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Billy Summers de Stephen King

Editeur : Albin Michel

Traducteur : Jean Esch

En lice pour les trophées 2023 de l’association 813, je me suis donc penché sur le dernier roman en date du Maître Stephen King. Et c’est l’occasion de se laisser porter par un conteur hors du commun.

Billy Summers est un tueur à gages très prisé sur le marché, puisqu’il n’a jamais raté une mission. Il décide d’accepter une dernière mission avant de raccrocher définitivement. Il a toujours travaillé pour Nick après avoir été tireur d’élite dans l’armée américaine et avoir participé à la guerre d’Irak. Il n’accepte de tuer que des « méchants » comme il appelle les nuisibles à la société. Il couve une passion pour la lecture ; en ce moment, il plonge dans Thérèse Raquin d’Emile Zola dès qu’il en a l’occasion, alors qu’il passe pour un attardé devant les autres qui le côtoient.

Sa mission sera d’éliminer un dénommé Joe Allen, assassin d’un jeune garçon de quinze ans, alors qu’il se rendait à l’école six ans auparavant. Il sera amené au tribunal par une voiture de police et aura une possibilité à ce moment là. La date du procès devrait être fixée dans quelques mois. Pendant ce temps, Billy devra s’intégrer à la vie d’un immeuble en face du tribunal, se faire bien voir par ses voisins et leur faire croire qu’il est un écrivain en train d’écrire son livre.

Se fondre dans la foule, se lier d’amitié avec les gens fait partie de ses points forts. Il devra abandonner son rôle d’attardé et se faire passer pour un écrivain qui commence un roman. D’ailleurs, il décide d’écrire une histoire, la sienne mais romancée. Et cela débute avec son beau-père qui frappe sa sœur dans leur mobil-home. Il écrit comment il a voulu la défendre et a dû tirer une balle dans le ventre du monstre … sauf que … la vérité n’est pas exactement celle-là … sa sœur est morte sous les coups et lui a réussi à s’enfuir.

Même si je ne lis pas tous les romans de Stephen King, j’arrive encore à être surpris à chaque fois que j’en ouvre un. Monsieur Stephen King mérite son surnom de Maître, quel que soit le domaine dans lequel il se lance. Et pour Billy Summers, il nous offre un roman noir dans lequel il peut aborder les thèmes qui lui sont chers mais aussi quelques autres messages plus contemporains.

Dès le début, on se laisse embarquer dans cette histoire de tueur à gages qui s’engage dans son dernier contrat avant de raccrocher. Si ce thème a été maintes et maintes fois traité, il arrive dès les premières pages à nous passionner par ce personnage qui ne tue que les « méchants » et qui est passionné par la littérature. Et le premier choc arrive très vite dans l’intrigue quand il parle de son passé et de la mort de sa sœur … et de sa lâcheté puisqu’il décide de fuir.

Le roman peut être divisé en deux parties, sa mission tout d’abord puis sa fuite après une volte-face surprenante. Et cela lui permet de parler d’éducation et de transmission du savoir, de la guerre, des horreurs subies et des conséquences sur sa psychologie, mais aussi de littérature quand Billy Summers décide d’écrire son roman, et même de la nécessité pour un auteur d’être lu et surtout aimé pour ce qu’il a inventé.

Dans cet aspect, on sent bien que Stephen King, qui a souvent mis en lumière des personnages auteurs de littérature, parle d’un sujet qui lui est très personnel. La contemporanéité de son intrigue lui permet d’envoyer quelques piques envers Donald Trump et les Républicains. Et même si la fin peut sembler attendue, le Maître Stephen King arrive encore à nous surprendre.

Avec ce roman, Stephen King arrive à nous emmener, à nous passionner, et à nous offrir un plaisir de lecture comme si c’était un de ses premiers romans. Il nous démontre qu’il a encore des chose à nous dire et qu’il n’a pas son pareil pour nous conter ses histoires. Et sa sélection pour le trophée de l’Association 813 du meilleur roman étranger 2023 est amplement méritée.

Le livre de l’Una de Faruk Šehić

Editeur : Agullo

Traducteur :

Sur Facebook, Sébastien Wespiser avait annoncé son énorme coup de cœur pour ce roman qu’il a publié en annonçant être persuadé de son échec commercial. Je l’ai donc acheté et lu, dévoré, et j’en parle.

Un vétéran de la guerre ayant combattu dans l’armée de Bosnie-Herzégovine se réveille dans une ville inconnue et calme, loin du tumulte des combats. Il perd ses repères dans ce monde, dans son présent, dans son passé. Alors qu’il déambule à proximité d’une fête foraine, il rencontre un fakir qui lui propose une séance d’hypnose. Comme s’il se retrouvait séparé de son corps, il plonge dans son passé.

Il se rappelle son enfance, sur les bords de l’Una, une rivière de Croatie, à l’ouest de la Bosnie. Il se rappelle la nature calme, accueillante, la flore cotonneuse, la faune passionnante, et le bruit apaisant de l’eau qui s’écoule. Il se rappelle la maison de sa grand-mère, en bordure de l’Una, et cette aura magique qu’il a conservée dans ses souvenirs. Il se rappelle tout ce qu’elle lui a appris, tout ce que la nature lui a apporté.

Et puis, vers la fin du roman, bien qu’il s’en défende, il aborde la guerre, dans ce qu’elle a de plus cruel, de plus violent, de plus horrible. Il doute même qu’il y ait participé, il pense qu’il s’agit de Gargan, son autre moi, son double maléfique, son ennemi, celui qui a perpétré tant de meurtres, pour se défendre certes, mais ces actes restent des horreurs, qui font tant de bruit dans sa tête.

Pour paraphraser certains collègues qui parlent de romans « différents », ce roman se mérite, nécessite qu’on lui consacre un peu de temps pour bien profiter de l’ambiance qu’il évoque. Le premier chapitre à cet égard brouille les pistes et nous montre un narrateur perdu dans le brouillard ne sachant ni où il est ni qui il est. Jusqu’à ce qu’il rencontre cette roulotte et ce fakir étrangement pénétrant.

L’auteur étant avant tout un poète, ce roman s’approche plus d’une poésie en prose que d’un roman introspectif. Le narrateur va immédiatement revenir dans un environnement lui apportant calme et réconfort. Il va nous décrire la faune et la flore qu’il a examinées et appris en utilisant des images d’une beauté rare. Les passages nous narrant sa vie avec sa grand-mère jouent la carte de la tendresse et de l’humour, voire le fantastique quand la maison est emmenée par les eaux de la crue.

Puis arrive l’horreur, même s’il recule sans arrêt le moment de l’aborder. Et pourtant, la guerre déboule et un jeune homme comme lui, élevé dans la douceur de la nature. Même l’Una, si pure, immaculée, va être touchée et le narrateur profondément choqué dans ses valeurs. Obligé de subir des horreurs, d’en commettre aussi, il va nous livrer ses fractures et l’impact sur sa vie.

Opposant la Nature à l’Humanité, la Vie à la Mort, ce roman joue sur toutes les partitions, entre poésie et philosophie, entre roman sur la nature et roman de guerre. Ce roman regorge de passage d’une beauté irrésistible, atteignant des sommets que l’on accoste rarement, même si certains passages sont difficilement appréhendables et nécessitent une lecture plus attentive. Assurément, ce roman de Faruk Šehić est un roman à part à apprécier au calme.

Plus bas dans la vallée de Ron Rash

Editeur : Gallimard – La Noire

Traducteur : Isabelle Reinharez

J’ai aimé, adoré, encensé tous les romans de Ron Rash. En guise de nouvelle parution, il nous offre juste avant Noël d’un recueil de nouvelles avec comme guest star, Serena qui nous fait un retour bref mais marquant.

Plus bas dans la vallée :

Serena Pemberton et Galloway descendent de l’hydravion en provenance du Brésil. Ils viennent superviser un chantier de déboisage qui risque de lui coûter cher. L’avenant signé de Meeks son responsable stipule qu’elle perdra 10% au moindre retard. Elle va haranguer ses troupes pour respecter ce délai dans des conditions inhumaines.

Les voisins :

Rebecca et son fils Brice vivent dans un ranch depuis que son mari est mort lors de la guerre de sécession quand elle voit des soldats débarquer. Les autres fermes brûlent et elle s’attend au pire.

Le baptême :

Le révérend Yates voit Gunter approcher de sa maison. Prévenant, il préfère avoir son fusil à portée de main, d’autant que Gunter a déjà tué sa première femme, et peut-être sa deuxième. En fait, Gunter vient demander au révérend de se faire baptiser.

L’envol :

Stacy tient le poste de garde-pêche depuis quatre mois seulement quand elle voit Hardaway sur le bord de la rivière. Celui-ci n’ayant pas de permis, elle lui dresse une amende qu’il s’empresse de jeter à l’eau. Son chef conseille à Stacy de ne pas chercher de noise à cet ancien repris de justice.

Le dernier pont brûlé :

Carlyle est en train de balayer sa boutique quand une jeune femme aux pieds nus tape à la vitrine. Méfiant, il se demande s’il doit lui ouvrir et prend son arme. Elle cherche son chemin pour aller à Nashville.

Une sorte de miracle :

Baroque et Marlboro ne font rien de leur vie et leur beau-frère Denton les oblige à le suivre : ils devront surveiller la voiture pendant qu’il a quelque chose d’important à faire, récupérer les pattes et la vésicule biliaire d’un ours.

Leurs yeux anciens et brillants :

Les trois vieux squattent la station-service de Riverside et personne ne les croient, ni eux ni les gamins qui affirment avoir vu un poisson énorme dans le plan d’eau sous le pont. Les trois vieux Creech, Campbell et Rudisell décident de leur montrer qu’il y a bien un monstre dans cette rivière.

Mon avis :

Bien entendu, les fans de Ron Rash vont acheter ce livre grâce au bandeau annonçant le retour de Serena. Et effectivement, dans la première longue nouvelle, elle est de retour et plus impitoyable que jamais. Il n’empêche que je suis resté sur ma faim car j’en aurais voulu plus, plus long, plus détaillé. Car cette nouvelle m’a donné l’impression d’un brouillon de roman où Ron Rash ne savait pas où aller.

Dans les autres nouvelles, on s’aperçoit du talent d’incroyable conteur, capable en une dizaine de pages de créer les personnages et le décor. Car ce recueil de nouvelles est surtout et avant tout une belle galerie de portraits, en les situant dans des époques diverses tout en racontant des morceaux de vie intemporels.

Certaines nouvelles m’ont paru anecdotiques, tels L’envol ou Le dernier pont brûlé, d’autres versent dans un humour noir et froid comme Le baptême, voire burlesque avec Une sorte de miracle et ses deux imbéciles (A ce niveau-là, on atteint le championnat du monde de la connerie). Mais ce sont surtout de terribles histoires noires, qui derrière une intrigue dramatique, montrent la violence implantée dans la culture américaine.

La compagnie des glaces de G.J.Arnaud Intégrale Tome 5

Editeur : Fleuve Noir

Je continue ma découverte de la plus grande saga de science fiction jamais écrite puisqu’elle comporte 63 romans. Voici les épisodes 17 à 20 :

Le gouffre aux garous :

Malgré sa victoire sur Lady Diana, le Kid décide de ne pas en profiter, mais de délaisser la ville de Kaménépolis, synonyme pour lui de dépravation, et aux mains des dissidents. De son coté, Leouan se rend compte que de l’eau chaude est déversée sous la ville et menace de couler Kaménépolis. Lien Rag se demande s’il n’était pas prédestiné à donner vie à un messie et part à la recherche de ses origines dans le grand Nord.

Si le Kid et Lady Diana sont quasiment absents de ce roman, l’histoire va se concentrer sur Leouan d’un coté qui veut sauver Kaménépolis et Lien Rag d’un autre qui cherche ses origines. La quête de Lien Rag est clairement la plus passionnante et démontre une fois de plus l’imagination de l’auteur. La partie concernant Leouan est moins passionnante.

Le dirigeable sacrilège :

Depuis qu’il a découvert les origines des Roux et de ses ancêtres, Lien Rag est menacé par des mercenaires payés par toutes les grandes compagnies. Il décide donc de quitter son cousin Lienty Ragus pour éviter de mettre en danger sa famille. De son coté, Lady Diana doit respecter l’armistice mais elle veut profiter de la faiblesse engendrée par la guerre. Quant au Kid, il accepte de reconstruire Kaménépolis, la cité rebelle sur l’insistance de Yeuse.

Ce volume repart sur un nouveau rythme et sans pour autant insuffler un certain rythme, passe d’un personnage à l’autre pour redistribuer les cartes de la géopolitique mondiale. Tous les nouveaux aspects sont passionnants et donnent lieu à nombre de rebondissements. Je ne dirai jamais assez la faculté de visionnaire de Georges-Jean Arnaud, en particulier ici quand il aborde le sujet du réchauffement climatique (qui dans le cas de la planète glacée peut devenir dramatique) et du retour d’une vague puritaine insufflée bien entendu par la Panaméricaine. Excellent tome.

Liensun :

Alors que Julius et Greorg arrivent à Tusk Station, ils sont attaqués par une amibe géante, nommé Jelly et risquent de mourir étouffés. Lien Rag assiste à la renaissance de Kaménépolis grâce à la culture et une pièce de théâtre se déroulant dans le monde d’avant. Il se rend compte que les Néo-catholiques ont créé la Compagnie de la Sainte Croix, avec un argent de source inconnue. Il se met à soupçonner le Kid.

Outre le suspense sur la lutte contre Jelly, on trouve peu d’action dans cet épisode. On y voit un Lien Rag vieillissant, qui met à jour des malversations financières qui le rendent paranoïaque. Enfin, on voit apparaitre Liensun, le demi-frère de Jdrien, âgé de trois ans et doté de pouvoirs qui semblent plus grands encore que ceux de son frère. Cet épisode donne envie de se plonger dans le suivant immédiatement.

Les éboueurs de la vie éternelle :

Lien Rag et sa femme Leouan se dirigent vers la Compagnie de la Sainte-Croix nouvellement créée par les Néo-Catholiques. Ils veulent libérer le savant ethnologue Harl Mern pour confronter les dernières trouvailles de Lien Rag et peut-être établir un lien entre l’origine des Roux et sa famille.

Du côté des Rénovateurs du Soleil, Ma Ker et Greorg finissent de mettre au point leur dirigeable à l’hélium qui pourra montrer au monde qu’il existe une autre voie de les Compagnies du Rail. Quant à Lady Diana, la toute puissante dirigeante de la Compagnie Panaméricaine, elle continue de faire appel aux Tarphys, des mercenaires sanguinaires pour faire taire Lien Rag.

Ainsi se termine le premier cycle de la Compagnie des Glaces, le cycle de Lien Rag. Autant roman tactique que roman d’action, les enjeux de chacun se mettent à jour dans une bataille autant armée qu’à distance pour le pouvoir, celui de régner sur la Terre de glace. La lecture de ce vingtième épisode donne furieusement envie de se lancer dans la suite.

Nous sommes bien pires que ça de Guillaume Audru

Editeur : Editions du Caïman

Cela peut ressembler à une lapalissade, et pourtant, chaque nouveau roman de Guillaume Audru est attendu comme le facteur qui m’apporte des livres à lire. J’ai ouvert avec fébrilité l’enveloppe, sachant que l’auteur s’attaquait à un sujet bien difficile, les bagnes positionnés en plein désert algérien pendant et après la première guerre mondiale.

1955. Gabriel Fleurus débarque en Algérie sous un soleil étouffant. Depuis l’insurrection de la Toussaint, la situation reste fortement tendue, en Kabylie comme ailleurs. Il arrive à Bougie et se dirige vers l’hôpital, où il a rendez-vous avec le colonel Julien Gardanne. Ce dernier lui a envoyé une lettre pour lui parler de Simon Fleurus, le père de Gabriel et des circonstances dans lesquelles ils se sont côtoyés.

1918. Le capitaine Simon Fleurus s’est illustré lors des batailles de la Marne et de Verdun, mais sa réputation auprès des troupes s’est ternie suite à sa participation aux tribunaux militaires condamnant les mutins du Chemin des Dames.

1919. La guerre finie, le capitaine Simon Fleurus n’en peut plus des horreurs de la guerre. Chargé de comptabiliser les corps sur le champ de bataille, de leur trouver un nom, il demande sa mutation. Sa hiérarchie ne l’entend pas de cette oreille. Le colonel Duchet et le général Bréville le chargent d’une mission d’enquête auprès des bagnes que la France a installés en Algérie, pour mater les récalcitrants à l’autorité. Le capitaine, forcé d’obéir aux ordres, prend donc la direction de Marseille puis d’Alger, avant d’entamer une marche de plusieurs jours dans le désert vers Ouchkir, un nom associé à l’enfer.

Il semblerait que Guillaume Audru nous fasse voyager par l’intermédiaire de ses polars. Après l’Ecosse (L’île des hommes déchus et Les chiens de Cainrgorm), et un bref passage par le France (Les ombres innocentes), nous prenons la direction de l’Algérie, au lendemain de la première guerre mondiale. L’auteur va nous parler d’événements peu connus, les bagnes situés en plein désert.

L’atmosphère lourde et étouffante va appesantir l’ambiance de ce roman, dans un climat torride le jour, glacial la nuit. Sous un soleil implacable, de pauvres bougres cassent des pierres sous l’œil froid des gradés pour les remettre dans le « droit chemin ». On ne leur reproche que des broutilles, pour la plupart, une insulte envers un supérieur, voire juste refuser de porter un pantalon trop petit.

On assiste effarés à la discipline, poussée à ses extrémités, transformant des hommes à l’état de choses. Cette maison de correction visant à remettre ces jeunes gens dans le droit chemin se transforme alors en camp de concentration où les surveillants peuvent s’en donner à cœur joie sans risque de représailles. En face d’eux, le capitaine Fleurus, avec ses fragilités (on le voit pleurer devant la dureté des conditions de vie) et le major Louis Zamberlan, fils de général et étrangement distant, se retrouvent seuls dans cette bataille, d’autant plus que les morts vont s’accumuler.

On connait l’existence de bagnes depuis le dix-huitième siècle et même peut-être avant. La situation présentée ici est d’autant plus inacceptable que la guerre est finie, que les sanctions exigées par la discipline armée ne sont plus nécessaires, que les causes même qui ont amené ces jeunes dans le désert sont idiotes en temps de paix. Cette illustration de l’obéissance aveugle mais aussi des monstres qui peuplent les armées nous touche devant tant d’absence d’humanité.

Même si les personnages sont très clivés, opposant les méchants et les gentils, le scénario, les décors et les ambiances nous plongent dans un monde impitoyable d’un autre temps, où les limites n’existent plus. Humainement fort, avec un sujet peu abordé, ce roman mérite aussi que l’on se penche dessus pour la formidable plume évocatrice de Guillaume Audru, très littéraire, qui ajoute au plaisir de lecture.

La marche au canon de Jean Meckert

Editeur : Joëlle Losfeld éditions

Suite au formidable Nous avons les mains rouges, à qui j’ai décerné un Coup de cœur, j’ai décidé de lire les rééditions de Jean Meckert dans l’ordre. J’ai eu des difficultés à trouver La marche au canon, puisqu’il semble qu’il soit épuisé. Etant donné la qualité de ce texte, je lance un appel pour qu’il soir réédité. Car ce texte parle d’une période peu abordée dans la littérature, la débâcle de 1940 vue par un soldat.

Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne. N’écoutant que sa loyauté et son devoir envers son pays, Augustin Marcadet laisse derrière lui sa femme Emilienne et sa fille Monique et s’engage dans cette guerre qui ne devrait pas durer très longtemps. La réunion des appelés ressemble à ce qu’il attendait, un regroupement de jeunes gens volontaires, prêts à en découdre même s’ils ne sont pas au fait du maniement des armes.

Puis le transport vers le front de l’est commence. Le trajet se déroule dans un wagon à bestiaux, comme si on les menait à l’abattoir. On leur donne à peine de quoi manger ou boire, et les jeunes gens ne voient que rarement la lumière du jour. Il semblerait que les Allemands aient peur de nous puisque les combats n’ont pas commencé. Même si les conditions de transport sont horribles, la motivation l’emporte.

Arrivés, stockés dans une caserne de l’est de la France puis dans un tunnel, à Egelzing, le combat espéré se transforme en une attente interminable. Bien qu’Augustin pense à sa famille qu’il a laissée derrière lui, il arrive à oublier cette situation en jouant avec les copains au poker. Les blagues potaches, la bonne humeur ambiante permet de passer l’hiver rigoureux, froid, humide au fond de ce tunnel.

L’ennui fait place aux reproches, puis à la peur quand les premiers coups de canon se font entendre. Les informations disent que les Allemands sont passés par le Nord, qu’ils sont encerclés. Les ordres sont contradictoires, venant des officiers qui ont déserté la place rapidement. Devant l’absence de stratégie et de direction, il faut sauver sa peau. Peu à peu, le devoir fait place à l’incompréhension, à l’urgence, à la rancœur puis à la haine des hauts gradés.

A ma connaissance, personne n’a jamais écrit sur cette période en se plaçant à l’intérieur des troupes, en plein sur le front. L’auteur ayant vécu tous ces événements, il décrit simplement ce qu’il a vu, entendu, ressenti, pensé de l’innocence jusqu’à la haine de la guerre. Car finalement, les soldats ne sont-ils pas juste de la viande que l’on envoie à la boucherie ? Sans être frontalement antimilitariste, ce superbe texte montre l’absurdité de la guerre et le cheminement psychologique d’un homme arrivé a bout de ses illusions.

Ce texte inédit de Jean Meckert, formidablement préfacé par Stéphanie Delestré et Hervé Delouche devrait être lu, étudié par toutes les générations de tous les pays. Car il fait preuve d’une justesse, d’une simplicité, d’une rage contenue et d’une émotion touchante. Ce texte démontre combien l’humanisme doit l’emporter face à la barbarie et à l’idiotie.

La compagnie des glaces tomes 15 et 16 de G-J. Arnaud

Editeur : French Pulp

Les éditions French Pulp ont décidé de rééditer la saga de science fiction de Georges-Jean Arnaud, en regroupant les romans par deux. Il s’agit, je crois, de la plus grande saga de science fiction jamais écrite puisqu’elle comporte 63 romans. Voici mon avis sur les tomes 15 et 16.

Terminus Amertume :

Lady Diana a décidé d’éliminer la Compagnie de la Banquise, dirigée par le Kid, pour mettre la main sur l’énergie qu’ils tirent du volcan Titan. Le conseiller du Kid reste neutre dans ce climat tendu, alors que Lien Rag a créé une nouvelle station, Terminus Amertume pour venir en aide à son ami le Kid. Le Kid, en proie aux attentats de la guilde des Harponneurs, commence à perdre la tête. Lady Diana envoie auprès de Lien Kruss, un espion, afin qu’il se rallie à elle, La guerre couve …

C’est un tome de bruit et de fureur qui, mettant en avant les personnages, visite avec succès tous les genres, de la géopolitique au roman de guerre, du roman d’espionnage au roman de suspense. C’est aussi un formidable exercice de stratégie militaire. Les chapitres alternent les points de vue à une vitesse folle et pour moi, c’est un des meilleurs tomes de la série, d’autant plus que la fin, ouverte et terrible, donne envie de se plonger dans la suite.

Les Brûleurs de banquise :

Lady Diana doit affronter sa première défaite après que le Kid ait fait brûler la banquise quand les troupes de la Panaméricaine roulaient dessus. Elle cherche à cacher les bâtiments engloutis à la presse et à oublier les navires et les poseuses de rail capturés par son ennemi. Elle veut se refaire, et engager la construction de voies vers l’ouest, vers la Compagnie du Mikado.

De son coté, le Kid ressort vainqueur et est traité comme un héros par ses troupes. De nouveaux moyens capturés à Lady Diana vont lui permettre de construire rapidement un accès à la Compagnie du Mikado.

Quant à Lien Rag, prisonnier rescapé, perdu au milieu de nulle part, il cherche à survivre et fait ce qu’il a toujours refusé : manger de la viande humaine et en utiliser pour alimenter les chaudières de son train en perdition. Mais il va se retrouver avec des rescapés comme lui dont il ne sait juger s’il peut en faire des alliés.

La guerre fait rage dans ce tome, entre Lady Diana qui veut faire oublier sa défaite et le Kid qui va chercher refuge auprès de son allié de jadis. L’intrigue est principalement divisée selon deux points de vue, la guerre d’un coté et la survie de Lien Rag de l’autre. Cela donne à cette histoire un rythme en dents de scie.

Les scènes de guerre sont conduites comme un véritable jeu de stratégie, chacun des protagonistes avançant ses pions tout en jouant de bluff pour tromper l’autre. Les scènes concernant Lien Rag sont plus calmes et font appel à toute l’imagination de l’auteur. Cela donne un mélange rythmé et très agréable, totalement maîtrisé.

Donbass de Benoît Vitkine

Editeur : Les Arènes – Equinox

Comme vous le savez, je picore les suggestions de lecture chez les collègues blogueurs. Comme il s’agit d’un premier roman, je me devais de tenter ce Donbass de Benoît Vitkine, qui nous emmène dans une région dont on ne parle pas assez : l’Ukraine.

Sacha Zourabov est un petit garçon de 6 ans, qui vit pour le moment chez sa grand-mère. Depuis quelques nuits, il entend des camions se garer dans la cour de son immeuble, et charger des sac de jute et de grosses caisses. Il se rappelle que son oncle lui avait raconté que ces sacs servaient à transporter du charbon. En les observant par la fenêtre, il voit un sac tomber d’un camion, sans le virage. S’il allait le récupérer, cela pourrait leur permettre de se chauffer un peu mieux ?

Henrik Kavadze a la cinquantaine bien frappée. Colonel issu de l’armée russe, il est revenu au pays pour prendre une place dans la police d’Avdiivka, dans le Donbass. Cette région, c’est celle où il veut terminer sa vie, avec Anna sa femme, surtout depuis qu’ils ont perdu leur fille 12 ans plus tôt.

Depuis 2014, cette région est secouée par les bombes dans cette guerre Russo-ukrainienne qui n’intéresse plus personne. Lors de la révolution ukrainienne, le président qui a pris le pouvoir n’a pas fait long feu, vite renversé par des pro-européens. Différentes factions locales et nationales, séparatistes ou rebelles, se sont créées dont beaucoup sont armées par la Russie, en sous-main. Depuis, la guerre continue, à coups de canons et d’explosions incessantes, démolissant les rares immeubles encore debout.

Alors qu’il doit préparer la visite du ministre, qui doit rassurer la population sur la sécurité dans le Donbass, en tant que chef de la police locale, mais aussi vétéran de la guerre d’Afghanistan, on le demande au téléphone : Un cadavre vient d’être découvert dans le quartier de la gare. Quand il apprend qu’il s’agit d’un jeune garçon, poignardé, Henrik décide de laisser tomber le ministre.

Pour un premier roman, Benoît Vitkine frappe fort. En se plaçant sur le terrain du polar, il se permet d’aborder le thème qui lui tient à cœur, en ayant créé un personnage de flic certes classique, désabusé, bourru, mais éminemment sympathique. On y trouve un drame familial (la perte de sa fille), un drame personnel (Henrik est un ancien d’Afghanistan), un meurtre horrible (la mort du garçon), et des clans tous plus malfaisants les uns que les autres, des politiques à la police, de l’armée aux mafiosos. Et puis, il y a le décor.

Le décor, c’est Avdiivka. Alors que la ville d’Avdiivka n’est pas débordée par les crimes, qu’elle ressemble à un lieu paisible pour une retraite tranquille, elle se retrouve au centre des affrontements entre l’armée ukrainienne, les séparatistes pro-russes et les rebelles. Cette guerre qui implique officieusement la Russie, est vite oubliée par les pays occidentaux. Et pourtant, des populations souffrent tous les jours, les bombes tombent sans relâche, des femmes et des hommes vivent reclus dans les caves.

D’une plume volontairement simple et fluide, Benoît Vitkine construit une intrigue forte pour mieux rappeler au monde que l’on ne veut pas se mêler de ce conflit par peur de représailles du voisin russe. La communauté européenne a fait le pantin, puis elle a tourné la page, car elle leur a semblé trop sanglante et trop dangereuse. L’auteur nous montre des populations qui souffrent, qui meurent, et nous laissons faire parce que … parce que c’est trop dangereux … vous comprenez ?

J’ai été totalement bluffé par ce roman, et j’ai énormément appris sur la vie dans cette région du globe, sur les gens de ce coin abandonné de tous, et sur ce conflit qui dure. Sans être hautain, Benoît Vitkine nous parle d’un sujet qui lui tient à cœur et qu’il connait bien et il nous passe le relais pour que nous en parlions. Alors, respectons son engagement, lisons le et parlons-en.

Telstar de Stéphane Keller

Editeur : Toucan

J’avais été très impressionné par le premier roman de Stéphane Keller, l’année dernière, Rouge Parallèle, par son intrigue qui s’appuie sur trois personnages forts et par sa faculté à nous immerger dans une autre époque, les années 60. Telstar sort moins d’un an après et reprend les mêmes personnages.

Une suite ? Non, plutôt une explication du parcours des policiers et militaires rencontrés dans Rouge Parallèle. Les anglo-saxons appellent cela un pre-quel ; moi j’appelle ça un « Revenons en arrière » ! Original, non ? Et donc, pour bien appréhender les Lentz et Holliman, quoi de mieux que de les envoyer dans les années 50, plus précisément 1956, en Algérie.

Alger, 24 décembre 1956. Le corps d’une jeune fille est retrouvé. Elle a été violée puis étranglée ; il lui manque une socquette. Pour l’inspecteur principal Brochard, ce n’est qu’une horreur de plus dans un pays de plus en plus ensanglanté. Depuis le début du mois, ce sont plus de 120 attentats mortels qui ont déferlé, dont la responsabilité incombe au FLN, le Front de Libération Nationale. Son adjoint, Joanin ne s’est pas encore remis d’un massacre dans une petite ferme du coin. Sa mère leur donne son nom : la petite s’appelait Henriette Pellegrini. Quelques témoins font état d’une voiture américaine de couleur, avec à son bord un homme blond. Cela n’arrange pas Brochard qui viserait plutôt les fellaghas.

Chypre, 24 décembre 1956. L’armée franco-britannique a remporté la victoire du Canal de Suez face à Nasser mais a dû faire marche arrière sous la pression des Américains et des Russes. Alors l’état major leur ordonne de rallier Alger, pour sécuriser la situation. La 10ème DP, accompagnée du capitaine Jourdan allait s’atteler à cette mission. Ils avaient carte blanche. La chasse au FLN débutera dès le 26 décembre, date de leur arrivée sur place. Par contre, Jourdan devra se coltiner la colonel Stuart Hollyman, observateur américain sur place.

Sainte Marthe, 25 décembre 1956. Norbert Lentz est un simple soldat, dont l’objectif et la motivation tiennent en quelques mots : faire la chasse aux communistes. Et il est sur d’en trouver à la pelle en Algérie. Direction donc Marseille, pour embarquer vers cette colonie qui a la prétention de revendiquer son indépendance. Il va leur faire passer cette envie, aux communistes …

Que c’est dur de faire un résumé du contexte de ce roman, environ les 50 premières pages, alors que la situation est inextricable. Après Rouge parallèle, l’auteur m’avait indiqué qu’il envisageait de traiter cette période sanglante pour y placer quelques uns de ses personnages, et expliquer leur histoire. Alors, si je dois vous conseiller quelque chose, c’est de lire celui-ci avant Rouge parallèle … ou pas. En fait, je pense que l’on peut suivre un déroulement chronologique mais on peut aussi lire Telstar en premier. En aucun cas, vous ne serez gêné dans votre lecture.

Passé cette introduction, je retrouve la puissance d’évocation de cette période, la sensation de danger permanent alors que le style de l’auteur est plutôt descriptif. Stéphane Keller nous montre la difficulté de cette situation qui ne peut que dégénérer, où les différents camps en présence se livrent à une guerre mortelle sans aucun état d’âme. Aux attentats aveugles, la police française y répond par des meurtres sans enquête pour boucler ses dossiers et l’armée se livre à des tortures qu’on a du mal à imaginer.

En fait, Stéphane Keller arrive à atteindre le juste équilibre entre personnages et contexte, entre action décrite et dialogues réduits au strict minimum. Et surtout, il réussit la gageure, en s’appuyant sur une documentation sans faille mais pas lourdingue, à nous montrer toute l’inhumanité des hommes quand ils sont persuadés de leurs actes. Il n’est pas étonnant que l’on ait vu aussi peu de romans traitant ce sujet et il semble bien que les vannes de l’imagination littéraire s’ouvrent depuis peu. Et c’est finalement une bonne chose pour l’Histoire.

Quant à Stéphane Keller, il passe haut la main le risque du deuxième roman en gardant le même thème. Et ça, c’était un sacré pari, un pari qu’il a formidablement transformé. Enfin, le titre, il s’agit d’un titre des Tornadoes, sorte de musique désenchantée, qui tourne en rond comme si les hommes refaisaient tout le temps les mêmes erreurs.

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Prémices de la chute de Frédéric Paulin

Editeur : Agullo

Ceux qui se demandent comment Frédéric Paulin peut faire mieux que La guerre est une ruse, ceux qui ont, pour cette raison, peur de s’attaquer à ce roman, ceux là peuvent se rassurer. Prémices de la chute n’est pas moins fort, pas plus fort, il est aussi fort. Voilà le deuxième tome d’une trilogie qui fera date.

Roubaix, 1996. Riva Hocq et Joël Attia de la police judiciaire de Lille sont en planque, quand ils entendent un appel au secours. Des collègues ont été pris à parti dans une fusillade à Roubaix. Le temps d’arriver sur place, ils ne peuvent que constater les dégâts : 4 morts du côté de la police.

Réif Arnotovic préfère qu’on l’appelle Arno ; cela évite les petites remarques racistes ou les méfiances. Réveillé ce matin-là par le rédacteur en chef de son journal, il doit aller sur les lieux de la fusillade, et laisser la jeune fille avec qui il vient de passer la nuit. Pas sûr qu’elle soit majeure d’ailleurs ! Et puis, c’est quoi, son prénom ? Arno se dit qu’il vient encore de faire une belle connerie. En contactant un de ses indics, il apprend deux noms potentiels concernés par cette fusillade : Dumont et Caze. Ces deux-là sont deux anciens mercenaires de la brigade El-Moudjahidin, qui a combattu en Bosnie.

Cela fait un an que le commandant Bellevue est mort. Tedj Benlazar, après une période de bureau en France, a repris son balluchon pour une mission de surveillance à Sarajevo, laissant sa fille Vanessa derrière lui. C’est là-bas qu’il apprend que Dumont et Caze, les Ch’tis d’Allah, ont pour mission de réaliser des casses pour récupérer de l’argent qui financera le nouveau Djihad. Il va immédiatement en informer Ludivine Fell, commissaire à la DST, qu’il connait très bien puisqu’ils ont été amants.  Ce qu’ils vont découvrir va changer le monde, mais qui va les croire ?

Si vous reprenez mon avis sur le premier tome, La guerre est une ruse, vous y trouverez tout ce que je pense de ce roman. Frédéric Paulin a le talent de ces grands auteurs qui prennent des faits historiques pour y rajouter des personnages fictifs. Parfois c’est pour réécrire leur histoire comme James Ellroy, parfois c’est pour expliquer, comprendre comment on en est arrivé à la situation actuelle. C’est le cas ici.

Avec Prémices de la chute, Frédéric Paulin complexifie la construction de son roman, passant de deux personnages principaux à quatre (Tedj, Arno, Vanessa et Laureline). Et il le fait avec toujours autant d’aisance en prenant soin de bien les positionner psychologiquement. Cela lui permet par ce biais de placer son action en différents coins du globe, de la France à l’Algérie en passant par la Bosnie, l’Angleterre pour finir par les Etats Unis, puisque l’on va balayer la période 1996 – 2001.

Comme je le disais dans mon billet sur La guerre est une ruse, « Ce roman ne se veut pas un cours d’histoire, ni une dénonciation, ni une quelconque leçon de morale pour un camp ou pour l’autre. ». Avec Prémices de la chute, Frédéric Paulin va nous expliquer l’évolution de l’islamisme et le développement de l’extrémisme. Et il arrive à nous montrer les mécanismes, les situations, les raisons d’une façon tellement fluide et naturelle qu’on arrive à y comprendre quelque chose. Moi qui adore l’histoire contemporaine, il y a des choses que j’ai comprises, d’autres que je savais. D’ailleurs, à ce sujet, lisez Le Bibliothécaire de Larry Beinhart.

Outre ces personnages que l’on adore suivre, et envers qui on a beaucoup d’attachement, on y voit très nettement pointer une volonté de dire que beaucoup de gens étaient au courant, avaient en leur possession une partie des informations. Et que certains n’ont rien fait, n’y ont pas cru ou n’ont pas voulu agir. Ceci rend encore plus impressionnante la dernière partie, dédiée au 11 septembre qui s’avère émotionnellement forte, surtout pour les conséquences de ce l’auteur nous a montré avant.

Indéniablement, ce deuxième tome répond aux attentes qu’il avait suscitées et répond surtout à beaucoup de questions que l’on peut se poser. Il y a au moins deux questions auxquelles on a d’ores et déjà les réponses :

1-     Frédéric Paulin est un formidable conteur

2-     Sa trilogie va compter dans la littérature contemporaine.

Quelle force ! Quelle puissance ! quelle émotion ! Vivement la suite !