Archives pour la catégorie Chouchou 2023

Le chouchou du mois de février 2023

La météo frigorifiante du mois de février ajoutée aux difficultés de transports en communs m’ont permis d’accumuler beaucoup de lectures … donc beaucoup de billets en retard. Malgré cela, j’ai fait carton plein ce mois-ci avec trois billets par semaine et comme je l’avais annoncé, cette année s’annonce comme une année de découvertes.

Nous allons bien vite oublier Le cercle des poètes disparus de NH.Klienbaum (LdP), une bien pâle copie du film, sans relief ni émotion. Avant de le commencer, je ne savais pas qu’il s’agissait d’une novellisation du scénario. Je viens de revoir le film, et j’ai ressenti plus d’émotions qu’avec cette lecture. Lecture à oublier pour moi.

A un autre niveau, bien meilleur, La vérité engendre la haine de Nicolas Bouquillon (Ex-Aequo éditions) m’a surpris par sa plume littéraire et par son sujet qui nous apprend beaucoup de choses sur la troisième République. Si l’on ajoute des personnages bien brossés, cela en fait un roman passionnant et instructif.

Je n’avais jamais lu de roman de cet auteur islandais, A qui la faute de RagnarJonasson (La Martinière) fut l’occasion de le découvrir dans un huis-clos en pleine tempête de neige. L’auteur démontre un grand savoir-faire dans le déroulement de ce roman choral et ménage un beau suspense avec force rebondissements.

Dans la catégorie thriller, Sur un arbre perché de Gérard Saryan (Taurnada) est le deuxième roman de cet auteur et nous déroule un scénario aussi impressionnant qu’horrible. L’auteur montre un style remarquablement fluide avec une fin inattendue, une belle surprise.

Parmi les auteurs que j’affectionne particulièrement, il y a Gilles Vidal qui nous convie à une errance littéraire ; son parcours passe par une Fantaisie héroïque de Gilles Vidal (La Déviation) nous parle de jouissance du présent, d’oubli du passé et nous procure un plaisir de lecture peu commun.

La stratégie de l’écureuil de Serge Brussolo (H&O éditions), le dernier opus en date de cet auteur prolifique est en fait un roman paru en numérique en deux parties, et remodelé ici pour une sortie en format poche papier. Comme d’habitude, l’intrigue part dans des directions inattendues pour notre plus grand plaisir.

Les gentils de Michael Mention (Belfond) est un roman terrible de vengeance jusqu’au-boutiste d’un père envers l’assassin de sa fille, avec un scénario incroyable, avec des ambiances inoubliables, avec une rythmique basée sur des morceaux des années 70, avec des morceaux de bravoure d’où l’on sort à bout de souffle, à bout de nerfs, à bout de tout. Comme je l’ai dit, vous n’avez jamais lu un roman pareil !

J’avais déjà initié des semaines consacrées à des auteurs, j’ai récidivé avec un auteur italien qui, en trois romans, se montre comme une voix imposante dans le domaine du roman noir social. Les trois romans montrent une facette différente, Ceci n’est pas une chanson d’amour d’Alessandro Robecchi (Mikros Noir) avec un humour cynique et féroce, De rage et de vent d’Alessandro Robecchi (Mikros Noir) avec une rage rouge envers l’injustice et Le tueur au caillou d’Alessandro Robecchi (Editions de l’Aube) avec cette histoire fantastique qui dénonce le sort des pauvres gens obligés de payer des loyers à des mafias et qui nous parle de justice, d’injustice et d’impunité. Les enquêtes de Carlo Monterossi font partie de ces romans que l’on n’est pas prêts d’oublier. C’est pour cette raison que le titre du chouchou du mois revient à Le tueur au caillou d’Alessandro Robecchi (Editions de l’Aube)

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !

Publicité

Le chouchou du mois de janvier 2023

Avant de commencer mon récapitulatif de billets pour ce mois de janvier, je tiens à vous souhaiter une excellente année 2023, que vos projets personnels et professionnels vous permettent de vous épanouir et que vos lectures vous enchantent.

Allez, on repart pour une année de polars mais pas que … Ayant décidé de fêter les 70 années d’existence du Livre de Poche, j’aurais l’occasion de vous proposer des romans classés en Littérature dite blanche. En tous cas, pour ce mois de janvier, c’est un roman policier qui était mis à l’honneur : L’heure des fous de Nicolas Lebel (Livre de Poche). Ce roman publié il y a dix ans nous présentait le capitaine Mehrlicht et son équipe dans une enquête hors du commun. On apprécie ici l’humour du capitaine qui se développera par la suite, de même que l’itinéraire de son équipe, et leurs problèmes fort bien introduits.

Pour rester dans les romans policiers, j’ai profité de la réédition au Livre de Poche du Prix du Quai des Orfèvres 2017 pour lire Mortels trafics renommé Overdose de Pierre Pouchairet (Fayard / Livre de poche). Nous voyons apparaitre pour la première fois Léanne Valauri dans une intrigue rythmée sur du Go-slow (par opposition au Go-Fast) entre l’Espagne et la France. Et j’aurais dévoré avec délectation la deuxième enquête de Cicéron, ce détective privé un peu spécial dans Nés sous X de Cicéron Angledroit (Editions Palémon), qu’il faut apprécier pour son humour légèrement cynique.

Une fois n’est pas coutume, j’ai publié un avis sur un recueil de nouvelles : Plus bas dans la vallée de Ron Rash (Gallimard – La Noire). Il faut dire que tous les romans de cet auteur m’ont enchanté et qu’on y trouve deux ou trois pures pépites noires, quelques textes étonnants et le retour de Serena dans une intrigue trop courte à mon gout.

Il y a de la hargne dans les lettres françaises, de la grogne chez les auteurs ; le roman noir n’est-il pas un reflet d’une partie de la population ? c’est du moins la réflexion que je me suis faite en ayant lu trois romans où transparait, chacun dans leur style, une envie de dénoncer les abus. Dans L’insurrection impériale de Christophe Léon (Muscadier), par exemple, nous montre un jeune homme excédé par l’impunité des hommes de pouvoir lors de la crise de la COVID, un polar bien rageur. Un coup dans les urnes de Julien Hervieux (Alibi) se situe dans une veine plus cynique quand un directeur de cabinet veut emporter les élections municipales en passant un accord avec deux malfrats à la tête d’un trafic de drogue. Enfin, La vengeance des perroquets de Pia Petersen (Les Arènes – Equinox) part d’une portraitiste en charge d’une commande venant d’un ponte de l’Intelligence artificielle et nous donne l’occasion de réfléchir sur les conséquences de donner les rênes de notre vie aux machines.

Deux romans que je qualifierai de « pas comme les autres » sont tout de même à signaler ce mois-ci, ni franchement polar, ni franchement thriller, ni franchement roman noir. Epaulard de Thierry Brun (Jigal) nous raconte un passage de la vie d’une garde du corps après une affaire qui a mal tourné. Mais là où un auteur lambda aurait inventé une intrigue de vengeance, Thierry Brun nous parle de reconstruction et d’ouverture aux autres et nous donne à lire un roman inclassable.

Wonderland Babe de Benoit Marie Lecoin (Afitt) narre une histoire d’amour entre deux personnes travaillant dans un cabinet de thanatopraxie, un amour fou entre deux personnes extrêmes. Situant son roman à la fin des années 70 à New-York, l’auteur joue sur les couleurs extrêmes, sur les oppositions de style, de reflets, de masques, de lumières ; et son style simple en apparence est arrivé à me faire ressentir un sentiment de malaise, une expérience littéraire très intéressante, sans description sanguinolente.

Le titre du chouchou du mois revient donc ce mois-ci à Une saison pour les ombres de Roger Jon Ellory (Sonatine) pour sa nouveauté. Je m’explique : Ellory innove quand il quitte les USA pour situer son roman au Canada ; il innove quand il situe son roman dans le grand froid et pose son décor comme un personnage à part entière, effrayant d’ailleurs ; il innove avec ce thème d’assumer ses choix ; il innove aussi par son style plus simple, plus direct, plus taiseux comme le sont les personnages de Grand Nord. Ce roman est, pour ma part, son meilleur avec Seul le silence et Papillon de nuit.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !