Archives pour la catégorie Littérature polonaise

Les ombres de Wojciech Chmielarz

Editeur : Agullo

Traducteur : Caroline Raszka-Dewez

Attention, coup de cœur !

Cinquième roman de Wojciech Chmielarz, ce roman clôt surtout un cycle en donnant à l’ensemble une cohérence impressionnante et une analyse des maux de la société polonaise, mêlant la police, la justice, les politiques et la mafia. Grandiose !

Jakub Mortka dit le Kub est appelé sur le lieu d’un assassinat dans une petite maison des environs de Varsovie. Une jeune femme et sa mère ont été retrouvées abattues dans ce qui ressemble à une exécution en bonne et due forme. Sur place, les policiers ont trouvé l’arme de service de Darek Kochan, le collègue du Kub, réputé pour être violent et frapper sa femme. Même s’il n’a pas l’intention de lui trouver de circonstances atténuantes, le Kub ne croit pas à la culpabilité de Kochan et veut découvrir la vérité. Sauf que Kochan a disparu …

De son côté, la lieutenante Suchocka, dite la Sèche, n’en finit pas de regarder une vidéo, enregistrée sur une clé USB, qu’elle a conservée suite à sa précédente affaire. Sur le film, on y voit trois hommes entrainer un jeune homme, vraisemblablement drogué, et le violer. La Sèche ne veut pas confier ce film à ses collègues, car elle sait que les trois hommes, facilement identifiables et très riches, s’en sortiraient en sortant quelques liasses de billets. Et elle fera en sorte qu’ils ne s’en sortent pas …

L’allure de Borzestowski dit Boro fait penser à un colosse. Lui qui dirige de main de maître tous les trafics imaginables à Varsovie, a intérêt à ce qu’on retrouve une preuve qui pourrait l’accuser d’un meurtre. L’inspecteur Gruda de la section Criminalité et Antiterrorisme de la police métropolitaine lui rend visite dans son hôtel, proche de l’aéroport. Il vient lui transmettre le message de quitter la Pologne mais la menace tombe à l’eau. Boro lui demande de faire taire Mieszko, actuellement en prison et de passer le message au directeur adjoint de la police Andrzejewski. Sinon Boro parlera de la découverte des corps de trois chefs de gangs par Kochan. De son coté, Andrzejewski et Gruda vont se mettre à la recherche d’un costume tâché du sang d’une victime de Boro que Mieszko a précautionneusement caché.

En guise de préambule, je dois vous dire que ce volume, le cinquième donc, peut se lire indépendamment des autres. De nombreuses références sont faites aux précédentes enquêtes, et sont suffisamment explicites pour que l’on puisse suivre. Ceci dit, ces cinq romans s’emboitent parfaitement, et trouvent une conclusion magnifique dans ce cinquième tome. Il serait donc dommage de ne pas avoir lu les autres romans qui sont : Pyromane, La ferme des poupées, La colombienne et La cité des rêves. Personnellement, il m’en reste un à lire.

Quand on attaque un roman de Wojciech Chmielarz, on a affaire à une enquête policière que l’on pourrait qualifier de classique. Ici, elle part sur au moins quatre axes différents : la recherche de l’innocence de Kochan, la recherche des coupables du viol du jeune homme, les manigances des responsables de la police pour se débarrasser du témoin gênant dans le cadre du procès de Borzestowski, et les magouilles de ce dernier pour se sortir des griffes de la justice.

A travers cette intrigue à multiples facettes, l’auteur montre l’ampleur de la puissance de la mafia dans la société polonaise, la main mise sur la police au plus haut niveau, sur la justice, sur la politique. Il nous montre comment les puissants de ce pays, ceux qui détiennent l’argent et le pouvoir peuvent tout se permettre et passer entre les mailles du filet à chaque fois. Pour cela, Wojciech Chmielarz a construit des personnages forts et détaillé leurs tactiques pour mieux montrer de quoi ils sont capables.

Le personnage de Lazarowitch, dit Lazare est à cet égard le parfait exemple de la situation. Par ses relations, les services qu’il rend aux uns et aux autres, les informations qui lui servent de chantage, il arrive à regrouper entre ses mains un pouvoir aussi invisible que gigantesque, que ce soit chez les truands comme chez les gens qui dirigent la société. Lazare est présenté comme le pendant de Boro, la seule différence résidant dans le fait que Lazare a les mains propres et que personne ne le connait dans le grand public. Dans le rôle des Don Quichotte de service, on trouve le Kub et la Sèche.

L’intrigue nous balance de droite et de gauche, introduit des personnages pour appuyer le propos, créé des scènes avec une limpidité et une inventivité impressionnantes, et malgré le nombre de protagonistes, malgré le nombre d’événements, malgré le nombre de lieux visités, on n’est jamais perdus. Ce roman m’a impressionné par ce parfait équilibre qu’on y trouve entre les descriptions et l’avancement de l’intrigue, entre les impressions ou les sentiments des personnages et les dialogues. Quant à la scène finale, elle se situe dans un abri antiatomique et vaut son pesant d’or. Et surtout, ce cinquième tome se place comme la pièce finale d’un puzzle, sorte de conclusion d’un cycle qui fait montre d’une incroyable lucidité et d’un implacable constat sur le niveau de corruption générale.

Rares sont les romans qui arrivent à me laisser sans voix devant l’ampleur de l’œuvre. En lisant ce roman, on le trouvera excellent. Après avoir lu les cinq tomes, cela en devient impressionnant, impressionnant. Il ne reste plus qu’à savoir si on reverra le Kub et la Sèche dans un nouveau cycle. Car la fin du roman semble pencher en ce sens plutôt qu’une fin de la série complète. Enfin, j’espère !

Coup de cœur, je vous dis !

La Cité des Rêves de Wojciech Chmielarz

Editeur : Agullo

Traducteur : Erik Veaux

C’est déjà la quatrième enquête du Kub après Pyromane, La ferme aux poupées et La Colombienne. Wojciech Chmielarz s’est donné comme mission de montrer l’état de la société polonaise au travers d’un personnage fort. Une nouvelle fois, ce roman fait mouche grâce à un polar costaud.

Svitlana est ukrainienne et vit de petits boulots tels que faire le ménage dans les appartements d’une cité aisée, La Cité des Rêves. Les chants des pies et des corbeaux, ce matin-là, la rappellent à la réalité : elle est en présence du corps d’une jeune femme de 24 ans, transpercée par un couteau qu’elle vient de lâcher dans l’herbe. Elle s’écarte de la scène pour éviter les problèmes inhérents aux personnes qui travaillent au noir.

La police a été appelée par le vigile de la Cité des Rêves. L’inspecteur Jakub Mortka dit le Kub arrive sur les lieux et retrouve sa lieutenante Anna Suchocka dite la Sèche, eu égard à son physique maigre et à ses répliques dures. Les papiers de la morte donnent son identité, Zuzanna Latkowska. Mortka se heurte de suite au vigile Bartosz Hajduszkiewicz, puis au gérant de la cité, Bartosz Lorenz.

L’observation des enregistrements video montre qu’une jeune femme est sortie de la cité tôt ce matin-là, mais pas d’assassin. L’autopsie montre que Zuzanna a été violée avant d’être tuée, quelques heures ou quelques jours avant. Zuzanna était étudiante en journalisme et gardait des enfants chez Piotr Celtycki, un homme politique connu, et lui louait en colocation un appartement. Quelques jours après, Svitlana se présente au poste de police et avoue qu’elle est la meurtrière.

Kochan, l’ancien partenaire de Mortka, suspendu pour avoir frappé sa femme, revient au poste et se voit confier des enquêtes anciennes qui n’ont pas été résolues et pas encore classées. Il commence par la disparition d’Anna Stolarczyk, vingt-cinq ans que l’on n’a plus revu depuis cinq ans. C’est une affaire que Kochan va résoudre en moins d’une journée, ce qui prouve ses qualités d’enquêteur.

Wojciech Chmielarz nous écrit un polar costaud, qui sous ses dehors de classicisme, est l’air de rien une vision de la société polonaise bien noire. A partir du meurtre d’une jeune fille dans une cité, il va commencer par multiplier les pistes, complexifier l’enquête et faire entrer plusieurs personnages, en remontant petit à petit dans la hiérarchie sociale, des hommes politiques aux mafieux. L’auteur va placer cette intrigue au premier plan, délaissant quelque peu la vie privée du Kub.

Il n’y va pas par le dos de la cuiller, comme on dit, mais c’est fait avec suffisamment de subtilité que l’on suit cette enquête avec plaisir, et que surtout, on n’a aucune idée de ce qu’il veut nous montrer. Puis les pièces du puzzle prennent place pour nous montrer des étudiants sans argent, vivant dans des conditions difficiles, des journalistes prêts à n’importe quoi pour obtenir une once de célébrité, des hommes politiques prêts à tout pour le pouvoir, des mafieux qui organisent la société en sous-main, et des hommes surpuissants avides de plaisir et d’argent.

On est à mille lieux de voir une société idéale tant tout ce petit monde arrive à trouver une entente, et surtout à trouver un bras de levier, lui permettant d’avoir un petit avantage sur le concurrent ou une occasion d’ne tirer un bénéfice. Si le style et l’histoire sont consensuels, que l’intrigue ne cherche pas à hurler au scandale, le fond et la résolution de l’énigme montre bien des hommes prêts au pire pour assouvir leurs désirs, quels qu’ils soient.

Ce n’est que le quatrième roman de Wojciech Chmielarz et on sent une sacrée patte dans la construction mais aussi dans la façon de décrire les situations et les psychologies. Sans en rajouter, ce roman se présente comme un pavé qui montre plus qu’il ne dénonce les travers de la société avec un ton fataliste. Et l’intrigue vous réservera une belle pirouette dans les dernières pages que je vous conseille de découvrir. Le titre, suffisamment ironique, devrait vous y inciter.

Ne ratez pas l’avis de Jean le Belge, ni celui de Laulo et Jean-Marc Lahérrère

 

 

La Colombienne de Wojciech Chmielarz

Editeur : Agullo

Traducteur : Eric Veaux

La Colombienne est la troisième enquête du Kub, l’inspecteur Mortka, après Pyromane (bien aimé) et La ferme aux poupées (pas encore lu). Comme toutes les séries mettant en scène un personnage récurrent, je ne peux que vous conseiller de les lire dans l’ordre pour suivre l’évolution du Kub.

Le travail de Polaco, c’est de faire du rabattage, trouver des naïfs jeunes dans une discothèque, qui veulent gagner de l’argent facile. Polaco se pointe dans une discothèque, et rameute quelques jeunes pour leur proposer de tourner une publicité pour Coca-Cola avec son van rouge. Polaco emmène le groupe de jeunes dans un hôtel de luxe, sur la mer des Caraïbes, all inclusive, tous frais payés. Quelques jours après, la mauvaise nouvelle tombe : le tournage de la pub est annulé, mais les frais sont payés. Quelques jours plus tard, les jeunes doivent payer leur séjour auprès d’un groupe armé ou faire un travail pour eux : ramener en Pologne de la cocaïne. Cette fois-là, Agnieszka se rebelle. Elle sera battue puis arrêtée par la police.

Deux clochards, frère et sœur, finissent de cuver leur vin quand ils aperçoivent une voiture qui s’arrêtent un peu plus loin. Le conducteur porte un colis sur le pont enjambant la Vistule. Apercevant le clochard, le conducteur leur ordonne d’appeler la police pour venir constater son œuvre. L’inspecteur Mortka arrive sur les lieux pour découvrir un corps suspendu et éviscéré. Embringué dans ses affaires familiales et sa séparation d’avec sa femme, il doit aussi faire face à une épée de Damoclès suspendue au dessus de sa tête : Il doit impérativement vérifier s’il est atteint du virus du SIDA. Malheureusement pour lui, il va devoir mener cette enquête seul : son adjoint est assigné à une affaire étrange : le corps d’une femme a été retrouvé les poignets tailladés dans sa baignoire alors que l’appartement est fermé à clé : un suicide évidemment. Quoique …

Comme vous pouvez le lire sur mon résumé, les intrigues foisonnent dans cet excellent roman policier, troisième de la série. Par rapport au premier roman, Pyromane, le style s’est affermi et le mélange entre vie privée de Jakub Mortka et vie professionnelle se fait plus consistant. Il en ressort que l’on partage ce que le Kub traverse et que l’on compatit (plus qu’on ne s’identifie) à ce qui lui arrive.

On y voit un personnage de père fort, attaché à ses deux garçons, et toujours aussi meurtri de sa séparation avec sa femme. Professionnellement parlant, il se retrouve affublé d’une nouvelle collègue, l’aspirante Suchocka, dite La Sèche, eu égard à son physique, et doit reprendre du service avec un bras dans la plâtre. Avec la menace du SIDA, cela créé autour du Kub une tension émotionnelle intense que l’on ressent très bien à la lecture, que l’on vit même.

Outre le trafic de cocaïne, qui grandit en Pologne, Wojciech Chmielarz aborde nombreux autres thèmes, dont les loisirs faciles, l’acceptation des homosexuels, les malversations financières et la facilité de détourner de l’argent ou de le blanchir, et enfin, la maltraitance des femmes. Tous ces thèmes se mêlent, s’entremêlent, se fondent dans les différentes intrigues pour donner un roman plus qu’intéressant, passionnant par ce qu’il montre, et c’est d’autant mieux fait que tout se fond de manière parfaite avec les différents personnages.

Par rapport à Pyromane, j’ai trouvé le style plus fluide (merci pour cette formidable traduction), et la multiplicité des intrigues font qu’il ressort de ce roman une puissance fictionnelle et émotionnelle intense. A la limite, c’est un roman où on est plus concerné par le devenir de son personnage principal que par le dénouement des intrigues, ce qui est paradoxal. En tous cas, cela m’inspire un regret : celui de ne pas avoir lu (encore) La ferme aux poupées. Ne ratez pas cette série polonaise !

Ne ratez pas l’avis de Velda

Des poches pleines de poches

Suite de cette nouvelle rubrique dans Black Novel, consacrée aux livres de poche. La précédente était là.

Entre deux romans grand format, je lis aussi des romans au format de poche et je ne prends jamais le temps d’en parler. D’où ce titre énigmatique qui répertorie des romans de plus court format qui sont aussi bien des novellas que des romans.

Pyromane de Wojciech Chmielarz

Editeur : Livre de poche (Grand format : Agullo)

Traducteur : Erik Veaux

Le fait que cet hiver soit aussi froid à Varsovie arrange plutôt le criminel qui va mettre le feu à une maison bourgeoise de la banlieue de Varsovie. Il va trouver une échelle dans le jardin, et balancer son cocktail Molotov par la cheminée. A l’intérieur, Klaudia Kameron, ancienne star de la chanson s’efforce de sortir du dressing dans lequel elle est bloquée. Elle arrivera à sortir avec de nombreuses blessures en sautant par la fenêtre alors que son mari, l’industriel Jan Kameron, finira carbonisé.

L’inspecteur Jakub Mortka, dit le Kub, est chargé de l’enquête et se rend sur le site avec son adjoint Kochan. Le responsable des pompiers demande à le voir : l’aspirant Marcin Kowalski lui confirme l’origine criminelle de l’incendie par la présence de morceaux de verre et l’odeur d’essence. Kowalski annonce ensuite au Kub qu’il s’agit du troisième incendie de ce type, les deux autres n’ayant pas fait de victimes.

Premier roman de Wojciech Chmielarz et premier roman d’une série mettant en scène le Kub, cette lecture constitue une très belle découverte. Elle permet en tous, au travers d’une enquête policière que je qualifierai de classique, d’avoir une bonne vision de la société polonaise, pays qui connait des températures extrêmes en hiver. C’est l’un des aspects très intéressant de ce roman, avec le personnage du Kub, rustre et solitaire, divorcé et loin des enquêteurs doués que l’on connait, puisque l’on découvre un policier travailleur et acharné, aimant aller au bout des choses avec obstination.

L’autre aspect de ce roman est de montrer un peuple mystérieux et taiseux, où certains hommes frappent leur femme, où la pègre est bien implantée et a mis la main sur les industriels, où les travailleurs subissent le règne de l’argent volé par les mafias. Le dernier aspect qui va vous décider à lire ce livre est bien l’intrigue, qui malgré quelques longueurs est remarquablement bien menée et qui réserve une surprise de taille dans le dernier chapitre. Décidément, c’est un premier roman qui donne envie de lire la suite, qui est déjà sortie chez Agullo, qui s’appelle La ferme des poupées et dont je devrais vous parler très bientôt.

La dernière expérience d’Annelie Wendeberg

Editeur : 10/18 (Grand format : Presses de la cité)

Traductrice : Mélanie Blanc-Jouveaux

Après une première enquête menée avec Sherlock Holmes (voir Le Diable de la Tamise), Anna Kronberg s’est retirée dans son cottage du Sussex. La jeune femme médecin pensait qu’elle et son célèbre coéquipier étaient parvenus à annihiler une organisation secrète qui expérimentait des bactéries pour en faire des armes de guerre. Mais le professeur Moriarty, véritable dirigeant de l’organisation, a survécu.

Et il a décidé d’utiliser Anna pour entamer des recherches sur la peste… Pour arriver à ses fins, Moriarty kidnappe Anna ainsi que son père. Si la jeune femme veut revoir ce dernier en vie, elle devra obéir. Vivant désormais sous haute surveillance entre la demeure luxueuse de son geôlier à Londres et un entrepôt où elle réalise ses expériences, Anna tente de trouver un moyen pour prendre contact avec Holmes.

Alors qu’elle fomente le meurtre de Moriarty, une relation ambiguë s’instaure avec cet homme violent, manipulateur et effrayant.

Ceux qui ont lu Le Diable de la Tamise vont se jeter sur cette deuxième aventure d’Anna Kronberg, cette jeune femme brillante qui s’est déguisée en homme pour obtenir son diplôme de médecin dans l’Angleterre victorienne. Ceux qui ne l’ont pas lu devront le faire avant de lire celui-ci car l’auteure dévoile beaucoup de choses de l’intrigue de la précédente aventure.

C’est un roman de séquestration auquel Annelie Wenderberg nous convie, et donc on n’y trouvera point d’enquêtes. Tout juste y verra-t-on l’esprit brillant de la jeune chercheuse à l’œuvre pour en déduire où elle est, et son aptitude à monter des stratagèmes pour s’en sortir. Il est tout de même intéressant de voir comment Anna est écartelée entre le professeur Moriarty à la fois brillant et violent et entre son désir de lutter contre la manœuvre maléfique basée sur une guerre bactériologique.

Construit de façon chronologique, égrenant les jours les uns après les autres, nous allons suivre Anna dans un roman très psychologique, avec peu d’action mais beaucoup de détails quant à ses recherches qu’elle est obligée de mener sous peine de voir son père assassiné. Sherlock Holmes fera quelques apparitions comme quelqu’un qui agit dans l’ombre et la fin appelle un tome supplémentaire qui promet, je ne vous dis que ça. Ce roman est tout de même à réserver aux aficionados du grand enquêteur anglais.

Ne ratez pas l’avis de la Belette, grande spécialiste de Sherlock Holmes et de l’ami Claude

Chambre 26 de Tecia Werbowski (Les Allusifs)

De la maison d’édition Les Allusifs, je connaissais les aventures de Morgado de Gabriel Trujillo Muñoz mais je ne savais pas qu’il y avait d’autres auteurs édités dans cette collection ¾ polar. Il aura fallu un commentaire de Michel pour que je m’intéresse à ce Chambre 26.

L’action se déroule à Paris, le 25 octobre 2008, à l’hôtel Saint André des Arts. Le corps d’un homme est retrouvé dans la baignoire de la chambre 26. La porte de l’hôtel et la porte de la chambre sont ouvertes. Le corps a été découvert car la baignoire commençait à goutter et de l’eau tombait sur le comptoir de la réception.

L’homme est un inconnu. Tout ce que l’on sait de lui, c’est qu’il possède deux chiens, Masa et Dasa. Immédiatement, une dame qui séjourne souvent dans l’hôtel se propose d’adopter les deux chiennes. Elle s’appelle Maya Ney, est polonaise, et semble savoir des choses.

Patrick Vernier, jeune inspecteur de la police criminelle, mène l’enquête et retrouve l’identité de la victime : Josephy Hlavatsy. Celui-ci est originaire de la république tchèque et fait la manche à Paris, vivant de la bonté des passants. Les différentes recherches l’amènent vers ce qui s’est passé derrière le rideau de fer vingt années auparavant.

C’est une vraie belle découverte que ce livre, à mi chemin entre roman policier et grande littérature. Les personnages sont très bien décrits, les situations efficacement explicites et l’histoire poignante à souhait. La description des petites gens et de leur vie derrière le rideau de fer m’a réellement touché, entre ceux qui luttent pour survivre et ceux qui profitent du système.

Vous allez me dire que tout ça, c’est du très classique. Certes, mais quand on prend un plaisir fou à chaque phrase, que tout y est d’une fluidité et d’une simplicité qui frise le génie sans que l’on ressente le travail de l’auteur, on peut se dire que  l’on tient une auteure de qualité. Sur une trame classique de vengeance et de rancune mesquine mais néanmoins mortelle. Et puis, il ya le personnage de Maya, tellement humain mais malheureusement seulement esquissé.

Alors pourquoi n’est-ce pas un coup de cœur ? Parce que ce roman est court, trop court, bien trop court. Et ça ne nuit pas à l’ensemble du roman qui est très cohérent, loin de là. J’ai plutôt trouvé cela frustrant. Le livre aurait fait 200 pages de plus, il aurait été un pur chef d’œuvre. Malgré cela, ce roman est fortement recommandé pour le musicalité de la langue qu’il déploie. Ce n’est pas un gros diamant, c’est un petit bijou.

Pour être tout à fait honnête, ma femme n’a pas aimé. Elle préfère les livres avec un peu plus de rythme, et celui là est plutôt une enquête. Chacun ses goûts, n’est-ce pas ?