Qui a dit que l’hiver était fini ? Remarquez, ça tombe bien, c’est un temps à lire ! Et comme je lis plus que je ne chronique, ce mois de mars aura été l’occasion de ne parler que de livres qui m’auront fait vibrer, frissonner. Bref, que des lectures enthousiasmantes dans des styles et des genres très différents.
Commençons cette rétrospective par mon premier coup de cœur de l’année : Sans lendemain de Jake Hinkson (Gallmeister) est sans conteste un roman exceptionnel, tant on a l’impression de lire un classique du roman noir américain, un roman intemporel qui montre un personnage féminin hors norme en 1947. C’est l’occasion aussi de montrer la vie des femmes en ce temps-là, qui n’a pas beaucoup évolué, finalement.
J’aurais fait peu de découvertes de nouveaux auteurs ce mois-ci. Le premier est un roman pour ma rubrique Oldies : Pente douce de Joseph Hansen (Rivages Noir). Situé dans le monde littéraire, il nous présente un personnage homosexuel qui cherche à profiter de son riche mentor, et qui s’enfonce dans ses erreurs et ses mensonges. C’est une descente aux enfers psychologiquement impeccable et impressionnante.
Découverte aussi en ce qui concerne Iboga de Christian Blanchard (Belfond), qui présente un condamné à mort dont la peine va être transformée en réclusion à perpétuité. Ecrit à la première personne, ce roman est un pur roman psychologique qui, malgré ses 300 pages, arrive à nous tenir en haleine, sans jamais se répéter, et à maintenir le suspense sur Max, un personnage mystérieux qui l’aurait aidé dans ses meurtres. C’est finalement une façon originale de traiter ce sujet.
Dans le genre original, Animal boy de Karim Madani (Le Serpent à plumes) est indéniablement le roman à ne pas rater en ce début 2018. Il marque aussi le retour du Serpent à Plumes, cette maison d’édition qui a l’art de trouver des romans pas comme les autres. Partant des attentats du Bataclan, Karim Madani brosse le portrait d’un loser, qui s’invente une vie en mentant, puisqu’il sous-entend qu’il a connu une victime qui est morte dans ses bras. Dans la ville des lumières, Alex s’enfonce dans les abîmes, en se cherchant une identité plus belle que son univers noir de drogué désespéré.
Du coté des scenarii surprenants, Tuez les tous … mais pas ici de Pierre Pouchairet (Plon) se pose là. Partant d’une famille qui perd sa fille, partie rejoindre le Djihad, l’auteur nous concocte une intrigue de dingue, du genre à vous faire passer des frissons dans le dos. Ce qui est génial, c’est qu’on se dit à la fin : Et si c’était vrai ?
Toujours dans la mouvance des attentats, regardons un peu en arrière, vers les années 80. Avec Privé d’origine de Jérémy Bouquin (French Pulp), nous suivons deux histoires en parallèle : celle de Kloé, jeune femme orpheline qui cherche ses racines et celle de Tony Maretti, membre des brigades rouges. D’une construction exemplaire, Jérémy Bouquin a écrit là son meilleur roman avec un scénario renversant.
On connaissait Samuel Sutra pour sa série des Tontons. On l’avait adoré avec l’extraordinaire Kind of black. Coupables (s) de Samuel Sutra (Flamant Noir) est un roman policier qui peut paraître classique. Que nenni ! Il nous parle des promoteurs immobiliers qui profitent des victimes du tremblement de terre en Haïti. Comme quoi les riches gagnent leur argent sur le dos des pauvres. Exemplaire.
Le titre du chouchou du mois revient donc à Les chiens de Cairngorms de Guillaume Audru (Editions du Caïman). Avec une intrigue simple, Guillaume Audru revient sur son île écossaise dans un roman choral fantastique. Je ne peux que vous conseiller de plonger dans sa noirceur et son efficacité.
J’espère que ce billet vous aura aidé dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez le principal, lisez !