Editeur : Fleuve Noir
J’adore les écrits de Jacques Saussey, parce que le niveau vous garantit quelques heures de très bon divertissement. Son tout nouveau roman ne détonne pas par rapport à sa production, c’est du costaud. Et sauf erreur de ma part, il m’en reste deux à lire.
Alice Pernelle, étudiante en biologie à Paris, rentre tous les week-ends chez ses parents dans le Morvan, dans le petit village de Pierre-Perthuis. Elle a l’habitude de faire un footing avec son chien Pepper dans les bois environnant la Cure, le ruisseau qui arrose le village. Avec son casque sur les oreilles, elle ne se rend pas compte que Pepper s’est éloigné. Elle se retrouve soudain face à un sanglier au museau ensanglanté. Heureusement, Pepper revient de sa balade et met en fuite la bête. Sur l’insistance de Pepper, elle va voir ce qui se cache sur la rive et découvre un corps mangé par les asticots.
Son premier réflexe est d’appeler son père qui contacte immédiatement la gendarmerie en la personne du commandant Gontran de Montboissier. Ils font rapidement intervenir le lieutenant Stanislas Petrosky, légiste de son état. Ce dernier confirme que le corps est dans un sale état et préfère envoyer le corps pour analyse à Paris. La capitaine Marianne Ferrand prend l’affaire en charge et découvre rapidement l’identité du corps : Valérie Freysse.
Alice Pernelle remonte sur Paris et reste obsédée par ce corps mangé par les vermines. Ayant pris connaissance de la morte par les médias, elle prend contact avec sa fille. Marianne Ferrand décide de fouiller du côté de l’environnement professionnel de Valérie Freysse et découvre une directrice RH sans pitié qui a réalisé des missions pour des entreprises en difficulté ayant besoin de virer des gens. Après son passage, de nombreuses personnes se sont suicidées.
A priori, un meurtre horrible, une personne innocente découvre un cadavre, la gendarmerie et la police criminelle dans le brouillard et sur les dents, voilà les ingrédients standards d’un thriller. Avec Jacques Saussey, cela n’est jamais totalement le cas, ses romans ne sont jamais aussi simples. C’est une nouvelle fois le cas ici.
Jacques Saussey a le talent de mettre en avant ses personnages, de les créer pour en faire des gens vivants avec leurs qualités et leurs défauts. Ici, nous avons droit à quatre formidables personnes, des femmes comme Alice ou Marianne, des hommes comme Montboissier ou le père d’Alice. Ils ont droit chacun à un chapitre en tant que personnages principaux mais je n’oublie pas les autres, dits secondaires qui ne le sont pas, ni l’assassin qui nous parlera directement dans le creux de l’oreille.
Ce serait une insulte de ne pas parler de l’intrigue menée à différents niveaux, extraordinairement réaliste et logique. Avec sa plume imagée qui nous fait visiter les environs de Vézelay, avec ses chapitres courts ne dépassant que rarement les trois pages, Jacques Saussey nous écrit un roman policier exemplaire qui se dévore sans modération. Une nouvelle fois, j’ai terminé ce roman avec un intense sentiment de satisfaction.
Avis à la population : certaines scènes sont bien crades. On peut aisément les passer sans déflorer le sujet.