Editeur : Albin Michel
Traducteur : Jean Esch
En lice pour les trophées 2023 de l’association 813, je me suis donc penché sur le dernier roman en date du Maître Stephen King. Et c’est l’occasion de se laisser porter par un conteur hors du commun.
Billy Summers est un tueur à gages très prisé sur le marché, puisqu’il n’a jamais raté une mission. Il décide d’accepter une dernière mission avant de raccrocher définitivement. Il a toujours travaillé pour Nick après avoir été tireur d’élite dans l’armée américaine et avoir participé à la guerre d’Irak. Il n’accepte de tuer que des « méchants » comme il appelle les nuisibles à la société. Il couve une passion pour la lecture ; en ce moment, il plonge dans Thérèse Raquin d’Emile Zola dès qu’il en a l’occasion, alors qu’il passe pour un attardé devant les autres qui le côtoient.
Sa mission sera d’éliminer un dénommé Joe Allen, assassin d’un jeune garçon de quinze ans, alors qu’il se rendait à l’école six ans auparavant. Il sera amené au tribunal par une voiture de police et aura une possibilité à ce moment là. La date du procès devrait être fixée dans quelques mois. Pendant ce temps, Billy devra s’intégrer à la vie d’un immeuble en face du tribunal, se faire bien voir par ses voisins et leur faire croire qu’il est un écrivain en train d’écrire son livre.
Se fondre dans la foule, se lier d’amitié avec les gens fait partie de ses points forts. Il devra abandonner son rôle d’attardé et se faire passer pour un écrivain qui commence un roman. D’ailleurs, il décide d’écrire une histoire, la sienne mais romancée. Et cela débute avec son beau-père qui frappe sa sœur dans leur mobil-home. Il écrit comment il a voulu la défendre et a dû tirer une balle dans le ventre du monstre … sauf que … la vérité n’est pas exactement celle-là … sa sœur est morte sous les coups et lui a réussi à s’enfuir.
Même si je ne lis pas tous les romans de Stephen King, j’arrive encore à être surpris à chaque fois que j’en ouvre un. Monsieur Stephen King mérite son surnom de Maître, quel que soit le domaine dans lequel il se lance. Et pour Billy Summers, il nous offre un roman noir dans lequel il peut aborder les thèmes qui lui sont chers mais aussi quelques autres messages plus contemporains.
Dès le début, on se laisse embarquer dans cette histoire de tueur à gages qui s’engage dans son dernier contrat avant de raccrocher. Si ce thème a été maintes et maintes fois traité, il arrive dès les premières pages à nous passionner par ce personnage qui ne tue que les « méchants » et qui est passionné par la littérature. Et le premier choc arrive très vite dans l’intrigue quand il parle de son passé et de la mort de sa sœur … et de sa lâcheté puisqu’il décide de fuir.
Le roman peut être divisé en deux parties, sa mission tout d’abord puis sa fuite après une volte-face surprenante. Et cela lui permet de parler d’éducation et de transmission du savoir, de la guerre, des horreurs subies et des conséquences sur sa psychologie, mais aussi de littérature quand Billy Summers décide d’écrire son roman, et même de la nécessité pour un auteur d’être lu et surtout aimé pour ce qu’il a inventé.
Dans cet aspect, on sent bien que Stephen King, qui a souvent mis en lumière des personnages auteurs de littérature, parle d’un sujet qui lui est très personnel. La contemporanéité de son intrigue lui permet d’envoyer quelques piques envers Donald Trump et les Républicains. Et même si la fin peut sembler attendue, le Maître Stephen King arrive encore à nous surprendre.
Avec ce roman, Stephen King arrive à nous emmener, à nous passionner, et à nous offrir un plaisir de lecture comme si c’était un de ses premiers romans. Il nous démontre qu’il a encore des chose à nous dire et qu’il n’a pas son pareil pour nous conter ses histoires. Et sa sélection pour le trophée de l’Association 813 du meilleur roman étranger 2023 est amplement méritée.