Archives pour la catégorie Littérature islandaise

A qui la faute de Ragnar Jonasson

Editeur : La Martinière

Traducteur :

Depuis la parution de son premier roman en France, je me suis dit qu’il faudrait que je découvre cet auteur islandais. Depuis, j’ai acheté tous ses livres en format poche sans trouver le temps d’en ouvrir. La sortie de cet huis-clos hivernal était trop tentante !

Ils étaient quatre amis inséparables pendant leurs études puis ont suivi chacun leur chemin. Cette idée de se retrouver ensemble le temps d’un week-end pour découvrir les paysages enneigés semblait bonne.

A la fin de ses études en Arts Dramatiques, Daniel s’est exilé en Angleterre où il galère à boucler ses fins de mois avec les petits rôles qu’il décroche. Vis-à-vis des autres, il est devenu un acteur reconnu.

Son meilleur ami, Gunnlaudur, a toujours été la dernière roue du carrosse, suiveur plutôt que leader. Il s’est tout de même débrouillé pour devenir avocat dans un petit cabinet.

Après avoir connu une adolescence agitée, parsemée d’excès en tous genres, Armann Est revenu au pays pour devenir guide des contrées enneigées.

Helena, la seule fille du groupe, a accepté de faire ce week-end avec ses amis, alors qu’elle vient de perdre l’amour de sa vie.

Les quatre amis vont se lancer dans un week-end découverte dans des paysages immaculés loin de toute habitation. Mais au milieu de leur périple, une tempête de neige s’abat sur eux …

Ragnar Jonasson nous convie ici à un huis-clos en plein air, dans un environnement rigoureux, à faire glacer les os. Et quoi de mieux pour innover que de créer un roman choral. Nous allons donc suivre tout à tour nos quatre compagnons mais la narration se déroulera à la troisième personne de façon à laisser planer le suspense car tout le monde ne va pas s’en sortir.

Les chapitres étant courts, et surtout le style étant fluide et simple, ce roman se lit rapidement. On sent le savoir-faire d’un auteur confirmé pour nous passionner dans le déroulement de cette histoire où il ne se passe rien … dans la première moitié du roman, le seul rebondissement se situe dans la présence d’un homme dans le refuge qu’ils avaient ciblé pour leur week-end.

Malgré cela, psychologiquement, ce roman s’avère passionnant … surtout qu’il va semer quelques zones d’ombre qui vont nous étonner avant de nous tenir en haleine dans la deuxième moitié où les événements vont se précipiter. Pour une découverte, je dois dire qu’elle fut bonne et que je vais poursuivre dans la lecture des romans de cet auteurs, qui malgré son rythme lent, arrive à nous passionner avec peu d’éléments.

Les fils de la poussière d’Arnaldur Indridason

Editeur : Métailié (Grand Format) ; Points (Format poche)

Traducteur : EricBoury

Il me reste peu de romans mettant en scène le commissaire Erlendur Sveinsson à lire. Les éditions Métailié ont décidé de traduire les deux premiers romans, à savoir Les fils de la poussière et Les roses de la nuit. Les fils de la poussière a été publié en 1997 et est donc le premier roman où apparait notre commissaire préféré. Pour autant, Erlendur a déjà derrière lui une bonne dizaine d’années derrière lui dans ce roman.

Palmi, jeune libraire, rend visite à son demi-frère Daniel, qui est interné dans un asile psychiatrique depuis des années pour schizophrénie aigüe. Daniel semble anormalement agité, à tel point que les surveillants évacuent la salle commune. Daniel reconnait son frère, lui parle des autres élèves de sa classe d’école et l’informe que c’est en ce moment que la Terre est la plus proche du Soleil. Puis il se suicide en se jetant par la fenêtre du sixième étage dans une chute fatale.

Lors de la même nuit, Halldor, un ancien professeur tout juste à la retraite, est assis au milieu de son salon, la tête basse. Il est ligoté sur une chaise, et les effluves d’essence dont on l’a aspergé agressent son odorat. Pour autant, il ne songe pas à se défendre, et accepte son destin, comme une sorte de châtiment. Une main craque une allumette et la jette sur une rigole inflammable. Rapidement, la petite maison prend feu et le criminel jette son bidon d’essence dans le jardin environnant.

La mort de Daniel plonge Palmi dans un abime de questions. Il va tout d’abord questionner les infirmiers, savoir pourquoi il était si agité. Puis, Palmi apprend qu’un vieil homme rendait visite à son frère. Quand il apprend que c’était Halldor, les deux morts simultanées l’intriguent. De leur côté, Erlendur Sveinsson et Sigurdur Oli sont persuadés que le criminel a agi comme une personne ne craignant pas d’être identifié.

Pour les fans d’Erlendur, et ils sont nombreux, ce roman apparaitra avant tout comme une curiosité, puisqu’on voit comment l’auteur a voulu construire son personnage. A ce titre, cette intrigue peut comprendre, tant la psychologie d’Erlendur va s’épaissir, se construire, se complexifier au fur et à mesure de ses enquêtes. A ce titre, ce roman n’est pas le meilleur de la série mais il est intéressant.

Erlendur apparait comme un ancien du commissariat, plus en colère ouverte que bourru. Il n’est pas rare de le voir pousser un coup de gueule alors que dans ses futures enquêtes, on le sent plus taiseux, et psychologiquement plus intelligent et fin. En duo avec Sigurdur Oli, on le voit aussi en conflit ouvert comme une guerre de générations. Et on sent Erlendur moins touché par la disparition de son frère, ce qui formera l’une des trames à venir.

Ce roman ressemble beaucoup à un exercice appliqué où Arnaldur Indridason respecte les codes du roman policier, mené sur deux fronts en parallèle. Les pistes se multiplient, les potentiels coupables aussi et des chapitres sont insérés mettant en scène les vrais potentiels coupables.

Pour autant, il est intéressant quand il parle du système éducatif islandais, où on triait les élèves en fonction de leur niveau, où on fournissait aux élèves en classe des pilules mystérieuses, où la violence apparait dans une société auparavant bien calme et sereine dès les années de collège et même les mauvais traitements exercés dans les asiles psychiatriques. Par cet aspect-là, Arnaldur Indridason est conforme à son rôle, celui d’être un témoin de l’évolution de sa société.

Ce que savait la nuit d’Arnaldur Indridason

Editeur : Métaillié (Grand Format) ; Points (Format Poche)

Traducteur : EricBoury

Il va bien falloir s’y faire, on ne verra plus apparaître Erlendur Sveinsson, l’inspecteur inventé par Arnaldur Indridason, ou en tous cas pour un certain temps. Après la trilogie des ombres (Dans l’ombre, La femme de l’ombre et Passage des ombres), l’auteur islandais se lance dans une nouvelle série mettant en scène Konrad, un inspecteur de police à la retraite.

Un groupe de touristes de Wolsburg fait une pause sur le glacier Langjökull. La guide  s’apprête à entamer son sandwich quand un de ses clients l’interpelle. Suite à la fonte des glaces, on voit nettement apparaitre un visage, voire un corps sous la pellicule gelée. La police identifie rapidement le mort : Sigurvin, un jeune dont la disparition, qui a eu lieu 30 ans auparavant, n’a jamais été élucidée.

L’autopsie est surréaliste car le corps est celui d’un jeune homme grâce à la conservation dans la glace. A l’époque, déjà, son collègue Hjaltalin était soupçonné. Ce dernier est arrêté in extremis à l’aéroport, tentant de s’enfuir à l’étranger. Mais au lieu d’aller en prison, il est emmené directement à l’hôpital, puisqu’il est atteint d’un cancer et n’a que quelques semaines à vivre.

Hjaltalin demande à voir Konrad, policier à la retraite qui a suivi une partie de l’affaire à l’époque. Il clame à nouveau son innocence et demande à Konrad de reprendre l’affaire. Il faut dire que Sigurvin n’était pas habillé pour lutter contre le froid glaciaire et que son véhicule a été retrouvé loin du glacier. Alors, certes, les deux collègues amis se sont engueulés, mais il assure qu’il n’y est pour rien. C’est la visite d’une jeune femme qui va décider Konrad de chercher la vérité : en effet, son frère, a vu les deux amis dans un bar le jour de la disparition de Sigurvin, et depuis, il est mort, renversé par un gros 4×4.

D’un Erlendur taiseux et discret, Arnaldur Indridason passe à Konrad, un personnage bourru et réfléchi. Pour autant, ce n’est pas un roman d’action, tant l’intrigue va suivre son rythme lent et nonchalant, avançant à coups de réflexions et d’indices. L’aspect psychologique va donc prendre une grande place dans l’intrigue, ainsi que le décor, celui de Reykjavik dans une ambiance d’automne triste.

De la psychologie de Konrad, on va en savoir beaucoup. Veuf, ayant perdu sa femme juste au moment de prendre sa retraite, il a un fils Hugo. C’est la solitude, l’absence de l’être aimé qui lui pèse, et qui fait partie de sa décision de reprendre le collier. Sans y mettre plus de passion que cela, il va dérouler l’enquête comme un cruciverbiste, avec la volonté d’aller jusqu’à sa résolution. Konrad a aussi eu un père, violent qui a connu une mort mystérieuse. Tous ces petits indices sont autant d’énigmes à découvrir dans les prochaines enquêtes.

Car on a connu Arnaldur Indridason plus convaincant dans ses romans, avec des messages autrement plus frappants. S’il fait toujours preuve d’une subtilité quasi-unique dans le monde du polar, au ton triste, taciturne et désenchanté, il ne nous a pas habitué à une enquête aussi classique. Il faudra donc apprécier ce roman comme le premier d’une série, et trépigner d’impatience avant d’entamer la lecture de la deuxième enquête de Konrad, qui s’appelle Les fantômes de Reykjavik.

Passage des ombres d’Arnaldur Indridason

Editeur : Métailié

Traducteur : Eric Boury

Voici donc le dernier tome de la trilogie des ombres, qui revient sur l’histoire de l’Islande pendant la deuxième guerre mondiale au travers de deux personnages : Flovent qui est un flic islandais et Thorston, de la police militaire canadienne qui a des origines islandaises. Autant le premier tome Dans l’ombre, m’avait plu, autant le deuxième La femme de l’ombre m’avait paru fade, bien trop fade et mal fichu. Ce troisième tome m’a enthousiasmé.

De nos jours, dans un petit immeuble de Reykjavik. Une vieille dame s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son voisin depuis plusieurs jours. Elle appelle le commissariat et les policiers dépêchés sur place font appel à un serrurier. Le corps du voisin, Stephan Thordarson, est allongé sur son lit. Apparemment il est mort paisiblement dans son sommeil. Mais l’autopsie révèle des fibres synthétiques dans sa gorge, issues de son coussin. Le vieil homme a donc été étouffé pendant son sommeil. La commissaire fait appel à Konrad, policier à la retraite qui se rend sur les lieux. Sur place, Konrad découvre des coupures de presse relatant la découverte du corps d’une jeune femme retrouvé sous des cartons dans une ruelle proche du Théâtre National, le Passage des Ombres.

Cette affaire date de 1944. A l’époque, un militaire américain Paul Karoll flirtait avec une jeune Islandaise. Elle voulait lui annoncer un événement quand il découvrit le corps. Plutôt que de prévenir la police, il s’enfuit et elle fut interrogée par deux inspecteurs : Flovent, de la brigade criminelle islandaise et Thorson de la police américaine.

Konrad est tout de suite intéressé par cette affaire : il faut dire que son père était un charlatan, faisant des séances de spiritisme auprès de gens crédules. Konrad se rappelle que l’on avait consulté son père à propos de cette affaire. Il va mener l’enquête.

Arnaldur Indridason va, dans ce roman, alterner l’enquête de Flovent et Thorson en 1944 avec celle de Konrad. Et je dois dire que ce troisième tome de la trilogie est de loin mon préféré. On retrouve tout l’art du maître scandinave pour nous passionner dans une enquête où, comme d’habitude, le rythme y est lent. Il a l’art de parsemer ses intrigues de petits détails, sur les décors, sur le contexte qui nous font découvrir son pays sans jamais en faire trop. Avec ce roman, je me suis retrouvé à avaler les 300 pages sans jamais avoir eu envie de poser le livre.

Mais il n’y a pas que cela : Arnaldur Indridason relève plusieurs challenges dans ce roman : Il alterne les chapitres consacrés à 1944 avec ceux des années 2000 sans jamais insérer en tête de chapitre la période concernée. Il suffit juste d’un petit détail pour que le lecteur comprenne où il est. C’est un sacré coup de force. De même, il mène la même enquête à 60 ans de différence sans jamais se répéter, en faisant avancer deux trajectoires qui vont arriver à al même conclusion. C’en est impressionnant.

Enfin, l’auteur qui nous serinait tout le Mal que les envahisseurs américains avaient apporté à son pays adopte ici un ton plus mesuré. Après avoir décrit l’arrivée des drogues, de la prostitution et du règne de l’argent auprès d’un peuple paysan pauvre et innocent, il verse de l’eau dans son vin en nous parlant de l’émancipation des femmes et de l’indépendance de son pays, l’Islande, vis-à-vis du Danemark. Comme quoi, dans tout passage dans les ombres, il y a des lueurs à retenir. Et puis, nous nous sommes tant attachés à tous ces personnages que la fin en devient poignante. Si Passage des Ombres est indéniablement le meilleur tome de la trilogie, c’est aussi un des très bons romans de cet auteur islandais incomparable.

Ne ratez pas les avis de Christophe Laurent et Anaïs

Dans l’ombre d’Arnaldur Indridason

Editeur : Métaillié

Traducteur : Eric Boury

Si vous suivez ce blog, vous savez que je suis un fan d’Arnaldur Indridason, et en particulier des enquêtes ayant pour personnage récurrent Erlendur, un personnage attachant et profondément humain. On sentait depuis quelque temps qu’Indridason voulait écrire autre chose, sortir des intrigues mettant en scène son inspecteur fétiche. Et je dois dire que j’ai été moins passionné par ces romans où Erlendur n’apparaissait pas, sauf Betty, un bel exercice de style et un hommage aux polars de la grande époque.

Cette fois ci, Arnaldur Indridason se penche sur la période de la deuxième guerre mondiale, période où l’Islande a été occupée par les armées britanniques avant d’être remplacées par les armées américaines. C’est ce que les Islandais ont appelé « La Situation ». Avant cette période, l’Islande était un pays d’agriculteurs et de pêcheurs. Cette période est vue par les habitants comme un passage brutal à l’ère moderne avec ce que cela comporte de violence et de criminalité.

Reykjavik, 1941. Un représentant de commerce rentre chez lui d’un voyage d’affaires et ne trouve pas sa compagne à la maison. Il est vrai que, quand il est parti, ils se sont engueulés avec Véra, et qu’il a préféré faire la sourde oreille et s’en aller. Il décide de sortir la chercher.

Un homme a été retrouvé assassiné chez lui d’une balle dans la tête, tirée par derrière. Cela ressemble à une exécution, genre de crime dont la police islandaise n’a pas l’habitude de voir. Flovent, un jeune inspecteur de la police criminelle et qui a fait un stage à Scotland Yard va être chargée de l’affaire. En observant la scène du crime, il trouve une balle, que l’on utilise avec des revolvers américains.

Quand il remonte cette information à son chef, celui-ci en fait part aux occupants qui vont lui adjoindre Thorson, un inspecteur de la police militaire. Ce dernier a l’avantage d’être issu d’une famille islandaise qui a migré au Canada. Les deux hommes vont travailler ensemble et vont être bien surpris quand le bailleur de la victime ne reconnait pas le corps. Mais qui peut bien être ce mort ?

On va en parler de l’abandon de Erlendur ! Et on a l’impression qu’Indridason a voulu ses nouveaux personnages complètement différents de son inspecteur fétiche. Là où Erlendur est humain, à l’écoute, peu bavard et renfermé sur lui-même, Flovent et Thorson ont la fougue de la jeunesse. Ils sont énergiques, n’hésitent pas à bousculer les témoins, à insister sur des questions et sont ouverts aux autres. Ils travaillent aussi très bien ensemble, ne se cachant rien des progrès de l’enquête. Ces deux-là s’avèrent être l’exact opposé d’Erlendur, quitte à ce que le trait soit parfois un peu gros.

Comme dans Le Lagon Noir, Arnaldur Indridason revient sur la transformation de la société islandaise due à la présence des Anglais puis des Américains. Si cela ressemble à une invasion, tel que c’est présenté ici, il n’en est pas moins qu’Indridason confirme et appuie son propos en montrant comment s’est développée la violence, la circulation des armes ou bien l’apparition de la prostitution. A croire l’auteur, l’Islande était auparavant un paradis terrestre avant que les soldats ne débarquent.

Mais je ne veux pas caricaturer le propos de l’auteur, et juste évoquer mon opinion. Car le sujet (ou l’un des sujets) est bien le nazisme et la recherche par les nazis des origines de la race parfaite, la race aryenne. Ici, on aura droit à un chercheur docteur qui fera des recherches sur l’origine de la criminalité, partant du principe que le Mal est inscrit dans les gênes des personnes déviantes. Et comme d’habitude, avec Arnaldur Indridason, on apprend beaucoup de choses sans en avoir l’air.

L’aspect historique ne fera pas d’ombre à la force des personnages, aussi bien les perosnnages principaux dont j’ai déjà parlé que les personnages secondaires, avec des figures d’une force (et en particulier une relation homme/fils que j’ai beaucoup apprécié). On peut penser que cela fait beaucoup de thèmes abordés dans un roman de 330 pages. C’est sans compter avec le talent de l’auteur et la fluidité de son style qui fait que, malgré certains noms islandais, on n’est jamais perdus. Et du déroulement de l’intrigue à la présence des personnages, ce premier tome de la trilogie s’avère un vrai beau boulot de professionnel d’auteur de romans policiers. Il ne reste plus qu’à attendre le mois d’octobre pour lire la suite.

Le lagon noir d’Arnaldur Indridason

Editeur : Métaillié

Traducteur : Eric Boury

Depuis quelques romans, Arnaldur Indridason fait un retour sur le passé de son inspecteur fétiche et récurrent Erlendur Sveinsson. Le précédent épisode (Les nuits de Reykjavik) nous montrait un personnage d’Erlendur débutant, ne faisant pas encore partie de la police criminelle, mais réussissant tout de même à résoudre une affaire de meurtre d’un clochard. Trois ans plus tard, Erlendur a décidé de suivre le conseil de Marion Briem et de rejoindre la police criminelle. Le lagon noir raconte la première véritable enquête de Erlendur.

En compagnie de Marion, Erlendur est en plein interrogatoire avec les deux frères Ellert et Vignir, qui ont été placés en détention préventive. Suite à une dénonciation anonyme, la police a découvert plusieurs kilos de haschich et des litres de vodka américaine. Les deux frères nient être impliqués, affirment être des victimes d’un piège, alors qu’ils ont les cadenas de la remise où ont été trouvés ces produits.

C’est alors que l’on vient annoncer à Marion que l’on vient de découvrir un cadavre dans un lagon, près de la centrale géothermique de Svartsengi. C’est une jeune femme qui l’a découvert, en prenant un bain pour calmer son psoriasis, sur les conseils de son dermatologue. Son visage est en bouillie ; A croire qu’il a été battu … ou bien que le mort est tombé d’une grande hauteur comme s’il s’était suicidé. Mais alors pourquoi a-t-on retrouvé le corps dans ce lagon ? Et puis, le corps portait des bottes américaines …

En parallèle des ces deux affaires, Erlendur est obsédé par la disparition d’une jeune adolescente Dagbjört. Un matin comme un autre, il y a vingt cinq ans de cela, elle sort de chez elle pour aller au collège. Personne ne l’a jamais revue. Cette disparition devient une obsession pour Erlendur et il va se forcer à trouver une explication pour la famille qui vit dans l’incertitude.

Je ne vais pas en rajouter avec Arnaldur Indridason, parce que vous le connaissez tous et toutes, et qu’il a un succès largement mérité. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il prend le temps d’installer son intrigue et ses personnages et que son écriture est emplie d’humanisme et de respect, de sensibilité et d’émotions. C’est pour toutes ces raisons que j’adore cet auteur et que je ne rate aucun de ses romans.

Comme je le disais ci-dessus, cette enquête est la première, ou l’une des premières de Erlendur, et on sent qu’il a déjà cette fibre sensible, cet intérêt pour les autres qui fera sa grande force par la suite. On le découvre aussi maladroit dans certains de ses interrogatoires ou questionnements, mais on sent qu’il va tirer les leçons de ses erreurs. Même après 11 romans policiers dont 8 avec la présence de Erlendur, Arnaldur Indridason arrive à me surprendre par la finesse psychologique qu’il démontre.

Evidemment, le rythme est lent, comme dans tous ses romans, et le déroulement de l’enquête est d’une évidence qui en ferait pâlir beaucoup. Indridason va nous parler de la présence des troupes américaines sur le sol islandais pendant la guerre froide. Il ne va jamais prendre position, et sortir d’ailleurs Erlendur du sujet en lui faisant dire qu’il n’aime pas toutes les guerres. Par contre, il va montrer les Américains dans toute leur arrogance, allant même jusqu’à avoir des attitudes de Maîtres du Monde, et avoir des réactions d’envahisseurs. Indridason nous dit aussi que ce sont les Américains qui ont apporté le crime, la drogue, l’alcool, dans un pays qui ne voulait que vivre tranquillement sans embêter les autres. Une nouvelle fois, c’est un coup de maître que ce nouveau polar qui nous étonne et nous démontre une nouvelle fois qu’Arnaldur Indridason a encore beaucoup de choses à nous dire.

Ne ratez pas l’avis de Wollanup sur l’excellent site Nyctalopes

Les nuits de Reykjavík de Arnaldur Indridason (Métailié)

Attention, coup de cœur !

Avec son précédent roman, Arnaldur Indridason avait déjà amorcé un virage en direction du passé de ses personnages. Il enfonce le clou de belle manière dans Les nuits de Reykjavik, en nous proposant la première enquête de Erlendur.

Quatre jeunes gens s’amusent à construire un radeau, pour pouvoir flotter sur un trou laissé à l’abandon, issu des anciennes mines de tourbe. Alors qu’ils voguent tranquillement, la rame de l’un d’eux se bloquent. En tirant dessus, il remonte un corps habillé d’un anorak vert. La police identifie rapidement un clochard du coin, nommé Hannibal, et classe l’affaire comme un accident, puisqu’il vivait à proximité de l’étang dans un cube en béton.

Erlendur a 28 ans, et fait partie de la police de proximité. Il travaille de nuit et est aidé dans cette tache par deux étudiants Vargar et Matthew. Leur quotidien est fait d’accidents de la route, d’arrêts de personnes en état d’ivresse, de tapages nocturnes ou de violences conjugales. Cela laisse peu de temps à Erlendur d’avoir une vie de couple, bien qu’il fréquente depuis deux ans une jeune fille charmante Halldora.

Erlendur connaissait Hannibal, pour l’avoir mis à l’abri du froid en lui proposant une cellule du commissariat ou bien en le ramenant dans la cave qu’il occupait. Cela fait maintenant un an qu’Hannibal est mort. Erlendur passe souvent à coté de cet étang et repense à Hannibal. Un jour, il se décide à faire le jour sur sa mort. Il découvre qu’il a quitté sa cave suite à un incendie qu’il aurait provoqué, qu’il a été sauvé par deux voisins, qu’il avait une famille. Erlendur va petit à petit remonter dans le temps et découvrir une destinée tragique.

Vous devez probablement vous dire que Arnaldur Indridason n’a pas besoin de publicité pour que je lui décerne un coup de cœur. Certes, vous avez raison ! Mais quand le roamn policier atteint une telle perfection, une telle maitrise, il est bien difficile de rester insensible à cette douce subtilité et à ce rythme lancinant, qui semble relancer ou du moins installer chaque roman de Arnaldur Indridason comme des lectures indispensables du roman policier contemporain.

Les enquêtes de Erlendur touchent un grand nombre de personnes dans un grand nombre de pays pour, à mon avis, une raison principale : Ce sont des livres humanistes, qui sonnent justes. Et quoi de plus beau que de passer quelques heures avec des personnages vrais, que l’on a l’impression de côtoyer tant la moindre réaction, la moindre phrase issue d’un dialogue, même simple, rappelle une scène que vous avez vécu quelques heures, jours, mois, année auparavant.

Arnaldur Indridason est mondialement reconnu pour les enquêtes de Erlendur, mais aussi pour cette façon si simple de décrire l’itinéraire d’un homme qui prend le temps d’écouter les autres, d’éprouver de la sympathie pour son prochain, de réfléchir sur les énigmes à résoudre. Dans ce livre, le onzième publié en France, Erlendur apparait comme un homme solitaire, taciturne, qui se complait dans ce travail de nuit parce qu’il n’a pas à interagir avec les autres. C’est aussi un homme qui a de l’humour, mais si ses blagues tombent à plat avec ses partenaires nocturnes. C’est surtout un homme qui s’intéresse aux autres, marqué par la disparition de son frère, un homme en quête de rédemption, de pardon, pour une faute qu’il n’a pas commise mais qui le marquera à vie.

Dans ce livre, Erlendur, tout jeune homme, va aider un clochard, ou tout du moins lui apporter ce qui lui manque à lui : une présence. Il va aussi se découvrir des talents, même si il mène cette enquête surtout parce qu’il est motivé par la mission qu’il s’est lui-même donnée. Et Arnaldur Indridason ne cherche pas à en faire trop, il se contente de montrer sa totale maitrise dans une intrigue que l’on peut penser déjà écrite mais qu’il est capable de sans cesse renouveler. Ce sont surtout des passages d’une simplicité folle, ces phrases si évidentes qu’on se demande comment elles n’ont pas été crées avant, ces scènes si belles entre deux personnages qu’elles nous donnent envie de pleurer.

Sans en avoir l’air, Arnaldur Indridason nous plonge dans son personnage après nous avoir détaillé les futurs acolytes (Sigurdur Oli et Elinborg) ou sa chef Marion Briem, tout en nous contant une histoire dramatique qui même si elle est datée, reste totalement contemporaine. Et la morale de l’histoire est tellement simple et évidente qu’on a envie d’applaudir : Il n’y a rien de plus beau quand l’homme s’intéresse à l’homme. Arnaldur Indridason a écrit là son plus beau livre depuis La voix.

Le duel de Arnaldur Indridason (Métaillié Noir)

Depuis quelque temps, Arnaldur Indridason s’accorde le droit de délaisser son personnage principal récurrent pour fouiller la psychologie de ceux qui entourent Erlendur. Cette fois-ci, c’est au tour de Marion Briem d’être la vedette de ce roman qui nous fait revenir en 1972. Et à la lecture de ce roman, je ne me suis dit qu’une seule chose : « Qu’il est fort, Arnaldur Indridason ! »

Prenez un contexte. 1972, le duel dans le championnat du monde des échecs entre Bobby Fischer et Boris Spassky. C’est une partie d’échecs dépassée par l’ambiance de guerre froide qui régit le monde depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Or, le domaine des échecs est, depuis de nombreuses années, réservé aux Russes. L’arrivée de Fischer ressemble à un cheveu dans la soupe. D’un naturel arrogant, irrespectueux au possible, il dénote dans un paysage plutôt paisible. Un exemple : il refuse de prendre l’avion qu’on lui a affrété pour rejoindre l’Islande, sans s’excuser et sans donner la date à laquelle il envisage d’arriver. A cet égard, lisez donc l’article de Wikipedia consacré à ce combat ici.

Prenez un meurtre : Ici, le corps d’un jeune homme est découvert dans un cinéma, poignardé par deux fois, en plein cœur. Dans une salle obscure, il est impossible de savoir qui a perpétré le crime. Marion Briem se retrouve en charge de l’enquête et s’aperçoit que le jeune homme en question, Ragnar, est passionné de cinéma et utilisait un enregistreur à cassettes pour conserver une trace des films qu’il admirait. Quand Marion aperçoit un paquet de cigarettes russe à l’extérieur du cinéma, la piste se dirige vers des mobiles politiques qui vont vite la dépasser. En parallèle, ce roman montre la jeunesse de Marion, et ses difficultés de santé, en particulier quand elle a été atteinte de tuberculose, et qu’elle a été internée dans un hôpital du Danemark. Ce sont lors de ces passages que marion va lier connaissance avec une jeune fille de son âge Katryn.

Ce roman nous montre la grandeur d’Arnaldur Indridason. Avec un contexte lourd et une enquête des plus simples (du moins au début), il arrive à nous bâtir une intrigue passionnante. Son savoir faire n’est plus à démontrer. D’ailleurs, tous ceux qui ont lu une enquête de Erlendur le considèrent presque comme un voisin, tant Indridason arrive à créer une proximité, une intimité entre ses personnages et ses lecteurs.

Alors, comme pour tous les précédents romans, le rythme est lent … mais cela prend du temps de regarder les gens et de les comprendre. Comme d’habitude, l’enquête est très bien menée, la fin est fort bien amenée et encore une fois surprenante, le contexte sans être envahissant est formidablement reproduit, et c’est une nouvelle fois un sans-faute. J’ai même trouvé ce roman plus passionnant que ceux qu’il avait consacré aux collègues d’Erlendur, tant ce personnage de Marion est torturé et n’a confiance en personne. Il est par conséquent peu étonnant de voir cette femme solitaire se trouver des points communs avec un jeune policier qui débarque en fin de roman et qui s’appelle … Erlendur.

Ce qui est extraordinaire avec Indridason, c’est qu’on a l’impression qu’il peut écrire n’importe quoi et que, nous, lecteurs, sommes prêts à le suivre les yeux fermés (enfin, un peu ouverts quand même pour pouvoir lire). Car encore une fois, les personnages sont placés au premier plan ; il ressort de ses intrigues une telle humanité, un tel fond de vérité et il nous montre des gens comme vous et moi dans toute leur simplicité, avec leurs qualités et leurs défauts. Indridason est décidément trop fort.

Etranges rivages de Arnaldur Indridason (Métaillié noir)

Incroyable ! Erlendur is back ! Pardon, Erlendur est de retour ! Cela faisait deux ans que nous n’avions plus de nouvelles, nous étions inquiets, et nous avions tort. Erlendur était bien en pèlerinage sur les hauteurs de Bakkasel, là même où il a perdu son frère. Erlendur arpente donc ses plaines battues par le vent, qui ne sont pas encore recouvertes de leur manteau neigeux et immaculé. Erlendur continue sa quête sans espoir d’y trouver la moindre solution, cela ne fera pas revenir son frère disparu.

Erlendur a l’habitude d’arpenter ces contrées, peut-être moins de prendre le temps de discuter avec les gens du cru. Depuis quelque temps, il était intrigué par une affaire ayant eu lieu en 1942. Il y eut à cette époque une tempête de neige, semblable à celle qui a été fatale à son frère. Une troupe britannique s’était égarée en plein marasme, et plusieurs soldats y avaient laissé la vie. Une jeune femme aussi était partie de chez elle et on ne l’avait plus jamais revue.

Elle s’appelait Mathildur, venait de quitter son mari Jakob, elle est partie de chez elle, s’est perdue dans la neige et n’est jamais revenue. Cette histoire va forcément interpeler Erlendur, car d’un coté elle va le soulager par rapport à sa culpabilité personnelle, elle va aussi titiller son instinct policier. Il va donc chercher à comprendre un peu mieux ce qui a bien pu arriver à cette jeune femme Mathildur.

Ce que j’adore avec Arladur Indridason se trouve dans les premières dizaines de pages : l’air de rien, il décrit les pensées et les actes de Erlendur, et sans être trop descriptif, ni trop superficiel, il nous fait entrer dans la tête de notre inspecteur favori. Arnaldur Indridason arrive à trouver le juste milieu, la bonne moyenne, le juste nécessaire pour plonger, impliquer le lecteur. Et comme c’est remarquablement écrit, encore une fois, je suis à la fois admiratif et fou de joie de lire une nouvelle enquête de Erlendur.

Ce roman est lent, très lent, plutôt à mettre dans la veine de la dernière enquête de Erlendur, à savoir Hypothermie. C’est un roman très introspectif, très tourné voire enfermé dans la tête de l’inspecteur. Dans ce roman là, c’est sur, de nombreux voiles vont se lever concernant son passé et ce traumatisme avec lequel il n’a décidément pas fini de souffrir.

Si l’enquête est lente, comme je le disais, elle est comme d’habitude fort bien faite mais aussi très tournée vers la psychologie des gens que Erlendur interroge, les dialogues sont très travaillés, très réalistes et montrent bien les qualités de Erlendur à faire parler ceux qui ne le veulent pas. D’ailleurs, on voit bien dans ce roman le caractère bien particulier des Islandais, des gens bourrus, enfermés chez eux et en eux-mêmes, pas diserts pour un sou. Par contre, Indridason nous montre des personnes âgées pressées de vider leur conscience, de s’épancher et de soulager leur mémoire.

Et puis, il y a ces passages, ces fragments de souvenirs du drame qu’a vécu Erlendur. Ce sont les seuls passages du livre écrit au présent, comme s’ils étaient omniprésents dans l’esprit de l’enquêteur. Ce sont aussi les passages les plus poignants, les plus dramatiques et les plus difficiles à lire, que ce soit l’effondrement de ses parents après la perte de Beggi ou cette tempête quand Erlendur lâche la main de son frère sans le sentir tellement il fait froid. Je ne vais pas vous cacher que j’ai versé ma petite larme, tant ils sont prenants et émotionnellement très forts, grâce à leur écriture si simple, mais aussi grâce au talent de Eric Boury, qui a su rendre tous les sentiments que Indridason a rendu dans son texte.

Alors même si l’enquête est classique et peut paraitre un peu fade, ce roman continue cette série avec brio, soulevant des pans que nous attendions tout en les redoutant. Et le résultat n’est pas décevant, loin de là, nous avons à nouveau le droit à une galerie de personnages fort attachants et à des scènes d’une très grande force. Merci Monsieur Indridason pour cet excellent moment de lecture.

La muraille de lave de Arnaldur Indridason (Métaillié)

Voici donc le dernier roman en date de Arnaldur Indridason, et nous avons la chance d’avoir une livraison annuelle de très bon niveau, voire exceptionnelle. Après La rivière noire, qui était un bon roman policier centré sur Elinborg, c’est au tour de Sigurdur Oli d’être mis au centre de l’intrigue.

La vie privée de Sigurdur part en vrille. Son ménage avec Berthora est terminé, ils se sont séparés et cela semble irréversible. Sa mère, divorcée aussi, juge qu’il aurait pu mieux gérer sa vie, et son père doit passer sur la table d’opération pour sa prostate. Alors qu’il semble bringuebalé de droite et de gauche, sa vie professionnelle est menée avec rigueur. D’ailleurs, le roman s’ouvre sur une réunion d’anciens camarades de lycée. Tous ont formidablement réussi, dans le domaine des affaires ou de la finance, ont de superbes femmes, de superbes maisons, reviennent de superbes vacances. Cela fait tache d’huile avec le quotidien d’un policier.

Lors de cette réunion, un de ses amis Patrekur lui fait part que son beau frère Hermann pratique l’échangisme avec sa femme et qu’il fait l’objet d’un chantage de la part de la femme avec qui il a couché. Elle s’appelle Lina, vit avec son mari Ebby et pratique fréquemment l’échangisme. Patrekur demande à Sigurdur de raisonner Lina. Quand il arrive, celle-ci est mourante, agressée à coups de battes de base-ball. En parallèle, Andrès, un sans papier lui donne des indices qui pourraient l’aider à résoudre une affaire de pédophilie sur laquelle il a enquêtée jadis.

Après la rivière noire, je m’étais aperçu que le personnage de Erlendur me manquait cruellement. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai attaqué La muraille de lave, et je dois dire que ce roman est à classer dans les très bonnes enquêtes de la série. Car Arnaldur Indridason est un grand auteur de polar, et ce n’est une surprise pour personne si je vous dis que l’intrigue, je devrais dire les intrigues, est menée de main de maître.

Je me suis rappelé qu’en 2009, quand je lisais l’Homme du lac, j’avais souhaité qu’Indridason, qui avait fouillé le passé de son pays, nous donne son éclairage sur cette crise financière qui avait mis en faillite l’Islande avant qu’elle ne soit sauvée par le FMI. Tous mes espoirs, toutes mes espérances ont été grandement comblées par cet opus, et quel personnage mieux que Sigurdur Oli pouvait nous montrer tout cela.

Car Sigurdur Oli a fait ses études aux Etats Unis, il a adoré ce pays de la liberté, son libéralisme, avant de s’apercevoir que ce modèle de course effrénée vers l’argent et le profit immédiat était abject. Et c’est au travers d’un personnage pas forcément sympathique que Indridason nous assène ses quatre vérités. Sigurdur est un homme bourru, brut de décoffrage, direct, qui a des difficultés dans sa famille et sa vie personnelle car il ne sait pas communiquer ; il regrette sa femme quand elle l’a quitté.

Indridason nous fait aimer ce personnage, nous peint une société amorale dans laquelle il ne se reconnait pas. Et quand tout ce qui compte, c’est le fric à n’importe quel prix, alors les victimes sont nombreuses, et la moralité et le bon sens n’existent plus. Même la vie ne vaut plus rien. Ce roman, au-delà de ses enquêtes bien emberlificotées et emmêlées les unes dans les autres, est avant tout un acte d’humanisme, un plaidoyer à une société plus simple et plus saine. C’est un roman humain par un grand auteur.