est fragile et l’arrivée de Charlie Parker – qui enquête sur la disparition d’une jeune héroïnomane – ébranle la communauté tout entière. Prosperous est prête au pire pour cacher ses secrets car, cette année encore, elle doit s’acquitter d’une certaine dette…

Charlie Parker doit mourir pour que Prosperous survive.

 » Un roman époustouflant.  » L’Avenir

Mon avis :

Whaou ! Quelle enquête ! Quel roman !

Cette enquête est racontée selon deux fils directeurs : celui de Charlie Parker et celui des habitants de Prosperous. Charlie va être attiré par une affaire étrange : un sans-abri est retrouvé pendu chez lui alors qu’il économisait pour engager le détective pour retrouver sa fille. A Prosperous, les habitants qui détenaient la jeune fille la poursuivent après qu’elle se soit échappée et la tuent.

Tout le roman s’enfonce dans une noirceur rare, avec un coté mystérieux dans ce village aux mœurs étranges que dans la description des sans-abris aux Etats Unis. On peut d’ailleurs y voir une allégorie de la société américaine dans ce roman, avec d’un coté les riches qui s’isolent et les pauvres qui meurent, avec ce corollaire que les riches s’enrichissent sur la mort du peuple.

Une nouvelle fois, John Connolly impressionne par sa façon de raconter des histoires, et de se renouveler à chaque roman sans jamais se répéter. Cet épisode là est empli de suspense, d’action et de tristesse à la fin. Ce qui en fait un volume indispensable à lire, pour ceux qui ont lu la série ou ceux qui ne connaissent pas. Dans cet épisode, John Connolly n’a jamais été aussi proche de HP.Lovecraft aussi bien dans les décors, que les ambiances et les thèmes.

Un dernier mot : La quatrième de couverture en dit beaucoup mais ce n’est un secret pour personne : Charlie Parker va prendre cher avec cet épisode et donne des chapitres d’une grande beauté et d’une grande tristesse. C’est juste magnifique. Avec cette aventure, Charlie Parker a montré ses limites : s’attaquer à un monstre répandant le Mal, il sait faire mais s’attaquer à tout un village, c’est plus dur.

Ne ratez pas l’avis de mon ami La Petite Souris

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Brouillard au pont de Tolbiac de Léo Malet

Editeur : Pocket

C’est JOB, comprenez jacques-Olivier Bosco (auteur entre autres du Cramé, Loupo ou plus récemment Brutale) qui m’a conseillé cette lecture et comme je n’avais jamais lu de roman mettant en scène Nestor Burma, voilà une bonne chose de faite. J’ai été surpris par ce polar, classique dans la forme, très avant-gardiste, et passionnant dans le fond.

L’auteur :

Léon Malet, dit Léo Malet, né le 7 mars 1909 à Montpellier et mort le 3 mars 1996 à Châtillon-sous-Bagneux, est un écrivain et poète français, auteur de nombreux romans policiers, dont la série ayant pour héros Nestor Burma, « détective de choc ».

Il a également écrit sous différents pseudonymes : Frank Harding, Léo Latimer, Lionel Doucet, Jean de Selneuves, Noël Letam, Omer Refreger, Louis Refreger — ainsi que, en association avec les écrivains Serge Arcouët et Pierre Ayraud, sous le pseudonyme collectif de John-Silver Lee —. Il est pour certains « l’inventeur du roman noir français ».

Léo Malet est fils de Jean-Marie Gaston Malet, employé de bureau, et de Louise Nathalie Refreger, couturière. À l’âge de deux ans il perd son père puis, deux jours après, son petit frère âgé de six mois et, dans l’année qui suit, sa mère. Tous les trois sont morts de la tuberculose. Léo est recueilli par son grand-père Omer Refreger, ouvrier tonnelier, et par sa grand-mère Marie Refreger, gardienne d’un parc avicole.

En 1923, il rejoint le groupe libertaire de Montpellier, puis entre en contact avec André Colomer qui vient de fonder L’Insurgé. Il le rejoint « à Paris avec 105 francs en poche. C’était le 1er décembre 1925, à 9 heures du matin » et fréquente les milieux anarchistes. Il exerce ensuite différents petits métiers : employé de bureau, manœuvre, journaliste occasionnel, « nègre » pour un journal de maître-chanteur, gérant de magasin de mode, figurant de cinéma, crieur de journaux, emballeur.

En 1926, il rencontre Paulette Doucet, qui devient sa compagne. Ils se marient en 1940, et vivent ensemble jusqu’au décès de Paulette en 1981. Lié au groupe surréaliste de 1931 à 1949, il écrit de la poésie, publiant en 1936 Ne pas voir plus loin que le bout de son sexe, imprimé à seulement une trentaine d’exemplaires.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le 25 mai 1940, Léo Malet est arrêté et accusé, selon ce qu’il relate dans son autobiographie, de faire partie d’un complot surréalo-trotskyste d’atteinte à la sûreté de l’État et reconstitution de ligue dissoute, « complot » dans lequel était également impliqué, entre autres, Benjamin Péret… ». Il est emprisonné à la prison de Rennes, puis est transféré au stalag X-B à Sandbostel entre Brême et Hambourg jusqu’en mai 1941.

Dès son retour de captivité, à la demande de Louis Chavance, Léo Malet se met à écrire des romans policiers, en adoptant d’emblée l’écriture à la première personne. En 1941 il publie sous le pseudonyme de Frank Harding son premier roman, Johnny Metal, et crée le personnage éponyme, journaliste américain lui permettant « toutes sortes de libertés, sans avoir à m’emmerder avec le décor ». Après ce premier succès, il publie en 1942 un « second faux policier américain, mijoté selon la même recette », La Mort de Jim Licking, qu’il signe Leo Latimer. C’est en 1943 que Léo Malet publie 120, rue de la Gare, mettant en scène son célèbre détective privé Nestor Burma.

En 1948, Léo Malet devient le premier lauréat du grand prix de littérature policière pour Le Cinquième Procédé. La même année, il commence à écrire ce qui deviendra la Trilogie noire. Le premier titre de la trilogie est La vie est dégueulasse. Le deuxième tome, Le soleil n’est pas pour nous, publié en 1949, raconte, dit-il, « certaines des histoires qui me sont arrivées quand je traînais la savate à Paris ». Le troisième, Sueur aux tripes, écrit dans la foulée, n’est publié que vingt ans plus tard en 1969.

En 1954, utilisant toujours le personnage de Nestor Burma, il commence la série des Nouveaux Mystères de Paris, dont chaque énigme a pour décor un arrondissement de la capitale. Quinze arrondissements de Paris forment le décor de ces Nouveaux Mystères, dont le 13ème arrondissement de Paris avec Brouillard au pont de Tolbiac, publié en 1956 et qui « se détache indéniablement de cette série. Roman central d’une œuvre imposante, il fourmille d’anecdotes autobiographiques ». En 1958, il reçoit le prix de l’Humour noir pour l’ensemble de la série.

Rencontrant de nouvelles difficultés financières, Léo Malet écrit en 1962 un feuilleton dont l’action se déroule à la télévision. Ce sera 6/35 contre 819, renommé Nestor Burma en direct lors de sa parution au Fleuve noir en 1967. Après un intermède comme bouquiniste quai de l’Hôtel-de-Ville en 1965, il obtient grâce à Maurice Renault un contrat au Fleuve noir, qui publie six romans avec Nestor Burma et un septième et dernier roman, Abattoir ensoleillé, en 1972. En 1984, il reçoit pour l’ensemble de la série Nestor Burma le grand prix Paul-Féval de littérature populaire.

(Source Wikipedia adapté par mes soins)

Le sujet :

Nestor Burma reçoit un appel de l’hôpital de la Salpêtrière. C’est Lenantais, dit Abel Benoit, un ancien compagnon anarchiste qu’il a connu dans sa jeunesse au foyer végétalien de la rue de Tolbiac, qui lui demande de venir à son chevet. Mais Nestor Burma arrive trop tard. La séduisante gitane Belita Moralès l’informe de la mort de son vieil ami des suites de deux coups de couteau reçus lors d’une sauvage agression.

À l’hôpital, Burma reçoit la confirmation du décès annoncé et se heurte à l’inspecteur Fabre qui l’accompagne à la morgue. Le commissaire Faroux les rejoint, visiblement là pour obtenir des informations de la bouche de Burma, mais c’est lui qui se met à faire allusion à un policier, Norbert Ballin, responsable d’une vieille enquête sur la disparition en 1936, aux environs du pont de Tolbiac, d’une grosse somme d’argent volée par un garçon de recettes qui la transportait.

Douloureuse enquête pour le héros, dont le passé resurgit au détour de chaque rue du quartier de sa jeunesse. Difficile mission aussi d’éclaircir l’assassinat de Lenantais et le vol de 1936, deux crimes en apparence indépendants et tout aussi inexplicables.

(Source Wikipedia adapté par mes soins)

Mon avis :

Lire ou relire d’anciens polars permet, sans aucun doute, de prendre du recul par rapport aux nouveautés que l’on trouve sur les linéaires des libraires. Cela permet aussi de voir où les auteurs contemporains ont puisé leur source, leurs codes, leur style. Indéniablement, ce roman a inspiré des générations d’auteurs car si la façon de raconter cette histoire s’inspire de l’exemple américain, il n’en reste pas moins qu’il a sa singularité française dans les décors et le sujet traité.

Je n’avais jamais lu de romans de Léo Malet, et j’ai été surpris. Dans ma tête, Nestor Burma est incarné par Guy Marchand ce qui, pour l’adolescent que je fus, était classé « Has Been ». Et je me suis aperçu de mon erreur tant ce roman s’avère passionnant mais aussi touchant par bien des aspects. Deuxième surprise : malgré quelques expressions argotiques, ce roman s’avère très moderne et remarquablement bien mené. Bref, Brouillard au pont de Tolbiac est génial.

On ressent à sa lecture toute la passion que l’auteur a voulu mettre dans ce roman, du sujet (les anarchistes dont il a fait partie dans sa jeunesse) jusqu’aux descriptions des quartiers de Paris qu’il a arpentés. On y retrouve des thèmes chers au polar, tels la loyauté ou l’obsession mais on retrouve aussi la volonté de dénoncer certains aspects de la société. On ressort de ce roman bouleversé, autant par ces hommes qui renient leurs idées et leurs valeurs que par l’issue dramatique, ébauchée en quelques lignes et qui concluent ce roman qui est indéniablement un grand moment de la littérature policière.

Ce roman m’aura beaucoup apporté, puisque j’ai appris beaucoup de choses sur les mouvances anarchistes, et sur le Paris d’après-guerre. En 200 pages, Léo Malet nous concocte une intrigue, une ambiance et des personnages inoubliables. Brouillard au pont de Tolbiac est tout simplement une lecture obligatoire pour toute personne aimant le polar et un excellent roman à découvrir pour les autres.